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partie de la

Monroe.

sion aux gouvernements du Nouveau Monde, et que l'on a cherché à propager l'opinion que les États-Unis peuvent et doivent absorber tous les autres peuples qui habitent les anciennes possessions coloniales de l'Espagne et du Portugal.

De la part de ceux qui s'occupent des questions de droit international, l'étude de la doctrine de Monroe, l'exacte connaissance des principes sur lesquelles elle repose, ainsi que des antécédents qui s'y rattachent, mérite donc une attention toute spéciale.

C'est le 2 décembre 1823, dans son message d'inauguration de la session du congrès, que Monroe, président des États-Unis, exposa sa doctrine. Ce message renferme sur la politique extérieure de l'Union deux déclarations distinctes, que l'on a généralement confondues, comme si elles n'étaient que l'application d'un seul et même principe: la première, provoquée par la guerre de l'indépendance des colonies espagnoles, est relative à l'intervention de l'Europe dans les affaires intérieures des États américains; la seconde concerne le titre de premier occupant invoqué par les puissances européennes pour légitimer leur prise de possession de certaines portions du continent américain: elle se rattachait à des questions de limites soulevées entre les États-Unis, la Russie et l'Angleterre.

Première § 149. Pour la juste appréciation de cette partie de la doctrine doctrine de de Monroe, il faut tout d'abord se bien rendre compte du caractère général de la politique extérieure de l'Europe à cette époque.

Déclaration tervention des

relative à l'in

puissanees européennes dans les affai

Tendance

Nous avons déjà dit quelle avait été l'idée fondamentale des conres de l'Amé- grès d'Aix-la-Chapelle, de Laybach et de Vérone. Si antérieurement rique. et ostensiblement ces congrès et les alliances qui les ont marqués des grandes avaient pour objet la conservation de la paix, en réalité et au fond 'Europe à in- ils n'étaient autre chose qu'une entente commune entre les souvel'organisation rains absolutistes pour combattre tout changement, toute innoval'Amérique. tion politique réclamée par leurs peuples.

puissances de

tervenir dans

des Etats de

Les déclarations de principes émanées de l'Autriche, de la Prusse et de la Russie, et successivement confirmées de fait par les interventions à Naples, en Piémont et en Espagne, ainsi que par l'abolition du régime représentatif et constitutionnel sur presque tous les points où il avait été établi après la paix de 1815, ne sauraient laisser le moindre doute à cet égard.

Par une conséquence toute naturelle, ce même esprit de domination et de compression se refléta également dans les relations du continent européen avec les peuples de l'Amérique.

Insurrec

les et portu

§ 150. Les colonies transatlantiques de l'Espagne et du Portugal tion des coloétaient en pleine insurrection contre leurs métropoles et animées nies espagnopresque toutes de l'esprit républicain. On comprend donc que les gaises. mêmes souverains qui s'étaient unis et alliés pour défendre l'absolutisme en Europe contre les idées de souveraineté nationale, fussent tout disposés à intervenir dans les affaires du Nouveau Monde et à aider à l'Espagne et au Portugal à reconquérir leur domaine colonial.

L'origine et les tendances politiques du gouvernement qui présidait alors aux destinées de la Péninsule ibérique offraient sans doute quelques garanties contre l'accomplissement de semblables projets ; mais ce faible obstacle disparut par suite de l'intervention française en Espagne et du rétablissement du pouvoir absolu aux mains de Ferdinand VII.

D'un autre côté, que ne devait-on pas attendre de ces puissances coalisées qui, à Laybach, avaient proclamé qu'elles regardaient comme nulle et contraire aux lois publiques de l'Europe toute réforme opérée au moyen d'une insurrection, et qu'elles poursuivraient la rébellion partout et sous quelque forme qu'elle pùt se produire ; qui, à Troppau, étaient allées jusqu'à affirmer que les lois divines donnaient aux nations européennes le droit imprescriptible de se mettre en hostilité ouverte contre les États qui, par le changement de leurs institutions ou de leur gouvernement, offraient un exemple dangereux aux autres peuples?

La proclamation de pareils principes et surtout l'intervention. française en Espagne inspirèrent au gouvernement anglais la crainte que la France n'eût en vue des agrandissements territoriaux et l'intention de profiter des circonstances pour se faire céder l'une ou l'autre des anciennes colonies espagnoles, notamment l'île de Cuba.

Les conditions dans lesquelles les Bourbons de la branche aînée réalisèrent leur expédition armée dans la Péninsule, malgré les objections soulevées par le gouvernement britannique, excitèrent dans toute l'Angleterre une émotion que la sagesse des ministres eut beaucoup de peine à calmer, et qui faillit faire éclater la guerre avec la France.

Si l'appui prêté au gouvernement de Ferdin des puissances coalisées excitaient les suscepti la conduite du cabinet de Londres et de son ning, n'inspirait pas de moindres inquiétude s'imagina que l'escadre anglaise envoyée aux

litique

Proposi

tions faites

ning aux Etats-Unis.

mission de prendre possession de Cuba. Ainsi, par un de ces incidents si fréquents dans les relations diplomatiques des États, cette même colonie, la seule qui n'eût pas encore secoué le joug de la métropole, devint comme le point central vers lequel convergeaient à la fois les vues du gouvernement français et celles du cabinet de Londres.

La situation intérieure de Cuba ne laissait pas d'ailleurs que de justifier jusqu'à un certain point les soupçons des deux nations rivales. Il s'était en effet formé dans cette île deux grands partis politiques, dont l'un penchait ouvertement pour l'incorporation à l'Angleterre, et l'autre pour l'annexion aux États-Unis. Ce dernier parti, plus puissant et plus décidé que l'autre, envoya à Washington un agent secret, qui devait s'aboucher avec le président de la confédération et lui annoncer que si le gouvernement des ÉtatsUnis consentait à lui prêter son appui et à accepter l'annexion, la colonie était prête à se soulever et à se séparer définitivement de l'Espagne. Lorsque le président Monroe reçut ces ouvertures, les rumeurs qui circulaient en Europe sur les desseins de l'Angleterre par rapport à la possession de Cuba, avaient déjà transpiré au delà de l'Océan. Aussi le gouvernement des États-Unis s'imposa-t-il tout d'abord une certaine réserve en même temps qu'il déclarait à l'agent de Cuba ne pouvoir, en raison des liens d'amitié qui l'unissaient à l'Espagne, accepter son offre d'annexion, il faisait comprendre au cabinet de Londres qu'il ne saurait voir avec indifférence l'île de Cuba passer en d'autres mains que celles de l'Espagne.

§ 151. M. Canning repoussa énergiquement les projets de conpar M. Can- quête qu'on lui avait attribués, protestant contre toute tentative, soit de la part de la France, soit de celle de l'Angleterre, de s'emparer de Cuba, et finit par proposer au cabinet de Washington de conclure un arrangement en vertu duquel l'Angleterre, la France et les États-Unis déclareraient solennellement que cette île resterait pour toujours au pouvoir de l'Espagne. Si de ce côté le gouvernement britannique était porté à maintenir le statu quo, il n'en était pas de même à l'égard des autres colonies espagnoles, dont l'indépendance constituait en quelque sorte un fait accompli. Là, en effet, l'Angleterre n'avait pas à craindre de seconder les vues particulières des États-Unis, puisqu'en prêtant son appui moral aux républiques américaines pour assurer leur émancipation, elle servait à la fois les intérêts de son commerce et neutralisait les visées politiques de la France, ainsi que l'extension au delà des mers des projets absolutistes des grandes puissances de l'Europe. En répon

dant aux insinuations du ministre des États-Unis à Londres, et en développant la ligne de conduite qu'il comptait suivre, M. Canning avoua que, son gouvernement n'hésitait encore à reconnaître formellement l'indépendance des colonies américaines que par la crainte d'être entraîné dans une guerre avec l'Espagne et ses alliés, mais que pour peu que la métropole ne fût aidée par aucune nation à reconquérir son domaine transatlantique, il était convaincu que cette indépendance ne tarderait pas à être complètement et irrévocablement accomplie. Comme le meilleur moyen de hâter un résultat si désirable, M. Canning suggéra que les Etats-Unis et l'Angleterre déclarassent en commun que les deux nations renonçaient également et pour toujours à s'approprier aucune des possessions espagnoles, et qu'elles ne mettraient aucun obstacle à la conclusion d'un arrangement direct entre la métropole et ses colonies.

M. Rush, alors ministre des États-Unis à Londres, objecta qu'il n'entrait pas dans le système de politique extérieure des États-Unis de prendre part à une affaire ayant un caractère exclusivement européen; que néanmoins il ne verrait pas d'inconvénient à souscrire à la déclaration proposée, si l'Angleterre consentait à reconnaître immédiatement l'émancipation des jeunes républiques du Nouveau Monde. M. Canning n'osa pas aller jusque-là, et son projet de déclaration commune n'eut pas de suite (1); mais l'attention du gouvernement des États-Unis était désormais éveillée sur la question générale des interventions européennes en Amérique, et l'heure était venue pour le cabinet de Washington de proclamer l'attitude qu'il comptait prendre.

§ 152. Le président Monroe devait d'autant moins hésiter à cet égard, qu'il avait cru à propos de consulter M. Jefferson; or celuici était d'avis que les États-Unis devaient résolument s'imposer comme première et unique règle de conduite de ne jamais s'immiscer dans les affaires intérieures de l'Ancien Monde, mais en même temps de ne point permettre à l'Europe de se mêler de celles de l'Amérique.

Il nous a paru nécessaire de rappeler ces précédents, parce que ce n'est qu'ainsi qu'on pourra apprécier exactement et avec une véritable impartialité la portée pratique et morale du rôle joué par le gouvernement de Washington dans la lutte soutenue par les colonies espagnoles pour conquérir leur indépendance.

(1) Voir liv. II, § 94, Souveraineté des Etats hispano-américains. Doctrine de Canning.

Opinion de Jefferson.

1823. Message de

sident des Etats-Unis du

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mérique.

§ 153. Dans la partie du message dont nous nous occupons ici, Monroe, pré- le président Monroe proclama que les États-Unis ne prétendaient ni acquérir ni s'annexer aucune des anciennes possessions de la couronne d'Espagne en Amérique, et qu'ils ne mettraient aucun obstacle à la conclusion des arrangements amiables que la métropole pourrait négocier avec les colonies émancipées, mais qu'ils repousseraient par, tous les moyens en leur pouvoir l'intervention des autres États, sous quelque forme qu'elle vint à se produire, surtout si elle avait pour objet d'implanter dans les colonies, par voie de conquête ou d'acquisition à prix d'argent, une souveraineté autre que celle de l'Espagne.

Cette déclaration, toute péremptoire qu'elle était en ce qui concerne les interventions étrangères, laissait cependant subsister certains doutes sur la pensée intime du gouvernement de l'Union; aussi, à la fin de son message, après avoir déploré l'insuccès des efforts et des sacrifices faits par les populations de l'Espagne et du Portugal pour conquérir leur émancipation politique, M. Monroe ajoutait que les États-Unis n'avaient jamais pris aucune part aux guerres du continent européen, parce qu'ils considéraient cette participation comme contraire aux intérêts de leur politique. « Seulement, continuait le président, lorsqu'on attaque ou menace sérieusement nos droits, ou lorsque nous nous sentons frappés dans notre dignité, nous nous préparons à nous défendre. Cette attitude n'affaiblit en rien le vif intérêt que nous prenons à tout ce qui se passe dans l'autre hémisphère, parce que cet intérêt est fondé sur une juste appréciation des choses. Le système politique des puissances coalisées de l'Europe est essentiellement distinct de celui que nous avons adopté ce qui s'explique par la différence fondamentale existant dans la constitution même des gouvernements respectifs. Mais la bonne foi et les liens d'amitié qui nous unissent aux puissances alliées nous font un devoir de déclarer que nous considérerions comme dangereuse pour notre tranquillité et notre sécurité toute tentative de leur part d'étendre leur système politique à une partie quelconque de notre hémisphère. Le gouvernement des États-Unis n'est pas intervenu et n'interviendra pas dans les affaires des colonies que les nations européennes possèdent encore en Amérique; mais en ce qui concerne les gouvernements qui ont proclamé leur indépendance, qui la soutiennent, et dont nous avons reconnu l'émancipation après mûre réflexion et selon les principes de la justice, nous ne pourrions faire moins que de regarder comme une manifestation d'intentions hostiles à l'égard des Etats-Unis l'inter

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