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comme les Russes, que chacun avait le droit de se battre a sa manière.

Les troupes alliées se sont montrées, en toute occasion, d'une grande bravoure; mais il faut, néanmoins, bien reconnaître que c'est à nos troupes qu'on doit avant tout la prise de Sébastopol.

Dès le commencement du siége, on avait compris toute l'importance de la tour Malakoff: le général du génie Niel, qui avait été envoyé à l'armée de Crimée par l'Empereur, pour examiner les positions de l'ennemi, était arrivé à Kamiesh dès le 21 janvier. Au moment de son arrivée, les Russes travaillaient à relier la tour Malakoff à la ville; ct le général Niel, en étudiant le terrain, déclara immédiatement au général Canrobert, dans un conseil de guerre, que cette tour était la clef de Sébastopol, et que le jour où l'on s'en emparerait la ville serait prise. Ses prédictions se sont réalisées. La tour Malakoff prise, Sébastopol n'a plus été défendue.

« Devant Karabelnaïa, nous dit le maréchal Pélissier « dans son rapport du 15 septembre, notre attaque devait se « faire sur trois directions: à gauche sur Malakoff et son « réduit; à droite sur le petit redan du Carénage, et au « centre sur la courtine qui unit ces deux ouvrages. Le sys« tème de Malakoff était évidemment le point le plus impor« tant de l'enceinte. » Disons aussi que c'était le point le plus périlleux, quoique le général Pélissier ne le mentionne pas.

Le 8 septembre, à midi, toutes les batteries cessent de tonner. Les troupes sortent de leurs tranchées, les tambours et les clairons battent et sonnent la charge, l'assaut commence aux cris de vive l'Empereur!

C'est la première brigade de la division Mac-Mahon qui est chargée de s'emparer de l'ouvrage Malakoff. Cette division est ainsi composée: 1" brigade, 1" zouaves, 7° de

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ligne; 2o brigade: 1" bataillon de chasseurs à pied, 20o de ligne, 27° de ligne, et, pour réserve, 3° zouaves, 50° de ligne; tirailleurs algériens et deux bataillons de zouaves de la garde.

Cette colonne intrépide, une fois le signal donné, se précipite comme une trombe vers la tour; rien ne l'arrête, ni la largeur, ni la profondeur du fossé, ni la hauteur et l'escarpement du talus, les hommes se hissent sur le parapet comme par enchantement; ne leur demandez pas comment ils y sont arrivés, car ils ne le savent guère. Ils se sont précipités les uns et les autres pour gravir ces obstacles, et sans échelles, ils se sont trouvés face à face avec les Russes, qui se sont fait tuer sur place.

La lutte, qui avait commencé par des coups de feu, se continue à la baïonnette, à coups de pierres et à coups de crosse; partout les Russes sont pris, ou tués, ou chassés, et il n'y avait pas un quart d'heure que l'attaque avait eu lieu, que le drapeau tricolore flottait sur la redoute conquise. Les Russes firent d'incroyables efforts pour nous débusquer de ce point important et décisif; mais le général Mac-Mahon, soutenu par des réserves, résiste à toutes les attaques, et tient partout tête aux Russes. Enfin, on les vit se former en colonnes profondes pour faire une dernière tentative; ils assaillirent par trois fois la gorge de l'ouvrage, et trois fois ils furent obligés de se retirer avec des pertes énormes devant la solidité de nos troupes; si elles eussent faibli un moment, c'en était fait du succès: Sébastopol nous échappait. Parmi les corps envoyés pour soutenir la division Mac-Mahon, on remarquait les voltigeurs de la garde qui montrèrent la plus grande bravoure.

Les Anglais, dans leur attaque du grand Redan, ne furent pas aussi heureux que nous dans l'attaque de la tour Malakoff, ils furent contraints de l'évacuer.

A l'attaque du bastion Central, nos troupes furent aussi forcées d'abandonner les ouvrages qu'elles avaient enlevés et de se retirer dans nos places d'armes avancées; mais la tour Malakoff prise et conservée, ce n'étaient là que des faits d'importance secondaire, et qui ne pouvaient retarder la chute de la place: elle a été évacuée presqu'aussitôt après sans aucune résistance.

Cette évacuation, et par suite la prise de Sébastopol, ont donc été décidées par le succès de l'attaque dirigée par le général Mac-Mahon, et il n'y avait au monde que des troupes françaises qui pussent ainsi enlever un point aussi fortement défendu et s'y maintenir.

En vérité, on avait raison de le considérer comme imprenable. Aussi, quand la nouvelle de la prise de Sébastopol est arrivée en France, elle a été accueillie par des transports de joie; et quand on a su tous les détails du grand combat du 8, ça été une admiration générale, toutes les opinions se sont réunies ce jour-là pour payer un juste tribut d'éloges à nos vaillants soldats, et tous les journaux ont à l'envi vanté leur courage intrépide.

« C'est à nos soldats, s'écrie avec raison le Constitutionnel du 13 septembre, à leur élan impétueux qu'est dû principalement le résultat immense qui vient d'ètre obtenu :

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Les tacticiens prouveront peut-être que les Russes pouvaient encore se défendre, après l'occupation de la tour Malakoff, alors que les attaques dirigées contre le bastion Central, le Redan et le Carénage n'avaient point réussi. L'ennemi lui-même croyait certainement prolonger sa résistance, puisqu'il avait élevé de nombreux ouvrages en arrière de la tour Malakoff, puisqu'il avait tout préparé pour une lutte dans les rues de Sébastopol. Mais il y a dans la guerre, et pour les siéges surtout, un moment où l'ascendant moral passe du côté de l'assaillant, où l'assiégé se décourage et faiblit.

Ce journal, après avoir rendu hommage à la fermeté de l'armée russe, ajoute :

« Avons-nous besoin de rappeler les circonstances principales qui ont marqué la journée décisive du 8 septembre ? D'ordinaire, c'est à l'aube, à cette heure indécise où le cœur de l'homme est moins ferme, où l'assiégé est brisé par la fatigue de la nuit, que l'assaut est donné. Ici, c'est en plein jour, à midi, que le général Pélissier, fidèle à ses précédents de résolution et d'audace, lance ses colonnes d'attaque. Nos braves alliés, après avoir fait preuve de leur courage proverbial, sont contraints d'abandonner le Redan dont ils s'étaient bravement emparés. Nous-mêmes, nous n'avons pu, malgré nos efforts répétés, nous maintenir en face d'une artillerie formidable au Carénage et dans le bastion Central. Mais nous avions réussi à arracher à l'ennemi la tour Malakoff, la clef de Sébastopol, le petit Gibraltar de cet autre Toulon, la tour Malakoff, autour de laquelle les Russes avaient accumulé tous les moyens imaginables de défense, la tour Malakoff, dont le nom, devenu populaire en France, a retenti si souvent comme un nom de sinistre augure. Là, nos troupes, exaltées par le souvenir du 18 juin, et résolues à ne plus retourner en arrière, ont déployé cet élan irrésistible, cette furia francesa qui balaie comme un torrent, qui détruit comme un incendie, qui brise comme une trombe toute résistance et tout obstacle. En retrouvant devant eux, plus animés encore et plus ardents, les héros de l'Alma, d'Inkerman et de Traktir, l'ennemi a compris qu'une plus longue défense était inutile, et il a cherché son salut momentané dans une retraite rapide.

CHAPITRE XV.

Retour de nos soldats de Crimée.

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Journée mémorable du 29 décembre. - Discours de l'Empereur. Joie et enthousiasme de la population. — Traité de paix. – 1814 et 1856. — Revue du 2 avril, 100,000 hommes au Champ-de-Mars. Revue des flottes britanniques à Spithead. — Fraternité des Français avec les Russes. Conclusion. Appel aux proscrits.

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Du discours prononcé par l'Empereur, au pied de la colonne de la Bastille, et qui n'est pas le fait le moins caractéristique de la belle journée du 29 décembre, nous ne ferons pas de commentaire; seulement nous dirons qu'il a dû faire réfléchir les puissances du Nord. En voici le texte :

< Soldats,

> Je viens au-devant de vous comme autrefois le Sénat › romain allait aux portes de Rome au-devant de ses légions > victorieuses. Je viens vous dire que vous avez bien mérité › de la patrie.

> Mon émotion est grande, car au bonheur de vous revoir » se mêlent de douloureux regrets pour ceux qui ne sont plus, > et un profond chagrin de n'avoir pu moi-même vous con> duire au combat.

» Soldats de la garde comme soldats de la ligne, soyez les > bienvenus!

> Vous représentez tous cette armée d'Orient dont le cou

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