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plus haute importance que l'opinion manifestée par certaines puissances sur l'occupation des États-Romains soit constatée au protocole.

M. le premier plénipotentiaire de la Sardaigne expose que l'occupation des États-Romains par les troupes autrichiennes prend tous les jours davantage un caractère permanent; qu'elle dure depuis sept ans, et que, cependant, on n'aperçoit aucun indice qui puisse faire supposer qu'elle cessera dans un avenir plus ou moins prochain; que les causes qui y ont donné lieu subsistent toujours ; que l'état du pays qu'elles occupent ne s'est certes pas amélioré, et que, pour s'en convaincre, il suffit de remarquer que l'Autriche se croit dans la nécessité de maintenir, dans toute sa rigueur, l'état de siége à Bologne, bien qu'il date de l'occupation elle même. Il fait remarquer que la présence des troupes autrichiennes dans les légations et dans le duché de Parme détruit l'équilibre politique en Italie, et constitue pour la Sardaigne un véritable danger.

Les plénipotentiaires de la Sardaigne, dit-il, croient donc devoir signaler à l'attention de l'Europe un état de choses aussi anormal que celui qui résulte de l'occupation indéfinie d'une grande partie de l'Italie par les troupes autrichiennes.

Quant à la question de Naples, M. de Cavour partage entièrement les opinions énoncées par M. le comte Walewski et par M. le comte de Clarendon, et il pense qu'il importe au plus haut degré de suggérer des tempéraments qui, en apaisant les passions, rendraient moins difficile la marche régulière des choses dans les autres États de la Péninsule.

M. le baron de Hübner dit, de son côté, que M. le premier plénipotentiaire de la Sardaigne a parlé seulement de l'occupation autrichienne et gardé le silence sur celle de la France; que les deux occupations ont, cependant, eu lieu à la même époque et dans le même but, qu'on ne saurait admettre l'argument que M. le comte de Cavour a tiré de la permanence de l'état de siége à Bologne; que, si un état exceptionnel est encore nécessaire dans cette ville, tandis qu'il a cessé depuis longtemps à Rome et à Ancône, cela semble tout au plus prouver que les dispositions des populations de Rome et d'Ancône sont plus satisfaisantes que celles de la ville de Boulogne.

Il rappelle qu'il n'y a pas seulement que les États-Romains, en Italie, qui soient occupés par des troupes étrangères; que les communes de Menton et de Roquebrune, faisant partie de la principauté de Monaco, sont, depuis huit ans, occupées par la Sardaigne, et que la seule différence qu'il y ait entre les deux occupations, c'est que les Autrichiens et les Français ont été appelés par le souverain du pays, tandis que les troupes sardes ont pénétré sur le territoire du prince de Monaco contrairement à ses vœux et qu'elles s'y maintiennent malgré les réclamations du souverain de ce pays.

Répondant à M. le baron de Hubner, M. le comte de Cavour dit qu'il désire voir cesser l'occupation française aussi bien que l'occupation au

trichienne, mais qu'il ne peut s'empêcher de considérer l'une comine bien autrement dangereuse que l'autre pour les États indépendants de

l'Italie.

Il ajoute qu'un faible corps d'armée, à une grande distance de la France, n'est menaçant pour personne, tandis qu'il est fort inquiétant de voir l'Autriche, appuyée sur Ferrare et sur Plaisance, dont elle étend les fortifications, contrairement à l'esprit, sinon à la lettre, des traités de Vienne, s'étendre le long de l'Adriatique jusqu'à Ancône.

Quant à Monaco, M. le comte de Cavour déclare que la Sardaigne est prête à faire retirer les cinquante hommes qui occupent Menton, si le prince est en état de rentrer dans ce pays sans s'exposer aux plus graves dangers. Au reste, il ne croit pas qu'on puisse accuser la Sardaigne d'avoir contribué au renversement de l'ancien gouvernement afin d'occuper ces États, puisque le prince n'a pu conserver son autorité que dans la seule ville de Monaco, que la Sardaigne occupait, en 1848, en vertu des traités.

M. le baron de Brunnow croit devoir signaler une circonstance particulière: c'est que l'occupation de la Grèce par les troupes alliées a eu lieu pendant la guerre, et que, les relations se trouvant heureusement rétablies entre les trois cours protectrices, le moment est venu de se concerter sur les moyens de revenir à une situation conforme à l'intérêt commun. Il assure que les plénipotentiaires de la Russie ont accueilli avec satisfaction et qu'ils transmettront avec empressement à leur gouvernement les dispositions qui ont été manifestées, à cet égard, par MM. les plénipotentiaires de la France et de la Grande-Bretagne et que la Russie s'associera volontiers, dans un but de conservation et en vue d'améliorer l'état de choses existant en Grèce, à toutes les mesures qui sembleraient propres à réaliser l'objet qu'on s'est proposé en fondant le roysume hellénique.

Messieurs les plénipotentiaires de la Russie ajoutent qu'ils prendront les ordres de leur cour sur la proposition soumise au Congrès, relativement au droit maritime.

M. le comte Walewski se fécilite d'avoir engagé les plénipotentiaires à échanger leurs idées sur les questions qui ont été discutées. Il avait pensé qu'on aurait pu, utilement peut-être, se prononcer d'une manière plus complète sur quelques-uns des sujets qui ont fixé l'attention du Congrès. Mais tel quel, dit-il, l'échange d'idées qui a eu lieu n'est pas sans utilité.

M. le premier plénipotentiaire de la France établit qu'il en ressort,

en effet :

1° Que personne n'a contesté la nécessité de se préoccuper mûrement d'améliorer la situation de la Grèce, et que les trois cours protectrices ont reconnu l'importance de s'entendre entre elles à cet égard;

2o Que les plénipotentiaires de l'Autriche se sont associés au vœu exprimé par les plénipotentiaires de la France de voir les États pontifi.

caux évacués par les troupes françaises et autrichiennes aussitôt que faire se pourra, sans inconvénient pour la tranquillité du pays et pour la consolidation de l'autorité du Saint-Siége ;

3° Que la plupart des plénipotentiaires n'ont pas contesté l'efficacité qu'auraient des mesures de clémence prises d'une manière opportune par les gouvernements de la Péninsule italienne et surtout par celui des Deux-Siciles;

4o Que tous les plénipotentiaires, et même ceux qui ont cru devoir réserver le principe de la liberté de la presse, n'ont pas hésité à flétrir hautement les excès auxquels les journaux belges se livrent impunément, en reconnaissant la nécessité de remédier aux inconvénients réels qui résultent de la licence effrénée dont il est fait un si grand abus en Belgique;

5° Qu'enfin l'accueil fait par tous les plénipotentiaires à l'idée de clore leurs travaux par une déclaration de principes en matière de droit maritime, doit faire espérer qu'à la prochaine séance, ils auront reçu de leurs gouvernements respectifs l'autorisation d'adhérer à un acte qui, en couronnant l'œuvre du Congrès de Paris, réaliserait un progrès digne de notre époque.

(Suivent les signatures.)

DE

L'ENSEIGNEMENT

CONSIDÉRÉ

AU POINT DE VUE RELIGIEUX.

Depuis quelque temps la question de l'enseignement dans ses rapports avec la religion est à l'ordre du jour. Elle a été agitée dans les journaux, elle a été débattue au Sénat et à la Chambre des Représentants. Les tendances de certains professeurs universitaires y ont donné surtout occasion.

D'un côté on a prétendu, en interprétant mal la liberté de conscience, que dans les établissements de l'État et notamment dans les Universités, le Gouvernement doit laisser toute latitude aux professeurs, et que ce serait violer la constitution que de restreindre cet enseignement dans les limites tracées par le culte de l'immense majorité de la nation. Plusieurs journaux ont soutenu cette thèse, qui a été victorieusement réfutée par les journaux catholiques d'abord, et ensuite par d'éloquents orateurs dans nos Chambres législatives.

D'un autre côté, on a soutenu à la Chambre des Représentants que la liberté des cultes exigeait que les professeurs, dans les établissements d'instruction moyenne, fissent abstraction de toute idée religieuse qui pût choquer les opinions de quelques élèves, mème d'un seul, à quelque culte qu'ils appartinssent. Ces deux systèmes aboutissent à des résultats diamétralement

opposés, le premier au droit absolu du professeur, le second au droit absolu de chaque élève. Ils reposent néanmoins sur une même base vicieuse, savoir sur le prétendu devoir qui incomberait au Gouvernement de donner l'enseignement à tout le monde, en dehors de toute idée religieuse. C'est au fond le socialisme, qui a la prétention de régler tous les besoins de chaque individu, excepté ce qui touche à la conscience. On arrive à cette conséquence par une fausse interprétation de l'article 17 de la constitution, en supposant que la loi rend l'instruction obligatoire, tandis qu'elle ne fait que la régler.

L'enseignement est libre; voilà le principe fondamental. L'enseignement donné aux frais de l'État est réglé par la loi; voilà une disposition accessoire qui n'établit ni droit ni devoir; mais qui suppose des besoins qui peuvent se révéler dans le pays et auxquels le Gouvernement doit pourvoir, non d'après son caprice, comme on l'avait fait sous le régime hollandais, mais d'après la loi qui n'est invoquée ici que pour mettre un frein à l'arbitraire du pouvoir. Tel est le véritable sens de cette disposition constitutionnelle. L'interpréter, comme on prétend le faire depuis quelque temps, c'est violenter la lettre et méconnaitre complétement l'esprit de la constitution, pour consacrer un droit à l'enseignement. C'est ce prétendu droit que réclame M. Goffin et qu'il met avec raison sur la même ligne que le droit au travail. C'est du socialisme tout pur.

Mais, dira-t-on, la loi sur l'enseignement primaire établit des écoles partout, donc elle suppose un droit à l'enseignement. Cette conséquence n'est pas rigoureuse; car d'abord la loi admet des écoles adoptées, et puis elle suppose des besoins que l'on peut croire réels dans chaque commune. Telle est la pensée qui a dicté la loi.

La distinction entre le droit et les besoins est essentielle à une époque où une grande erreur domine, où une secte nouvelle menace d'envahir et de bouleverser la société, on doit éviter soigneusement d'admettre le principe que les novateurs veulent introduire. Il faut le repousser sous quelque forme qu'il se présente. Ouvrir la porte à une des idées qui constituent le

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