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et 1849 se correspondent quant aux matières (1). Puisque le programme de 1849 exige expressément un examen approfondi sur certaines branches, je regrette que la mécanique céleste ne soit pas l'objet nécessaire d'un tel examen. Cette branche est, en effet, sans contredit, la plus haute manifestation de la puissance du calcul. Appuyé sur les principes de la mécanique céleste, Burckhardt, analysant les effets du ménisque terrestre sur les inégalités de la lune en longitude et en latitude, conclut que l'aplatissement de la terre aux pôles est d'environ 1/305 du diamètre de notre planète. Solution admirable, car elle atteignait une exactitude plus grande que celle à laquelle étaient arrivés jusque-là les procédés directs de la géodésic. La comète de Halley, rebelle aux formules par lesquelles cet astronome lui traçait sa course dans l'espace, n'était pas apparue au moment fixé par la science pour son retour; Clairant aborde l'analyse de la cause multiple de ce retard, et il finit par construire la formule algébrique qui donne la solution du problème; après six mois d'un travail opiniâtre la formule est calculée numériquement par deux mathématiciens distingués, on est enfin en mesure d'annoncer aux astronomes que la comète fugitive a subi, ou l'attraction de Jupiter et de Saturne, un retard de six cent dix-huit jours, et le calcul est vérifié avec une rigueur étonnante. C'est encore la mécanique céleste qui permit à Laplace

(1) D'après la loi de 1855, art. 49, l'examen pour le doctorat en sciences mathématiques et physiques comprend : les mathématiques supérieures, la théorie analytique des probabilités, la mécanique analytique, la mécanique céleste, la physique mathématique et l'astronomie.

D'après la loi de 1849, art. 49, l'examen pour le grade de docteur en sciences physiques et mathématiques comprend :

1o Un examen approfondi sur l'analyse et la mécanique analytique;

2o Un examen approfondi sur l'une des matières suivantes, au choix du récipiendaire :

La physique mathématique ;

La mécanique céleste;

L'astronomie;

Le calcul des probabilités.

Les récipiendaires subissent un examen ordinaire sur les matières du n° 2 qui ne font point l'objet de l'examen approfondi.

d'expliquer le problème ardu de l'équation séculaire de la lune, dont la solution a jeté une si vive lumière sur plusieurs points obscurs de la science des cieux; c'est elle qui lui permit d'arriver à la belle découverte de l'invariabilité des distances moyennes des planètes au soleil, et d'analyser enfin d'une manière complétement satisfaisante, ces lentes inégalités de Jupiter et de Saturne, dont la période embrasse plusieurs siècles, et contre lesquelles le génie d'Euler est venu se briser. Est-il nécessaire de parler encore de cette découverte née de la mécanique céleste, et que le vulgaire se refuserait à croire, de cette découverte par laquelle Leverrier, jusque-là simplement astronome calculateur, a évoqué Neptune des profondeurs de l'espace? Qui donc ne voit que la mécanique céleste est le plus beau fleuron du doctorat en sciences mathématiques; qu'elle est, en quelque sorte, le génie mathématique élevé à sa plus resplendissante expression? Aussi quelle n'a pas dû être la surprise des familiers de la science, lorsque, l'année dernière, ils ont vu le projet du ministère Piercot proposer la suppression de cette matière de l'examen. Vraiment, il paraît bien que les ministres du parti progressif, après avoir tant craint l'influence occulte ici-bas, en sont venus à la craindre de la part des astres. Seraient-ils donc des adeptes de l'astrologie? Mais enfin, puisque l'on a rêvé cette suppression, examinons les motifs que l'on avoue à l'appui de ce projet.

Il faut supprimer cette matière, dit-on, parce qu'elle n'a jamais été enseignée dans les universités. Étrange révélation! Si je consulte, en effet, le texte de nos lois organiques de l'enseignement supérieur, je trouve que, d'après la loi de 1835, art. 3, et d'après celle de 1849, art. 3, cette matière est un objet de l'enseignement dans les universités de l'État. Pourquoi n'a-t-il pas été obéi à cette prescription de la loi? Est-ce que donc les matières dont l'État annonce l'enseignement dans ses écoles, ne sont qu'un appât trompeur? Est-ce que donc, sous cet étalage fastueux des programmes académiques, on ne fait que déguiser les lacunes de l'enseignement officiel? Cela m'étonne, car je connais personnellement dans les universités de l'État plusieurs professeurs distingués, qui portent un vif intérêt à la science, et spécialement aux études astronomiques. Ils devraient souffrir, sans doute, de ces entraves ap

portées à l'essor de l'enseignement scientifique. Du reste, je ne sais à quelle hauteur s'élève l'enseignement officiel, mais je sais à quelle hauteur il devrait s'élever, et je puis dire qu'autrefois du moins, la mécanique céleste faisait partie du programme des cours de l'université catholique, et je n'ai pas lieu de croire qu'elle ait jamais cessé d'y entrer.

Et ici encore, je dois prévenir une objection qui ne manquerait pas de m'être faite. La mécanique céleste entraine à des calculs longs et laborieux, qui très-souvent empêchent le professeur de terminer une question ébauchée, et le forcent à en différer la solution complète. Or, il en résulte évidemment une difficulté notable à donner de l'unité aux leçons, ce qui est un grave inconvénient dans l'enseignement public. Cette observation ne manque pas d'une certaine justesse; mais outre que l'on pourrait obvier en partie à cette difficulté, en rendant les leçons de mécanique céleste plus longues et moins fréquentes, est-il nécessaire de terminer en une leçon toute question commencée? Je ne le vois en aucune façon. Quel est le professeur de mathématiques qui n'a dû souvent ajourner, à une autre leçon, la solution d'un problème entamé? Le résultat final que l'on a en vue dans les problèmes de la mécanique céleste, dépend souvent de la solution particulière de plusieurs questions subsidiaires, que présuppose la question générale. Si donc le professeur fait avec clarté la division du problème, je ne vois aucun inconvénient à en traiter les diverses parties dans des leçons successives. D'ailleurs les élèves qui sont capables de suivre un cours de mécanique céleste, ne sont pas des élèves ordinaires, et l'on peut bien, pour eux, se contenter d'indiquer la marche du problème, sans qu'il soit nécessaire de faire toutes les opérations mécaniques, que comporte sa solution complète. Ici donc, encore une fois, je ne trouve de motif réel, quoique non avoué, de la suppression projetée de la mécanique céleste, que la direction trop spéculative de cette science. Par la mécanique céleste, celui que Dieu a créé le roi de l'univers, celui à qui il a ordonné de lire dans la contemplation de la nature le récit des grandeurs et des perfections divines, l'homme explore les vastes domaines que le ciel offre à l'exercice de sa pensée; riche de quelques étincelles de la raison divine, il en est venu au point de peser des astres et des mondes.

Mais, il faut bien le reconnaitre, ces résultats, quoique du plus haut intérêt au point de vue de la science, émeuvent peu nos bruyants fauteurs de progrès. On acclame, avec transport, le progrès de la science, mais bien simple est celui qui s'y laisse prendre. Ce n'est pas l'étude de la nature qui, en général du moins, est l'objet des sympathies, mais c'est l'exploitation de la nature. L'Église est le seul corps qui toujours et partout, ait voué aux sciences un amour désintéressé qui ne s'est jamais démenti, et quoique cette proposition doive chatouiller des oreilles pour qui la dissonance des préjugés contemporains est devenu de l'harmonie, elle n'en est pas moins inattaquable pour celui qui va au fond des choses. Il est de mode de vanter la science, mais malheur à la science qui ne se traduit pas en espèces sonnantes. Ah! si la mécanique céleste pouvait conduire, comme la chimie à des résultats qui permissent d'espérer que peut-être on obtiendrait du poids brut de la betterave, 1 p. % de plus dans le rendement en sucre, bien vite nous n'aurions que trop de chaires de mécanique céleste en Belgique. Malheureusement, il n'en est rien, et il y a autant de différence entre la mécanique céleste et l'industrie qu'il y en a entre le ciel et la terre. Est-il étonnant après cela qu'on ait jugé convenable de supprimer dans nos programmes académiques jusqu'au nom de cette matière stérile.

L'Abbé LECOMTE,

Docteur en sciences, professeur au séminaire de Bonne-Espérance.

(La suite à la prochaine livraison.)

GUERRE DE TRENTE ANS.

PÉRIODE BOHÈME.

Longtemps avant la formation de la Ligue catholique, Maximilien avait cherché à s'entourer d'hommes experts dans les différentes branches de l'art militaire. Il venait de prendre les rênes de l'État (1597), lorsque se conformant aux opinions de son temps, it s'adressa au gouvernement des Pays-Bas pour obtenir l'envoi temporaire de deux ingénieurs distingués (1). Son œil pénétrant suivait avec attention les diverses renommées militaires que la guerre mettait en relief, et toujours à l'affût du mérite il ne négligeait aucune occasion de se l'attacher. En 1608, il détermina par des offres brillantes, Alexandre de Groote, célèbre ingénieur belge, à entrer au service de la Bavière, avec l'assentiment des archiducs dont il cultivait avec soin l'amitié (2). On ignore quand commencèrent ses relations avec Tilly, mais il est probable que ce fut à la suite de l'assemblée de la ligue à Wurtzbourg (8 février 1610) dans laquelle Maximilien avait été chargé de former l'état-major de l'armée fédérale. Les négociations furent rapidement menées à terme, car le 1er mai 1610 (3) Tilly écrivit de Prague à l'archiduc Albert une lettre dont voici le passage principal:

(1) Archives du royaume. Correspondance de Maximilien. Lettre du 10 Mars 1597.

(2) Lettre du 15 Novembre 1608.

(3) Archives du royaume. Correspondance de Tilly.

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