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me disait hier un de mes amis de France, et si les auteurs de ce programme sont peut-être d'accord entre eux sur la signification de cet a inconnu », il est certainement peu sage de se fourvoyer dans une maison occupée par trois individus suspects qui en connaissent tous les détours et recoins.

Je serais tenté de croire que c'est précisément notre situation dans le corps fédéral et les assurances que nous avons données, de concert avec l'Autriche, à nos confédérés allemands (à propos de l'accession à la convention d'avril et à l'article additionnel), qui nous fournissent un moyen convenable d'éluder la nécessité de nous décider brusquement, et en même temps de fortifier la confiance des États allemands dans la fermeté et la loyauté de notre politique. Je crois devoir attacher une très-grande importance à ce dernier point, au groupement, même partiel, même apparent, des États confédérés autour de notre drapeau; une politique qui voudrait tirer parti d'une position contre les petits États de la Confédération, est incompatible avec les intentions du Roi notre maître; abandonner ces États sans guide et sans appui ne saurait jamais nous être utile. Leur confiance dans l'Autriche a disparu, et, tant que Buol sera en fonction, je doute qu'elle reparaisse; s'ils perdent l'avantage de s'appuyer sur la Prusse, qu'ils avaient retrouvé depuis l'année dernière, ils graviteront nécessairement autour de Paris, de ce centre de gravité dont l'attraction est si puissante. Un de mes collègues de l'Allemagne occidentale me disait récemment : Si nous devons recevoir par Vienne l'impulsion de la politique française, il sera plus simple et moins coûteux de la chercher directement. Il était question de l'Autriche comme État de la Confédération du Rhin», de la dépendance de Buol vis-à-vis de Bourqueney et des efforts de l'Autriche pour entraîner la Prusse dans le même courant. Sans doute la note autrichienne du 20 est rédigée encore une fois d'une manière assez insidieuse; on est frappé seulement de ce que le comte de Buol n'a pas même donné une preuve ostensible de ses efforts pour nous faire participer aux conférences; il aurait été si facile de faire quelque démarche dans ce genre tout en l'affaiblissant par des restrictions confidentielles. Il est évident que le comte veut d'abord aiguiser notre appétit avant de nous convier au festin. Mais

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il est certain que plus nous nous montrerons désireux et impatients de figurer aux conférences, plus on tiendra haut la corde par-dessus laquelle il nous faudrait sauter. Plus nous témoignerons de froideur, plus nous serons sùrs, à mon avis, d'y être admis et d'y prendre une situation honorable et indépendante, surtout si nous mettons tout en œuvre pour conserver officiellement à notre suite la queue de la Confédération. Des innovations dans le droit européen, qui nous touchent, nous et les traités que nous avons conclus, feront naître, si elles se réalisent, le besoin impérieux de demander notre participation, et, si nous montrons de l'empressement, nous ne ferons que nuire aux conditions matérielles et formelles de notre entrée.

M. de Tallenay me dit que le blâme public infligé par l'empereur Napoléon au Sénat a sérieusement irrité ce corps et ses différents membres; aussi craint-il que cette irritation ne devienne un danger à l'occasion. Il paraît que cette boutade était destinée à relever la popularité de la couronne aux dépens du Sénat, qu'on rend responsable de tant de souffrances publiques qu'on ne soulage point.

Mes collègues ne veulent pas entendre parler d'une discussion des conditions de la paix à la Diète, et ils espèrent que l'Autriche fera tout au plus une communication sous la forme d'un exposé historique, parce qu'ils le désirent; encore aimeraient-ils mieux qu'elle n'en fît pas du tout.

Je serais fâché si les conférences n'avaient pas lieu à Paris; le choix de Paris comme lieu de réunion exciterait la France à les provoquer et serait à ses yeux un succès qui la porterait à réduire d'autant ses prétentions. Choisir Francfort serait ouvrir la porte aux bavardages et à la politique conjecturale. Les membres de la Diète succomberaient aux influences et ne pourraient guère en exercer. On pourrait, selon moi, éprouver la sincérité des sentiments pacifiques des belligérants au moyen de la question suivante : La France, qui est peut-être la plus pacifique des trois décembristes, prend-elle à tâche de nous donner, pour l'interprétation des propositions, des garanties telles qu'elles nous permettent d'accéder aux conférences et d'appuyer ses efforts en faveur de la paix? Mais si nous arrivions à nous entendre avec la France, nous pourrions peut-être soutenir encore plus efficacement de pareils efforts dans notre posi

tion de neutre. Nous verrons bien si la France, plus que les autres, manifestera sérieusement l'intention de nous attirer aux conférences. Avant l'arrivée des nouvelles pacifiques du 16, la crise financière avait atteint à Paris, au dire de certains banquiers d'ici, une intensité inconnue jusqu'à ce jour.»>

31. Lettre, rapport et dépêche sur les chances et le but d'une proposition autrichienne dans la question d'Orient.

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28 janvier 1856. (Lettre autographe confidentielle*.) — « J'ai l'honneur d'informer Votre Excellence que jusqu'à présent le comte de Rechberg n'a pas encore été chargé de faire des communications à la Diète. Il ne se résignerait à faire des propositions qui ne seraient pas approuvées par nous que dans le cas où, malgré ses représentations réitérées, il en recevrait pour la seconde fois l'ordre formel de Vienne. Si «< cet ordre » ne lui est pas envoyé par le télégraphe avant la séance de jeudi prochain, il ne fera point de communication et attendra le résultat de ses représentations. Le comte de Rechberg a afffrmé à sa cour que les délégués à la Diète et leurs gouvernements sont, presque sans exception, contraires à une proposition telle que celle à laquelle on peut s'attendre d'après les nouvelles reçues par Votre Excellence. Si l'Autriche persiste quand même à la présenter, sans essayer de la faire mieux accueillir par la Diète, on verra dans cette démarche encore une de ces démonstrations qui ont pour but de prouver à l'Occident sa bonne volonté et le mauvais vouloir de la Confédération. Car si l'Autriche veut sérieusement prendre avec l'Allemagne une attitude commune, elle se rendra aux représentations de Rechberg et ne soumettra sa proposition à la Diète que lorsqu'elle aura été mûrement discutée avec nous et les autres cours. M. de Schrenk partage cette manière de voir; il croit comme moi que jusqu'à présent l'Autriche n'a fait auprès d'aucun cabinet allemand des démarches pour assurer un accueil favorable à ses propositions. Lui aussi est d'avis que si ces propositions étaient réellement présentées à la prochaine séance et demandaient l'acceptation et le maintien

Soumise au Roi.

des préliminaires par la Diète, elles ne sauraient être sérieuses. Si dans l'intervalle le comte de Rechberg reçoit des instructions, je ne manquerai pas d'en informer Votre Excellence par le télégraphe. Il croit, du reste, devoir interpréter la dépêche autrichienne du 20 dans ce sens que le cabinet de Vienne ne se bornera pas nous faire part de sa communication à la Diète, mais qu'il en discutera aussi le contenu avec nous. Il le suppose d'autant plus que, selon lui, il ne saurait entrer dans les intentions de l'Autriche de faire éclater juste en ce moment, aux yeux de l'étranger, des divergences d'opinion entre elle et la Prusse et l'Allemagne, tandis que les deux grandes puissances devraient, dans leur intérêt, viser plus que jamais à maintenir en Europe la croyance qu'un conflit sérieux de l'une d'entre elles avec l'étranger trouverait toujours, en fin de compte, l'Allemagne parfaitement unie. Même si tel n'était point le cas, il n'en faudrait pas moins répandre et entretenir cette illusion. »

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28 janvier. - (Rapport confidentiel.) – « Le comte de Rechberg vient de me faire part de la communication autrichienne, que j'ai reçue en même temps par le rescrit de Votre Excellence, daté d'hier '.

Conformément aux intentions de Sa Majesté, que Votre Excellence m'a fait connaître par une dépêche télégraphique arrivée ici hier soir à neuf heures', j'ai demandé à mon collègue autrichien s'il croyait que le cabinet impérial se déciderait à changer la fin du texte de la communication de manière à supprimer l'expression du

1 Elle contenait l'expression du désir que la Prusse et la Confédération se déclarassent dans le sens de la proposition autrichienne. Celle-ci tendait à faire accepter et maintenir par toute l'Allemagne, de concert avec l'Autriche, les bases sur lesquelles la paix générale devait être rétablie d'une manière solide et durable, à la suite des négociations qui allaient s'engager.

2 Le ministre président informait M. de Bismarck que le Roi avait pris connaissance de la communication autrichienne. Sa Majesté veut éviter autant que possible de faire éclater un dissentiment avec l'Autriche; toutefois elle tient à conserver notre position, de manière qu'on ne puisse dans aucune circonstance aller au delà des préliminaires acceptés par la Russie, que nous avons aussi considérés comme acquis éventuellement pour nous. Ne pourrait-on dire, à la fin de la communication autrichienne, que toute l'Allemagne est disposée à hâter, de concert avec l'Autriche et la Prusse, le rétablissement de la paix sur la base adoptée? Le Roi y attacherait une certaine importance. Dites-nous franchement votre opinion et les objections que vous pourriez avoir à faire.▾

désir de voir accepter et maintenir les propositions autrichiennes, et d'y substituer celle de l'espérance que l'Allemagne sera disposée ou prête à agir de concert avec l'Autriche et la Prusse pour hater le rétablissement de la paix sur la base adoptée. Le comte de Rechberg doutait que le cabinet de Vienne consentit à modifier le contenu de la communication, après la publicité qu'on lui avait déjà donnée. Déférant cependant à mon observation, il a voulu écrire immédiatement à Vienne et proposer dans tous les cas l'ajournement de la communication.

Lorsqu'il me demanda si je pouvais me faire une idée de la réponse que la Diète ferait à sa communication, je lui répondis que pour moi l'expression du désir de hâter le rétablissement de la paix de concert avec l'Autriche et la Prusse, en prenant pour base les conditions adoptées, était l'extrême limite des concessions pour lesquelles je croyais pouvoir me prononcer dans mon rapport à Votre Excellence. Finalement il fut convenu entre nous que je proposerais à Votre Excellence de m'autoriser à coopérer à une résolution conçue dans les termes mentionnés plus haut, et que le comte de Rechberg, dans son rapport d'aujourd'hui, mettrait tout en œuvre pour décider le gouvernement impérial à modifier sa communication dans ce sens ou à conserver le texte primitif en se contentant d'une réponse conforme au texte rappelé plus haut, ou encore, à défaut de ces deux solutions, à renoncer pour le moment à cette communication. Il est bien entendu que nous n'attribuâmes à cet arrangement aucun caractère obligatoire, et que nous avons considéré simplement les propositions que nous devions adresser à Berlin et à Vienne comme l'expression de notre opinion personnelle, dont nous recommandions l'adoption à nos supérieurs hiérarchiques.

Le comte de Rechberg m'a dit à plusieurs reprises qu'il tenait surtout à éviter même l'apparence d'un dissentiment entre la Prusse et l'Autriche, et que si la communication autrichienne ne favorisait pas ce résultat, si elle ne devait pas avoir pour effet probable de faire croire à la bonne entente des deux grandes puissances, elle ne pourrait, selon lui, que nuire à la bonne cause.

A mon avis, une résolution qui constaterait sans le motiver l'empressement de la Diète à hâter le rétablissement de la paix sur

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