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l'œuvre exclusive de la politique sage et ferme de Votre Majesté; il a surtout rappelé avec satisfaction sa visite à Stolzenfels et la manière dont Votre Majesté et le baron de Manteuffel ont parlé de Vos intentions. Cet accord avec notre attitude politique a encore été confirmé par la bienveillance particulière avec laquelle j'ai été accueilli à la cour de Stuttgard. Sa Majesté a mis un équipage de la cour à ma disposition et m'a permis de visiter les châteaux royaux, même la Wilhelma, où l'on n'entre pas facilement, et, malgrẻ le peu de temps que j'avais à passer à Stuttgard, j'ai eu plusieurs audiences et l'honneur de diner avec le Roi et de passer la soirée dans le cercle de la cour.

En revenant ici mercredi 19, j'ai retrouvé à la Diète l'accalmie que j'avais constatée lors de mon départ. Le comte de Rechberg a vivement regretté qu'on n'ait pas fait dans l'intervalle d'autres démarches pour amener un rapprochement entre Berlin et Vienne; ainsi qu'il me l'a dit confidentiellement, il a recommandé instamment au cabinet de Vienne d'envoyer à Berlin un agent extraordinaire, le conseiller intime Werner ', par exemple, afin de lever les difficultés qui pourraient provenir des personnes jouant un rôle actif dans les relations régulières entre les deux États. Depuis assez longtemps le comte de Rechberg est sans nouvelles de Vienne sur la question d'Orient; il ne laisse pas de craindre qu'on ne lui demande de faire des démarches subites qui répugneraient à ses convictions personnelles. De certaines paroles qu'il m'a dites je conclus indirectement que l'Autriche s'est engagée à rappeler son ambassadeur de Saint-Pétersbourg, si la Russie repoussait quelques-unes des récentes propositions. Celles-ci, du reste, semblent concorder en substance avec les concessions offertes dernièrement par la Russie elle-même. Le comte de Rechberg ne croit évidemment pas à la possibilité d'une action effective de la part de l'Autriche. Il semble avoir eu vent des tentatives de M. de Beust pour convoquer une nouvelle conférence des États moyens.

Le nouvel ambassadeur de France est arrivé ici hier; ses lettres de créance seront probablement présentées à la séance de demain, qui remplace celle qui devait avoir lieu hier. »

1 Sous-secrétaire d'État au ministère de la maison I. R. et des affaires étrangères. Cf. plus bas (14 janvier 1856).

24. Rapport immédiat sur la remise des lettres de créance du nouvel ambassadeur français auprès de la Diète.

24 décembre 1855. « La séance de la semaine dernière avait été reportée du 20 au 22, afin de ne pas renvoyer jusqu'à l'année prochaine la réception du nouvel ambassadeur de France auprès de la Diète, M. le comte de Montessuy, qui ne pouvait arriver ici que le 20 au soir. Dans cette séance, le président a d'abord présenté la lettre de rappel du marquis de Tallenay et les lettres de créance du comte de Montessuy. Comme elles étaient en règle, on décida de reconnaître le nouvel ambassadeur et de répondre selon l'usage à la notification du rappel de M. de Tallenay. On regrette généralement le départ de ce dernier, qui, par son amabilité personnelle, par la manière toujours égale, conciliante, sans zèle exagéré, dont il traitait les affaires, contrastait avantageusement avec d'autres diplomates français.

Le comte de Montessuy, le nouvel ambassadeur, montrera-t-il au même degré que son prédécesseur cet« esprit de prudence et de conciliation» qui le distingue, au dire de ses lettres de créance? On en doute à peu près généralement, d'après ce qu'on sait de lui. Dans tous les cas il lui faudra beaucoup de temps pour gagner la confiance des diplomates allemands comme l'avait su faire le marquis de Tallenay, grâce à une discrétion à toute épreuve, à une longue expérience et à une connaissance des affaires de l'Allemagne qui ne se rencontre pas souvent chez des Français. D'après l'opinion répandue jusqu'à présent, ce changement de personne serait accompagné d'une modification dans l'idée que l'on se fait de la mission d'un ambassadeur de France auprès de la Confédération, et le comte de Montessuy aurait à déployer, afin d'exercer une influence plus grande sur les personnes et sur les affaires, une activité soutenue par toutes les ressources d'une représentation brillante. Selon moi, Francfort ne peut avoir pour la diplomatie étrangère que la valeur d'un poste d'observation; aussi la tâche d'un ambassadeur français, si elle doit consister à obtenir ici une influence sérieuse sur la politique de la Confédération, est peut-être

une des plus difficiles qu'il y ait, si même elle n'est pas impossible. Une première raison est que les organes de l'action de la Confédération, c'est-à-dire les membres de l'assemblée fédérale, n'ont géné– ralement pas d'influence dans leur pays. La nomination du baron de Dornberg comme délégué de la Hesse électorale, qui est actuellement un fait accompli, me dit-on, créera, je l'espère, une exception à cette règle et introduira dans l'assemblée une excellente recrue '. »

25.

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Rapport sur les propositions d'intérêt commun présentées par la Bavière à la Diète, et propositions relatives à l'attitude de la Prusse dans cette question.

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2 janvier 1856. ..Quant à la marche à suivre dans les débats des propositions d'intérêt commun présentées par la Bavière à la Diète, le comte de Rechberg a été d'avis qu'il fallait établir une entente préalable entre la Prusse et l'Autriche sur chaque point particulier, avant qu'il fût discuté par l'assemblée. A première vue, cette idée semble témoigner, de la part de l'Autriche, d'égards particuliers pour la Prusse, et je suis loin d'attribuer sous ce rapport une intention insidieuse au comte de Rechberg personnellement; mais je proposerais de ne pas nous engager dans des négociations séparées avec l'Autriche, et de n'accepter la discussion qu'au sein de l'assemblée. Nous verrions probablement l'Autriche faire des propositions extrêmement libérales et populaires, dans le seul but d'obtenir la preuve officielle que la réalisation de certains vœux du peuple allemand et des gouvernements, reconnus comme ayant pour objet l'intérêt commun, échoue contre l'esprit séparatiste de la Prusse. Et pour les points que le cabinet de Vienne aurait intérèt à obtenir, ou dans lesquels il verrait un résultat pratique à atteindre,

1 Dans son rapport immédiat du 18 janvier 1856, M. de Bismarck faisait remarquer qu'après la séance du 17 janvier il avait donné en l'honneur du comte et de la comtesse de Montessuy un dîner auquel il avait invité les messieurs et les dames du corps diplomatique. Le comte fut d'autant plus flatté de cette politesse que jusqu'alors la présidence ne lui avait offert, pas plus qu'au baron de Brunnow, le dîner officiel qui, d'après les décisions existantes, doit être donné à tout ambassadeur accrédité auprès de la Confédération, et qui a lieu ordinairement le jour de la remise des lettres de créance. »

on saurait nous forcer à les accepter, ou du moins nous mettre dans une position gênante, en entrainant habilement la Bavière ou un autre gouvernement partageant les idées de l'Autriche.

Dans les discussions à la Diète, la variété des éléments qui entrent en ligne offre plus de facilités pour entraver le succès de propositions fâcheuses, sans que nous ayons besoin de prendre toujours l'initiative. Du reste, les égards dus aux États moyens, particulièrement à la Bavière, nous recommandent de ne pas les tenir éloignés des discussions préliminaires. Ainsi que je l'avais déjà indiqué dans mon rapport immédiat, le ministre Von der Pfordten m'a paru avoir un sentiment plus net que le roi Maximilien lui-même des difficultés qui s'opposent à la réalisation des projets de ce prince; s'il reconnaît comme moi que la première démarche pratique à faire à la Diète consiste dans la réunion d'une commission d'hommes spéciaux chargée d'élaborer le projet d'un code de commerce allemand et de dispositions relatives à l'exécution judiciaire, il ne se sera guère fait illusion sur la somme de temps incalculable qu'il faudrait à une pareille commission pour achever son travail.

D'après mon entretien avec le baron de Schrenk, il me semble que les serviteurs du roi Maximilien redoutent plus que leur maître que la discussion de cette question ne compromette l'indépendance de la législation bavaroise.

A mon avis, il serait bon, dans la marche ultérieure de l'affaire, de conserver en vue la convocation de la commission d'hommes spéciaux comme premier moyen d'attaque '.

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26. Rapport immédiat sur le déclassement de la forteresse fédérale de Landau et son remplacement par Germersheim. Projet de construction d'un pont fixe sur le haut Rhin.

8 janvier 1856. — « Parmi les questions dont le ministre Von der Pfordten m'a entretenu confidentiellement pendant mon séjour à

1 Le ministre déclara approuver entièrement les vues développées dans le rapport ci-dessus sur la manière de traiter l'affaire. (Rescrit du 20 janvier 1856.) Dans la séance du 21 février, la Bavière présenta ses propositions sur les questions d'intérêt commun. Relativement à la proposition de la rédaction d'un code

Munich, figure celle du déclassement de la forteresse fédérale de Landau et de son remplacement par Germersheim. » (Le fait que Landau avait été élevé au rang de forteresse fédérale par des traités européens encore en vigueur ne constituait pas, aux yeux de la plupart des gouvernements allemands, une matière suffisante à des objections politiques. En ce qui concerne le côté militaire de la question, les gens compétents disaient que Landau avait perdu son importance primitive au profit de Germershein. C'était aussi l'opinion dominante en Bavière 1.)

« Le ministre Von der Pfordten m'a parlé de la construction d'un pont fixe sur le Rhin supérieur comme d'une question se rattachant à celle-là. Depuis que la Prusse avait entrepris la construction d'un pont à Cologne, une nouvelle voie de communication était devenue, dit-il, une nécessité absolue pour l'Allemagne du Sud, si elle ne voulait perdre tout le transit que lui assignait sa situation géographique. L'administration des chemins de fer français s'offrait à construire un pont fixe près de Strasbourg sans le concours de l'Allemagne, et il ne semblait guère possible, dans l'intérêt même de l'Allemagne du Sud, de repousser une offre pareille.

Tout en lui accordant qu'un pont fixe sur le Rhin était désirable pour l'Allemagne du Sud, j'appelai son attention sur les avantages que présenterait un pont établi sur un territoire exclusivement allemand, par exemple, entre Mannheim et Ludwigshafen, ou mieux encore sur le prolongement de la ligne wurtembergoise débouchant près de Bruchsal pour aller à Spire, avec un passage à Germersheim. Le ministre président bavarois reconnut les avantages d'un plan pareil, mais il dit qu'il ne croyait pas que l'argent offert pour la construction d'un pont près de Strasbourg, sans subvention de la part de l'Allemagne, pût se trouver pour un autre pont; il était convaincu que Bade n'accepterait jamais mon projet, parce que le gouverne

de commerce commun (prot. 1856, § 70), on décida, conformément à la proposition de la commission (prot. 1856, § 116), la création d'un comité chargé d'élaborer un code de commerce général. (Prot. 1856, § 141.) Cf. aussi le rapport du 29 avril 1856.

1 Le déclassement de la place de Landau n'a été arrêté qu'en vertu d'un traité signé en 1870 à Versailles, entre la Confédération de l'Allemagne du Nord et la Bavière, traité qui n'est entré en vigueur que le 9 mars 1871.

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