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ment. Ceux d'entre eux qui voulaient rester sincèrement attachés à la Confédération, en seraient heureux; quant aux autres, personne ne pouvait sûrement compter sur eux.

Notre entretien fut interrompu par l'arrivée d'une dépêche chiffrée de Vienne, dont j'ai annoncé le contenu à Votre Excellence, tel que le comte de Rechberg me l'a communiqué. J'ignore ce que peut être la dernière tentative » du comte de Buol dont il y est question, mais je suis certain que si cette tentative échoue, elle ne sera pas la dernière.

Selon moi, l'intérêt de notre prestige dans le monde, et surtout à la Diète, exige que nous ne nous prêtions à aucune entente avant que l'Autriche ait renoncé à suivre ses errements, et qu'elle subordonne exclusivement le succès de l'entreprise aux négociations avec nous. Si ces dernières aboutissent, ce qui n'est pas d'une urgence immédiate, le résultat pourra être sanctionné par une résolution fédérale; si elles sont infructueuses, on s'en tiendra jusqu'à nouvel ordre au statu quo, qui est assez avantageux pour l'Autriche. J'ai fait mon possible pour ne laisser au comte de Rechberg aucun doute sur la fermeté de nos décisions, et je lui ai dit que j'étais déjà muni d'instructions suffisantes pour tous les cas possibles. Il dit que le statu quo ne pouvait pas être maintenu, selon lui, parce que depuis assez longtemps nous avions suspendu les versements à faire pour Rastadt, et il ajouta qu'il n'avait pas voulu jusqu'ici rappeler cette circonstance par ménagement pour nous. Je lui répondis que la situation ne pouvait qu'empirer si l'on prétendait agir au moyen de résolutions de majorité contraires au droit fédéral. Car si l'on mettait la place fédérale de Rastadt dans une situation contraire à la constitution fédérale, nos cotisations ne seraient naturellement pas versées; au contraire, il en résulterait pour nous le droit de rayer de nos autres contributions matriculaires les sommes que nous avions payées jusqu'à présent pour Rastadt et pour la construction des travaux de cette place. Dans le cours de la conversation, le comte de Rechberg fit une proposition tendant à nous faire déclarer que nous admettions le maintien du statu quo; il croyait qu'à ce prix on pourrait laisser la question dans son état actuel. Je déclinai cette proposition et refusai d'appuyer un pareil expédient auprès

de Votre Excellence, disant que si les discussions à la Diète étaient suspendues, le maintien du statu quo serait par cela même un fait acquis. J'ajoutai que je ne pouvais pas engager mon gouvernement à sanctionner légalement cette situation, parce qu'une sanction pareille équivaudrait à peu près à l'acceptation de la proposition austro-badoise. Cet incident prouve, d'une part, que l'Autriche voudrait bien éviter le conflit, d'autre part, quelle importance elle attache à la possession effective de Rastadt.

Le comte de Rechberg a cherché à me présenter le consentement du comte de Buol à la remise du vote après jeudi, comme une preuve éclatante et inattendue des dispositions conciliantes du cabinet de Vienne. Je lui répondis en le priant de considérer qu'il s'agissait du vote sur une proposition faite par nous, et que je ne savais pas encore si mon gouvernement accepterait de voir ce vote ajourné encore une fois, dans le cas où, dans l'intervalle, on ne saurait pas par le baron de Koller si l'espoir d'arriver à une entente est plus fondé que jusqu'ici. »>

29 juin. « Je prends la liberté d'ajouter encore quelques mots à mon rapport d'hier sur Rastadt. Dans le cours de notre conversation, le comte de Rechberg m'a accordé que le cabinet de Vienne avait adressé récemment de nouvelles dépêches circulaires aux gouvernements allemands, afin de les décider à donner des instructions à leurs délégués dans un sens contraire au renvoi à la commission militaire. L'effet des tentatives de l'Autriche a été surtout frappant à la Haye et à Hanovre. Ces deux gouvernements viennent d'envoyer à leurs délégués l'ordre de voter contre la Prusse dans la question préliminaire. Les motifs de ces décisions sont évidemment en dehors du cercle des discussions de la Diète. Car, en ce qui concerne le Hanovre, le délégué de ce pays a voté, comme moi, avec la minorité de la commission militaire, et dans la discussion il a soutenu notre manière de voir. Je sais aussi qu'il n'a pas été le seul à faire un rapport dans ce sens, et que le comte Platen a soumis au roi de Hanovre des propositions analogues. La non-adhésion du comte Platen se révèle encore dans la rédaction des instructions adressées à M. de Heimbruch, où il est dit exceptionnellement que le

ministère a reçu du cabinet royal l'ordre exprès de prescrire au délégué de voter contre nous, et, dans des communications confidentielles, on lui explique la nécessité désagréable où on le met de se déjuger. Ce qui est encore caractéristique, c'est le fait suivant. Après l'entretien du comte de Rechberg avec moi, entretien dont j'ai parlé dans mon rapport d'hier, où il a montré les dispositions les plus conciliantes et s'est déclaré prêt à consacrer toute son influence à l'établissement de l'entente avec la Prusse, en regrettant seulement que tout le monde à Vienne ne partageât pas ces sentiments, il a interrogé M. de Heimbruch sur le contenu de ses instructions et en a manifesté une joie très-vive. M. de Heimbruch s'étant demandé si la Confédération aurait à se réjouir d'une offense faite à la Prusse par suite d'un manque d'égards, le comte de Rechberg, qui, depuis le succès des opérations autrichiennes contre M. de Heimbruch, le considère comme une sorte de novice autrichien dont il faut faire l'éducation, a relevé énergiquement sa faiblesse à l'égard de la Prusse et sa sympathie pour elle; il lui a dit notamment que la Diete ne pourrait plus repousser aucune proposition s'il fallait s'occuper de tous ceux qui se sentent blessés par un rejet. Comme je tiens ces paroles de M. de Heimbruch lui-même, je vous demande une discrétion entière, sans quoi mon auteur se verrait encore exposé à Hanovre aux persécutions autrichiennes. On dirait presque qu'il dépend uniquement de l'Autriche que M. de Heimbruch garde son poste

ou non.

En ce qui concerne la voix du Luxembourg, M. de Scherff ainsi que le général de Panhuys ont toujours rédigé leurs rapports et leurs propositions dans notre sens, et n'ont jamais attendu en réponse que des instructions approbatives. Malgré leurs représentations réitérées, tous deux ont reçu, à leur grande surprise, des instructions tout opposées; on dit même que M. de Scherff doit voter contre nous sur le renvoi à la commission militaire.

J'ai déjà exposé verbalement à Votre Excellence combien M. de Scherff est dérouté par cette situation, qui en ce moment n'est pas encore définitive, et à quelles causes il l'attribue. Il paraît que l'Autriche a tenu particulièrement à prouver que même cette voix sur laquelle la Prusse pouvait d'ordinaire compter si fermement,

ne saurait se soustraire à son influence ou au poids de ses argu

ments.

Il est incontestable qu'à la Diète nous devons nous appuyer uniquement sur notre propre puissance et sur la force que nous donne la fermeté de nos propres résolutions. Mais ces moyens suffiront peut-être, non-seulement pour soutenir jusqu'au bout l'attitude que nous avons prise, mais encore pour mettre des bornes à l'influence autrichienne.

Il n'est pas facile pour un délégué de la Prusse à la Diète de gagner l'appui de ses collègues, même d'un petit nombre d'entre eux, en présence de l'action autrichienne et des influences contraires à la Prusse. Mais les deux exemples ci-dessus montrent combien ces succès sont peu de chose en face de la domination exercée par l'Autriche sur les cours d'où émanent les instructions. »

90. Rapport sur la participation de l'Autriche et de la Prusse aux mesures exécutoires prises contre le Danemark, sur la politique danoise et les craintes d'une guerre avec la France à propos de la question du Holstein.

30 juin 1858. - « J'ai reçu le rescrit de Votre Exellence, daté du 27, avec la dépêche du comte de Buol, datée du 24', ainsi que celui du même jour avec le rapport de notre ministre à Copenhague, daté du 172.

Les déclarations du cabinet de Vienne ne contiennent plus, il est rai, aucune opposition à nos vues, mais elles ne renferment pas non plus la promesse formelle de les faire triompher. Le comte de Buol s'en remet aux débats de la commission et aux résolutions de l'assemblée fédérale pour la décision définitive sur la participation de l'Autriche à l'exécution militaire et à la commission qui l'accom

Dans le rescrit en question, le ministre demandait à M. de Bismarck son avis sur la réponse du comte de Buol au rescrit adressé par M. de Manteuffel au come de Flemming, le 21 juin.

* Dans le rapport dont il s'agit, le comte Oriolla communique au prince de Prusse un résumé succinct de l'état de la question du Holstein. Le ministre communiqus également ce rapport à M. de Bismarck, en le priant de lui faire part des observations que ce mémoire lui suggérerait.

pagne, ou bien sur le choix éventuel d'un commissaire. Rien ne nous garantit que l'Autriche ne travaillera pas à provoquer une résolution de majorité, par laquelle nous serions chargés de préférence de prendre part aux mesures de l'exécution et, par suite, responsables du succès de leur application. Il serait certainement très-désagréable pour la Prusse d'avoir à décliner cette mission d'honneur en présence d'une résolution formelle de la Diète, et pourtant ce serait chose grave de l'accepter. Je ne vois pas à quelle mesure de prudence nous pourrions encore recourir après la circulaire de Votre Excellence, qui a porté à la connaissance de tous les gouvernements les raisons péremptoires qui demandent que l'Autriche participe au même titre que nous à l'exécution fédérale.

Je proposerais d'interpréter, si c'est possible, la dépêche autrichienne du 24, dans la réponse à faire à ce document, en ce sens que nous y trouvons la complète adhésion du cabinet de Vienne à nos vues, de même que la promesse d'agir de concert avec nous lors des discussions à la Diète, ainsi que l'entend le rescrit adressé par Votre Excellence au comte de Flemming, le 21 juin dernier. Quant à moi, je ferai mon possible pour que le mémoire de la commission et la résolution fédérale soient conformes à cette interprétation.

En ce qui concerne le rapport du comte Oriolla, daté du 17, je prends la liberté de faire sur son contenu les observations suivantes :

Le délai de six semaines accordé au Danemark n'expire que le 15 juillet, parce que la signature du protocole du 20 mai et, par suite, la remise de ce document à M. de Bülow ont été retardées jusqu'aux premiers jours de ce mois par une absence du délégué badois et de celui de Schaumbourg-Lippe.

Je ne puis guère admettre que le Danemark ne fasse point de déclaration ou qu'il en fasse une qui, à première vue, soit manifestement insuffisante. Étant donné le caractère de la politique danoise, l'emploi de ce procédé sommaire n'est guère probable. Il est à croire plutôt que le gouvernement du Danemark produira un travail assez compendieux, renfermant peut-être même des concessions qui, sous une forme vague et forcée, fourniront de nouveaux prétextes

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