Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

conservant la flexibilité diplomatique d'une institution politique. Dans le mémoire de M. de Beust, fait pour amener la solution de ce problème, on ne peut découvrir ni des idées neuves et pratiques, ni même des idées claires et précises. La surabondance de considérations générales et l'absence de propositions concrètes prouvent que, même dans la tête de M. de Beust, les desiderata théoriques dans les brouillards desquels se plaisent un grand nombre de politiques allemands, n'arrivent pas à prendre une forme pratique quelconque.

Les différents points du mémoire ont été si parfaitement élucidés et appréciés, même dans le détail, par le rescrit de Votre Excellence, daté du 21 juin, qu'il me reste peu de chose à ajouter.

Dans le public, les mesures que propose M. de Beust pour relever le prestige de la Confédération produiraient, selon moi, des résultats diametralement opposés.

Les conférences ministérielles éveilleraient l'attention publique; mais elles feraient naître plus de craintes que d'espérances; d'après la manière de voir de M. de Beust, la tâche principale de ces conférences consisterait à limiter la liberté de la presse, à la faire contrôler par un organe fédéral et à restreindre l'importance des constitutions des États particuliers à un minimum tel qu'on pourrait en abandonner sans crainte l'interprétation aux tâtonnements d'un tribunal fédéral. Les conférences rentreraient donc, ou peu s'en faut, aux yeux du public, et peut-être même en réalité, dans la catégorie de celles d'où sont sorties les résolutions de Carlsbad de 1819 et de 1834, et dans le cours de leurs travaux ce caractère s'accentuerait encore davantage.

J'ignore si M. de Beust espère par ce moyen paralyser des « attaques dirigées contre la Confédération » ou changer le mot « Confédération» en une formule magique pour laquelle se passionnerait l'opinion publique.

En présence de pareils efforts, le peu de résultats pratiques que la Confédération a obtenus dans le développement des intérêts matériels de l'Allemagne, ne constituerait pas un équivalent même pour les plus imbéciles de ceux qui contribuent à former l'opinion publique, tandis que les plus perspicaces ne se dissimuleraient pas un instant qu'en confiant à la Confédération le soin des intérêts

matériels, on obtiendrait encore bien moins que jusqu'à présent. La Prusse remporterait à mes yeux une victoire politique, si l'on pouvait amener M. de Beust à s'expliquer plus nettement sur ses propositions, afin de montrer à l'Allemagne quel est le but poursuivi par la sagesse et la politique fédérales des gouvernements des États moyens. Dans ce cas, si nous combattions ouvertement ces projets, nous gagnerions les sympathies de la Saxe aussi bien que de l'Allemagne entière..... »

72. Lettre particulière autographe sur l'attitude de l'Autriche dans la question du Holstein. Conclusions à en tirer pour la politique de la Prusse *.

2 juillet 1857.- « Votre Excellence est sans doute déjà en possession de la réponse danoise '. M. de Bülow me l'a donné à lire; je ne la trouve pas telle que je l'aurais désirée, mais meilleure cependant que je ne m'y serais attendu.

Le comte de Rechberg a déjà reçu du comte de Buol une communication sur les vues du cabinet de Vienne, et m'a dit confidentiellement, à moi, et surtout au comte de Montessuy, que l'Autriche s'abstiendrait de toute initiative dans les démarches des deux puissances allemandes, et qu'elle se bornerait à agir de concert avec la Prusse. De cette manière l'Autriche veut faire peser sur nous la responsabilité vis-à-vis des puissances étrangères, si nous nous portons en avant, et vis-à-vis de l'opinion publique, si nous reculons. Le comte de Rechberg a ajouté, à titre d'opinion personnelle, que nous ferions mieux d'attendre la réunion des états du Holstein, parce qu'une plainte de ces derniers amènerait la question à la Diète par une voie plus correcte, plus régulière et moins favorable à l'immixtion des puissances étrangères. Ce dernier argument me paraît assez juste, car on ne peut conserver à l'affaire son caractère exclusivement allemand que si elle se présente à la Diète

* Soumise au Roi.

1 Imprimée dans les protocoles de la Diète, 1857, p. 751. (Annexe 17 du prot.. § 306.) Les réponses des cabinets de Vienne et de Berlin, datées du 6 juillet 1857, s'y trouvent également, p. 753 et suiv. Annexes 18 et 19.

sous la forme d'une plainte émanant d'une chambre allemande. Mais en fait l'immixtion des puissances étrangères est absolument inévitable, car la résistance du Danemark ou sa docilité à se conformer aux résolutions fédérales et à suivre nos exhortations, dépendra finalement de l'attitude des puissances européennes vis-àvis du gouvernement de Copenhague. Je n'en conclus pas que, ne pouvant éviter l'immixtion dans l'avenir, nous devrions nous adresser immédiatement à la Diète ; je crois plutôt, vu l'importance qu'ont pour nous les dispositions des puissances étrangères si nous voulons accomplir honorablement notre tâche, que, dans toutes les phases douteuses par lesquelles passera l'affaire, nous devrions tenir compte des vues des cabinets européens. Il est certain qu'à SaintPétersbourg, à Londres, à Paris, on désire et l'on espère nous voir attendre la réunion des états dans les duchés; de plus, l'Autriche est un auxiliaire fort tiède; elle est connue comme telle des cabinets et leur fait entendre que c'est nous seuls qui poussons l'affaire, qui agitons l'opinion publique et qui l'entraînons elle-même. En outre, la dernière dépêche danoise n'est pas de nature à faire de la proposition immédiate de mesures plus sérieuses à la Diète une question d'honneur; même parmi mes collègues, malgré les allures antidanoises qu'affectent la plupart d'entre eux, il en est plus d'un qui conseille de ne pas se laisser entraîner à une exagération fâcheuse, et peut-être la majorité serait-elle enchantée avec le comte de Rechberg, si la Diète n'était pas saisie de l'affaire. Il est quelque chose de plus important que ces symptômes : c'est d'éviter soigneusement de faire croire aux grandes puissances que nous voulons brusquer sans raison le Danemark ou que nous désirons des complications. Les discussions des états du Holstein amélioreront certainement notre position et présenteront la question sous un jour plus net, même aux yeux des étrangers; mais si nous la soumettons maintenant à la Diète, il est probable que les états ne seront pas convoqués. Nous ne risquons pas grand'chose à laisser passer quelques mois, et je ne vois même pas trop ce que nous gagnerions si l'affaire était réglée immédiatement et à la complète satisfaction de toutes les parties.

Il est bon sans doute de nous arranger de manière à ne pas faire croire que nous nous dérobons au devoir clair et précis de représen

ter l'Allemagne au dehors; mais dès que les Holsteinois vivront parfaitement heureux sous leur duc, la Prusse leur deviendra indifférente. L'intérêt qu'elle leur inspire peut nous devenir utile, sinon dans le moment actuel, au moins dans des conjonctures possibles. Je serais donc d'avis de conduire cette affaire sans se départir du point de vue allemand, mais en procédant avec une sage lenteur, et de laisser parfois crier les mécontents plutôt que de se jeter dans les dépenses et dans les contrariétés, sans espérance de gain réel. Peut-être pourrions-nous en ce moment choisir le moyen d'une réponse à la note danoise, au lieu de recourir à la Diète; dans la réponse, nous nous réserverions de revenir sur les divergences d'opinion qui séparent les deux cabinets, après avoir vu comment le cabinet de Copenhague envisage et traite les états holsteinois. Bülow dit qu'ils tiendront plus qu'ils ne promettent; je ne le crois pas, mais on les mènera plus loin qu'ils ne voudront aller, si les états font leur devoir '. »

73. - Rapport sur l'entrevue des empereurs de Russie et d'Autriche à Weimar. Séjour de l'empereur Napoléon à Bade. Entrevue de ce dernier avec l'empereur de Russie à Stuttgard.

29 septembre 1857. — « J'ai déjà informé Votre Excellence que j'ai eu l'honneur d'accompagner Son Altesse Royale le prince de Prusse à Bade. Le 24, il y a eu chez la grande-duchesse Stéphanie une soirée où j'ai pu me convaincre que madame la grande-duchesse était avertie de l'arrivée prochaine des empereurs de Russie et d'Autriche. J'ignore si elle a fait semblant de ne rien savoir des circonstances de cette visite, afin d'apprendre quelque chose par moi, ou

Le ministre reconnut avec M. de Bismarck que la réponse du Danemark à la dépêche prussienne du 20 mai avait été plus satisfaisante qu'on n'aurait pu s'y attendre. L'habileté de la rédaction consistait en ce que les intentions de la cour danoise restaient aussi vagues que ses déclarations antérieures. Le ministre aussi avait trouvé sage d'attendre la réunion des états et de ne pas s'adresser pour le moment à la Diète; néanmoins les efforts de l'Autriche pour faire endosser à la Prusse la responsabilité des événements, quels qu'ils fussent, efforts sur lesquels M. de Bismarck avait insisté, l'avaient décidé à s'adresser au cabinet de Vienne pour l'amener à prendre l'initiative d'une solution. (Rescrit du 6 juillet 1857.)

si elle était parfaitement renseignée. Je serais tenté de ramener l'origine des renseignements qu'elle possédait à son entourage, qui fait partie de la noblesse du Brisgau; elle les tiendrait par suite de sources autrichiennes. L'écuyer attaché à la personne de la grandeduchesse, ancien officier autrichien dont le nom ne me revient pas en ce moment, m'a été surtout désigné comme étant un agent de l'Autriche chargé de faire des rapports et d'agir sur la cour de Paris dans la mesure de l'influence que la grande-duchesse Stéphanie peut exercer sur l'empereur des Français.

Quant à l'entretien que Son Altesse Royale le prince de Prusse a eu le lendemain avec l'empereur Napoléon, M. de Savigny' aura fait son rapport sur l'ordre du prince, et Son Altesse Elle-même aura écrit à Sa Majesté le Roi. En causant avec le comte Walewski et le général Fleury, j'ai cru voir que la nouvelle de l'entrevue de Weimar était toute récente pour les Français, ou du moins qu'ils en ignoraient les détails précis avant l'arrivée de l'Empereur à Bade. Le général Fleury m'a demandé s'il était vrai que l'empereur d'Autriche fût allé voir l'empereur de Russie à Darmstadt. Sur ma réponse négative, il répliqua que probablement cette entrevue aurait encore lieu. Le comte Walewski était évidemment déjà bien renseigné sur ce point; néanmoins il m'a pressé de questions, et il était visiblement préoccupé de cet objet. D'après la manière dont le général Fleury et le comte Walewski ont parlé entre eux et avec moi de l'entrevue des deux souverains à Weimar, je suis convaincu que tous deux n'ont pas encore eu le temps de s'en faire une idée bien nette. Le général Fleury a fait observer finalement que si l'un des empereurs déclarait à l'autre qu'il se trouverait sur son passage, le dernier ne pourrait pas pousser l'impolitesse jusqu'à changer d'itinéraire, et qu'entre souverains il y avait des moyens de rendre impossible le refus d'une entrevue. L'empereur Napoléon paraît n'avoir voulu que montrer un refroidissement dans ses rapports avec Son Altesse Royale le grand-duc, ce qui s'explique peut-être par quelques malentendus relatifs à son passage et à sa réception à Bade, malentendus sur lesquels M. de Savigny aura fait son rapport; par contre, il a été très-empressé à

1 Envoyé de Prusse à la cour de Carlsruhe.

« ZurückWeiter »