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grand-ducal et la Prusse, à ce qu'il nous aidat à modifier selon nos besoins le résultat de ses négociations avec l'Autriche ou à stipuler un équivalent pour améliorer notre propre position. Cet équivalent, je le chercherais moins au sein de la présidence de la commission militaire, qui lui est étrangère, que dans la question des garnisons des places fédérales, dans laquelle il est intéressé au même titre que nous. Le droit de fournir ces garnisons a été réglé en son temps par des traités ou par des résolutions, de manière à tenir compte des intérêts particuliers, et surtout de ceux des deux grandes puissances. Or, si l'équilibre réalisé de cette manière et assuré jusqu'à présent est altéré par le fait que l'Autriche obtient une position nouvelle et à peu près exclusive par l'abandon de la seule place qui commande une grande étendue du territoire grand-ducal, je trouve que nous sommes très-modérés en demandant une compensation semblable en notre faveur et une part plus grande dans l'effectif des garnisons des places fédérales. Lors de la première communication que m'a faite M. de Rechberg, j'ai exprimé le désir de voir discuter, lorsque cette affaire serait débattue entre Berlin et Vienne, certains griefs de la Prusse, relatifs à notre infériorité militaire à Mayence. Si nous ne pouvions pas amener actuellement l'Autriche à nous accorder un équivalent quelconque, par exemple une plus large part dans l'effectif de la garnison ou la direction de l'artillerie de Mayence, nous devrions aussi tâcher de ne pas lui abandonner Rastadt, ou du moins réserver cet abandon pour le moment où la situation serait moins tendue et où l'on pourrait s'entendre pour nous faire donner d'autres compensations possibles. Il faudrait pour cela empècher l'affaire de se conclure; selon moi, nous devrions, vis-à-vis du cabinet viennois, défendre ouvertement les intérêts particuliers de la Prusse et affirmer le besoin de maintenir l'équilibre en Allemagne, sans nous laisser dérouter par de grandes phrases sur les devoirs des confédérés.

Si nous voulons combattre le projet de l'Autriche, ce qui serait mon sentiment, nous réussirons surtout en agissant énergiquement à Vienne et à Carlsruhe, ainsi qu'auprès d'un certain nombre d'autres cours d'Allemagne. Je laisse à Votre Excellence le soin de décider jusqu'à quel point on pourrait faire valoir que le doublement de

l'effectif de paix de la garnison de Rastadt constituerait une démonstration contre la France. Il paraît que l'Autriche considère l'accroissement de sa position à Rastadt comme le prix de son consentement à la construction d'un pont fixe sur le Rhin à Kehl, et qu'elle croit affaiblir par là le caractère démonstratif de ses projets sur Rastadt.

Au sein de la commission militaire, à laquelle la proposition sera renvoyée si l'Autriche et Bade la présentent, il ne faut guère s'attendre à ce qu'elle soit repoussée par la majorité, attendu que la commission n'a qu'à se préoccuper de l'intérêt militaire de la Confédération. Un vote contraire du plénipotentiaire prussien n'aura rien d'extraordinaire; il est motivé d'avance par le fait qu'à propos des discussions sur l'effectif de guerre de la garnison de Rastadt, le général de Reitzenstein a eu plusieurs fois l'occasion de déclarer suffisant un effectif de paix de deux mille cinq cents hommes, et qu'aujourd'hui il ne peut pas se déjuger et signer une argumentation tendant à établir que cette garnison doit être portée au double. Nous nous sommes exprimés devant l'assemblée fédérale dans le même sens qu'au sein de la commission, et nous ne pouvons que rester fidèles à notre manière de voir.

Si nous répondons dans ce sens aux questions adressées à Votre Excellence par l'Autriche et par Bade; si nous invoquons les rapports de la commission militaire, tels qu'ils ont été consignés dans le protocole séparé de la douzième séance de l'année 1853 et dans le rapport de la commission au comité militaire, datė du 25 juin de l'année dernière; si en même temps nous faisons valoir à Vienne et à Carlsruhe les raisons dictées par nos intérêts particuliers, je ne crois guère que l'Autriche voudra combattre nos objections à la Diète et nous mettre en minorité. Et même si cette supposition se réalisait, j'aimerais encore mieux que la Prusse subit la loi de la majorité sans s'y opposer trop vivement et en persistant simplement à affirmer la suffisance de l'effectif de paix actuel, que de la voir déférer publiquement aux vœux de l'Autriche et voter contrairement à l'opinion qu'elle a soutenue vigoureusement et avec toutes les ressources fournies par la dialectique, lors des discussions sur la garnison de Rastadt '. »

1 Le ministre répondit à M. de Bismarck qu'il approuvait en substance les vues

67.- Rapport sur l'impression que fera la communication prochaine de la Prusse et de l'Autriche à la Diète, sur certains points de la question du Holstein. Nouvel ajournement de cette communication.

13 mai 1857.- « Dans l'affaire des duchés danois', M. de Bülow, après son retour de Copenhague, avait parlé, dans des conversations particulières, en termes très-satisfaisants des dispositions qui règnent dans le Danemark. D'après lui, nous obtiendrions trèsprochainement les concessions dont la perspective nous avait fait consentir à un délai de trois semaines et plus. Bien que les paroles de M. de Bülow n'ont eu aucun caractère officiel, elles ont fait naître ces jours derniers parmi mes collègues des sentiments à la suite desquels l'ordre de faire une communication à la Diète dès la prochaine séance a surpris tout le monde. M. de Bülow lui-même en était surtout frappé, lui à qui le comte de Rechberg avait fait part confidentiellement de l'ordre venu de Vienne à la suite de notre dépêche du 5.

Il m'a dit que, lors même que la démarche à faire à la Diète sous la forme projetée n'aurait pas de conséquence pratique sérieuse, on ne pouvait méconnaître qu'en présence des idées vagues répandues à l'étranger et dans le public, la nouvelle que la question danoise était engagée à la Diète ferait partout une impression profonde et nuisible à la solution pacifique de l'affaire.

Moi-même je crois son avis fondé; je me figure qu'en Allemagne l'attente sera surexcitée; on s'imaginera qu'une exécution fédérale militaire se trouve en connexité avec la présentation de l'affaire à la Diète; en outre, au premier moment on exagérera également à Copenhague l'importance des faits, les partis les dénatureront et les exploiteront pour nuire au développement normal de la crise

exposées dans son rapport du 12 mai, et que, par suite, il avait essayé d'empêcher la présentation de la proposition commune de l'Autriche et de Bade, ou au moins de la faire ajourner, et d'obtenir éventuellement des concessions de l'Autriche relativement à l'occupation de Mayence. (Rescrit du 23 mai 1857.)

1 Cf. p. 247, note 2.

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ministérielle et présenter les concessions de l'Allemagne comme étant sans résultat. Auprès des cours étrangères, surtout à Paris et à Londres, la précipitation des grandes puissances allemandes n'apparaîtrait peut-être pas sous le jour de la modération et de l'équité si, après le renvoi de M. de Scheel', et d'après les dispositions manifestées à Copenhague pendant la crise ministérielle, nous faisions une démarche agressive en apparence, tandis qu'en attendant quelques jours nous obtiendrions peut-être des concessions qui nous satisferaient provisoirement.

J'ai demandé à M. de Bülow pourquoi les représentants du Danemark n'avaient pas tenu à Berlin et à Vienne, sous une forme en quelque sorte officielle, un langage pareil à celui qu'il tenait dans l'intimité. Il a lui-même déploré le fait, accusant l'irrégularité avec laquelle se traitaient les affaires à Copenhague, et l'inexpérience du ministre de la marine danois en matière de relations extérieures. Cependant, à la suite de notre conversation, il a demandé hier des instructions par le télégraphe, et il a reçu cette nuit, par la même voie, une déclaration de son supérieur hiérarchique, déclaration dont il m'a communiqué l'original avec l'autorisation d'en faire à titre confidentiel une copie que Votre Excellence trouvera cijointe'.

De son côté, le comte de Rechberg a élevé, dès lundi, des objections contre l'ordre qui lui a été donné de faire une communication dans la prochaine séance; ce matin on lui a répondu par le télégraphe que cette communication ne pouvait être ajournée que de concert avec la Prusse. Votre Excellence ne m'a pas adressé, jusqu'à présent,

'Charles-Louis de Scheel, ministre des affaires étrangères ad in'erim (à partir du 15 janvier 1855), en même temps ministre pour les duchés de Holstein et de Lauenbourg (depuis le 12 décembre 1854).

2 Michelsen, ministre de la marine (depuis le 12 décembre 1854).

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Ce télégramme disait : La base sur laquelle le ministère cherche à se constituer est, en ce qui concerne l'affaire du Holstein, la suivante: convocation extraordinaire des états provinciaux aussitôt que les préparatifs nécessaires seront terminés. Réunion probable au mois d'août de l'année courante. Présentation du projet d'une constitution revisée pour les affaires particulières du duché, comprenant notamment des dispositions positives sur l'étendue des affaires particulières, de façon à donner à l'assemblée l'occasion de se prononcer d'une manière complète sur les mesures qui auront été prises, tandis que dans le projet primitif les dispositions dont il s'agit restaient étrangères aux discussions des états.

:

l'ordre positif d'insister pour que l'affaire soit soumise à la Diète, et le rescrit qu'Elle m'a fait espérer dans sa dépêche télégraphique d'hier soir neuf heures trois minutes, ne m'est pas encore parvenu. Dans ces circonstances, je ne crois pas devoir admettre qu'il entre dans les intentions de Votre Excellence que je réclame l'action immédiate du comte de Rechberg. Néanmoins, j'ai dit nettement à ce dernier que j'étais chargé de faire la communication avec lui; j'en ai rédigé le projet et je l'ai arrêté avec lui. J'ai répondu à ses objections que, puisqu'il le désirait personnellement et qu'il était prêt à agir de concert avec moi, je prenais sur moi de différer l'exécution de mes instructions et d'adresser encore un rapport à Votre Excellence, en présence du fait nouveau que révélait la dépêche de Copenhague cijointe et que Votre Excellence ne connaissait pas encore. Après avoir discuté la question, nous convinmes d'ajourner la séance de demain, afin de gagner du temps pour obtenir une réponse. Cela est d'autant plus faisable qu'il n'y a pas d'autres affaires à l'ordre du jour de la séance, que jeudi prochain est un jour férié, et que la séance qui doit avoir lieu ce jour-là peut facilement être avancée.

Le fait que M. de Bülow connaît notre intention, constitue un stimulant pour ceux qui sont à la tête des affaires à Copenhague, sans toutefois agiter l'opinion publique et leur rendre plus difficile une attitude conciliante. La communication de la dépêche confidentielle du ministre Michelsen à la Prusse n'en est pas moins une garantie aussi satisfaisante que nous pouvons l'attendre de Copenhague dans la situation actuelle, et, d'après son contenu, elle répond en général aux concessions que nous acceptons pour le moment. Je serais donc d'avis de ne pas insister pour saisir prochainement la Diète de cette affaire, et de laisser subsister le statu quo pendant quelques jours, ou du moins de discuter d'abord le contenu de la communication avec le cabinet de Vienne'.

1 La communication n'eut pas lieu dans la séance fixée au 14 mai, parce que le cabinet danois avait été reconstitué la veille et que la résolution prise par lui de convoquer les états avait été transmise par le télégraphe à Vienne et à Berlin. Dans les dépêches adressées aux représentants du royaume de Danemark à Vienne et à Berlin, le 13 mai, le ministre Michelsen répétait qu'il était disposé à convoquer les états, ce qui toutefois n'excluait pas toutes les objections soulevées par la question de savoir dans quelle mesure on voulait étendre la liberté de discuter

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