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que

à faire des concessions. D'autre part, j'apprends de bonne source le comte de Buol a dit que le prince de Schwarzenberg avait commis une grande sottise en faisant entrer même un seul soldat dans le Holstein, car cette expédition avait eu pour effet d'impliquer l'Autriche dans cette affaire stérile et ennuyeuse, dans laquelle en principe la Prusse seule avait été compromise.

La perspective d'une discussion de la question à la Diète est également pénible au comte de Rechberg; en général, il voit actuellement les choses en noir, même en ce qui concerne l'Italie et les principautés danubiennes; peut-être ces deux dernières questions lui font-elles envisager sous un jour plus sombre la question danoise, dont il parle comme si elle devait conduire à une conflagration européenne, une fois qu'elle aurait été portée devant l'assemblée fédérale. Il tâchera probablement de donner à l'action de la Diète un caractère dilatoire; ce ne serait peut-être pas une mauvaise voie si, dans l'intervalle, on profitait de la pression exercée par les négociations pendantes et l'incertitude de leur résultat, pour agir sur les cours étrangères et les décider à faire des représentations au Danemark en vue de prévenir de grands et sérieux conflits.

Le cabinet de Copenhague a fait ses démarches auprès des puissances étrangères en même temps qu'auprès des cours allemandes ; du moins le comte de Montessuy a reçu déjà hier, de Paris, une copie en français de la volumineuse communication danoise. Je serais tenté de conclure de ses dires qu'à Paris on regarde comme próbable la dissolution prochaine de la monarchie danoise et la réalisation de l'union scandinave, transformation qui n'y paraît pas contraire aux intérêts de la France.

Mes collègues allemands persistent à afficher beaucoup de décision; tous, sans exception, sont d'avis qu'il faut agir contre le Danemark, sans bien s'expliquer ce qu'il y aurait à faire'. »

1 Le ministre reconnut avec M. de Bismarck qu'il pouvait être utile de donner d'abord un caractère dilatoire à l'action de la Diète et de profiter de l'intervalle pour agir auprès des cours, afin qu'elles pussent décider le Danemark à faire des concessions. Mais dans tous les cas on ne pourrait faire de pareilles démarches auprès des cours étrangères que lorsque l'affaire aurait été engagée à la Diète, afin qu'on n'en prît pas occasion pour suspendre l'intervention de l'assemblée fédérale. (Rescrit du 16 mars 1857.)

26 mars. « J'ai reçu le rescrit de Votre Excellence, daté du 23 février', et je la remercie pour la communication de la dépêche que le prince Gortschakoff a adressée, le 1er de ce mois, au ministre impérial à Copenhague, au sujet de l'affaire de la constitution du Lauenbourg.

Il y a quelque temps, M. de Fonton m'avait parlé dans le sens d'un renvoi de la question à une conférence européenne, mais en disant formellement que c'était, non pas une opinion qu'il soutenait au nom de son gouvernement, mais seulement un des moyens qu'il entrevoyait personnellement pour amener la solution de l'affaire ; toutefois, il n'a pas insisté sur cette idée. En tout cas, il n'avait pas reçu à ce moment des instructions dans le sens de la dépêche du 1er de ce mois, attendu qu'il s'est abstenu de formuler des vues précises. »

64.-Lettre confidentielle sur le séjour de M. de Bismarck à Paris. Les conférences de Paris. La question de Neufchâtel. 24 avril 1857. — « Il m'a été impossible de rien mander à Votre Excellence hier, parce que la séance et de nombreuses visites de mes collègues ont absorbé mon temps jusqu'au départ du courrier.

En me réservant de vous adresser un rapport plus complet, je prends la liberté de revenir, à propos de mon séjour à Paris, sur ce qui m'a été dit au sujet de l'affaire de Neufchâtel' par les membres de la conférence, notamment sur ce que j'ai appris dans les derniers jours par le comte Walewski' et par le général Kisseleff'. Ce dernier m'a donné confidentiellement quelques détails sur les dis

Le ministre communiquait à M. de Bismarck la dépêche du prince de Gortschakoff mentionnée au commencement du rapport, dans laquelle le cabinet russe combattait énergiquement les efforts de la cour danoise pour faire de l'affaire des duchés une question européenne. Peu de temps auparavant, l'ambassadeur de Russie auprès de la Confédération germanique, M. de Fonton, s'était exprimé vis-à-vis du ministre de Dalwigk dans le sens danois.

2 Le 5 mars 1857, commencèrent à Paris, sous la présidence du comte Walewski, les délibérations des représentants de l'Autriche, de la France, de la Grande-Bretagne, de la Prusse et de la Russie sur le règlement de l'affaire de Neufchâtel. Ministre des affaires étrangères (depuis le 7 mai 1855).

▲ Le comte Paul de Kisseleff, ambassadeur de Russie à Paris.

cussions qui ont eu lieu, sans la participation de la Prusse et de la Suisse, entre les représentants des quatre grandes puissances. Il me dit que lui-même, agissant d'après ses instructions et ses sympathies personnelles, avait toujours défendu, en dernier lieu, les vues de la Prusse, et que, par contre, l'opposition était toujours venue de l'Angleterre, bien qu'il eût pu se convaincre des efforts réitérés de lord Cowley' pour faire modifier ses instructions dans le sens des conditions prussiennes. L'opposition de l'Angleterre, ajouta-t-il, avait été régulièrement appuyée en première ligne par l'Autriche. Sur chaque point, le comte Walewski avait essayé de gagner du terrain sur l'opposition de l'Angleterre; mais, en somme, il avait finalement subordonné sa conduite au besoin d'éviter de compromettre les relations de la France avec l'Angleterre. Le comte Walewski m'a dit lui-même, quand je l'ai vu pour la dernière fois, qu'il était inutile de faire à la Suisse des demandes qu'elle pourrait repousser avec la certitude d'être appuyée par l'Angleterre, car en Suisse on était convaincu que l'Angleterre ne permettrait pas d'en venir à des mesures de rigueur contre la Confédération, et, pour une question aussi secondaire, aucune des autres puissances n'irait jusqu'à rompre avec l'Angleterre.

J'ai appris à connaître le docteur Kern à un dîner donné par le prince Jérôme. Il était sur le point de partir pour Berne, afin d'y faire accepter les résultats de la conférence tenue le même jour, 20 avril. Il paraissait très-sûr de réussir, malgré les articles violents publiés par la presse suisse contre les concessions recommandées par la conférence. Lorsque j'ai vu le comte Walewski le 21, peu de temps avant mon départ, il m'a dit qu'il était également d'avis que les autorités suisses chercheraient à s'assurer une position favorable vis-à-vis de la conférence, en s'appropriant immédiatement les résultats de ses délibérations. Si cette supposition est juste, notre position deviendra, selon moi, très-incommode. Si la Suisse n'avait pas une sorte d'otages entre les mains dans la personne des roya

1 Lord Cowley, délégué de l'Angleterre à Paris, membre de la conférence chargée du règlement de l'affaire de Neufchâtel.

2 Le docteur Kern, le délégué suisse aux conférences de Paris ayant pour objet le règlement de la question de Neufchâtel.

listes de Neufchâtel, nous ne risquerions peut-être rien à laisser échouer les conférences de Paris. Par notre refus d'en accepter les conséquences, nous ne nous exposerions qu'à mécontenter jusqu'à un certain point les quatre autres grandes puissances. Mais, dans les circonstances actuelles, les suites les plus désagréables d'un refus de la Prusse dériveront de la situation même de Neufchâtel. Si la Suisse accepte les propositions de la conférence et que nous les repoussions, il s'établira, vis-à-vis de nous, entre elle et les puissances représentées à la conférence, une solidarité qui équivaudra de fait à l'annulation du protocole de Londres. La Suisse restera en possession de Neufchâtel, et cette possession sera reconnue indirectement par les quatre puissances, sans qu'une seule des conditions posées par nous soit remplie. Les royalistes de Neufchâtel n'obtiendront pas d'amnistie, pas de protection pour leur personne et leur fortune, et l'esprit de parti, aussi bien que l'intention d'exercer une pression sur la résolution de la Prusse, entraînera la Suisse à accabler les royalistes de procès, de demandes en dommages-intérêts et de vexations de tout genre. De cette manière, nous pouvons nous retrouver, à bref délai, en face d'une obligation d'honneur, tout à fait comme avant la mise en liberté des prisonniers. Les plaintes en abus de pouvoir n'émaneront plus d'un petit nombre d'hommes dévoués à Sa Majesté le Roi, auxquels la réserve était encore commandée par bien d'autres raisons; mais les souffrances d'une grande partie de la population, particulièrement des classes pauvres, provoqueront des plaintes plus retentissantes; on en viendra à demander que, si nous n'avons pas les moyens de protéger les sujets de Sa Majesté contre d'injustes violences, nous ne laissions pas du moins plus longtemps les fidèles partisans du Roi dans la situation dont ils sont victimes. Si nous voulions nous plaindre aux cosignataires du protocole de Londres de l'oppression et des mauvais traitements dont souffrent nos amis, il est à prévoir que notre démarche resterait sans résultat, et que quelques-unes des puissances nous verraient avec une certaine satisfaction dans une situation désagréable, parce que nous n'avons pas accepté les propositions des conférences. Dans aucun cas il n'est admissible dans ces que, conditions, nous puissions compter sur l'appui effectif d'une seule

d'entre elles; au contraire, toutes seraient unanimes à nous empêcher de faire valoir les droits de Sa Majesté au moyen d'une intervention armée, si nous voulions rentrer dans cette voie.

Votre Excellence verra si j'ai raison de craindre que l'affaire ne suive la marche indiquée ci-dessus. Si mes appréhensions étaient fondées, je serais forcé d'en conclure que l'acceptation des propositions de la conférence est pour nous une nécessité. Parmi les diplomates qui nous sont dévoués à Paris, aussi bien que parmi mes collègues d'ici auxquels j'ai parlé jusqu'à présent, il ne s'en est pas trouvé un seul qui fût d'un avis différent.

S'il existe un moyen de garantir l'amnistie aux Neufchâtelois sans accepter les propositions de la conférence, la situation change du tout au tout. Quant à moi, je n'en vois pas, et il ne nous reste d'autre parti à prendre qu'à accepter purement et simplement les propositions susdites, sous peine de mettre les royalistes de Neufchâtel dans une situation qui, à la longue, pourrait bien réagir sur nos décisions '. »

65.

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Rapport sur un entretien de M. de Bismarck avec l'empereur Napoléon et avec le comte Walewski sur la question holsteinoise.

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1er mai 1857. — « J'ai reçu aujourd'hui la communication confidentielle que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'adresser le 29 avril au sujet de l'affaire danoise, et je m'empresse d'y répondre en y rattachant un rapport sur ce que j'ai appris à Paris des vues du cabinet français.

L'empereur Napoléon m'a questionné, dès la première audience qu'il m'a accordée, sur l'état de la question danoise ou plutôt de celle des duchés, comme il l'appelait. J'ai trouvé chez lui des vues

1 Le 26 mai 1857 eut lieu à Paris la signature de la convention arrêtée au sujet de Neufchâtel.

2 Bien que le délai de trois semaines mentionné plus haut (p. 242, note 1) eût expiré le 19 avril, les grandes puissances allemandes voulurent, en présence de la crise ministérielle ouverte à Copenhague, ajourner encore à quelques jours leurs propositions à la Diète, afin de laisser au ministère danois le temps de faire une déclaration qu'on espérait voir conçue en termes conciliants.

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