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tion. Nous réussirions sans doute à obtenir cette résolution, attendu que la majorité des États confédérés, qui s'est prononcée pour nous dans la question du passage des troupes, est aussi prête à seconder notre expédition de toutes les manières. Celle-ci leur sourit, ne fûtce que parce qu'ils la voient sous le jour d'une campagne entreprise pour la cause de la monarchie contre la démocratie; tant qu'ils croiront que la France nous approuve, la réaction autrichienne sera impuissante à leur faire prendre une attitude contraire à nos desseins. C'est donc la conduite de la France qui décidera si les gouvernements de l'Allemagne du Sud continueront de se montrer favorables à nos projets et de résister à l'influence de l'Autriche, notamment à propos d'une résolution concernant le parti à tirer par nos troupes de forteresses fédérales.

Mais, en tout état de cause, il reste probable qu'une résolution de ce genre ne pourra être prise sans donner lieu à des épisodes désagréables, attendu qu'une minorité, surtout la puissance présidentielle, dispose de bien des moyens de résistance. Quant à l'opposition que notre demande rencontrera de la part de l'Autriche, elle ne saurait faire l'objet d'un doute pour moi, étant donné la conduite tenue jusqu'à ce jour par le cabinet impérial, et surtout ce qui s'est passé dans la dernière séance.

En nous donnant les places fédérales pour servir de base d'opérations à nos troupes, nos confédérés s'associeront plus intimement, selon moi, à notre entreprise que si quelques gouvernements permettent à nos troupes de passer sur leur territoire. Par ce dernier fait, la Confédération abandonnerait le terrain de la neutralité, même en prenant le mot dans son sens le plus étendu, tandis qu'en nous prêtant ses forteresses en vertu d'une résolution formelle elle s'associerait à nos opérations militaires.

Le cabinet de Vienne montre par toute son attitude combien il tient à porter l'affaire devant la Diète. Il n'a pas hésité à tirer du droit fédéral les déductions les plus risquées et à faire appel à l'amour-propre des États moyens jaloux de conserver leurs droits de souveraineté, afin de soumettre, au moyen de la question du passage, notre action militaire à l'influence paralysante des résolutions fédérales. Or, si nous faisions nous-mêmes une proposition dont le

succès serait indéfiniment retardé par des discussions à la Diète et qui fournirait en outre un moyen commode de faire rentrer toute notre action militaire dans le cercle des délibérations et des résolutions de l'assemblée fédérale, nous seconderions nous-mêmes les projets affichés par l'Autriche en renonçant de notre plein gré à la résistance que nous avons opposée, lors des discussions sur le passage des troupes et de l'offre faite par l'Autriche de défendre les exportations, aux tentatives ayant pour objet d'évoquer l'affaire devant la Diète.

Une fois que nos troupes seront en marche et que toute chance d'empêcher notre action militaire aura disparu, nous ne rencontrerons peut-être plus qu'une opposition insignifiante, ou même toute opposition cessera, dans le cas où nos chefs militaires et le gouvernement royal manifesteraient le désir de tirer parti des forteresses fédérales dans le sens indiqué par le comte de Græben. On croirait alors qu'il s'agit de besoins imprévus, de besoins survenus seulement pendant le cours des opérations. Mais dans la phase actuelle, nos propositions ne serviraient à l'Autriche, peut-être aussi à d'autres gouvernements, qu'à nous empêcher d'agir par la force des armes.

Je suis donc d'avis de renoncer à cette démarche, tout en comptant que, si le besoin s'en fait réellement sentir, la disposition des places fortes ne nous sera refusée ni officiellement ni sous main '. »

61. Rapport sur les abus dans les nominations diplomatiques et les anoblissements chez certains petits États confédérés.

14 janvier 1857. (Le fait d'un poste diplomatique confié à Francfort à un personnage ayant un passé fort équivoque, par un

1 Depuis le 15 janvier 1857, l'affaire de Neufchâtel était entrée dans une nouvelle phase. En effet, ce jour-là le conseil national, et le lendemain le conseil des états de Berne, avaient décidé à une grande majorité la mise en liberté immédiate des prisonniers. Par suite, le roi de Prusse se déclara prêt à engager des négociations avec les grandes puissances, ainsi qu'il l'avait toujours déclaré. Dans la séance tenue par la Diète le 23 février 1857, M. de Bismarck communiqua le fait à l'assemblée fédérale, et en même temps il remercia la Diète pour la résolution prise par elle le 6 novembre 1856, et les différents gouvernements pour leur fidèle concours, notamment dans la solution de la question du passage des troupes prussiennes. (Prot. 1857, § 34.)

des plus petits souverains d'Allemagne, avait excité la surprise générale, tant à cause de la personnalité du nouveau titulaire qu'à cause de l'attitude politique de l'État qu'il est chargé de représenter. En l'accréditant, on n'a eu d'autre but que de lui « procurer une position sociale en faisant de lui un membre officiel du corps diplomatique ».

Les récits qui circulaient à Francfort sur le passé du nouvel agent remontaient à l'époque où « étant apprenti cordonnier, il fut remarqué par une dame d'un certain âge, non mariée, qui lui voulait du bien "; où ensuite il « fit ses études aux frais de celle-ci, acheta le titre de baron avec l'argent qu'elle lui fournit et finalement fut épousé par elle ». Envoyé à différentes reprises par son gouvernement pour transmettre des félicitations à des cours étrangères, ou plutôt pour lui procurer des décorations», il figura « dans les articles de journaux écrits par lui-même parmi les diplomates les plus distingués des grandes puissances européennes ». « Or, si la nomination à un poste qui est une sinecure se fait uniquement dans le but de forcer les portes de la bonne société à un individu de cette catégorie qui, jusqu'à présent, a vainement essayé d'y pénétrer, il y a dans ce fait un abus de la souveraineté qui, une fois admis, aura certainement de fàcheuses conséquences. >>

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On raconte que le même gouvernement tient « en quelque sorte boutique ouverte pour la vente de lettres de noblesse; un individu quelconque peut acheter le titre qu'il désire en envoyant la somme fixée par le tarif». Il ne paraît pas impossible que ce gouvernement « organise un commerce semblable de nominations dans le corps diplomatique, et que, si l'affaire est lucrative, d'autres gouvernements suivent cet exemple. En ce moment il y a, surtout à Francfort, une foule de gens qui, par des jeux de Bourse ou d'autres spéculations, sont arrivés tout à coup à de grandes fortunes, auxquels il ne manque, pour terminer convenablement leur carrière, que d'être admis dans la haute société, et qui visent à une distinction

L'État en question avait déjà à Francfort son délégué à la Diète; or, il s'agissait de nommer un ministre résident auprès de la ville libre de Francfort. Le fait était d'autant plus singulier que, parmi tous les États allemands, la Prusse et l'Autriche seules étaient représentées à la Diète et auprès de la ville de Francfort par deux agents diplomatiques.

officielle quelconque, destinée à légaliser un passé douteux. Rien ne convient mieux pour cela que la nomination de membre d'un corps diplomatique, dans lequel l'intéressé, se fondant sur ses lettres de créance, peut revendiquer l'honneur d'être traité en collègue. Le cas dont je parle est tellement éclatant qu'au point de vue de l'inconvenance on ne saurait guère aller plus loin. »

M. de Bismarck demande au ministre s'il n'y aurait pas lieu de faire confidentiellement au gouvernement en question des représentations officieuses au sujet des abus de ce genre, afin d'en empêcher le retour'.)

62.

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Rapport sur l'extension de la circulation des valeurs d'État prussiennes dans l'Allemagne du Sud.

23 janvier 1857. « Les sympathies dont l'Autriche jouit à Francfort et dans l'Allemagne du Sud reposent en grande partie sur la manière dont les valeurs d'État autrichiennes se sont répandues dans ces pays, et surtout à Francfort. Après Vienne, il n'est guère de ville au monde où les valeurs autrichiennes aient absorbé autant de capitaux, et, vu l'influence dominante que cette place de commerce exerce sur tout le sud-ouest de l'Allemagne, ce fait ne laisse pas d'avoir des effets politiques très-étendus. Il est clair que tous ceux qui possèdent des fonds en valeurs autrichiennes s'intéressent, dans la mesure où leurs intérêts sont engagés, à la prospérité, au prestige, et par suite au crédit de l'Autriche, de sorte que la diffusion des Métalliques et des valeurs analogues prépare facilement le terrain à l'influence que l'Autriche vise à exercer sur le terrain de la politique comme sur celui des intérêts matériels.

Ce levier de la politique autrichienne serait moins puissant si l'on réussissait à répandre les valeurs prussiennes dans l'Allemagne du Sud plus qu'elles ne l'ont été jusqu'à présent; les valeurs autri

1 Le ministre adhéra à la proposition de M. de Bismarck et fit dans sa réponse la remarque suivante: « C'est sans doute le corps diplomatique lui-même qui, par l'uniformité de son attitude, pourrait exercer la censure la plus efficace contre un intrus de ce genre. Mais cela suppose nécessairement que la situation ne sera pas exploitée individuellement au profit d'une influence nuisible.» (Rescrit du 22 janvier 1857.)

chiennes ont pour elles bien des avantages que nous ne pouvons pas offrir; l'habitude des capitaux de se porter sur elles remonte à une époque où les émissions prussiennes s'élevaient à un total ne dépassant guère la disponibilité des capitaux indigènes, tandis que la fortune propre de l'Autriche n'est depuis longtemps plus en état d'absorber toutes les valeurs émises dans l'Empire, et que depuis des années ce pays est forcé par sa situation même d'attirer les capitaux étrangers, notamment ceux de Francfort et de la Hollande, par des moyens artificiels et par la concession d'avantages particuliers... n

63.- Rapports sur la constitution du Holstein-Lauenbourg.

9 mars 1857. « J'ai l'honneur d'envoyer ci-joint à l'otre Excellence, à titre de renseignements sur la question du SchleswigHolstein', un pro memoria dans lequel deux des représentants les plus éminents des intérêts des duchés out réuni les plaintes et les vœux de ces derniers. Les « observations sur le pro memoria », également ci-jointes, émanent du comte Platen, qui connaît la situation du Holstein parce que sa famille possède des terres dans le pays; il a l'intention d'adresser prochainement une circulaire aux cours allemandes pour leur faire connaître les vues du cabinet hanovrien, circulaire qui fournira les éléments pour établir un status causæ et controversiæ.

J'ai retrouvé à Hanovre et ici la confirmation du fait que le cabinet de Vienne ne s'intéressera aux duchés qu'autant qu'il y sera forcé par l'opinion publique. Le comte d'Ingelheim' a dit à cette occasion que l'Autriche se comporterait dans cette affaire comme dans celle de Neufchâtel, c'est-à-dire que, tout en reconnaissant les droits des duchés, elle éviterait tout conflit militaire.

Cette perspective ne disposerait guère le cabinet de Copenhague

1 Le 23 et le 26 octobre, le Danemark avait répondu d'une manière évasive aux dépêches du 1er et du 23 juin (cf. p.180, note 1), en faisant entrevoir néanmoins qu'il convoquerait les états du Holstein pour discuter les questions constitutionnelles; au commencement du mois de mars, les deux cours allemandes déclarèrent à la cour danoise qu'elles étaient disposées à ajourner à trois semaines les communications qu'elles comptaient faire à la Diète.

⚫ Ministre plénipotentiaire de l'Autriche à Hanovre (depuis le mois de mars 1855).

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