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de toute façon j'étais résolu à demander de nouvelles instructions s'il persistait dans ses propositions de changement. Par suite, le rapport de la commission fut adopté dans la teneur connue de Votre Excellence. Je ne réussis qu'après la séance à faire comprendre à la majorité de mes collègues la différence des deux rédactions. Chose singulière, on avait omis, dans une copie du projet faite en vue de l'impression, les mots suivants : « par ces motifs », qui commencent la dernière phrase. La copie était entre les mains du délégué de la Saxe royale, qui d'ordinaire assiste volontairement la présidence dans les détails d'intérieur comme l'impression des pièces. Je relevai cette omission, de façon qu'on ne pourra plus la faire passer pour une « erreur involontaire » dans le cas où les mots en question manqueraient dans l'exemplaire imprimé, après avoir été intercalés en ma présence.

Après cet incident, qui a démontré qu'en donnant son adhésion l'Autriche voudrait repousser les considérants de la commission, il ne serait peut-être pas inutile de prescrire à nos représentants auprès des cours allemandes de combattre discrètement les tentatives que pourrait faire le cabinet autrichien pour se procurer une majorité en vue de l'exclusion directe ou indirecte de l'exposé des motifs. Nous pourrons être satisfaits si la majorité adhère purement et simplement aux propositions de la commission, sans rappeler les considérants ou si elle restreint son adhésion à la teneur du projet de résolution par une rédaction adroite. M. de Meyer, le ministre de la Hesse électorale, qui est en ce moment à Francfort, m'a promis son adhésion dans ce sens; du reste, il m'a parlé, en général, des rapports de la Hesse électorale avec la Prusse en termes qui m'ont fait plaisir.

Finalement on a discuté au sein de la commission la fixation du jour où la résolution devra être prise. Après un débat assez long, au cours duquel la Bavière a insisté plus que l'Autriche pour håter la solution de l'affaire au moyen d'une séance extraordinaire, il a été convenu avec le comte de Rechberg que le vote aurait lieu dans la prochaine séance régulière, c'est-à-dire jeudi 21. M. de Schrenk m'a dit qu'il ne pouvait s'expliquer le désir de M. Von der Pfordten, exprimé à différentes reprises par voie télégraphique,

de voir prendre la résolution avant l'ouverture des conférences, que par l'espoir de faciliter l'admission de la Prusse aux négociations 1. »

1

38. Rapport immédiat sur un entretien avec le comte de Buol.

15 février 1856. - « Le comte de Buol, qui était arrivé ici bier matin, est venu me voir à cinq heures, en compagnie du comte de Rechberg; du reste, il a consacré toute la journée à ses parents (madame de Bethmann, née de Vrints). Ce matin, il est allé par Mannheim à Paris, où il compte arriver demain soir. Dans notre entretien, où naturellement il n'a été question d'abord que de la probabilité de la paix et de la participation de la Prusse aux prochaines conférences, il a laissé échapper la remarque que pour le cas où l'ardent désir de l'Autriche et de la France de nous voir participer aux négociations ne se réaliserait point, il défendrait certainement lui-même avec une égale chaleur les intérêts de la Prusse, qui sont identiques avec ceux de l'Autriche. Nous avons parlé, en outre, de l'affaire de la maison de Hesse-Philippsthal. Un des principaux objets de notre entretien a été le colonel de Manteuffel, dont le comte de Buol s'est plu à reconnaître les mérites qu'il a su acquérir dans ses relations avec la cour de Vienne.

Au reste, notre conversation avait surtout le caractère d'un échange des sentiments de joie et de satisfaction que nous causerait à tous deux la certitude de voir adopter à l'unanimité le projet de résolution et renaître la confiance réciproque dans l'union sincère de l'Allemagne.

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39.-Lettre particulière autographe. Discipline prussienne dans la diplomatie. Admission de la Prusse aux conférences de Paris. Rapports de la Prusse avec la Russie. Le comte de Buol et M. de Bismarck. Détails de famille. 16 février 1856. « J'ai reçu la lettre de Votre Excellence avec d'autant plus de reconnaissance qu'elle me donne une nouvelle 1 Le ministre répondit à M. de Bismarck qu'il prescrirait aux délégations royales

preuve de la bienveillance avec laquelle vous accueillez mes vues, même lorsqu'elles diffèrent des vôtres '. J'ose espérer que notre auguste Maître accueillera de même un excès de zèle qui n'a d'autre raison que mon ardeur à soutenir le prestige de mon souverain et de mon pays, et qu'il sera plus indulgent pour ce défaut que pour le défaut opposé, l'indifférence et l'apathie en pareille matière. A partir du moment où la chose a été décidée, je me suis efforcé de la faire réussir dans le sens des intentions de Sa Majesté, et j'y ai mis le zèle que j'aurais consacré à la réalisation de mes propres projets. Un des objets de mon ambition, c'est de mériter personnellement l'éloge que l'histoire a décerné à la « discipline prussienne » en général. Dans les circonstances actuelles, la résignation me devient plus facile, parce que les décisions de Sa Majesté, les conseils de Votre Excellence, le prestige et l'autorité que vous donne votre situation, enfin votre grande expérience politique et la faculté de voir les choses de haut m'engagent sans peine à incliner mon jugement devant le vôtre, en présence de l'identité de notre but commun.

Je partage l'opinion que les efforts de la Russie pour obtenir notre admission aux conférences ne sont pas très-sérieux. Le calcul que dans la situation l'irritation causée par notre élimination pourrait faire naitre des éventualités plus favorables pour les Russes que si nous prenions part aux négociations, n'est pas inconnu à M. de Brunnow, ainsi que j'ai pu m'en convaincre, à son insu, dans mes entretiens avec lui. En général, Brunnow, dont j'estime le talent de rédacteur presque autant que lui-même, d'après les pièces qu'il m'a lues, ne m'a pas fait dans la conversation l'impression à laquelle je me serais attendu d'après sa réputation. Il accentue trop son désir de gagner les gens et trahit son opinion par les efforts mêmes qu'il fait pour la cacher; ses finesses sont cousues de fil blanc, comme disent les Français, et il se promet trop facilement

à Dresde, à Munich, à Stuttgard et à Hanovre, de travailler discrètement à faire maintenir les motifs lors du vote. C'est à Francfort, à Darmstadt et à Wiesbaden que vous pourrez le mieux agir dans ce sens. Le Roi approuve entièrement votre conduite vis-à-vis du comte de Buol. » (Dépêche télégraphique du 16 février 1856.) 1 Cf. plus haut, p. 125, note 1.

des avantages pratiques de la séduction exercée sur les personnes ; on devine ses intentions, sans en être offusqué; il a été assez naïf pour s'étonner que les prévenances dont il avait accablé un de mes collègues n'eussent eu aucune influence sur son vote.

La conviction que nous ne pouvons pas compter sur la reconnaissance de la Russie pour notre conduite, et qu'à moins d'intéresser les Français à notre admission aux conférences, nous ne pouvons l'obtenir que par nous-mêmes, m'a surtout inspiré les propositions que je me suis permis de faire au sujet de notre politique à la Diète. Je ne voudrais pas que Votre Excellence me crût accessible à une politique de sentiment, soit active, soit passive, vis-à-vis de l'étranger. L'intérêt de la Prusse est pour moi le seul poids normal qui doive entrer dans la balance de notre politique, et s'il y avait eu quelque chance de servir cet intérêt en prenant part à la guerre contre la Russie, de manière à répondre aux intentions de notre auguste souverain, je n'aurais certes pas été au nombre des adversaires d'une pareille guerre. Du reste, je n'affirme en rien qu'à Saint-Pétersbourg on s'imagine nous devoir la moindre reconnaissance.

Dans mon rapport confidentiel d'avant-hier ', j'ai parlé de mes relations avec le comte de Buol. J'ajouterai que, pendant la visite qu'il m'a faite, il a été d'une amabilité tout à fait extraordinaire; il croyait sans doute me bien disposer à accueillir le lendemain les tentatives de Rechberg pour faire modifier le rapport de la commission; car lorsque je voulus aller le voir le lendemain, après la séance, ainsi qu'il avait été convenu, il me punit en ne me recevant pas, et cependant je savais par Rechberg qu'il était à la maison et « recevait ». Je voudrais n'être qu'une heure dans ma vie le grand homme qu'il croit être tous les jours, et ma gloire serait établie à jamais devant Dieu et les hommes. Chez moi, cela ne va guère : depuis plusieurs semaines ma femme a mal au cou, et moi, je me ressens de ma vie sédentaire et des diners de Francfort, qui m'ouvrent la perspective d'une cure à Carlsbad. Ce qui contribue surtout à aggraver l'état de mon foie, c'est que j'ai à Schoenhaus un fermier chicanier et envahissant, et que mes intérêts y sont mal représentés. »

1 Voir le document 36.

propo

40.- Rapport sur la résolution prise à la suite de la sition autrichienne dans l'affaire d'Orient. Admission de la Prusse et de la Confédération aux conférences de Paris.

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17 février 1856. Votre Excellence m'a chargé, par ses instructions télégraphiques du 10, de déclarer au sein de la commission que nos droits et nos devoirs de cosignataires de traités antérieurs ne seraient naturellement pas atteints par notre vote. Je l'ai fait au cours de la discussion; mais toutes les opinions émises par les membres de la commission sont considérées comme leur étant personnelles, du moment qu'ils ne demandeut pas formellement l'insertion de leurs paroles dans le rapport de la commission. Comme on ne rédige pas de protocole, leurs déclarations n'ont pas d'autre suite.

Dans ces circonstances, je prie Votre Excellence de vouloir bien me munir d'instructions jusqu'au moment du vote, qui doit avoir lieu le 21, et de me dire si à notre vote, qui doit être consigné dans le protocole de la Diète, je dois ajouter une réserve en invoquant les traités dont il s'agit.

Il m'est difficile de juger l'opportunité de l'introduction d'une pareille réserve dans le vote, parce qu'elle dépend davantage de nos relations avec l'Europe que de nos rapports avec l'Allemagne.

Dans la séance tenue avant-hier par la commission, le comte de Rechberg m'a paru vouloir empêcher une entente complète sur le texte de l'exposé des motifs du rapport de la commission, et agir en cela d'après des instructions spéciales du comte de Buol. Vu le caractère vague de cette impression, je n'en ai pas parlé longuement à Votre Excellence; mais comme deux de mes collègues m'ont dit avoir constaté le même fait, je crois devoir y revenir. Cette tendance, si elle existe réellement, ne peut guère s'expliquer que par le désir de créer un prétexte pour justifier l'insuccès des efforts de l'Autriche pour obtenir notre admission aux conférences. Je ne crois toutefois pas devoir attacher une grande importance à ce fait, parce qu'il est trop facile de trouver ailleurs un prétexte, dès que l'Autriche a l'intention secrète d'empêcher cette admission.

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