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parce qu'on a besoin de lui dans les conférences. Tout le monde a pu se convaincre pendant ses deux années de présidence qu'il est peu fait pour prêter un concours utile dans des assemblées délibérantes. Ses idées sur la situation en Orient s'arrêtent à 1848, et dans les dernières années qui viennent de s'écouler, son attention se portait exclusivement sur la Grèce. Aussi suppose-t-on qu'il s'agit d'un rappel définitif, mais présenté sous une forme adoucie, ou bien qu'on a momentanément besoin du comte de Rechberg à Francfort. On compte sur l'énergie toute particulière qu'on lui attribue, ou l'on veut utiliser ses relations étroites avec la Bavière. Il y a quelques mois déjà, M. de Prokesch a dit à un de ses affidés que le cabinet de Vienne tenait surtout à gagner la Bavière, car sans la Bavière les autres États de l'Allemagne et sans ceux-ci la Prusse ne continueraient pas de faire de l'opposition à la politique de l'Autriche.

Le comte de Rechberg est né à Munich; il a renoncé au service de la Bavière, auquel il s'était destiné d'abord, à la suite d'un duel malheureux qui lui valut la disgrâce du roi Louis. Mais, grâce à sa famille, il y conserve encore aujourd'hui de nombreuses et grandes relations, et, ainsi que je le tiens de bonne source, on le considère dans ce pays comme persona grata. »

106. Rapport immédiat sur l'attitude de la diplomatie russe en Allemagne.

2 mars 1855. — (On était frappé de ce que le cabinet de SaintPétersbourg attachait si peu d'importance à sa représentation auprès de la Confédération et des gouvernements voisins.) « Le postedu prince Gortschakoff' comme représentant de la Russie auprès de la Confédération est constamment inoccupé, la représentation officielle n'est point organisée, et c'est dans les dernières semaines seulement, après une longue interruption, que la Russie a adressé ses premières communications à la Confédération. Même conduite visà-vis des gouvernements de Bade, des deux Hesses et de Nassau. Les

1 Jusqu'en 1854, le prince avait été le représentant de la Russie auprès de la Confédération germanique.

agents accrédités auprès de ces cours n'ont à peu près jamais de communications politiques à faire. Tout le monde sait qu'en Suisse non plus la Russie n'est représentée en réalité. D'une part, ces faits empêchent de croire que la Russie tienne particulièrement à exercer une influence prépondérante sur les États moyens; de l'autre, cette abstention systématique de la diplomatie russe éveille chez plusieurs des souverains intéressés une certaine susceptibilité qui, dans la situation actuelle, donne plus de poids à l'influence autrichienne. »

107. Rapport sur la neutralité de la Suisse dans les complications orientales.

2 mars 1855. « A la suite des instructions que Votre Excellence m'a envoyées le 20 février, j'ai discuté confidentiellement avec les plus influents de mes collègues la question de savoir si et de quelle manière nous pourrions le mieux faire appel au concours de la Diète pour assurer le maintien de la neutralité de la Confédération helvétique.

On s'accorde unanimement à reconnaître que, pour prendre l'affaire en main et pour l'amener à une heureuse solution, la Confédération n'a pas de point d'appui convenable. Faute d'un titre contractuel, elle ne pourrait invoquer en faveur de démarches quelconques que l'intérêt général que présente pour elle le maintien de la neutralité de la Suisse. Si, dans des questions politiques, la Diète hésite à prendre des résolutions absolument indispensables et motivées par ses obligations particulières, on peut d'autant moins compter qu'elle se décidera, en ce qui concerne l'étranger, à prendre l'initiative dans des affaires qui échappent à sa compétence, même si elle était saisie d'une proposition formelle, émanant de nous ou d'ailleurs.

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Ce que dit M. de Sydow dans son rapport du 5 février au sujet d'une action des deux grandes puissances, ne peut s'appliquer à la situation politique du moment. Car, d'après les expériences des

1 Envoyé de la Prusse auprès de la Confédération helvétique.

derniers temps, on ne peut guère admettre que la politique du cabinet de Vienne actuel soit assez réfléchie pour sacrifier un avantage présent en reconnaissant l'importance que la neutralité de la Suisse pourrait avoir dans l'avenir. Je conseillerais à tout hasard d'appeler l'attention du cabinet de Vienne sur l'obligation qui incombe aux deux grandes puissances de faire respecter la neutralité de la Suisse, et de constater le fait pour le cas où l'Autriche refuserait sa coopération.

Je ne crois pas qu'on puisse obtenir de la Confédération autre chose qu'uue intervention officieuse de la part des États confédérés qui, indépendamment de l'Autriche, ont des relations suivies avec la Suisse.

D'après les dires des représentants qui se trouvent ici, je crois pouvoir supposer que Munich et Stuttgard du moins seraient prêts à faire des démarches dans ce sens. Mais dans tous les cas on aimerait mieux y être invité officieusement par notre cabinet que d'y être amené à la suite d'une discussion à la Diète, parce que cette dernière manière de procéder suppose nécessairement un certain degré de publicité et d'apparat.

Une autre question que je prends la liberté de soumettre à Votre Excellence, sans savoir si l'on n'a pas déjà pris les mesures nécessaires, c'est celle-ci : Jusqu'à quel point serait-il possible de se ménager de l'influence sur la presse suisse, ou au moins sur l'une ou l'autre des feuilles les plus importantes, attendu qu'en Suisse la presse, bien qu'elle soit éparpillée en un grand nombre de feuilles cantonales, exerce sur les résolutions du gouvernement une influence bien plus directe qu'en Allemagne ?

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108. Rapport immédiat sur l'introduction du comte de Rechberg à la Diète. Sa nomination dans les commissions. Premier entretien de M. de Bismarck avec lui.

5 mars 1855. « Le baron de Prokesch avait fixé à samedi une séance extraordinaire pour l'introduction du comte de Rechberg. Il n'y avait rien à objecter aux pleins pouvoirs qu'il a présentés, attendu qu'aux termes de l'acte le comte de Rechberg était nommé

jusqu'à nouvel ordre et en son nom personnel délégué président de la Diète, et que, d'ailleurs, les pleins pouvoirs étaient conférés tout à fait dans la forme usitée cum facultate substituendi, ainsi que le faisait ressortir le texte.

Lorsque la Diète eut reconnu la validité de l'acte, le baron de Prokesch introduisit le comte de Rechberg; il quitta ensuite l'assemblée après un échange de politesses et de témoignages de regret entre lui, d'une part, et moi, parlant au nom de mes collègues. Cette partie de la séance ne figurera pas au protocole.

Le comte de Rechberg proposa (dans la séance du 3 mars) de procéder à une nouvelle élection pour combler le vide laissé par M. de Prokesch dans les commissions dont il avait fait partie. Avant la séance, j'avais été invité par quelques collègues à ne pas proposer un choix par acclamation, afin de ne pas créer un usage qui, dans la suite, tournerait peut-être en abus.

Jusqu'à présent on n'avait procédé ainsi que lors de ma propre introduction et de celle de M. de Prokesch; je ne trouvai donc pas convenable qu'une proposition de cette nature émanât de moi, parce qu'on aurait pu y voir l'intention d'établir cette exception en faveur des deux grandes puissances. Les délégués qui parlèrent après la Prusse furent presque tous d'avis que la nouvelle élection pour chaque commission devait se faire de la manière habituelle. Seul le délégué de la Hesse électorale, le conseiller intime de Trott, saisit cette occasion pour exprimer ses sympathies personnelles et proposer une élection générale par acclamation pour toutes les commissions. Après une discussion à laquelle je ne pris point part, on finit par se prononcer pour l'élection en bloc, il est vrai, mais décidée par une résolution régulière et non par acclamation.

Cette élection générale ne fut cependant pas étendue à la commission des seigneurs, parce que là M. de Prokesch alternait avec le délégué du grand-duché d'Oldenbourg, qui avait obtenu le même nombre de voix que lui, et que ce système d'alternation cessa de lui-même avec le départ de M. de Prokesch.

J'ai eu depuis avec le comte de Rechberg un assez long entretien; les idées conciliantes qu'il a émises en matière politique ont dépassé mon attente. S'il a été sincère, et jusqu'à présent je n'ai aucune

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raison d'en douter, je ne puis guère le considérer, d'après sa manière de concevoir les rapports de l'Autriche avec la Prusse, comme un écho de l'opinion qui domine à Vienne. D'après lui, l'Autriche doit tâcher de s'entendre avec la Prusse, en vue de faire. gagner aux deux États une position sûre et forte en face des puis

sances occidentales. »

109. Lettre confidentielle sur la question de la nomination d'un général en chef*.

6 mars 1855. « J'ai reçu hier le rescrit confidentiel de Votre Excellence, daté du 4', ainsi que le rapport du prince d'Ysenbourg, daté du 2. Afin d'obtenir de M. de Schrenk quelques renseignements sur les négociations qui pourraient être engagées entre Munich et Vienne, je lui ai exprimé la crainte qu'on ne cherchât à semer la méfiance entre le cabinet de Munich et le nôtre, sous prétexte que l'Autriche et la Bavière négociaient secrètement et à l'insu de Berlin. M. de Schrenk m'a répondu en me montrant les communications qu'il a reçues de Munich sur l'état de la question de la nomination du général en chef. Ces communications se terminent par un rescrit du ministre Von der Pfordten, daté du 18 février, par lequel M. de Schrenk est informé qu'à Vienne comme à Berlin on n'est pas contraire à l'idée d'un commandement en chef partagé en trois dans le sens proposé par la Bavière. Par suite, M. de Schrenk fut chargé d'appuyer ce projet auprès des cours de Cassel, de Darmstadt et de Wiesbaden, où il est accrédité. Ses ouvertures ont été, m'a-t-il dit, favorablement accueillies à Darmstadt et à Wiesbaden. Il lui paraît impossible que dans l'intervalle on ait adopté

*Soumise au Roi.

1 Le ministre de Manteuffel communiquait à M. de Bismarck une copie du rapport mentionné au commencement de la lettre. On était fondé à croire, disait-il, d'après des renseignements venant de Munich, qu'en ce qui concernait la question de la nomination d'un général en chef, la Bavière et l'Autriche tâchaient de s'entendre d'une façon au sujet de laquelle le ministre Von der Pfordten ne s'exprimait pas avec une entière franchise vis-à-vis de la Prusse. A Cassel, disait-on, le projet bavarois avait été accueilli par une réponse négative. Le gouvernement prussien comptait d'autant moins se prononcer sur cette question que le cabinet de Vienne ne lui avait fait absolument aucune communication à cet égard.

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