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mission militaire n'a pas répondu suivant sa compétence à la question qui lui avait été posée, mais qu'elle a voilé sous des considérations de politique générale l'impossibilité de tirer une résolution des votes hétérogènes qui avaient été émis, en concluant qu'il n'y a pas de raison de renvoyer la garnison actuelle. Ce résultat, qui constitue au fond l'expression des craintes personnelles de membres de la commission, aurait, en ce qui nous concerne, une influence trèsdéfavorable sur la marche de l'affaire, si la situation était encore la même qu'à l'époque où nous avons provoqué une enquête sur cette question.

Cependant, après la résolution du 8 février ', et vu la tendance que nous avons manifestée dans la résolution à combattre l'effet de la proposition autrichienne du 22 janvier, nous compromettrions peut-être aujourd'hui la position que nous avons prise en demandant le retrait de la garnison fédérale de Rastadt. Si nous voulions conserver à la résolution du 8 février le caractère d'une victoire de la politique de la Prusse sur celle de l'Autriche, il faudrait aussi, dans l'exécution de cette résolution, rester fidèles à l'idée qu'elle a été prise non pas en conséquence de la convention du 20 avril, pour appuyer la démonstration faite par l'Autriche contre la Russie, mais pour sauvegarder à tous les points de vue l'indépendance et l'inviolabilité de l'Allemagne...

C'est une excellente occasion de modifier, sans avoir l'air de vouloir faire une démonstration contre l'Autriche ou la France, une situation fàcheuse sur le maintien de laquelle je crois devoir appeler l'attention de Votre Excellence.

Je veux parler de la faiblesse de la garnison prussienne à Mayence, considérée d'une manière absolue et comparée à la garnison autrichienne qui se trouve dans cette place. L'Autriche a plus de cinq mille hommes à Mayence, parce qu'elle tient toujours les différents corps de troupes de sa garnison sur le pied de guerre. En s'aidant habilement du temps et des circonstances, l'Autriche a

taires (24 octobre 1854), la commission militaire avait été chargée de se prononcer sur la nécessité de la mise sur le pied de guerre et sur le chiffre de la garnison de Rastadt.

Cf. plus haut, p. 390 et 391.

ajouté à la supériorité que lui donnait la disposition exclusive de l'artillerie de la place, celle de l'occupation également exclusive de la plupart des ouvrages les plus importants. Cette situation, qui nous est défavorable, a déjà frappé M. le ministre de la guerre actuel lorsqu'il faisait partie de la commission militaire; en ce temps-là on n'a pas essayé d'améliorer notre position à Mayence, et l'on a voulu attendre le moment où le gouvernement de la place passerait à la Prusse. Pourtant rien n'a été encore fait à cet égard.

La garnison prussienne de Mayence ne comprend actuellement, d'après les renseignements qui m'ont été fournis, que trois mille cinq cents hommes, tandis que la situation dont j'ai parlé ci-dessus demande qu'elle soit plus forte que la garnison autrichienne. En fait d'infanterie, elle est formée de cinq bataillons, dont les deux du 34o et le premier du 37° régiment tirent leurs réserves de pays situés à une grande distance, de la Poméranie, de la Prusse occidentale et de la Posnanie. C'est précisément ce fait qui ôterait peut-être tout caractère suspect à l'appel de ces réserves et en ferait comme une conséquence naturelle de la résolution du 8. Si ces cinq bataillons sont portés au chiffre de mille hommes, qui est celui du pied de guerre, la Prusse n'aura pas encore l'avantage sur l'Autriche en ce qui concerne la garnison, mais du moins l'équilibre sera rétab¦i jusqu'à un certain point, et la résolution de la Diète sera exécutée dans le sens qui répond seul au système de défense soutenu par la Prusse et ses alliés lorsqu'ils ont provoqué la résolution. Ajoutez à cela que, d'après des renseignements fournis par M. de Thümen ', la garnison de Mayence est en réalité trop faible pour repousser une attaque soudaine. Les dépôts français de Metz et de Strasbourg renferment tout ce qu'il faut pour mettre immédiatement une armée sur pied, même les hommes et les chevaux; de plus, dans le cas possible, sinon probable, d'une complication avec la France, ses différentes lignes de chemins de fer pourraient amener avec une rapidité extraordinaire de grandes masses de troupes dans le voisinage de Luxembourg et de Mayence. On pourrait même, à un moment donné, exploiter auprès de la Diète une démonstration française pour essayer de

'Lieutenant général et vice-gouverneur de la place fédérale de Mayence.

faire jeter dans Mayence les premières troupes qui seraient prêtes dans les deux Hesses et dans le grand-duché de Nassau, éventualité qui aurait des conséquences fâcheuses pour nous-mêmes, si l'on se bornait à une simple tentative.

Je déconseillerais pour différentes raisons de proposer formellement l'armement complet des places fédérales en exécution de la résolution du 8; mais si la force des choses ne nous oblige pas de renoncer à la position que nous avons prise à la suite de cette résolution, je crois nécessaire de demander, comme une conséquence naturelle de la résolution de la Diète, la mise sur le pied de guerre des troupes cantonnées dans les forteresses fédérales...

Une telle conduite pourrait très-bien être motivée par le vote séparé (ci-joint) du général de Reitzenstein sur la question de la garnison de Rastadt.

Abstraction faite des autres raisons que j'ai alléguées, ce serait peut-être le meilleur moyen de sortir de la position fausse dans laquelle nous a mis la tentative d'éloigner de Rastadt la garnison autrichienne, après le changement survenu depuis dans la situation. L'idée de cette solution a décidé aussi le général de Schmerling à hâter tout à coup le règlement de cette affaire, que la commission militaire avait laissée en souffrance 1. »

103.

Lettre sur le remplacement du baron de Prokesch par le comte de Rechberg. Tentatives d'intimidation faites par l'Autriche et la France.

27 février 1855. — « Le départ de M. de Prokesch paraît devoir être très-prochain. Cependant je ne puis obtenir de lui d'assurance positive; il dit qu'il attendra l'arrivée du comte de Rechberg, et que son remplacement ne sera que temporaire. Du reste, l'opinion dominante ici est que M. de Prokesch ne reviendra pas. Dans tous les cas, je crois que le besoin de s'assurer son concours dans les conférences de Vienne n'est pas le vrai motif de ce changement. Ou

1 Le ministre de Manteuffel approuva les propositions de M. de Bismarck. (Rescrit du 28 février 1855.)

bien on veut l'éloigner avec quelques ménagements d'un poste où il n'a pas brillé par ses bons services, ou bien l'on a des visées pour la réalisation desquelles il faut un homme moins bienveillant et moins consciencieux que M. de Prokesch. Mes collègues s'attendent à trouver dans le comte de Rechberg l'instrument qu'on a choisi pour exécuter quelque coup d'État hardi. Je ne considère pas précisément la Diète comme un terrain où la hardiesse politique puisse se donner carrière; cependant je regarde comme possible que le comte de Rechberg soit chargé de présenter à la Confédération l'alternative entre l'adhésion complète à la politique de l'Autriche et la rupture avec cette puissance. L'avenir nous apprendra ce qu'il faut en penser.

Plusieurs de mes collègues m'affirment que les agents autrichiens ne cessent de travailler les petites cours d'Allemagne, pour leur faire croire que la Confédération est sur le point de se dissoudre et montrer l'avenir menaçant qui attend ceux des États confédérés qui ne s'assureraient pas dès maintenant la protection de l'Autriche. Les représentants de la France secondent ces menées en employant des moyens semblables. Cela ne se fait pas toujours officiellement; cependant je tiens de deux bonnes sources que l'envoyé français à Stuttgard a parlé directement dans ce sens au Roi, et qu'il a lu au ministre des affaires étrangères une dépêche confidentielle dans laquelle la Confédération est traitée d'institution surannée, et le royaume de Wurtemberg menacé dans son existence s'il ne fait cause commune avec l'Autriche; en même temps on lui fait entrevoir des agrandissements s'il met ses troupes à la disposition de cette puissance, suivant la dépêche du 14 janvier, et s'il consent à laisser passer les armées françaises sur son territoire. Le Roi aurait, d'après mon auteur, répondu aux représentations de l'envoyé français en lui faisant observer que jusqu'à présent il ne voyait pour le Wurtemberg aucune raison de faire la guerre ni de douter de l'efficacité de la protection de la Confédération si elle devenait

nécessaire.

Il est incontestable que les doutes semés par l'Autriche dans la presse et par l'organe de ses ministres sur la situation de la Prusse vis-à-vis de la Confédération, et les fausses insinuations qu'elle a

lancées par les mêmes voies à propos d'un traité signé par le général de Wedell'... inquiètent plus d'un de nos alliés et favorisent les intrigues autrichiennes. Le Wurtemberg prouverait qu'il est réellement en proie à ces inquiétudes, qui me paraissent assez naturelles dans les circonstances présentes, s'il s'abstenait de faire part à Berlin des communications rappelées ci-dessus avec la réponse qui y a été faite. Mais, en somme, je reste convaincu que les États moyens ne passeront réellement dans le camp autrichien que si notre conduite leur fournit des prétextes plus sérieux de douter de la sincérité de nos sentiments". »

104. Lettre sur des dépêches circulaires russe et autrichienne, et rectification de cette dernière.

28 février 1855. — « ..... Dans la séance de demain, on soumettra à la Diète la circulaire de la Russie sur les rapports avec la Sardaigne'. M. de Glinka me l'avait communiquée avant de la remettre; nous convinmes qu'il supprimerait dans le texte quelques passages sans caractère pratique, notamment celui qui avait rapport aux anciennes obligations de la Sardaigne envers la Russie, et où l'on parlait avec éloge de la neutralité des États d'Allemagne. Mais il a été forcé de renoncer à ces suppressions, quand on a su que la note avait été publiée in extenso par le cabinet de Saint-Pétersbourg.....

La dépêche circulaire autrichienne du 17 parle, ainsi que les feuilles publiques, d'une proposition faite par la Prusse et tendant à ce que les contingents fédéraux de l'Autriche soient concentrés sur le territoire de la Confédération. Une pareille proposition n'a été faite ni au sein de la commission militaire ni dans la commission des affaires politiques; comme membre de cette dernière, je n'ai

Cf. plus haut, p. 380, note 1.

Le ministre répondit à M. de Bismarck que ses communications confidentielles l'avaient décidé à adresser à la plupart des légations royales en Allemagne une circulaire où il leur recommandait la plus grande vigilance en présence des tentatives d'intimidation faites par l'Autriche et par la France.

3 Cette dépêche circulaire se trouve imprimée sous forme d'annexe au protocole de la séance du 1er mars 1855, prot. p. 221 et suiv.

Représentant de la Russie à la Diète.

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