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tentement au sujet de M. de Münch: celui-ci, poussé par sa sympathie personnelle pour l'Autriche, s'était, d'après ce qu'il avait appris, laissé entraîner à outre-passer ses instructions, ou du moins à les interpréter à sa guise. M. de Dalwigk veut lui donner des instructions nouvelles et précises; pour les discuter, il s'est invité à dîner chez moi à la fortune du pot ». La condescendance montrée par l'Autriche dans les commissions produit, en somme, une impression décourageante sui les partisans de cette puissance et les dispose en notre faveur. Si le scrutin sur le rapport de la commission a lieu demain, je croirai agir d'après les intentions de Votre Excellence en m'abstenant de motiver mon vote dans notre sens, pour le cas où M. de Prokesch et ses amis le feraient, car le rapport de la commission est assez explicite par lui-même. Mais si l'Autriche essayait d'altérer le sens du rapport par un vote motivé, je me chargerais de la contre-partic, et je ferais également insérer au protocole mes motifs dans le sens de notre déclaration du 25 janvier 1. »

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9 février. (Rapport immédiat.) — « Dans la séance (du 8 février), on a voté sur les propositions faites par la commission au sujet de la mise sur le pied de guerre de tous les contingents fédéraux, propositions que j'ai eu l'honneur de soumettre à Votre Majesté dans mon rapport d'avant-hier, et qui ont été soumises au vote dans la séance (8 février) et adoptées immédiatement sans qu'on recourût à d'autres instructions. Seulement la Hesse électorale, le LuxembourgLimbourg et le Mecklembourg ont demandé, faute d'instructions, que le protocole ne fût pas clos. L'Autriche a pris une position particulière par le fait que M. de Prokesch a déclaré que le gouvernement impérial acceptait les propositions de la commission sans admettre les motifs, Tous les autres votes, à l'exception des trois qui n'ont pas encore été déposés, ont été en faveur de l'adoption pure et simple desdites propositions. J'apprends cependant que le délégué de Brunswick et de Nassau sera forcé par l'Autriche, en raison des instructions qu'il a reçues de Brunswick et qui sont connues de M. de Prokesch,

1 Cf. plus haut, p. 375, note 1.

2 Cf. prot. 1855, § 49.

à s'associer également au vote du délégué autrichien et à repousser l'exposé des motifs.

J'ai évité à dessein de faire une déclaration contraire à celle du baron de Prokesch, car j'aurais peut-être provoqué ainsi d'autres manifestations semblables ou divergentes. L'affaire, telle qu'elle est actuellement, montre l'Autriche en désaccord avec toute la Confédération et réduite à n'avoir que le Brunswick de son côté. Mais cette divergence porte précisément sur la partie la plus importante du rapport de la commission, c'est-à-dire sur l'exposé des motifs, car le fait d'armer dans une situation menaçante est moins grave que la question de savoir contre qui et dans quel but se feront les arme

ments.

A la suite d'instructions télégraphiques, la Saxe a proposé encore un changement dans l'exposé des motifs, changement dont le but principal m'a semblé être d'expliquer le mot « immédiatement » en disant qu'il signifiait « quinze jours », et de constater par lå que la Diète n'a pas décidé la mobilisation. La proposition de remplacer les mots : « immédiatement en cas de besoin », par ceux-ci : « dans le cas d'une mobilisation à décider par la Diète dans la quinzaine au plus tard», n'était pas réglementaire dans la circonstance; néanmoins elle a été approuvée par tous les membres de la commission, y compris le baron de Prokesch. La Saxe a ensuite adhéré sans autre incident au rapport de la commission.

Seul, le représentant de la seizième curie a fait encore à la fin une démonstration en faveur de l'Autriche : il a dit qu'il adhérait au rapport pour la curie, et qu'il avait été autorisé à voter même des mesures d'une portée plus grande au nom de plusieurs des gouvernements qu'il représentait. Il a voulu parler certainement des princes de Liechtenstein et de Schaumburg-Lippe, qui possèdent plus de terres en Autriche que dans leurs propres États, peut-être aussi de la branche cadette de la maison de Reuss. "

98. Rapport sur le rétablissement des relations diplomatiques entre la Prusse et le grand-duché de Hesse.

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10 février 1855. «En voyant que le différend survenu entre la Prusse et le gouvernement du grand-duché de Hesse est réglé dans ses points essentiels par la correspondance de Son Altesse Royale le grand-duc avec Sa Majesté le Roi', et que le rétablissement effectif des relations diplomatiques ne dépend plus que du retour du comte de Goertz de son voyage en Italie, j'ai profité de ma présence à Darmstadt pour dire au ministre de Dalwigk, suivant les instructions verbales de Votre Excellence, que notre gouvernement est disposé à faire régler provisoirement les affaires courantes par les représentants des deux États à la Diète.

A propos de la proposition de mobilisation faite par l'Autriche et repoussée par l'assemblée, j'ai pu me convaincre, ainsi que je l'ai mandé à Votre Excellence, combien il serait utile pour nous d'avoir un organe à Darmstadt pour défendre nos vues; cela serait d'autant plus à souhaiter que le baron de Münch ne cherche à faire prévaloir dans ce pays que les vues de l'Autriche, et qu'il fait tout son possible pour interpréter les instructions dans le sens des intérêts autrichiens. Il est vrai qu'en intervenant personnellement auprès de Son Altesse Royale le grand-duc et du baron de Dalwigk, j'ai réussi à obtenir au moins une modification des instructions qui avaient été données à M. de Münch; mais je crains que les bonnes dispositions qui règnent actuellement à Darmstadt ne souffrent d'une rupture prolongée des relations diplomatiques. Aussi je crois être sûr que Votre Excellence m'approuvera d'avoir communiqué à M. de Dalwigk, sous forme de copie ou d'extrait, les dernières circulaires adressées à tous les gouvernements de la Confédération germanique au sujet des affaires d'Orient. Le ministre grand-ducal hessois m'a été très-reconnaissant de cette communication, et il m'a dit il y a quelques jours, à l'occasion d'une visite qu'il m'a faite, qu'il avait donné à M. de Münch des instructions dans notre sens. C'est sans doute grâce à cette 1 Cf. plus haut, p. 350 et suiv.

intervention que, lors du dernier scrutin sur les propositions de la commission, le délégué grand-ducal s'est abstenu de s'associer à l'Autriche, qui demandait qu'on repoussât l'exposé des motifs.

Son Altesse Royale le prince Émile de Hesse, qui m'a honoré dernièrement d'une assez longue visite, m'a dit également combien il était difficile de faire admettre nos vues, qu'il partageait d'ailleurs entièrement, si les exposés du gouvernement grand-ducal n'étaient présentés que par l'intermédiaire de l'Autriche.

Dans ces circonstances, je crois devoir recommander à Votre Excellence de prendre les mesures nécessaires pour que dans l'intervalle, les communications adressées aux autres gouvernements fédéraux, même au sujet de questions différentes, parviennent à Darmstadt par mon entremise, et que les affaires qui pourraient surgir soient réglées par les délégués des deux États à la Diète 1. »

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99. Lettre particulière autographe sur la protection de la frontière occidentale".

11 février 1855. « .....Nous sommes malheureusement trop faibles pour soutenir des démonstrations militaires prolongées, c'est incontestable; mais si la France concentrait réellement près de l'Allemagne des forces assez considérables pour pouvoir inonder Bade et le Wurtemberg avant qu'il fût possible d'arrêter l'invasion, il faudrait nous y préparer et avaler cette pilule'; autrement il ne resterait aux États qui forment le 8° corps d'armée qu'à céder « à la douce violence » qui résulterait de la présence d'une armée française; une brèche serait faite au territoire fédéral, et, par suite, la position de la Bavière ne serait pas tenable entre l'Autriche et la France. La pointe sud-ouest de l'Allemagne est une sorte de clef de voùte de l'édifice germanique, dont la chute peut entraîner des conséquences redoutables, et pour laquelle un point d'appui est aussi précieux que nécessaire. Le plus sûr moyen, selon moi, de prévenir des démonstrations françaises et en même temps les dangers 1 Cf. plus bas (6 mars 1855).

* Soumise au Roi.

* In den ‹ sauern Apfel beissen 1.

* C'est-à-dire le Wurtemberg, Bade et la Hesse grand-ducale.

auxquels serait exposé le 8o corps, et les conséquences fàcheuses qui en résulteraient pour nous, c'est de tenir un langage très-calme, mais très-résolu, d'affirmer hautement que nous répondrions sur l'heure à une concentration sur le Rhin, en proposant à la Diète de réunir sur la frontière occidentale les contingents prêts à marcher et en armant nous-mêmes sur les bords du Rhin, sans attendre le résultat de notre proposition. Je suis convaincu qu'à Paris la croyance à cette ferme résolution de la Prusse fera plus d'effet dans le moment actuel que des mesures effectives n'en feraient plus tard, et si nous réussissons à faire naître cette idée en France, nous nous épargnerons probablement la peine d'agir. Si l'intention de faire passer des troupes françaises par l'Allemagne se prononçait davantage, je serais d'avis de refuser catégoriquement aux Français le droit de traverser le grand-duché de Bade, le Wurtemberg, etc., et d'en faire leur base d'opérations. Il vaudrait mieux croiser la baïonnette, car cette concession entraînerait certainement à bref délai l'établissement de la domination militaire de la France sur ces pays, moitié par la douceur, moitié par la force, et par le fait la Confédération, en tant qu'unité politique, se trouverait entamée et paralysée. Si tout se passe d'une manière régulière et constitutionnelle, Bade, le Wurtemberg, etc., se battront pourtant, suivant les circonstances, pour la « Confédération », pour cette maison de verre dont la conservation rend seule possible l'existence de la plupart des États de l'Allemagne. L'acte fédéral est leur planche de salut sur la mer européenne soulevée par la tempête; ils s'y cramponnent et n'ont qu'une crainte, c'est que la Prusse elle-même n'en brise les liens. Nous serons donc très-forts en restant sur une défensive plus ou moins neutre, si nous continuons à nous tenir franchement et correctement sur le terrain du droit fédéral. Dès que le protocole du 8 sera signé, le moment sera venu, je pense, de mieux montrer par la voie de la presse la différence entre ce que voulait l'Autriche et ce qu'a résolu la Diète, et de comparer la proposition faite par M. de Prokesch, le 22 janvier, et la résolution du 8 courant, en même temps que les motifs allégués des deux côtés '.»

1 Le ministre de Manteuffel remercia vivement M. de Bismarck de sa lettre : « En

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