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levée de troupes demandée par le comte de Buol d'après la convention du 20 avril, parce que le « cas de besoin » indiqué par ce traité n'existe pas; quant aux autres préparatifs, notamment ceux qui sont stipulés par l'article additionnel du 26 novembre, il y a lieu d'attendre les propositions de la commission militaire et de prendre dans les discussions relatives à cet objet le rôle de défenseur de la constitution militaire de la Confédération.

En exprimant ces vœux, je compte de toute façon que notre accession au traité du 2 décembre n'aura pas lieu et que, si nous trouvons utile d'y accéder, nous ferons valoir en même temps le droit de la Confédération à intervenir comme partie contractante.

Il n'est guère probable que les puissances occidentales et l'Autriche acceptent les conditions auxquelles nous subordonnerions notre accession au traité, tant qu'elles croiront que nous sommes gênés dans notre situation actuelle et inquiets du sang-froid apparent avec lequel on nous oublie, nous et nos vœux. Le cabinet de Vienne et la presse qui dépend de lui tâchent d'entretenir ces derniers sentiments chez nous. Mais si nous acceptons franchement la position effacée que la conduite tenue par les contractants du 2 décembre avant et après ce jour nous autorise naturellement à prendre, et si nous nous plaçons au point de vue de la Confédération, on ne tardera pas à nous faire des avances, j'en suis convaincu, au lieu de nous répondre par des rebuffades et de ne nous offrir pour nos tentatives de rapprochement que la seule chance d'entrer dans une alliance conclue sans nous, d'une façon blessante, où nous serons toujours un contre trois, chaque fois que nos vœux ne concorderont pas avec ceux de l'Autriche.

Pour finir, je rappellerai encore une nouvelle de source russe : l'Autriche a fait entendre à plusieurs cours, probablement à celles de Darmstadt et de Carlsruhe, qu'elles auront prochainement à autoriser, de concert avec l'Autriche, un passage de troupes françaises '.">

Le ministre exprima à M. de Bismarck sa vive reconnaissance pour les matériaux aussi riches qu'intéressants que contenaient les deux lettres ci-dessus. Toute la question avait été étudiée par le Roi sous toutes les faces, et, le 5 janvier, on avait répondu à la communication autrichienne sous la forme d'une dépêche

97.

Rapports et lettres sur la question d'Orient, la mobilisation, l'affaire de Canitz.

7 janvier 1855. — (Lettre autographe.) — « Je viens de recevoir la lettre de Votre Excellence, datée du 5, à mon retour de Darmstadt, où m'avait mandé Son Altesse Royale le grand-duc. Son Altesse Royale m'a conféré la grand'croix de l'ordre de Philippe le Généreux'; je vous adresserai encore un rapport officiel sur ce sujet. Si M. de Dalwigk recevait notre décoration, il serait peut-être convenable que M. de Canitz fût décoré de l'ordre hessois. La supposition de Sa Majesté que l'idée d'après laquelle nous devrions accepter notre situation effacée m'avait été suggérée par Gerlach, n'est pas fondée. Lorsque je l'écrivis, je n'avais plus reçu de lettre de M. de Gerlach déjà depuis assez longtemps, je crois depuis le commencement de décembre. Il ne m'a écrit qu'avant-hier, pour me dire des sottises, parce qu'il me soupçonnait de bonapartisme. Ensuite il a bien développé les mêmes vues que les miennes, mais en ajoutant que Sa Majesté ne les partageait pas. Je n'en savais encore rien le 3, lorsque j'écrivais à Votre Excellence. En ce moment, je prends surtout la plume pour modifier une autre de mes assertions. D'après les propos de mes collègues, il m'a fallu admettre qu'on pense généralement à la Prusse pour le choix d'un général en chef de l'armée fédérale. Mais aujourd'hui je me suis convaincu à Darmstadt que dans les cours des États du centre un autre projet est en faveur, un projet dont j'avais déjà parlé jadis, mais que je devais regarder comme étant abandonné, et qui consistait à ne choisir un général que pour le 7o, le 8°, le 9° et le 10 corps. Le prince Charles

adressée au comte Arnim, ambassadeur royal à Vienne : « Vous verrez que, selon votre manière de voir, on y a fait ressortir l'importance d'une solution conforme à la constitution militaire de la Confédération, et que nous avons évité toute autre initiative... Je tiens beaucoup à ce que vous m'informiez de la tournure que prendra l'affaire sur ce terrain, et que vous m'instruisiez exactement des points sur lesquels il y aurait peut-être lieu, pour les mesures militaires, de donner des instructions plus précises au lieutenant général de Reitzenstein. » (Rescrit du 6 janvier 1855.)

1 Cf. plus haut, p. 354.

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de Bavière est désigné pour ce poste, parce que le roi de Wurtemberg n'est plus assez jeune. Ce prince, que j'ai vu aujourd'hui à Darmstadt, a parlé en termes amers de l'Autriche.

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En cas de mobilisation, on voudrait une triade militaire dans laquelle l'« armée fédérale » serait géographiquement placée entre l'armée prussienne et l'armée autrichienne; elle pourrait ainsi, au moyen d'une évolution vers la gauche ou la droite, former un système de bascule » entre les deux grandes puissances. Je trouve dans cette perspective une raison de plus pour nous de ne pas consentir à une mobilisation de troupes, ou du moins de ne le faire que d'une manière dilatoire. Du reste, la nomination d'un général de l'armée fédérale pour quatre corps d'armée sur dix est tout aussi peu conforme à la constitution militaire de la Confédération que le système indiqué dans la note du comte de Buol (24 décembre). La position d'un général en chef de l'armée fédérale vis-à-vis du contingent de l'Autriche serait certainement très-difficile. C'est aussi l'argument que font valoir les partisans du tiercement militaire. J'ai trouvé que les militaires bavarois et hessois avaient calculé assez exactement à Darmstadt quelles seraient la force et la composition de l'armée du prince Charles de Bavière. Le roi Maximilien3 quittera Darmstadt demain. La duchesse de Modène est arrivée hier. Le château de Darmstadt est plein comme un œuf.

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Le roi Louis va mieux aujourd'hui; dans l'entretien que j'ai eu avec la grande-duchesse, j'ai entendu très-distinctement sa voix à travers deux portes fermées.

Je voudrais bien retourner à Berlin, parce qu'une absence prolongée fait perdre de vue l'ensemble des choses et émettre des jugements faux; seulement j'ignore si nous ne devons pas nous attendre prochainement à un incident qui m'obligerait à rester ici. On ne sait pas ce qui s'est passé à Vienne; cependant le général

1 Chef de l'armée bavaroise contre la Prusse en 1866; mort en 1875.

* Cf. plus haut, p. 356 et suiv.

Le roi Maximilien II de Bavière, mort en 1864.

4 La duchesse Aldegonde de Modène, née le 19 mars 1823, fille du roi Louis Ier de Bavière.

Scil. de Bavière, grand-père du roi régnant, Louis II de Bavière. Il était sourd dans les dernières années de sa vie et parlait extrêmement haut.

de Gerlach m'écrit que le prince Gortschakoff n'a pas emporté beaucoup d'espérances de paix. Son Altesse Royale l'archiduchesse Sophie se prononce, à ce que j'apprends, pour la guerre en se plaçant au point de vue du catholicisme *. »

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22 janvier. (Lettre *.) « J'ai l'honneur de mander à Votre Excellence la manière dont s'est passée la séance de la commission dans laquelle ont été discutées les propositions de mobilisation de l'Autriche. Le rapport de M. de Prokesch reproduisait en substance la circulaire autrichienne du 14 de ce mois, autant que je puis en juger de mémoire, car je ne possède pas encore d'exemplaire de ce document.

Les propositions autrichiennes tendaient d'abord à mobiliser l'armée fédérale dans le plus court délai possible, aux termes du § 35 de la constitution militaire de la Confédération revisée et d'après les propositions qui seraient faites par la commission militaire, et, en second lieu, à faire nommer par la Diète, d'après le § 37, un général en chef, afin que la réunion des différents éléments de l'armée fédérale sous un commandement unique pût se faire d'une manière constitutionnelle.

M. de Prokesch invita donc la commission à faire une déclaration

1 L'archiduchesse Sophie, née le 27 janvier 1805, fille du roi Maximilien-Joseph de Bavière, mère de l'empereur régnant d'Autriche.

2 Le 7 janvier 1855, le ministre de Manteuffel communiqua à M. de Bismarck l'ordre du Roi, qui désirait le voir passer quelque temps à Berlin, si les affaires ne devaient pas souffrir de son absence. Le 8 janvier, M. de Bismarck partit pour Berlin, et le 10, il remit au Roi le protocole de la dernière séance de la Diète. Le 20 janvier, il retourna à Francfort. Son séjour à Berlin avait eu surtout pour but de fixer les termes de la déclaration que la Prusse devait faire à Francfort dans la question de la mobilisation de l'armée fédérale.

*Lettre soumise au Roi.

3 En ce qui concerne la situation générale, il est à remarquer que, dans une circulaire adressée aux légations auprès des cours d'Allemagne, le 17 janvier 1855, le ministre de Manteuffel déclara que la Prusse entendait maintenir le point de vue indiqué dans la dépêche envoyée à Vienne, le 5 janvier. (Cf. p. 365, note 1.) M. de Bismarck devait également se prononcer dans ce sens à la Diète.

4 Dans cette dépêche circulaire, le comte de Buol exprimait aux délégués impériaux auprès des cours d'Allemagne ses regrets des divergences qui s'étaient produites entre les cabinets de Vienne et de Berlin sur quelques points essentiels des projets de mobilisation autrichiens; il disait qu'à cause de l'aspect menaçant de la situation politique de l'Europe, le délégué président de l'Autriche avait reçu l'ordre de faire, dans la commission nommée à cet effet, la proposition de pré

sur les documents dont il venait de donner la lecture. Je dis que je porterais la proposition du délégué impérial à la connaissance de mon gouvernement, mais que la commission pouvait s'éclairer sur la manière de voir de la Prusse dans cette question, par une déclaration que je remettrais dans la prochaine séance et dont je fis la lecture, en attendant, à titre confidentiel. Je fis en outre la déclaration verbale que l'augmentation de l'effectif fédéral disponible ne pouvait qu'être utile à mon avis, dans la situation actuelle de l'Europe, et que je ferais un rapport dans ce sens à mon gouvernement. J'avais déjà appris avant la séance, de mes collègues de Bavière, de Wurtemberg, de Bade et de Saxe, que leurs votes seraient conformes à cette manière de voir. Mais j'ajoutai qu'il y avait une différence considérable entre un effectif disponible plus grand et une mobilisation accompagnée de la nomination d'un général en chef; que je ne pouvais m'empêcher de regarder ces deux dernières mesures comme tout à fait intempestives, et que je ne pourrais même agir pour faire augmenter l'effectif disponible que si cette augmentation était motivée uniquement par la situation générale de l'Europe. La considérer comme une conséquence de la convention du 20 avril et de son article additionnel, entraînerait non-seulement un scrutin à la Diète, mais encore la conclusion d'une convention formelle senter à la Diète le projet de mobilisation de l'armée fédérale tout entière ou au moins de la moitié des contingents. M. de Buol ajoutait qu'à cet effet la question de savoir si dans le dernier cas il y aurait lieu de former deux corps d'armée combinés ou quatre corps indépendants, auxquels succéderait, suivant les nécessités du moment, l'appel de la seconde moitié des contingents, ainsi que toutes les autres questions relatives à l'exécution du projet et la nomination d'un général en chef de l'armée fédérale, devraient former l'objet des discussions et des décisions immédiates de la Diète. Le ministre de Manteuffel communiqua aussitôt (22 janvier 1855) la circulaire autrichienne aux légations royales auprès des cours d'Allemagne, en leur faisant observer que les vues des cabinets de Vienne et de Berlin différaient trop pour qu'on pût espérer de s'entendre en continuant d'échanger des dépêches. Nous pouvons nous dire que, dans les négociations officieuses sur l'article additionnel du 26 décembre dernier, nous sommes allés jusqu'à l'extrême limite de la conciliation. Après les expériences que nous avons faites, nous ne pourrions pas prendre sur nous d'aller plus loin dans cette voie. M. de Bismarck était donc chargé de remettre dans la prochaine séance une déclaration de la Prusse, dont la copie fut jointe à la lettre. (Cf. le rapport immédiat du 26 janvier.) La susdite déclaration avait été probablement rédigée par M. de Bismarck, lors de son séjour à Berlin. (Cf. p. 368, note 2.) Du moins sur la minute de la chancellerie on trouve des notes autographes du délégué de la Prusse, avec cette mention Approuvé par Sa Majesté. De Bismarck. ›

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