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la remettre lui-même. Comme le comte de Goertz fait en ce moment un voyage en Italie, Son Altesse Royale demande, ainsi que me l'écrit le baron de Dalwigk, s'il serait agréable à Votre Majesté que le secrétaire de légation de Biegeleben vint en attendant à Berlin comme chargé d'affaires intérimaire, et si Votre Majesté désirerait voir le comte de Goertz accrédité de nouveau. M. de Dalwigk a ajouté que, dès qu'il serait assuré de l'assentiment de Votre Majesté, il adresserait la demande officielle à Son ministre président. »

95. Rapport immédiat sur la construction d'une ligne de chemin de fer de Luxembourg à Thionville.

22 décembre 1854. « Sur la proposition motivée de la commission militaire, la Diète a répondu au gouvernement du grand-duché de Luxembourg, dans la séance du 23 novembre, que l'intérêt stratégique de la place fédérale de Luxembourg ne s'opposait pas à ce qu'on entrat en négociation avec la France sur l'exécution d'une ligne de Luxembourg à Thionville, se raccordant avec celle de Metz. Il ne peut être que dans notre intérêt et dans celui de la Confédération de faire échouer, par la construction de cette ligne, le projet qu'avaient la Compagnie de Paris-Strasbourg et la Great Luxemburg Company, de faire passer la ligne de Namur-Arlon, actuellement en construction, par Longwy et Thionville, en tournant Luxembourg, et de ne pas construire, d'ici à dix ans, de ligne concurrente sur le territoire luxembourgeois. Le général de Wedell a déjà appelé l'attention du gouvernement de Votre Majesté et celle de la Diète sur les dangers qu'entraînerait l'exécution de ce plan pour la place fédérale de Luxembourg; d'autre part, les démarches faites par nous à Paris et à Bruxelles pour entraver la réalisation de ce projet semblent avoir été couronnées de succès *.

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1 Le ministre répondit à M. de Bismarck que le Roi avait déclaré qu'il lui serait très-agréable de voir le comte de Goertz reprendre son poste de ministre à Berlin. Par contre, le Roi désirait que le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux cours se fit, non par l'envoi d'un chargé d'affaires intérimaire, mais par la nomination d'un titulaire accrédité.

2 Dans un rapport adressé au ministre de Manteuffel, le 2 février 1855, M. de Bismarck revint sur cette question : Selon moi, il serait peut-être important

96.

Lettres confidentielles sur la proposition de mobilisation autrichienne. Tâche de la politique de la Prusse dans la question d'Orient *.

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1er janvier 1855. Je viens de recevoir le rescrit confidentiel de Votre Excellence en date d'hier '. Je ne ne puis pas encore Lui donner des détails circonstanciés aujourd'hui, notamment en ce qui concerne les vues de mes collègues. M. de Schrenk est depuis plusieurs jours à Darmstadt, dans le voisinage du roi Louis, et la plupart des autres délégués sont également absents; aussi, sauf les représentants du Danemark et du Meklembourg, n'en vois-je guère qui aient une opinion bien arrêtée ou qui connaissent celle de leur gouvernement.

Tout ce que je puis faire pour répondre aux instructions de Votre Excellence, c'est de Lui exposer l'impression que produit sur moi la dépêche autrichienne du 24 décembre.

La convention militaire du 20 avril dit formellement, par l'article VI, que l'unique but de l'appui réciproque était de repousser une

pour les intérêts de la Prusse de presser le ministère du commerce pour qu'il donne une prompte solution à l'affaire, attendu que la construction de la ligne en question serait le seul moyen de rendre à la place de Luxembourg son importance stratégique, qui a été trop sacrifiée dans les derniers temps. L'espérance d'arriver à ce but serait peut-être perdue pour longtemps, sinon pour toujours, si, par suite des contre-projets actuels, à la réalisation desquels on travaille si activement, Luxembourg était incorporé au réseau franco-belge. Le 10 avril 1855, le ministre de Manteuffel informa M. de Bismarck que les discussions sur le projet de construction d'une ligne de chemin de fer allant d'Arlon à Saarbrück par Luxembourg avaient abouti, et que l'envoyé royal à la Haye avait été chargé de déclarer au gouvernement luxembourgeois que la Prusse était disposée à entrer immédiatement en négociation avec lui au sujet du prolongement de la ligne de Bruxelles-NamurArlon-Luxembourg, à partir de la frontière luxembourgeoise et en passant par Saarlouis, avec un embranchement allant à Trèves.

* Soumise au Roi.

1 Dans ce rescrit, le ministre informait M. de Bismarck que, le 24 décembre, le cabinet de Vienne avait soulevé la question de la mise sur le pied de guerre des troupes fédérales et de certaines parties de l'armée prussienne. Sous ce dernier rapport, le cabinet viennois se fond ait sur la convention militaire signée à Berlin le 20 avril 1854, en même temps que sur le traité conclu le même jour. Le ministre ajoutait « Les résolutions de Sa Majesté le Roi, en ce qui concerne cette importante affaire, ne sont pas encore prises. Il va sans dire qu'elles se rattacheront étroitement à l'attitude diplomatique que l'Autriche prendra vis-à-vis de nous. Je

attaque. Jusqu'à présent cette attaque n'a pas eu lieu, et elle n'est pas à redouter si l'Autriche ne devient pas agresseur. Par suite, on ne se trouve pas en présence du « cas de nécessité en vue duquel les dispositions de la convention militaire ont été prises, aux termes de l'article III du traité du 20 avril. Le cabinet de Vienne lui-même ne pourra guère soutenir que les stipulations du 20 avril ont été arrêtées dans le but de faire une guerre offensive commune à la Russie; il le pourra d'autant moins que non-seulement les principautés ont été évacuées par la Russie, mais encore que les quatre points formulės plus tard ont été acceptés par elle, de l'aveu même du comte de Buol, et qu'ainsi l'on a obtenu un résultat dépassant de beaucoup le but en vue duquel la convention du 20 avril a été conclue.

Une autre question est de savoir si le nouvel article additionnel du 26 novembre crée pour nous l'obligation d'exécuter maintenant la convention militaire sur la demande du cabinet de Vienne. Il est incontestable qu'on pourrait répondre par la négative. En qualité d'un des trois principaux signataires de l'article du 26 novembre, nous nous sommes seulement engagés à repousser toute attaque dirigée contre l'Autriche dans les principautés et à tâcher de faire

tiens beaucoup à connaître vos vues quant à la manière de traiter l'affaire, surtout parce que plus tard elle pourrait être soumise à l'assemblée fédérale et à la commission militaire. Je vous serais donc très-obligé si vous vouliez bien m'adresser bientôt un rapport confidentiel, dans lequel nous aimerions à trouver aussi un aperçu des vues de ceux de MM. vos collègues qui ont quelque influence. »

1 D'après l'article III du traité et le point 2 de la convention militaire, qui en était la conséquence, la Prusse était tenue de mobiliser éventuellement 100,000 hommes dans l'espace de trente-six jours, et, trois semaines après avoir mis cette première armée sur pied, de concentrer un autre corps de 100,000 hommes sur les frontières de l'est. L'Autriche admettait dans sa dépêche du 24 décembre que le besoin de ces levées se faisait réellement sentir dans le moment. En outre, le cabinet de Vienne espérait que la Prusse unirait ses efforts aux siens pour obtenir que la Diète exécutât de la manière la plus prompte et la plus sérieuse les conventions du 20 avril et fournit dans tous les cas le minimum des secours stipulés. Indépendamment des armées de l'Autriche et de la Prusse, la moitié des contingents des autres États devait, conformément aux conventions susdites, être rendue disponible pour les opérations. L'Autriche désirait que les corps d'armée à mettre sur pied fussent répartis également entre l'armée autrichienne et l'armée prussienne. Dans le cas où la Prusse accéderait au traité d'alliance du 2 décembre, l'Autriche et elles devaient étendre leur proposition commune à l'appel de tout le contingent de l'armée fédérale, afin de donner à la position militaire de la Confédération une force plus grande, indispensable dans le cas où l'on prendrait l'offensive.

accepter les quatre points comme base de la paix future. Les quatre points ont été acceptés par la Russie, et personne ne voudra prétendre que la Russie cherche, de son côté, à provoquer de gaieté de cœur une guerre avec l'Autriche. Nous nous sommes aussi engagés, vis-à-vis de l'Autriche, à soumettre aux commissions de la Diète un projet de résolution par lequel la convention militaire du 20 avril deviendrait la base des propositions de la commission militaire. L'assemblée fédérale a biffé cette partie du projet et n'en a pas fait l'objet d'une résolution; mais nous, en présentant ce projet en commun, nous avons entièrement rempli, en ce qui concerne la convention militaire, l'obligation que nous avions contractée à Vienne, le 26 novembre.

La Diète doit examiner les propositions qu'elle a chargé la commission militaire d'élaborer; il ne s'agit donc pour nous que de savoir s'il faut prescrire à notre plénipotentiaire militaire de proposer, de concert avec son collègue d'Autriche, la convention militaire du 20 avril comme base des propositions à soumettre à l'assemblée fédérale. Abstraction faite des raisons que j'ai fait valoir dans ma lettre du 19 décembre' contre cette manière d'agir, je sais par mes collègues que la convention militaire rencontre une opposition générale. Cela tient en partie au mécontentement provoqué par le caractère des vues politiques au profit desquelles on veut exploiter la convention; d'autre part, aux grandes difficultés qu'éprouvent les gouvernements qui fournissent de plus petits contingents que la Bavière, de mobiliser et de faire marcher une moitié seulement de leur effectif.

Je n'ose décider si le cabinet de Vienne a réellement l'intention d'entraîner la Prusse dans une guerre offensive contre la Russie, ou s'il se flatte simplement de l'espoir qu'une mobilisation faite par la Prusse avec les airs belliqueux qu'affecte l'Autriche, suffirait pour obtenir de la Russie ce que l'on désire. M. de Prokesch semble être partisan de ce dernier système. Dans tous les cas, la dépêche envoyée par le comte de Buol, le 24 décembre, prouve une fois de plus que le cabinet de Vienne, poussé par le désir de faire servir à ses projets

Cf. plus haut, p. 348 et suiv.

les forces de la Prusse, cherche à combiner ses engagements et ses déclarations du 20 avril, de la conférence de Vienne du 26 novembre, avec d'autres actes sans rapport avec les précédents, qu'il tronque et qu'il mêle à dessein, afin d'en former un réseau capable d'entraver la liberté d'action de la Prusse. L'objet des engagements du 20 avril et des protocoles de Vienne a été depuis longtemps réalisé ou n'a plus de raison d'être, et l'on imagine des combinaisons artificielles pour reporter sur de nouvelles exigences les obligations que nous avions acceptées alors. Ainsi, je trouve que la dépêche du 24 décembre est inspirée par le désir de faire entrer dans le système du 2 décembre les obligations résultant pour la Prusse et pour l'Allemagne de l'article additionnel du 26 novembre. Les stipulations du 26 novembre ne contiennent rien qui motive une mobilisation précipitée, avant même que la commission militaire ait fait ses propositions. Si néanmoins on mobilisait des troupes en ce moment, l'Autriche aurait beau jeu pour exploiter les nouveaux articles additionnels et les forces militaires de la Confédération au profit de la convention du 2 décembre, sans que nous ayons même accédé à cette dernière; elle n'aurait qu'à suivre ses anciens errements, à dénaturer les faits, à changer le rapport entre les traités et la réalité des choses, à procéder par des coups de surprise habilement ménagés, en invoquant l'autorité des " faits accomplis». Selon moi, l'article additionnel du 26 novembre perd toute valeur du moment que l'Autriche signe à notre insu des traités avec les puissances occidentales, et se laisse entraîner dans une guerre offensive contre la Russie.

Je reste convaincu que le moyen le plus efficace de rétablir la paix et de conserver notre influence en Europe, c'est la pression que nous pouvons exercer sur l'Autriche, si nous le voulons. Je persiste à regarder comme peu probable que le parti de la guerre finisse par avoir gain de cause auprès de l'empereur FrançoisJoseph, si l'Autriche doit risquer de se voir abandonner par la Prusse, et surtout si elle doit redouter la possibilité d'une attitude hostile de la Prusse. Même à Paris et à Londres, on croit que le concours de l'Autriche au moment décisif dépend des résolutions de la Prusse; aussi ne pourrons-nous, selon moi, exercer une influence sur les décisions des puissances occidentales qu'à la condition de

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