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d'avis de nous placer dès maintenant sur cette ligne de retraite, à moins qu'elle ne nous fournît une occasion toute naturelle de concentrer des troupes et de le faire de manière à nous trouver prêts à tout hasard.

La séance du jeudi 12 a été ajournée sur la proposition de M. de Prokesch, soi-disant faute de besogne, bien qu'il y ait lieu de procéder à plusieurs scrutins, et surtout au vote si complexe de la constitution militaire 1. >>

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« Je

10 octobre. (Lettre autographe soumise au Roi.) prends la liberté de compléter par quelques mots ma lettre d'hier. Le comte de Kielmansegge n'est pas allé à Hanovre, comme il en avait l'intention, mais il verra M. de Lütcken à Ems, où celui-ci veut prendre les eaux. Naturellement aucun de mes collègues n'est encore muni d'instructions sur la nouvelle circulaire autrichienne; ils ne peuvent donc me communiquer que leurs vues personnelles, dont on tient rarement compte dans leur pays. Le comte de Kielmansegge a exprimé l'espoir que nous finirions bien par trouver des conditions qui nous permettent d'adopter une ligne de conduite. commune. Lui aussi a son fils dans l'armée autrichienne. J'ai parlé hier soir aux délégués d'Oldenbourg et des Saxes ducales. Tous deux sont des ci-devant Gothariens d'opinion très-tranchée; M. de Fritsch l'est encore à tel point qu'il me parle très-sérieusement de la restauration de la Pologne comme d'une victoire de la politique bien entendue de la Prusse; en leur qualité de libéraux, ces deux messieurs sont ennemis jurés de la Russie. Ils m'ont fait entrevoir que, dans le cas où l'Autriche ferait une proposition isolée, toute l'Assemblée s'y associerait, afin d'éviter une rupture, et que la Prusse ne pourrait faire autrement que de s'y associer. Le délégué des Pays-Bas, M. de Scherff, est d'un avis tout opposé; après avoir lu dans les journaux la note en question, il s'était rendu aussitôt chez M. de Prokesch pour demander si elle était authentique. Il

Le ministre répondit à M. de Bismarck que dans quelques jours une réponse conforme à sa manière de voir serait envoyée à Vienne et communiquée aux gouvernements allemands. (Dépêche télégraphique du 11 octobre 1854.) Cf. plus bas, 17 octobre 1854.

2 Cf. le document précédent.

lui a vivement déconseillé de poursuivre cette voie, qui ne pouvait conduire qu'à l'isolement de l'Autriche; des propositions communes des deux puissances, dit-il, ont seules chance de passer; une proposition isolée de l'Autriche, à laquelle la Prusse serait notoirement opposée, ne réunirait guère que quelques voix. Mon collègue de Mecklembourg m'a dit aujourd'hui qu'en tout état de cause les gouvernements se prononceraient en notre faveur, mais qu'au point de vue des autres États, ou du moins de quelques-uns d'entre eux, il était à souhaiter que la Prusse affirmât plus que par le passé sa résolution de ne pas céder, sinon bien des confédérés se rangeraient du côté de l'Autriche, comptant que la Prusse finirait par le faire également, afin d'éviter une scission. Il ne croit pas non plus que l'Autriche veuille s'exposer à se trouver finalement isolée ou à voir la Confédération se dissoudre; mais à Vienne, dit-il, on sait mieux mentir que chez nous, et garder jusqu'au dernier moment l'apparence d'une résolution inébranlable.

M. de Schrenk revient à l'instant de Bavière, mais non de Munich, où il ne va que demain. Il est très-mécontent de la circulaire autrichienne; il dit qu'elle met tous les gouvernements dans l'embarras, et qu'elle est rédigée maladroitement, parce qu'elle conclut à l'option entre la Prusse et l'Autriche. D'après lui, l'Autriche ne peut pas compter sur une majorité; la Bavière et la Saxe repousseront probablement ses propositions plus franchement que les autres États; la plupart répondront d'une manière évasive et demanderont qu'on fasse de nouvelles tentatives pour amener l'Autriche et la Prusse à s'entendre. A son avis, le Hanovre et les deux Hesses pencheront le plus du côté de l'Autriche; et en dehors de ceux-ci, le Brunswick-Nassau, la seizième curie (M. de Holzhausen) et les villes libres voteront probablement pour elle. Il croit qu'il importe pour les États thuringiens et Oldenbourg que nous fassions valoir très-sérieusement nos désirs auprès des cours elles-mêmes, et qu'il est à souhaiter que dans tous les cas l'Autriche soit empêchée de faire ses propositions, autrement la Confédération serait exposée à une crise fort grave; mais il croit aussi que le résultat des réponses à la circulaire sera, en somme, tel que l'Autriche préférera s'abstenir. Sans attacher une grande importance aux vues personnelles de

mes collègues, je crois néanmoins devoir en donner connaissance à Votre Excellence, et je continuerai à le faire s'il y a lieu. L'attitude la plus correcte pour les petits États confédérés, celle qui répondrait le mieux à l'esprit des traités fédéraux et aux traditions, serait de se déclarer prêts à adhérer aux propositions communes des deux grandes puissances, et de répondre à des propositions isolées, dirigées contre la seconde grande puissance, par l'expression du désir qu'on fasse de nouvelles tentatives en vue d'établir l'entente entre Vienne et Berlin. M. de Schrenk croit que la réponse de la Bavière sera à peu près conçue dans ce sens. Il a répété plusieurs fois que l'envoi de Vienne tirait, sinon son origine, du moins sa couleur générale, des fausses nouvelles répandues sur la lamentable défaite de Sebastopol, mais que bientôt peut-être on s'exprimerait d'une façon plus modérée, si l'on n'annonçait pas à bref délai de véritables victoires des puissances occidentales. Il ajoute qu'abstraction faite des résolutions que la peur pouvait dicter aux cabinets allemands en faveur de l'Autriche, la publication par les journaux de la note du 30 avait fait généralement une impression pénible, même chez les amis des Autrichiens; que les félicitations envoyées en toute hâte à Paris avaient été blâmées par tout le monde, et que la note du 30, avec ses annexes, était commentée en ce sens que l'Autriche menacait ses confédérés allemands des baionnettes françaises afin d'obtenir leurs voix et leur assistance. Enfin il disait qu'il ne fallait pas s'étonner si d'autres États confédérés imitaient la puissance présidentielle voulant jouer un rôle en Allemagne sous le protectorat de la France; que des gens qui d'ordinaire étaient les ardents défenseurs de l'Autriche, n'essayaient que timidement d'expliquer son jeu politique par la « légèreté » du comte de Buol; mais que cela ne les empêchait pas de nous conseiller, en haussant les épaules de pitié, d'adopter également cette politique.

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« Je viens de recevoir

le rescrit de Votre Excellence, du 14, avec la réponse envoyée par la Prusse à Vienne, le 13', ainsi que le rescrit d'hier avec les rap

1 Cf. plus haut, p. 316, note 2.

Il s'agit de la réponse envoyée à Vienne, réponse mentionnée dans la dépêche

ports des ministres royaux à Munich et à Dresde. Je ne manquerai pas de m'exprimer dans le sens du premier document auprès de mes collègues, et ensuite, s'il y a lieu, dans les délibérations de la commission. Avant de pouvoir émettre une opinion sur la tournure que prendront probablement les affaires dans l'assemblée fédérale, il faudrait connaître le contenu des propositions de l'Autriche, ainsi que le texte des instructions de mes collègues. Je ne puis affirmer que la résolution d'agir à la Diète contre la Prusse per majora soit aussi arrêtée chez le cabinet viennois qu'il le fait paraître. Les rapports de nos ministres à Munich, à Dresde, à Hanovre, ne m'inspirent guère plus la conviction qu'on adressera au gouvernement autrichien une réponse à sa circulaire du 1o, telle qu'elle l'engagerait à s'isoler de l'Allemagne et à provoquer une scission par ses propositions.

Les cours d'Allemagne qui, avec raison sans doute, ne trouvent une garantie de leur existence politique que dans la durée de la Confédération, redoutent plus la dissolution du corps fédéral qu'une politique quelconque qui serait poursuivie de concert par la Prusse, l'Autriche et l'Allemagne. On peut donc bien supposer que pour le moment elles tiendront, vis-à-vis des deux partis, un langage ayant pour but de les disposer tous deux à un rapprochement. Si dans l'avenir elles se déclarent pour l'un des deux, il sera conforme à l'esprit de leur politique de passer du côté de celui qu'elles regar

télégraphique du 11 octobre 1854 (cf. p. 320, note 1), que le ministre voulait conformer à la manière de voir de M. de Bismarck. Dans la réponse en question, le ministre justifiait la politique suivie par la Prusse dans la question d'Orient; comme le cabinet de Vienne ne recommandait aux gouvernements allemands que d'adopter deux points sur les quatre que l'on connaît, il admettait implicitement que les quatre points ne devaient pas être considérés comme un ensemble, tel qu'il avait été formulé par l'échange des notes du 8 août, et sur lequel la Diète avait à se déclarer. Aucun gouvernement allemand ne niera sans doute que la liberté de la navigation du Danube ne soit un intérêt allemand, et que le protectorat des principautés danubiennes, tel qu'il a existé jusqu'à présent, ne puisse faire place à un état de choses plus favorable aux intérêts allemands. Voir ces idées exprimées à la Diète sous la forme la plus convenable, c'est ce que demande et désire la Prusse, si l'Autriche et nos confédérés y attachent de l'importance. Si, au contraire, la circulaire confidentielle du comte de Buol fait entendre que la dignité de la Confédération exige qu'elle prenne dès maintenant une attitude déterminée dans cette question européenne, et qu'elle se lie par une déclaration, pour ne pas trahir l'apathie et l'inactivité de son organe central, nous ne pouvons partager cette manière de voir que sous de nombreuses réserves... »

deront comme le plus opiniâtre, afin d'exercer avec lui une pression d'autant plus forte sur l'autre qu'elles croiront le trouver plus conciliant. Si, d'après l'état actuel des choses, la position de l'Autriche, avec la perspective d'une alliance avec les puissances occidentales, paraît plus forte que la nôtre; si, de plus, on met dans la balance tous les facteurs qui dans les dernières années ont fait pencher les États du centre vers l'Autriche, il est certain que les craintes exprimées à différentes reprises par Votre Excellence, au sujet du peu de confiance qu'on peut avoir dans nos confédérés de Bamberg, se trouveront confirmées au moment décisif, ainsi que je l'ai signalé déjà de mon côté, dans mes rapports antérieurs. Faut-il considérer ce moment décisif comme arrivé, ou pouvons-nous invoquer encore l'assistance diplomatique des États confédérés pour arrêter ou pour modérer la politique de l'Autriche? Votre Excellence pourra le mieux décider la question lorsqu'il sera établi que l'Autriche s'engage réellement dans la voie indiquée, et que les États qui jusqu'ici ont partagé notre manière de voir se tournent vers cette puissance. Si cette éventualité se produit, la situation sera certainement défavorable pour nous prima facie; mais, selon moi, la marche suivie jusqu'ici par la politique de la Prusse n'en est pas moins la plus sûre de toutes celles qu'elle pouvait adopter. Même si notre auguste maître était décidé à se rapprocher davantage de la politique des puissances occidentales, je croirais qu'il a fallu passer par les phases antérieures pour diminuer les dangers d'une pareille politique, en tant que cela était possible, et pour assurer à la Prusse la plus grande liberté de décision pour l'avenir. Şi Sa Majesté le Roi se décidait à agir contre la Russie de concert avec toute l'Europe, je croirais volontiers que la faculté d'aider au rétablissement de la paix et de prendre ensuite une forte position ne pourra qu'être augmentée par le fait que, parmi tous les adversaires de la Russie, nous serons les moins hostiles à cette puissance, et qu'en sacrifiant nos relations amicales avec elle nous ne ferons que céder à la nécessité, après avoir été abandonnés même par les derniers de nos confédérés. Je ne veux point dire par là que le meilleur parti serait actuellement de faire cause commune avec les adversaires de la Russie; les considérations ci-dessus ne se rattachent qu'au cas éven

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