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rescrit de son gouvernement, d'après lequel ce dernier croit ne pouvoir accéder isolément à la convention, mais seulement de concert avec les autres États, et au sein de l'assemblée fédérale '.

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92. Rapport sur le différend survenu entre le gouvernement prussien et le gouvernement du grand-duché de Hesse.

17 juin 1854. « Pour faire suite à mon rapport du 16 mai dernier sur notre différend avec le gouvernement hessois, j'ai l'honneur d'informer Votre Excellence que les relations que j'ai nouées avec le prince Adolphe de Wittgenstein sont restées jusqu'ici sans résultat. D'après plusieurs entretiens que ce dernier a eus avec le prince Émile de Hesse, ainsi qu'avec d'autres personnages influents, la contre-déclaration qu'il me faisait espérer il y a un mois et qu'il croyait recevoir dans trois ou quatre jours, après avoir demandé la décision de Son Altesse Royale le grand-duc, n'a pas été faite jusqu'à présent, et l'on ne peut plus guère y compter. D'après une communication confidentielle, le fait s'expliquerait par l'intention qu'aurait Son Altesse Royale le grand-duc d'engager une correspondance avec Sa Majesté le Roi par l'intermédiaire de Sa Majesté la Reine. Je ne sache pas que Son Altesse Royale ait donné suite à cette idée, bien que, d'après mes calculs, Elle eût dù le faire avant l'arrivée de Sa Majesté le Roi à Eisenach.

Si, par suite, l'affaire n'a pas pris une autre tournure dans l'intervalle, ce qu'il m'est impossible d'apprécier, il sera peut-être sage de cesser définitivement toute relation d'affaires avec le gouvernement grand-ducal3.

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1 Les 8 et 9 juin 1854, l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse, ainsi que leurs ministres, le baron de Manteuffel et le comte de Buol, avaient eu une entrevue au château de Tetschen en Bohême. Le 14 juin 1854, une convention fut conclue entre l'Autriche et la Porte, pour l'entrée des troupes autrichiennes dans les principautés danubiennes. Le texte de la convention se trouve imprimé dans les protocoles de la Diète, année 1854, § 257, annexe 11.

2 Cf. aussi le document no 90.

3 Le ministre partagea l'avis de M. de Bismarck, disant que, vu les circonstances, il était nécessaire de renoncer strictement à toutes relations d'affaires avec le gouvernement grand-ducal, et que, par suite il n'y avait pas encore lieu de ménager un rapprochement au moyen de relations officieuses de M. de Bismarck avec le délégué de la Hesse à la Diète.

93. Lettres et rapports sur la question d'Orient.

11 juillet 1854. — « En réponse au rescrit de Votre Excellence du 6', j'ai l'honneur de lui communiquer ce qui suit.

En ce qui concerne la forme de l'accession de la Confédération à la convention du 20 avril, je préférerais une simple résolution de la Diète, prise sur la proposition de l'Autriche et de la Prusse. Un traité formel supposerait que les deux grandes puissances ont agi comme si elles ne faisaient point partie de la Confédération; aussi le projet d'acceptation présenté par l'Autriche accentue plus qu'il n'est nécessaire la séparation des deux puissances d'avec la Confédération.

Les délégués sont tous pour l'adoption à la majorité des deux tiers; par contre, le grand-duc de Mecklembourg-Strelitz et d'autres princes veulent, dit-on, l'unanimité et une déclaration de neutralité.

Plusieurs délégués réclament maintenant l'accession, parce qu'ils supposent que l'Autriche ne la désire plus aussi vivement et qu'elle croit avoir plus de chances de faire passer avec nous seuls l'interprétation éminemment autrichienne du texte.

Je n'ai rien constaté qui indiquât de la part de l'Autriche une intention pareille; l'envoi rapide du projet autrichien à M. de Prokesch prouve plutôt le contraire'....

A entendre M. de Prokesch, l'Autriche ne se bornerait pas aux demandes formulées dans la sommation adressée à la Russie; elle veut modifier le traité d'Andrinople; elle réclame notamment : la liberté des bouches du Danube, l'ouverture de la mer Noire, la

1 Le ministre avait prié M. de Bismarck de lui faire part de ses vues sur la forme sous laquelle devait se produire l'accession de la Confédération à la convention du 20 avril.

2 Le cabinet autrichien imaginait la solution suivante : immédiatement après le vote, la commission des affaires d'Orient, où l'Autriche et la Prusse étaient représentées et pouvaient communiquer un projet d'acte d'accession, cette commission devait être chargée d'en faire la proposition, et la présentation du projet pourrait

s'ensuivre immédiatement.

3 Suivent des observations sur la rédaction du projet de déclaration à faire par la Prusse et l'Autriche réunies, projet dont l'initiative appartenait à l'Autriche.

suppression du protectorat de la Russie sur les principautés danubiennes et la Serbie. M. de Prokesch ne s'est pas exprimé sur la situation future de ces pays; ici l'on ne doute pas que l'occupation des principautés ne doive servir de point de départ à des rapports plus étroits avec l'Autriche. L'idée personnelle de M. de Prokesch serait de fonder un empire byzantin, par lequel on créerait deux églises grecques et détruirait l'ascendant de la Russie sur ses coreligionnaires d'Orient.

Plusieurs de mes collègues sont d'avis que le traité du 20 avril se trouve annulé en partie par le traité turco-autrichien du 14 juin', et qu'il le serait encore davantage pendant la durée des négociations pour l'accession de la Confédération. Notre liberté d'action ne pourra que gagner si l'Autriche s'embarque sans nous dans des complications qui n'ont rien de commun avec la convention du 20 avril. On pourrait à l'occasion profiter de cette liberté.

Un bonapartiste initié aux projets français, républicain converti, m'a dit, après avoir trop regardé dans son verre, ce qui suit: Dans le conflit européen, la France gardera toujours la plus grande indépendance vis-à-vis de la Russie, parce qu'elle n'est engagée contre cette puissance par aucun intérêt personnel; le motif de la guerre s'explique par le besoin qu'avait l'Empereur de la faire; une guerre contre l'Allemagne ayant la Russie derrière elle, aurait été dangereuse; une fois la Russie battue ou bien isolée et humiliée, le moment viendra pour la Prusse et pour la France de songer à leurs intérêts communs et à leurs ambitions. La véritable lutte des intérêts n'éclatera qu'avec le congrès de paix comme en 1814, si Napoléon Ier n'était pas revenu. »

(Lettre particulière.)

12 juillet. « Pour faire suite à ma lettre d'hier, je prends la liberté de vous faire part d'un entretien que j'ai eu avec mon collègue de Bavière après le départ du courrier.

La première question qu'il m'adressa, quand il sut que M. de

1 Cf. p. 270, note 1.

Cf. le document précédent.

Prokesch avait reçu les projets autrichiens, portait sur la concordance de la proposition à présenter avec les explications données par l'Autriche et par la Prusse dans la note du 16 juin '. Il me répéta qu'à Munich on tenait énormément à la réalisation de la demande contenue dans la note-réponse de la Bavière, de la HesseDarmstadt et d'autres gouvernements, et à la reproduction de la note prusso-autrichienne du 16 juin dans la déclaration des deux puissances à la Diète; que si cela n'arrivait point, il avait ordre de soumettre à son cabinet la déclaration prusso-autrichienne et le projet de résolution, avant de faire connaitre l'adhésion de la Bavière. Il faudrait, selon moi, écarter cette difficulté avant de soumettre la proposition à l'assemblée, et il me semble que dans l'intérêt de l'affaire on pourrait se rapprocher bien plus du contenu de la note du 16 juin que ne le fait le projet autrichien.

Il y aurait moins à se préoccuper du désir des États moyens de maintenir le projet de résolution formulé à Bamberg.

M. de Prokesch ne croit pas à un accueil favorable de la réponse de la Russie et de la communication faite par la Prusse à Vienne; à l'entendre, il m'a même paru ne plus le désirer. »

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M. de Prokesch, j'ai pu m'assurer que l'Autriche cherchait à éviter de s'entendre avec la Prusse sur la réponse à faire à la Russie, et qu'elle mettait en avant la conférence de Vienne et les puissances occidentales afin de faire repousser à coup sûr les ouvertures de la Russie. L'intention de faire croire à l'existence d'une quadruple alliance n'agissant vis-à-vis de la Russie que de concert, a été mani

1 Ces explications avaient pour but, ainsi qu'on l'a fait remarquer, de décider les gouvernements représentés à Bamberg à donner des instructions à leurs délégués à Francfort dans le sens d'une accession pure et simple à la convention du 20 avril.

2 Il s'agit de la dépêche adressée par le prince Gortschakoff à Vienne, le 17 juin 1854 (imprimée comme annexe 1 du § 257 du protocole de la vingt-sixième séance de la Diète, tenue le 17 août 1854), dans laquelle la Russie se déclarait prête, sous certaines réserves, à évacuer les principautés danubiennes. Le ton de cette dépêche était très-calme. Le ministre de Manteuffel mit tout en œuvre pour la faire accepter à Vienne, et c'est à la dépêche envoyée par le ministre à Vienne, le 7 juillet 1854, que se rapportent les observations de M. de Bismarck.

festée aujourd'hui dans la commission. — M. de Prokesch avait déjà essayé de la glisser dans l'introduction de son projet de protocole; mais je suis parvenu à la faire abandonner. Les puissances occidentales, du moins l'Angleterre, repousseront les concessions de la Russie; on n'en saurait douter, et si l'Autriche seule en appelle aux puissances maritimes et à leurs vœux, elle les rejettera par là simplement. Mais si la convention du 20 avril ne doit pas inaugurer une politique indépendante de notre part, même vis-à-vis des puissances occidentales, il aurait mieux valu pour nous traiter directement avec elles que de jouer le rôle de zéros à la suite de l'Autriche. Ces puissances n'attribuent à la conférence de Vienne qu'une portée restrictive pour la liberté d'action des puissances allemandes, tandis qu'elles revendiquent pour elles-mêmes une indépendance absolue.

M. de Prokesch a dit et répété ici qu'il fallait que l'Autriche profitât de l'occasion pour faire la guerre, afin de s'affranchir des stipulations de la paix d'Andrinople'. Soit; mais qu'en retireronsnous pour nos dépenses? Lundi aura lieu une séance extraordinaire, dans laquelle la question de la convention sera résolue. M. de Prokesch voulait qu'elle eût déjà lieu demain ; mais le Wurtemberg et le Mecklembourg, soutenus par la Bavière et la Saxe, ont demandé qu'elle fût ajournée. Le Wurtemberg est encore très-irrité parce que le projet de la décision fédérale ne lui a pas été communiqué.

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23 juillet. - (Lettre particulière.) — « Il me reste une heure; je suis convaincu que l'Autriche se préoccupe moins du rétablisse

1 Dans la guerre de 1829, soutenue par la Russie contre la Turquie, Andrinople fut pris le 20 août, et le 14 septembre suivant la paix fut signée dans cette ville. Aux termes du traité, la Porte recouvra la Valachie et la Moldavie, ainsi que toutes les conquêtes faites par les Russes en Bulgarie et en Roumélie. Le Pruth et la ligne partant de son embouchure pour aboutir à la rive droite du Danube devinrent les limites de la Russie et de la Turquie d'Europe; par contre, toutes les côtes de la mer Noire depuis l'embouchure du Kuban jusqu'au port de Saint-Nicolas, les pays du Caucase, ainsi que la plus grande partie du pachalik d'Achalzych, la ville de ce nom et le fort d'Achalkali restèrent aux Russes. Ceux-ci obtinrent aussi la liberté de faire le commerce dans tout l'empire turc, la libre navigation du Danube et de la mer Noire, et le droit de passage dans les Dardanelles, droit qui fut accordé également à toutes les puissances amies de la Porte. La Moldavie, la Valachie et la Serbie restèrent sous la domination de la Turquie, mais elles reçurent une constitution garantie par la Russie, qui devait les protéger contre le régime arbitraire de la Turquie.

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