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pour lui en faire sentir la fragilité et qu'on renseignåt confidentiellement nos confédérés sur la situation, de manière à faire voir notre patience et nos dispositions conciliantes sous un jour avantageux. Je crois aussi qu'il serait bon que le cabinet de Vienne sût par une voie indirecte et non officielle que nous avons en main des preuves écrasantes des menées dirigées contre nous dans la presse et qu'on a toujours niées, ainsi que des sentiments dont elles sont l'expression à l'égard de la personne de Sa Majesté le Roi.

pas

On pourrait tirer un autre avantage et, selon moi, ce ne serait pas le moindre. de ces matériaux : ce serait de dévoiler les sources d'où dérive la pression exercée sur l'opinion publique dans le sens autrichien, et de fournir au public une preuve de la valeur des convictions politiques de gens qui croient faire acte de patriotisme allemand en exaltant l'Autriche et en rabaissant la Prusse. Je ne dis que cette publication doive émaner du gouvernement royal, ou qu'il faille reproduire les articles offensants dont il s'agit; mon plan d'opération serait, au contraire, de lancer les premières indications dans le public par l'organe d'une feuille aussi peu suspecte que possible, de manière à faire regarder les pièces comme une propriété particulière. On ferait imprimer en un ou plusieurs articles le contenu approximatif de la « collection de documents » qui est annexée au rescrit de Votre Excellence; la feuille qui conviendrait peut-être le mieux est le Journal hebdomadaire prussien, si toutefois Votre Excellence croyait devoir mettre dans la confidence un des membres de la rédaction. La publication des transactions qui ont eu lieu entre M. de Prokesch et ses agents édifiera l'opinion publique sur la valeur des articles où l'Autriche est prônée; il est aisé de le prévoir en se rappelant l'irritation avec laquelle ont été accueillies, il y a quelques mois, certaines indications sur l'action exercée par l'Autriche à Francfort sur la presse allemande. En ce moment, le principal instrument de M. de Prokesch est un conseiller de légation nommé Braun, qui a été autrefois précepteur chez le général Martini. Braun est un prussophobe déterminé; il est ambitieux, rusé, et sur le terrain politique on s'en sert comme agent dans toute sorte d'intrigues. Sous ses ordres travaille un certain Hehner, jadis démocrate et barbier de profession. Le docteur Laffenbacher, nommé aussi dans le

mémoire, est aujourd'hui adjoint au comte de Rechberg, en Lombardie; il a fonctionné quelque temps à Francfort depuis que j'y suis, en qualité d'agent autrichien chargé de travailler la presse, et il a été traité par le comte de Thun avec une distinction qui jurait avec la hauteur habituelle du comte et surtout avec son antipathie prononcée contre les juifs. A mon avis, cette publication devrait s'effectuer de manière à faire croire que c'est par elle que l'attention du gouvernement a été attirée sur les documents en question, et que c'est ainsi qu'il est arrivé à les connaître officiellement. Ensuite on pourrait les utiliser dans le sens indiqué plus haut. »

83. Rapport sur le différend avec l'Église catholique dans le

duché de Nassau.

9 février. - Conformément aux instructions télégraphiques de Votre Excellence', je me suis rendu avant-hier à Wiesbaden pour me rendre compte du conflit avec l'Église catholique. En général, l'attitude du gouvernement de Nassau est calme; on s'est borné exclusivement à la défensive, sans riposter, et l'on a gagné de cette manière une position plus forte, selon moi. J'en ai félicité Son Altesse le duc; j'ai trouvé ce prince aussi reconnaissant de la sympathie que je lui ai exprimée au nom du gouvernement royal, que résolu à continuer de combattre énergiquement les abus de pouvoir de l'évêque. Le duc m'a dit qu'il n'avait pas engagé de négociations directes avec la cour de Rome, mais que la médiation de l'agent diplomatique néerlandais, spontanément offerte par la Hollande, avait été acceptée en principe par le Saint-Siège. Je n'ai pas manqué de me conformer aux instructions confidentielles que j'ai reçues le 28 du mois dernier, et de déconseiller vivement de précipiter l'ouverture des négociations, ainsi que d'agir isolément. Après avoir lu à Son Altesse, en ce qui concerne ce point, la lettre confidentielle du 28 janvier, je l'ai trouvée docile à ce conseil. En général, l'accueil que j'ai reçu à la cour de Wiesbaden m'a prouvé que pendant la dernière année, les sentiments du gouvernement de

1 Cf. plus haut, p. 228, note 1.

Nassau se sont modifiés à notre avantage; j'en juge, non par la conduite du prince régnant, qui m'a toujours fait un excellent accueil, mais par le changement de manières de son entourage, qui a suivi l'exemple du maître, et j'attribue ce revirement surtout à l'inquiétude et à l'irritation que les menées ultramontaines et la conduite de l'Autriche, qui les appuyait, ont fait naître chez le duc. Une autre raison, c'est, ainsi que je l'ai appris par la voie confidentielle, l'appréhension avec laquelle on envisage la situation de l'Europe dans l'avenir. Quant au prince de Wittgenstein', chez qui est en ce moment le prince Émile de Hesse, je l'ai trouvé moins ferme que le duc dans le conflit ecclésiastique. Il m'a dit sans détour que la crainte de s'aliéner l'Autriche le forçait de traiter l'affaire avec quelque prudence. Pourtant je l'ai trouvé prêt à ne pas céder en ce qui concerne les rapports avec l'Église. Il s'est empressé de reconnaître avec moi que les gouvernements protestants devaient mieux s'entendre que jusqu'ici sur la conduite à tenir à l'égard de l'Église romaine. Il m'a répondu qu'il était parfaitement convaincu de la nécessité d'agir dans ce sens, mais que l'initiative devait venir de la Prusse. Comme je manifestais mes doutes sur la bonne volonté avec laquelle plus d'un gouvernement intéressé accueillerait de pareilles ouvertures, il me dit qu'à son avis on pourrait se rapprocher du but si le gouvernement royal se mettait en rapport avec les autres gouvernements protestants, afin d'obtenir des informations continues et réciproques sur la situation vis-à-vis du Saint-Siége, et qu'une fois l'entente faite entre tous les intéressés, on pourrait partir de là pour prendre d'autres

mesures.

Il est incontestable que les tendances d'un grand nombre de cabinets allemands, de ceux des deux Hesses, du Wurtemberg et du Hanovre lui-même, et la situation particulière de la Saxe sont de grands obstacles à la réalisation d'un projet d'entente générale. Ce projet n'en offre pas moins, selon moi, les chances les plus probables de pouvoir donner une tournure satisfaisante aux relations des États protestants de la Confédération avec Rome. Il est tout à

1 Le prince de Sayn-Wittgenstein-Berleburg, ministre d'État de Nassau depuis le mois de février 1852.

fait conçu dans le seul sens qui permette d'espérer une solution. des difficultés intérieures dont souffre l'Allemagne; car, par des traitės librement consentis et résiliables, nous créerious des relations particulières, imposées par les circonstances, grâce auxquelles nous pourrions arriver à des résultats que la Confédération rend impossibles par sa composition hétérogène et défavorable à nos intérêts. Si ce projet est pour le moment peu susceptible d'être accueilli par tous les intéressés comme il l'a été à Carlsruhe et à Wiesbaden, on peut du moins espérer qu'à la longue il se produira des événements qui feront sentir le besoin d'une entente commune même à des gouvernements qui n'en veulent pas aujourd'hui. A mon avis, il serait urgent d'arrêter le projet tel que Votre Excellence l'a présenté à la fin de ses instructions confidentielles du 28 janvier, et de l'envisager nettement comme un but éloigné, mais fixe, de notre politique. Je laisse à Votre Excellence le soin de décider si, en tenant compte de l'attitude prévenante que j'ai trouvée à Carlsruhe et à Wiesbaden, on ne pourrait pas en hâter la réalisation, pour ce qui concerne ces deux cours, en nous faisant donner des déclarations formelles sur les bonnes dispositions des deux gouvernements, déclarations basées sur les asssurances verbales que j'ai reçues.

Sans entrer dans les détails, je me permettrai seulement de rappeler que j'ai fait valoir auprès de Son Altesse le duc aussi bien qu'auprès du prince de Wittgenstein toutes les considérations que Votre Excellence m'a suggérées, et qui pouvaient avoir pour effet de raffermir et d'assurer pour l'avenir la position prise par le gouvernement ducal, auquel j'ai eu soin de déconseiller l'ouverture de négociations hâlives et isolées avec Rome. J'ai rencontré quelques difficultés, provenant de ce que le prince de Wittgenstein est, par suite de son éducation, peu désireux et peu capable de traiter les affaires d'une manière sérieuse, et qu'il préfère, selon le cas, s'appliquer à l'organisation des communes rurales et du régime agraire. S'agit-il d'autres questions intérieures, il subit l'influence de ceux qui ont été chargés de les étudier; en matière ecclésiastique, c'est le président Lex, de la section ministérielle de la justice, dont le ministre adopte surtout les avis. Ce fonctionnaire faisait autrefois partie d'une fraction très-avancée du parti démocratique. Je suis

encore occupé à recueillir des données sur la manière dont il entend les questions religieuses; vu la situation, il ne m'a pas semblé possible de chercher à le voir à Wiesbaden, sans exciter la méfiance chez le prince de Wittgenstein et peut-être en plus haut lieu '. »

84. Rapport sur la question des travaux de fortifications d'Ulm et de Rastadt.

Berlin, le 21 mars. -« A la suite du rescrit de Votre Excellence du 18 courant, concernant l'achèvement des travaux d'Ulm et de Rastadt, je rattacherai les observations suivantes à la partie de ce document qui se rapporte aux conditions dont il y aurait peut-être lieu de faire dépendre nos versements ultérieurs.

Notre part de la somme de 1,808,472 florins, reconnue nécessaire par le colonel Fischer, s'élève à 500,000 florins environ. En outre, notre consentement à verser cette somme et la question de fixation du chiffre des dépenses matérielles de la Diète entraîneraient pour nous le payement, différé jusqu'à présent, de notre quote-part des sommes à rembourser pour les dépenses antérieures nécessitées par les travaux de fortification, ainsi qu'une contribution partielle pour le déficit provenant du non-versement de la contribution de l'Autriche pour l'entretien de la flotte. Mais le cabinet impérial, partant du principe qu'il a adopté, regardera ces

1 Le 2 mars, M. de Bismarck se rendit à Berlin après la séance de la Diète, pour s'entretenir avec le ministre de Manteuffel, et il y resta jusqu'à la fin du mois. 2 Le ministre de Manteuffel disait à M. de Bismarck que la Prusse comptait adhérer aux vues énoncées dans le mémoire du colonel Fischer et qu'elle consentirait à payer encore une somme de 1,808,472 fl. 15 kr. en sus du maximum fixé primitivement, afin d'assurer l'achèvement des travaux de fortification d'Ulm et de Rastadt. Mais il était convenable, ajoutait-il, de subordonner cette nouvelle prestation à certaines conditions, notamment à celle que ladite somme serait la dernière à verser et que la décision relative aux travaux à exécuter au moyen des fonds accordés serait prise d'après les propositions présentées par le commissaire prussien; qu'il y aurait lieu de discuter comme concessions en retour le droit de la Prusse à tenir seule garnison à Mayence, l'adoption des propositions prussiennes du règlement de la Diète, l'occupation de la forteresse de Germersheim comme place fédérale au lieu de Landau, ainsi que l'augmentation, aussi étendue que possible, des garnisons autrichiennes à Ulm et à Rastadt. Avant de s'engager plus avant, le ministre de Manteuffel désirait avoir l'avis motivé de M. de Bismarck sur les concessions à demander en retour.

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