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facile à atteindre, serait nécessairement la médiatisation des petits souverains qui entreraient dans son union douanière. Son Altesse le duc s'est laissé convertir; aussi M. de Wintzingerode se plaint-il vivement des difficultés de sa situation, attendu que le duc est complétement dominé par son entourage, notamment par M. de Dungern', dont les fils et d'autres parents sont au service de l'Autriche Hock s'est également mis en relation avec quelques fabricants de Nassau, et a fait naître en eux des appréhensions au sujet du système de liberté commerciale que la Prusse veut inaugurer. Du côté de l'Autriche, on a cherché à vaincre les hésitations des financiers de Nassau en assurant certains avantages aux États de l'Allemagne du Sud pour le cas où ils entreraient dans le système autrichien; on a offert d'assurer à ces États un minimum de 90 0/0 des revenus que donne actuellement le Zollverein, disant que ce n'était pas acheter trop cher l'indépendance politique que de faire un sacrifice de 10 0/0; que du reste, pour fonder le nouveau système, il n'était pas absolument nécessaire de s'unir à l'Autriche; au contraire, que le gouvernement impérial ne pouvait que recommander, dans le cas où la Prusse ne renoncerait pas au traité du 7 septembre, de former de la Bavière, du Wurtemberg, de Bade, des deux Hesses, de Nassau et de Francfort une union douanière indépendante; qu'en présence de la probabilité d'un pareil fait, la Prusse trouverait plus sage d'abandonner la politique commerciale défectueuse que le traité du 7 septembre menace d'inaugurer, ainsi que le traité qu'elle a conclu avec le Hanovre. Il serait donc urgent dans le moment actuel (suivant les mêmes insinuations) que les gouvernements susdits et le royaume de Saxe adressassent une demande collective au cabinet de Berlin, afin de savoir si le Hanovre doit être invité à prendre part aux négociations relatives au renouvellement de l'union douanière. Dans le cas de l'affirmative, il y aurait aussi lieu de demander collectivement que l'Autriche prit part aux négociations si leur objet s'étendait au delà des limites de l'ancien Zollverein. M. de Wintzingerode avait des raisons de croire que l'Autriche suivrait exac

1 M. le baron de Dungern, conseiller intime et ministre d'État, hors service, délégué à la Diète de Brunswick et de Nassau.

tement la même tactique à l'égard des cours de Carlsruhe et de Darmstadt et qu'elle leur garantirait probablement l'adhésion de Nassau, qui, du reste, était certaine, en ce qui concerne la personne de Son Altesse le duc. M. de Wintzingerode a été agréablement surpris lorsque j'ai cru pouvoir lui donner l'assurance que jusqu'à présent il n'y avait pas même du côté de la Bavière et du Wurtemberg la moindre chance de réalisation pour le projet dont il s'agissait. En ce qui concerne le Wurtemberg, je suppose que M. de Sydow', qui est actuellement ici, aura communiqué à Votre Excellence ce que Sa Majesté le Roi a dit en dernier lieu à M. Wentzel'. L'heure du courrier m'empêche aujourd'hui de me livrer à de plus longs commentaires; je me contenterai d'ajouter que, connaissant M. de Wintzingerode, j'ajoute une foi entière à ses déclarations.

Ce ministre m'a exprimé sa conviction que le plan en question échouerait, pourvu que la Prusse persévérât dans ses vues et qu'elle affirmat hautement que, mème en mettant les choses au pis, elle maintiendrait le traité du 7 septembre avec le Hanovre et le duché d'Oldenbourg tout seuls. »

22 décembre. — « En réponse au rescrit de Votre Excellence du 18 courant, sur la conduite que suivra probablement le gouvernement de la Hesse électorale dans la question du Zollverein, j'ai l'honneur de vous informer que, d'après un entretien que j'ai eu avec M. de Trott, la tendance qui domine sans contredit chez Son Altesse royale le prince électeur, est de se déclarer, dans toute les questions prêtant matière à discussion, en faveur de l'Autriche et contre la Prusse; c'est un détail que Votre Excellence n'ignorait peut-être pas. Sans admettre d'une façon absolue la communication purement confidentielle de M. de Trott, que Son Altesse royale n'a pas sur la conduite des affaires de l'État une influence assez grande pour réussir à détacher la Hesse électorale de l'union douanière, je crois cependant être certain que la situation malheureuse qu'entrainerait pour le pays la dissolution du Zollverein donnerait une

1 Chargé d'affaires de la Prusse en Suisse.

2 Conseiller de légation attaché à la députation représentant la Prusse à la Diète. 3 Conseiller intime, délégué de la Hesse électorale à la Diète.

force considérable à l'opposition que ferait à un projet pareil le monde des commerçants et des fonctionnaires. J'aurai demain et après-demain quelques entretiens qui, je l'espère, me mettront à même de vous renseigner d'une manière plus positive à cet égard. En attendant, il me semble que le gouvernement royal dispose, vis-à-vis du gouvernement hessois, d'un moyen coercitif suffisant dans le besoin qu'éprouve la Hesse électorale de l'appui de la Prusse auprès de la Diète pour le règlement de l'affaire de sa constitution. Les caisses publiques du pays sont entièrement vides, et tout ajournement de la mise en vigueur de la nouvelle constitution ne fait qu'augmenter les embarras du gouvernement. Je prends donc la liberté de proposer, sauf meilleur avis, qu'on tâche de retarder la solution de cette question, tant que cela pourra se faire sans trop donner l'éveil aux intéressés, et que la Hesse électorale persistera dans l'opposition systématique qu'elle fait à la Prusse dans l'assemblée fédérale aussi bien que dans les négociations pour l'union douanière.

Relativement au rapport de M. de Thiele' du 11 courant, je me contenterai aujourd'hui de constater que le Journal de Cassel, notamment dans ses articles de polémique, passe ici pour un organe du gouvernement autrichien plutôt que du gouvernement hessois; aussi, vu l'opposition passionnée que cette feuille fait à la Prusse à propos de toutes les questions, je ne puis la considérer comme une autorité sûre dans les affaires hessoises.

Plus encore que le Journal libéral de la Saxe, le Journal de Cassel fait pour la politique autrichienne ce service d'avant-poste qu'on abandonne d'ordinaire à des soldats de peu de valeur, aux Croates et aux Cosaques.

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10. Rapport sur la conduite à tenir à l'égard de la Suisse relativement aux réfugiés politiques.

22 décembre 1851.- (Le gouvernement badois, qui désire que la Prusse et l'Autriche prennent des mesures contre la Suisse, à propos

1 Conseiller de légation, ministre plénipotentiaire de Nassau à Cassel.

des menées des réfugiés politiques dont elle est devenue l'asile, espére une occupation éventuelle des parties du territoire suisse qui se trouvent de ce côté-ci du Rhin, par des troupes de la Confédération germanique.) « Sans m'arrêter à cette considération que dans le cours de l'année prochaine les choses pourraient facilement changer en France, que ceux qui détiennent le pouvoir dans ce pays seraient peut-être enchantés de trouver un prétexte de guerre quelconque qui aurait le caractère d'une provocation venant de l'Allemagne, et que, par suite, les conséquences d'une mesure aussi accentuée de la Confédération germanique seraient peut-être hors de proportion avec l'utilité qu'on voudrait en retirer, il est une conviction qui s'est imposée à mon esprit, à la suite des délibérations de l'assemblée fédérale : c'est que le gouvernement badois, quelque valeur qu'il attache au secours de la Prusse quand vient l'heure du danger, n'est cependant guère disposé à lui donner l'équivalent auquel elle pourrait s'attendre pour sa protection. >>

(Depuis peu de temps, les instructions données au représentant du grand-duché de Bade à la Diète, M. de Marschall, ont pris un tout autre caractère, et l'attitude de ce dernier dans l'assemblée fédérale tend de jour en jour à devenir plus « antiprussienne ».) « Empêcher les manifestations chez les représentants d'États secondaires n'est pas possible, pour moi, surtout ici, attendu que parmi mes collègues, y compris le comte de Thun, il n'y en aura pas, après le départ de M. de Schele, un seul qui se croie autorisé à dépasser d'une ligne la limite de ses attributions et à s'écarter en quoi que ce soit de la lettre des instructions qu'il a reçues. Aussi faut-il engager directement avec les cabinets les négociations qui doivent influer sur l'attitude politique et sur le vote de leurs délégués, d'autant plus qu'on ne trouverait que chez un ou deux de ces messieurs le degré d'autorité nécessaire pour pouvoir réagir par eux sur leurs gouvernements. Le déplacement d'une majorité qui nous est défavorable ne me parait possible qu'à la condition de suivre invariablement le système adopté par la Prusse, et de n'avoir des égards que pour les gouvernements allemands qui s'efforcent de les

mériter. »

11. Rapport sur l'attitude de l'Autriche et la majorite de l'assemblée fédérale. Conséquences politiques.

que

22 décembre 1851. Ainsi "L Votre Excellence l'a vu par le rapport immédiat d'aujourd'hui, les deux questions à propos desquelles s'est produite une divergence momentanée entre la politique de l'Autriche et celle de la Prusse, ont été de nouveau, dans la séance d'avant-hier, l'objet de longues et vives discussions : je veux parler du projet de politique commerciale et de la comptabilité de la flotte. L'attitude du cabinet de Vienne depuis que. l'Autriche, par l'apaisement de sa situation intérieure, est de nouveau à même de prendre part à la vie politique de l'Allemagne, prouve d'une manière générale que le prince de Schwarzenberg' ne se contente pas de reprendre la position que la constitution fédérale a faite à cette empire jusqu'en 1848, mais qu'il compte profiter des événements qui avaient mis l'Autriche à deux doigts de sa perte pour båter la réalisation de vastes projets; il espère provoquer le retour de faits analogues à ceux qui, au commencement de la guerre de Trente ans, ont fait de l'Empereur le maître de l'Allemagne peu de temps après qu'il avait tremblé pour sa sécurité dans son propre château.

Il est naturel que pour le moment la lutte qui doit fortifier la position matérielle et augmenter le prestige de l'Autriche en Allemagne, s'engage, quitte à ne pas se décider, sur le terrain des délibérations de l'assemblée fédérale, et qu'elle s'engage même avec des chances de succès, car dans la situation actuelle la majorité de la Diète sera certainement favorable à l'Autriche, en cas de divergence avec la Prusse. Il faut chercher la raison de ce fait dans l'irritation et la méfiance que, depuis la révolution de mars, la plupart des cours moyennes d'Allemagne ont gardées vis-à-vis de notre politique. Dans les centres dont je parle, on prête facilement l'oreille à certaines insinuations: la Prusse, se dit-on, doit viser nécessairement, ne fût-ce qu'à cause de sa position géographique, à mettre

Le prince de Schwarzenberg était le président du ministère autrichien et ministre de la maison impériale.

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