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ments à désirer dans la constitution de Francfort. De plus grandes modifications seraient peut-être nécessaires dans la constitution des trois autres villes libres; et la question de Francfort réclame, par suite, moins une intervention directe de la Diète, car les inconvénients qui existent ici tiennent moins à l'état de la législation qu'à la pusillanimité des personnes chargées de l'appliquer mal inséparable d'une constitution républicaine et d'une situation où le fonctionnaire redoute les conséquences de ses actes officiels pour ses intérêts personnels et ses affaires particulières '.

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77. Lettre particulière sur le différend survenu entre la Prusse et le grand-duché de Hesse.

20 décembre 1853. « Hier, à un dîner qui avait lieu chez le délégué du grand-duché de Hesse, j'ai rencontré le ministre de Dalwigk, dont la conduite m'a prouvé une fois de plus combien on est ennuyé à Darmstadt de la rupture des relations diplomatiques avec la Prusse. Il s'est montré on ne peut plus prévenant à mon égard. Après le dîner, M. de Münch, voyant M. de Dalwigk engagé dans une conversation avec moi, conduisit ses invités dans une autre pièce afin de nous laisser seuls; M. de Dalwigk en profita pour m'entretenir longuement et pour tâcher de me persuader combien il déplorait le conflit survenu, combien il en était innocent, combien il regrettait le départ de M. de Canitz, et combien le gouvernement grand-ducal désirait avoir des relations étroites et amicales avec la Prusse et surtout s'associer à sa politique fédérale. Il dit qu'il était anormal que la Prusse occupât à la Diète une position négative, et que si nous nous placions franchement sur le terrain de la politique allemande, nous aurions une aussi forte majorité qu'avant 1848. Je lui fis observer à ce propos que, sous la dénomination de « politique allemande », chacun entendait ce qu'il voulait obtenir de ses confédérés dans son propre intérêt. Je ne rapporte cet entretien à Votre Excellence que parce que la manière dont M. de Dalwigk l'a cherché

1 L'affaire de la constitution de Francfort ne fut plus portée devant la Diète. 2 Cf. plus haut, p. 166 et suiv.

et conduit, m'a prouvé qu'il voyait sa position gravement compromise par la situation de la Hesse vis-à-vis de la Prusse. Votre Excellence sait sans doute déjà que, dans une séance tenue hier par la seconde chambre hessoise, le projet d'un vote de défiance contre le ministère Dalwigk a été déposé par le député Metz et par plusieurs de ses collègues, parce que ce cabinet était devenu suspect par sa conduite à l'intérieur et au dehors. Cependant la majorité n'a pas déclaré l'urgence, et la proposition a été renvoyée à une commission'. »

78. Rapport sur la question de la ligne de chemins de fer d'Arlon au Luxembourg.

9 janvier 1854. — « Le comte de Waldersee m'a informé que le gouvernement de Luxembourg avait présenté une proposition, adressée en même temps à la commission fédérale et à la commission militaire, qui tendait à obtenir l'intervention de la Diète auprès de la Belgique et soi-disant aussi auprès de la France pour empêcher la construction d'une ligne de chemins de fer partant de la Belgique pour aboutir à Strasbourg en passant par Longwy, Thionville et Metz. La discussion de l'affaire est pressée par le président, qui y met une grande précipitation; elle aura lieu aujourd'hui même au sein de la commission militaire, sans que M. de Prokesch m'ait informé jusqu'ici de la remise de cette proposition, qui pourtant intéresse la Prusse plus que tout autre État confédéré. Le comte de

1 Bientôt après on fit des démarches en vue de terminer le conflit. Dès le 10 avril 1854, M. de Bismarck informa son gouvernement que des entretiens confidentiels qu'il avait eus avec le délégué de la Hesse grand-ducale à la Diète et le comte de Goertz, l'autorisaient à croire que le grand-duc était prêt à faire des démarches en vue du rétablissement des relations avec la Prusse, mais qu'il désirait d'abord s'assurer que ces démarches ne resteraient pas infructueuses. M. de Bismarck pria le ministre de Manteuffel de sonder le roi à cet égard et de l'autoriser éventuellement à faire une communication officieuse à M. de Münch. Le ministre répondit (21 avril 1854) que le roi supposait que le grand-duc jugerait convenable de lui exprimer, dans la lettre qu'il lui écrirait, son regret de voir que Sa Majesté avait été amenée, par suite de la conduite de certains fonctionnaires du grand-duché, à supprimer les relations diplomatiques qui existaient entre les deux États, et que, si le grand-duc exprimait en outre le désir de voir rétablir les relations amicales d'autrefois, le roi serait satisfait du contenu de la lettre.

Waldersee n'en a été instruit, lui aussi, que peu de temps avant la séance; il s'est mis aussitôt en rapport avec moi pour me parler de l'attitude que nous prendrions. Au point de vue militaire et commercial, l'importance de la question ne saurait faire l'objet d'un doute, car il s'agit de savoir si les places de la frontière française ou celles de la frontière prussienne seront reliées entre elles et avec le système de défense belge, et si, dans un avenir éloigné et surtout après l'achèvement des lignes des Alpes, la ligne en question pouvait être considérée comme la voie très-probable du trafic entre l'Angleterre, d'un côté, et l'Italie, l'Orient et les Indes, de l'autre. A mon avis, il est fort regrettable que les propositions de la même compagnie, qui a aujourd'hui l'intention de construire une ligne passant par Thionville, aient échoué, lorsqu'il s'agissait d'une ligne allant de Luxembourg à Trèves et Saarlouis, sur notre refus de garantir l'intérêt à 4 pour 100. Quoi qu'il en soit, je ne sais si nous ferions bien d'essayer de défendre, en recourant à la Confédération, et particulièrement à l'Autriche, des intérêts stratégiques et commerciaux qui nous touchent plus que tout autre État, et si par ce moyen nous pourrions y arriver à des conditions acceptables. A cette fin, il a été convenu entre le comte de Waldersee et moi qu'il reconnaîtrait dans la commission militaire les inconvénients que présente la ligne de Longwy à Metz au point de vue stratégique, sans toutefois prendre fait et cause pour la proposition du gouvernement de Luxembourg, et qu'il s'abstiendrait de se prononcer sur les moyens qu'il y aurait à employer pour empêcher la construction de cette ligne, attendu que cette question rentrait dans le domaine de la politique pure. Bien que l'affaire doive, dès demain, être mise par M. de Prokesch à l'ordre du jour de la séance de la commission militaire, ainsi que je le prévois, j'ai l'intention, sauf avis contraire par voie télégraphique, de ne pas m'associer à la proposition de provoquer des démarches diplomatiques de la part de la Diète auprès de la Belgique, et de motiver mon abstention par le fait que la situation politique actuelle comporterait difficilement une démarche aussi insolite que le serait une intervention diplomatique de la Confédération dans une question dont l'importance éclaterait surtout dans le cas d'une guerre entre l'Allemagne et la France. En outre, j'essayerai de gagner du temps en

exprimant la conviction que le gouvernement de Luxembourg a dû s'entendre avec le gouvernement royal relativement à la proposition qu'il a présentée et que, par suite, je dois recevoir dans le plus bref délai la communication des vues du cabinet de Berlin. Quoi qu'il en soit, le fait que M. de Prokesch ne m'a pas dit jusqu'à présent un seul mot de toute cette affaire, m'autorise à croire qu'ils vont la terminer par surprise et provoquer une résolution immédiate en invoquant l'urgence. Dans tous les cas, je prie Votre Excellence de vouloir bien m'informer télégraphiquement avant la prochaine séance de la Diète, qui doit avoir lieu jeudi, si Elle approuve ma manière de voir ou si je dois tàcher d'obtenir que la question soit discutée d'une manière plus approfondie par l'assemblée. J'ajouterai encore que jusqu'à présent je ne connais pas le texte des propositions du gouvernement de Luxembourg, et que mon rapport n'est fondé que sur la communication verbale que le plénipotentiaire militaire du gouvernement royal m'a faite à la hâte.

Quant à l'affaire elle-même, je prie Votre Excellence de décider si et comment nous devrions agir auprès de la Belgique pour empêcher la concession d'une ligne de chemin de fer par laquelle les places belges seraient reliées avec le système de défense français, tandis qu'elles resteraient séparées de Luxembourg, de Saarlouis et de Coblentz '."

79. Rapport immédiat sur des pétitions déplacées adressées à la Diète.

13 janvier 1854. (Parmi les pétitions présentées à la Diète, dans sa séance du 12 janvier, se trouvait la requête d'un médecin du Mecklembourg, tendant à obtenir la communication du remède

1 Le ministre de Manteuffel approuva la marche proposée par M. de Bismarck. (Dépêche télégraphique du 12 janvier 1854.) Par suite, la commission militaire décida qu'elle ne parlerait qu'officieusement de l'affaire à l'assemblée fédérale et qu'elle proposerait de prier le gouvernement prussien, par l'entremise de M. de Bismarck, de soulever auprès du gouvernement belge la question de savoir si l'on pouvait faire passer la ligne dont il s'agissait par Luxembourg, Trèves et la Sarre, au lieu de la faire passer par Longwy. La proposition de la commission militaire fut adoptée dans la séance tenue par la Diète le 12 mars 1854. Le gouvernement prussien avait déjà devancé la résolution de l'assemblée fédérale en engageant des négociations diplomatiques avec les gouvernements intéressés.

contre le cancer, remède soi-disant proposé à l'assemblée fédérale par le Dr Landolfi '.) « Après avoir indiqué l'objet de cette pétition, M. de Prokesch fut averti de différents côtés que jusqu'à ce jour la Diète n'avait reçu aucune pétition du D' Landolfi, et que la supposition du médecin mecklembourgeois, si toutefois celui-ci n'avait pas eu en vue une mystification, ne reposait que sur des articles où le traitement du cancer était représenté plaisamment comme un des objets de l'activité de la Diète et comme une spécialité du délégué de la Hesse électorale. La pétition fut remise dans les cartons.

De même, en s'occupant d'un succédané du café, inventé par un certain Braun, de Halberstadt, dont j'ai parlé dans des rapports antérieurs, l'assemblée fédérale a provoqué la concurrence d'un fabricant bavarois, qui a présenté des échantillons de ses produits au délégué de son gouvernement, en lui faisant observer qu'il s'était déjà adressé au délégué de la Hesse électorale, en sa qualité de rapporteur dans cette affaire.

Si des faits de ce genre ne suffisent pas pour autoriser le président à écarter de son propre chef des pétitions déplacées, cela tient uniquement à ce que l'on a peur qu'un pouvoir aussi discrétionnaire ne puisse être porté trop loin 1. »

80. Rapport immédiat sur la conduite du baron de Prokesch.

21 janvier 1854. — « Dans la séance tenue par la Diète le 19 janvier, le président a voulu procéder au vote, réservé lors de la séance du 22 décembre dernier, du projet d'une entente à établir entre les États de la Confédération sur l'extradition des criminels de droit commun, et dont l'article XI portait que la résolution ne serait pas applicable au territoire du duché de Limbourg. Contrairement au règlement en vigueur, ce scrutin ne se trouvait pas mentionné dans l'invitation écrite d'assister à la séance. Je refusai de voter sur la question, moins à cause de ce vice de forme que parce qu'en général le délégué président enveloppe plus ou moins de mystère le pro

1 Protocole 1854, § 13.

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