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rigoureux jusqu'à ce que M. de Dalwigk ait quitté la place. En finissant, je ferai encore observer à Votre Excellence que les affaires du moment ne sont pas assez importantes pour rendre tant soit peu difficile l'application d'un pareil système, et que, même dans le cas contraire, je reste convaincu que la suppression de toute communication avec Darmstadt serait l'unique moyen de sauvegarder de la manière la plus facile et la plus sûre la dignité et les intérêts de la Prusse 1. »

14 juillet. « Dans mon rapport du 9 de ce mois, j'ai pris la liberté d'exposer les raisons qui doivent nous empêcher de prêter la main à l'établissement de relations intérimaires avec Darmstadt, et j'ai proposé de maintenir dans toute sa rigueur la rupture actuelle, jusqu'à ce que la Hesse ait fait voir qu'elle éprouve le besoin de renouer les anciennes relations, et montré son désir sincère d'accepter nos conditions.

Par les deux rescrits du 11 de ce mois, Votre Excellence me charge d'entrer en rapport avec le représentant du grand-duché de Hesse à la Diète au sujet de deux affaires qui n'ont pas d'importance particulière ; je crois donc devoir m'abstenir provisoirement et attendre qu'on ait pris une décision à la suite de mon rapport du 9 courant.

Je me suis appesanti, dans ce rapport, sur les raisons qui nous conseillent de renoncer à communiquer avec le gouvernement du grand-duché de Hesse même par l'intermédiaire du délégué hessois, et je prends la liberté de m'en référer encore à ce que j'ai dit.

Je ne crois pas devoir taire à Votre Excellence ma conviction

1 Le ministre de Manteuffel partagea l'opinion de M. de Bismarck, que le gouvernement prussien ne pouvait guère, après la rupture des relations diplomatiques, proposer à la cour de Darmstadt d'établir avec elle des rapports d'affaires indirects. Toutefois, suivant les circonstances, le gouvernement prussien pourrait être amené dans certaines questions à recourir à l'intermédiaire de M. de Bismarck pour faire parvenir par le délégué hessois une communication au gouvernement de ce dernier. Néanmoins, les affaires à régler de cette façon ne pourraient jamais l'être qu'à titre de cas particulier, sans qu'il y eût à cet égard à arrêter préalablement une convocation générale. La notification de la représentation de la Prusse à Darmstadt devenait donc inutile. (Rescrit du 13 juillet 1853.)

2 Cf. le rapport précédent.

3 La suite du rapport fait connaître la nature de ces affaires.

qu'il eût été bien préférable de céder entièrement dans l'affaire du baron de Canitz, plutôt que de revenir indirectement sur la rupture une fois décidée, et de donner ainsi à croire que l'interruption des relations diplomatiques serait plus gênante pour Berlin que pour Darmstadt. Ainsi que je l'apprends de différents côtés, M. de Dalwigk présente le rappel de M. de Canitz comme une satisfaction qui lui aurait été donnée personnellement, et laisse entendre qu'il n'accepterait plus M. de Canitz comme représentant, même si la Prusse le désirait. Il a présenté l'affaire à toutes les cours voisines de façon à faire supposer que la demande de rappel n'a pas été, de sa part, une démarche précipitée, mais qu'elle était devenue inévitable par « l'arrogance, la vivacité et l'indiscrétion de M. de Canitz ». Et pourtant, peu de temps avant mon départ pour Berlin, il m'avait dit à plusieurs reprises combien il avait été surpris de « cet emportement soudain » de M. de Canitz, qui contrastait si fort avec son aménité et son amabilité ordinaires. En outre, il fait circuler les récits les plus fantaisistes sur la manière dont le comte de Goertz et M. de Biegeleben ' ont été traités par Votre Excellence. Quant à moi, j'ai tàché d'établir que ce traitement était aussi bien mérité que nécessaire; hier notamment, je l'ai fait avec succès à la cour de Nassau. Avec cela M. de Dalwigk fait entrevoir, même en présence de personnes qu'il peut savoir bien informées, l'arrivée prochaine d'un nouvel agent prussien, et il voudrait profiter de toute tentative de rapprochement de notre part, pour confirmer Son Altesse Royale le grand-duc dans l'idée que non-seulement la Prusse se sent dans son tort, mais encore que son vif besoin de renouer les relations l'amènera bientôt à des démarches conciliantes.

Mais si la dignité du gouvernement royal ne permet pas qu'on prête matière à de pareilles interprétations, il ne faut pas non plus oublier que l'on pourrait profiter de la situation actuelle pour éloigner M. de Dalwigk de son poste, et que ce but ne peut être atteint qu'en maintenant la rupture de toute relation.

Par ses deux rescrits du 11 de ce mois, Votre Excellence me

De Biegeleben, secrétaire de la légation du grand-duché de Hesse à Berlin.

charge 1o de renouveler au gouvernement grand-ducal la proposition faite par le baron de Canitz de communiquer au gouvernement royal les matériaux et les résultats de la loi sur l'interdiction du travail du dimanche dans les fabriques et dans les ateliers, appliquée dans le grand-duché de Hesse; 2o de faire parvenir au gouvernement grand-ducal, par l'entremise de M. de Münch, une lettre de Votre Excellence où, répondant aux vœux de Darmstadt, Elle communique les dispositions en vigueur dans le royaume de Prusse sur les conditions à remplir pour exercer la profession de libraire, et particulièrement sur les examens de libraires.

Indépendamment de ces observations et des précédentes, je dirai que c'est l'affaire du gouvernement hessois de renouveler sa proposition pour obtenir, de la manière qui lui paraîtra la plus commode, la communication des documents dont je viens de parler, si toutefois il lui importe de les connaître. Mais si Votre Excellence, en l'absence d'une démarche de ce genre, répond à une note verbale du comte de Goertz par une lettre ministérielle adressée au cabinet hessois, et si Elle la lui fait parvenir par l'intermédiaire des délégués à la Diète des deux gouvernements, on verra peut-être dans cette conduite un témoignage de prévenance particulière. En ce qui concerne la question relative à la loi sur l'interdiction du travail du dimanche dans les fabriques, le ministère hessois a eu plusieurs mois devant lui pour nous communiquer les renseignements désirés, et dans tous les cas, s'il compte le faire, il trouvera facilement une voie convenable pour vous les transmettre.

Dans ces circonstances, je prends la liberté d'en revenir à ma proposition et d'insister pour qu'on maintienne la rupture des relations de la manière la plus rigoureuse et la plus sensible pour le gouvernement hessois, afin de hâter ainsi le rétablissement de ces relations à des conditions honorables pour nous, et pour que, le cas échéant, on ajourne l'examen des moyens d'établir des communications indirectes jusqu'à ce que le gouvernement grand-ducal prenne l'initiative d'une pareille démarche '. »

1 Le ministre de Manteuffel consentit à ce que la rupture de toutes relations diplomatiques avec le gouvernement grand-ducal fût aussi rigoureuse que possible (rescrit du 18 juillet 1853); et pour faire voir que le poste de Darmstadt devait

65. Lettre confidentielle sur la situation dans le duché de Nassau, les négociations engagées avec la Prusse à propos de chemins de fer, et les considérations politiques qu'elles

entraînent.

14 juillet 1853. « A la suite d'une invitation à dîner que m'a adressée Son Altesse le duc de Nassau, je me suis rendu hier à Biebrich, après avoir eu à Wiesbaden un assez long entretien avec le prince de Wittgenstein. Celui-ci s'est montré inquiet des dangers de la situation dans le grand-duché et dans les régions limitrophes. Ce qui motivait surtout ses appréhensions, c'étaient des réunions populaires de démocrates, qui avaient eu lieu huit jours auparavant dans le Taunus, sous le prétexte de parties de campagne concertées d'avance; la foule réunie s'est montrée parfaitement disciplinée, et a observé une attitude absolument irréprochable, notamment vis-àvis des agents de police présents; elle a évité toute manifestation politique et s'est contentée de montrer au public ses forces et son organisation. A en croire le prince, il y avait eu environ quatre mille hommes réunis, c'est-à-dire à peu près l'équivalent du contingent fédéral de Nassau. Bien que sans armes, ils avaient fait voir qu'ils étaient divisés militairement en colonnes et en sections, et qu'ils obéissaient à des chefs; je sais que des gens de Francfort, de Sachsenhausen, d'Offenbach et des environs ont fait partie de ces réunions, car j'ai vu un certain nombre d'entre eux s'en retourner en omnibus. Les voitures étaient ornées de drapeaux rouges et blancs, c'est-à-dire des couleurs de Francfort et de la Hesse, et les physionomies des voyageurs n'étaient point celles de gens extrêmement satisfaits de l'état de choses actuel. Le duc de Nassau, avec lequel je me trouvais à Rumpenheim le jour de cette réunion, reçut du directeur du district une estafette qui le mit au courant de ce qui se passait; mais il ne cessa de parler avec satisfaction de l'attitude docile des membres de la réunion, qui n'avaient eu pour

rester inoccupé, il nomma bientôt après (5 août 1853) le comte de Perponcher résident auprès de la ville libre de Francfort et chargé d'affaires auprès de la cour de Nassau.

but que de s'amuser. Cependant le ministre de Son Altesse ne semblait pas être de cet avis; il m'a parlé assez longtemps de ses projets en vue d'amener une autre situation. Il dit que la cause du mal était surtout la ruine des cultivateurs et le morcellement excessif de la propriété rurale; il déplora incidemment la dégénérescence complète du caractère allemand, et il croit que dans ces circonstances un pouvoir dictatorial est le seul qui puisse gouverner à la longue............

Le prince de Wittgenstein compte prendre des dispositions législatives en vue d'assurer l'avenir de la propriété foncière, et favoriser l'émigration par tous les moyens; mais il croit surtout pouvoir obtenir de bons résultats s'il réussit à attirer les capitaux anglais dans le duché de Nassau, et à augmenter ainsi la valeur des richesses minérales du duché, qui, d'après lui, sont immenses.

Ce sujet amena la conversation sur les négociations engagées avec la Prusse pour la concession de nouvelles lignes de chemins de fer. Ce que le prince de Wittgenstein me dit à cet égard, le duc me le répéta ensuite, et d'une manière qui montrait combien il s'intéressait personnellement à cette question. Il commença par m'assurer que le gouvernement de Nassau éprouvait le plus vif besoin d'effacer, par sa prévenance et par son attitude conciliante, toute trace du mécontentement que nous avions dû ressentir à la suite de sa conduite dans la question douanière. Aussi le duc était-il prêt à faire toutes les concessions possibles que la Prusse pouvait demander.

Au sujet de la ligne ferrée de Siegen à Wetzlar par le Dillthal, le duc me dit qu'il se ferait un honneur de concéder cette ligne dans les conditions que la Prusse désirerait, attendu qu'elle n'avait qu'une importance secondaire pour les intérêts et les droits de Nassau ; quant à la ligne de la Lahn, qui, partant de Lahnstein, coupe le duché de Nassau par le milieu dans le sens de la largeur, et qui du territoire prussien ne touche que le cercle de Wetzlar, il croyait avoir fait beaucoup en se montrant disposé à nous laisser le droit de haute surveillance, à condition que la Prusse garantirait le service des intérêts; cependant nous avions décliné cet arrangement, et, comme les états de Nassau aimaient mieux se procurer le capital que d'engager la garantie de l'État lui-même, le gouvernement ducal se sentait dans l'impossibilité de faire accepter

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