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tapis. Il regrettait enfin l'opposition faite par la Bavière, dans la première séance de cette année, à propos de la question de la reconnaissance de l'Empire français, en ajoutant que ces velléités des petits États allemands ne pourraient jamais se produire si l'Autriche et la Prusse étaient étroitement unies. >>

49. Rapport immédiat sur l'entrée du baron de Prokesch dans l'assemblée fédérale.

4 février 1853. — « Le baron de Prokesch est arrivé ici le 31 du mois dernier. Dès le lendemain il est allé, en uniforme de lieutenant feld-maréchal autrichien, rendre visite à tous les membres de la Diète, et hier il a fait son entrée dans l'assemblée, qui tenait sa séance habituelle du jeudi.

Quoique les militaires même en activité n'aient jamais jusqu'alors porté l'uniforme à leur entrée dans la Diète, il s'est présenté dans celui de lieutenant feld-maréchal autrichien, et sur sa poitrine brillaient la croix de l'Aigle rouge et celle de l'ordre autrichien de Léopold.

Le baron de Prokesch a ouvert la séance par la lecture de ses pleins pouvoirs; il a profité de la circonstance pour prononcer un assez long discours, qui s'éloignait tout à fait du ton auquel la Diète est habituée, et se rapprochait du ton parlementaire. Dans une revue rapide de l'histoire de l'Allemagne, il fit ressortir les heureux effets des deux principes opposés : la diversité des races et l'unité du droit, rappela les premiers débuts de la société germanique à partir de Charlemagne, effleura la question du schisme religieux, et termina par un pompeux éloge de l'Empire, de la nation, et de l'époque du moyen âge. Ensuite il a parlé de la décadence de l'Empire et des causes qui l'ont amenée, ainsi que des nécessités historiques d'où est sortie la Confédération, cette forme politique qui n'est ni l'œuvre du hasard ni celle des hommes. En somme, ce discours a accentué plus qu'on n'aurait dû s'y attendre l'importance de la diversité des races et des intérêts particuliers, le besoin de se rattacher par des liens étroits à l'ensemble pour les garantir, et la faiblesse de ce même ensemble dès qu'on essayait de lui attribuer

le rôle d'un pouvoir ayant de l'unité, tandis que sa force et son droit consistaient dans la protection et dans la sécurité qu'il assurait contre les agressions du dehors et les troubles de l'intérieur. Vers la fin cependant il insista sur la nécessité d'une extension plus forte du pouvoir central, rappelant surtout les besoins militaires du présent, et affirmant que l'Autriche voulait une Allemagne puissante par l'unité; que tel était le sens dans lequel il concevait sa tàche, dont l'accomplissement lui serait rendu possible par la confiance de ses collègues. L'animation de l'orateur s'est soutenue jusqu'à la fin du discours; il a terminé en me remerciant pour la façon dont j'avais dirigé les affaires '.

J'ai répondu en exprimant ma reconnaissance pour le gouvernement impérial d'Autriche, de ce qu'il avait envoyé pour le représenter un homme qui, par sa profonde connaissance de la situation de l'Allemagne et par son expérience diplomatique, était, plus que tout autre, capable de diriger les affaires de la Confédération, et dont le nom, célèbre dans le monde de la science, serait un honneur pour l'assemblée. J'ajoutai que j'étais convaincu du succès de notre action commune si nous nous efforcions de développer les institutions fédérales dans le sens prévu par leurs fondateurs, et si, pour atteindre notre but, nous restions toujours dans les limites du possible 2. »

1 Je le fais, disait-il en terminant, avec d'autant plus de plaisir que j'honore en lui (M. de Bismarck) un homme de sentiments élevés, animé du zèle le plus éclairé et du plus ardent patriotisme, et que je suis sûr de son loyal concours, comme je demande, comme j'espère fermement celui des hommes que j'ai l'honneur d'appeler désormais mes collègues.

2 Voici, d'après les protocoles de 1853, § 28, le texte littéral de la réponse de M. de Bismarck : « Je suis convaincu que les paroles que nous venons d'entendre ont éveillé en nous tous le sentiment de la reconnaissance que nous devons à Sa Majesté l'empereur d'Autriche, car elles nous confirment que le choix du représentant de la cour présidentielle est tombé sur un homme qui, par sa longue expérience diplomatique, par sa profonde connaissance de l'Allemagne, par le grand nom qu'il porte dans le monde scientifique, méritait d'être appelé avant tous à diriger cette assemblée. Et s'il m'est permis d'affirmer au nom de tous les membres de la Diète que nous avons tous dans l'honorable collègue devenu notre président, la confiance qu'il a déclaré avoir en nous, nous pouvons espérer aussi que nous réussirons de concert avec lui à perfectionner les institutions de la Confédération germanique dans les limites du possible et dans le sens prévu par leurs fondateurs. »

50. Rapport sur une tentative faite par le baron de Prokesch pour agrandir illégalement l'autorité du prési

dent.

7 février 1853. — « Quelques collègues plus anciens que moi m'ont assuré que jamais, sauf en 1848, un changement dans la présidence ne s'est accompli sans qu'il y eût des tentatives plus ou moins heureuses pour en augmenter le prestige et les avantages. Le caractère militaire du nouveau président de la Diète semble devoir amener des empiétements de ce genre.

Contrairement aux habitudes qu'il avait à Berlin, M. de Prokesch porte son uniforme en tout temps, même chez lui; les nombreuses relations d'affaires et de société qu'il a nécessairement avec des officiers de toutes les armées allemandes, lui rendent facile d'exploiter sa haute charge militaire en faveur du prestige du délégué président.

Il a encore une autre ressource: il feint d'ignorer complétement les traditions et les règles qui ont présidé à l'organisation de la Confédération, et, quand il essaye d'outre-passer ses droits et que ses empiétements rencontrent de l'opposition, il les justifie par cette prétendue ignorance.

A mes yeux, le degré d'importance qu'on a voulu primitivement attribuer à la présidence de la Diète est aujourd'hui largement dépassé par celui qui occupe actuellement le fauteuil présidentiel. Je ne me le dissimule pas, ces conquêtes successives ont dû presque toujours leur succès à la répugnance qu'éprouvaient le représentant de la Prusse et les autres délégués à faire de détails personnels, insignifiants en apparence, l'objet d'une discussion politique. Je n'en pas moins cru devoir surmonter l'éloignement que m'inspirent, à moi aussi, les discussions de ce genre, et dans une lettre adressée à M. de Prokesch, lettre dont la copie est ci-jointe, je me suis prononcé dans un ton amical, mais ferme, contre les efforts qu'il a faits pour effacer le caractère purement militaire de la visite que les officiers de l'armée royale lui ont faite. Je vous envoie également la copie de la réponse de M. de Prokesch, au sujet de laquelle je

ai

me permettrai de remarquer que l'allégation de M. de Prokesch, qu'il n'était pas instruit des démarches officieuses du major général de Schmerling, n'est pas vraie. J'espère que de pareilles tentatives ne se renouvelleront plus, quand on saura par expérience qu'elles rencontreront de l'opposition chez nous, même si elles se produisaient sous les formes les plus amicales; je les ai combattues dans la conviction que l'approbation de Votre Excellence ne me fera point défaut. Si je me suis trompé, je fais appel à votre indulgence. Votre Excellence voudra bien considérer combien il est difficile de se défendre contre un système d'envahissement poursuivi méthodiquement depuis quarante ans, qui ne procède pas par la violence, mais qui part du principe que la goutte d'eau finit par creuser le rocher.

Votre Excellence peut être certaine que, dans mes efforts pour arrêter ces empiétements, j'observerai toujours les formes, et qu'en tout état de cause je prendrai pour règle de conduite les intentions de Sa Majesté le Roi, que votre rescrit du 1er de ce mois m'a fait connaître 1. »

51. Rapports sur la force et la composition de l'armée fédérale.

10 février 1853. — « M. de Prokesch m'a annoncé il y a quelques jours que dans la séance d'aujourd'hui il fixerait au 24 de ce mois le scrutin sur la force et la composition de l'armée fédérale, et qu'à cette occasion il dirait quelques mots sur l'importance de la question. En même temps, si le gouvernement royal était d'accord sur ce point avec le cabinet autrichien, il m'a invité à en faire la déclaration.

Vu l'extrême importance que le gouvernement royal attache au développement des forces germaniques, je n'ai pas hésité à me déclarer prêt à exprimer mon adhésion. J'ai l'honneur d'en envoyer ci-joint le texte à Votre Excellence, ainsi que les paroles de M. de Prokesch. Je n'ai pas répondu catégoriquement à l'invitation

Le ministre de Manteuffel informa M. de Bismarck que le Roi approuvait la conduite tenue par son représentant dans cette affaire. (Rescrit du 13 février 1853.) Les paroles de M. de Prokesch et la réponse de M. de Bismarck se trouvent imprimées dans le protocole spécial de la 6° séance de la Diète du 10 février 1853. (Prot. 1853, p. 120 et suiv.)

qu'il m'a faite de préciser les points que je désirais voir modifiés dans son projet; je me suis borné à le rendre attentif à ce fait, que la Diète trouverait peut-être étrange que la France seule fût désignée, et cela en termes blessants, comme étant le pays qui faisait craindre de voir la paix troublée et qui, par suite, nécessitait plus que tout autre une augmentation des moyens de défense de la Confédération. M. de Prokesch s'est rendu à mes raisons et a fait quelques modifications à son projet. Je n'ai pas mentionné dans ma réponse la situation politique actuelle ; j'ai dit seulement que l'extension des forces militaires de l'Allemagne, calculée d'après l'accroissement de la population, était la conséquence de l'exemple donné par tous les États civilisés, qui avaient augmenté leurs effectifs tandis que la Confédération était restée stationnaire sous ce rapport; j'ai fait ressortir que notre opinion, faite depuis longtemps, provenait d'une étude sérieuse et attentive de l'état général de l'Europe.

M. de Prokesch désirait que, dans ma déclaration, je fisse entendre qu'à l'occasion on saurait atteindre les gouvernements qui s'opposeraient à l'augmentation de l'effectif de l'armée fédérale ; mais j'ai cru devoir décliner sa proposition et lui laisser le soin d'introduire dans son rapport une menace de ce genre, en lui faisant observer qu'elle ferait bien plus d'effet venant de l'Autriche. »

10 février. (Rapport autographe.) — « A mon rapport' sur les deux déclarations remises aujourd'hui à la Diète par M. de Prokesch et par moi, et qui se trouve en ce moment à la chancellerie pour y être copié, j'ajouterai ce qui suit:

Ces deux déclarations ont formé l'unique objet de notre ordre du jour. Il a été décidé qu'on les ferait imprimer au plus tôt dans un protocole séparé, et qu'on les porterait à la connaissance des gouvernements, mais que dans trois semaines on voterait sans faute sur la question de l'augmentation des contingents de la Confédération. Dans la discussion purement intime qui a précédé cette résolution, la Bavière et le Wurtemberg n'ont pas voulu exposer leurs vues. Le délégué de la Saxe a dit qu'il s'empresserait de profiter de cette occa

1 Voir le document qui précède.

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