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donc entre ces deux dates (1) que se place le ravage du pays de Léon par les Scandinaves.

Ces pirates sont évidemment les mêmes qui, après avoir pillé le Léon, vont assiéger la ville de Nantes. Comme ils firent prisonnier l'évêque Gautier (2), successeur d'Hesdren, le siège de Nantes est postérieur à septembre 958. D'un autre côté comme les Nantais appelèrent à leur secours le comte d'Anjou, Foulques le Bon, ce siège est antérieur à la mort de ce personnage, laquelle est de 959 ou de 960 au plus tard (3). L'attaque du Léonais et de Nantes doit donc être placée en l'une ou l'autre de ces deux années. Et il est tout à fait probable que ce sont les mêmes pirates dont l'apparition devant Aleth épouvanta l'évêque Salvator et les moines de Lehon. Leur itinéraire s'explique très bien : ils ravagent toutes les côtes de Bretagne depuis l'embouchure de la Rance jusqu'à celle de la Loire. Finalement ils relâchent à Guérande l'évêque Gautier après en avoir tiré une forte rançon et depuis on n'en entend plus parler.

Cette expédition se compose évidemment de païens (4). Ces pirates ne sont donc pas les Normands de la Seine. Pas davan

(1) M. Merlet fait fuir Hesdren en 963 seulement (Chron. de Nantes, 104, note 1), évidemment à cause de la mention de l'abbé Richard, successeur de Vulfald, dans la Passio S. Mauri (Voy. page 73, note 3). Mais ce texte dit seulement que Hesdren fit sa profession monastique sous cet abbé. Hesdren a pu résider plusieurs années à Saint-Benoît-sur-Loire avant de se résigner à renoncer à toute ambition épiscopale. La fuite de Mabbon et celle d'Hesdren sont simultanées. Nous sommes sur ce point, tout à fait du même avis que M. de la Borderie, II, 420, note 6.

(2) Chronique de Nantes, 111.

(3) Foulques était certainement mort en 961, époque où son fils Geoffroi Grisegenelle paraît seul (dès avril 961). D'autre part, il vivait encore en septembre 958, puisqu'il figure à l'assemblée de Verron (Cf. ci-dessus, p. 73, note 4). La Chronique de Tours nous donne pour date de sa mort, le 11 novembre 958 (Hist. de Fr., IX, 53 et Mon. Germ., Script., XXVI, 458). Il n'y a pas lieu de tenir compte de l'année vu que cette chronique fourmille d'erreurs chronologiques. On doit hésiter entre 959 et 960. M. Merlet (p. 30, note 2), adopte cette dernière année, vu que « le comte était encore vivant vers le milieu de 960, lors de la prise de Nantes. Mais les raisonnements à l'appui (p. 29, note 2) sont aussi fragiles qu'ingénieux. La chose est du reste de peu d'importance.

(4) Cf. p. 72, note 3.

tage les auxiliaires païens appelés par Richard puisque répétonsle ceux-ci n'arrivent qu'en septembre ou octobre 962 et qu'ils opèrent par la voie de terre.

Ils peuvent être, il est vrai, les Normands encore semi-païens du Cotentin qui reconnaissaient nominalement l'autorité du comte de Rouen. Mais il est plus vraisemblable que nous ayons là une de ces flottes scandinaves qui ne cessèrent de piller les côtes de Bretagne et d'Aquitaine au X°, et même encore dans la première moitié du XI° siècle (1). Il est donc téméraire d'établir un lien entre la fuite de Salvator, des moines de SaintMagloire, de l'évêque de Léon, le siège de Nantes d'une part et la guerre normande de 961-966 d'autre part.

Revenons pour finir à la Translatio S. Maglorii.

L'auteur, en ce qui concerne l'abbaye de Saint Magloire de Paris, a eu pour source une courte relation de la fuite de Salvator avec une liste des reliques déposées dans la vieille église de Saint-Barthélemy de Paris « XVI Kalendas novembris. »> On y trouvait mentionnés les SS. Samson, Magloire, Malo, Senier, Lunaire, Guénaud, Brieuc, Corentin, Leuthern, etc., soit que l'évêque Salvator eût obtenu une partie des reliques de ces saints, soit plutôt que le duc des Francs s'en fût fait attribuer des fragments par les clercs bretons disséminés dans ses domaines, et les eut réunis dans cette église, soit même que cette liste fût en partie apocryphe (2). D'autre part le moine

(1) En 1018, les Scandinaves venus de Danemark et d'Irlande (multitudo Normannorum ex Danemarcha et Iresca regione) débarquent en Aquitaine. Le duc Guillaume III le Grand faillit rester leur prisonnier. Voy. Adémar de Chabanes, éd. Chavanon, 176-178, 197-209 (Coll. de textes pour servir à l'étude.. de l'histoire, Paris, Picard, 1897, in-8°). On sait que Dublin, Limerick, presque tous les ports de l'Irlande et les îles de l'Ecosse, étaient, depuis le IXe siècle, le siège de petites principautés scandinaves. C'est peut-être de là que vinrent les flottes qui désolèrent les côtes de Bretagne en 959-960.

(2) On remarque en effet dans la liste des reliques le corps de saint Brieuc. Or le corps de ce saint déposé à Saint-Serge d'Angers par Erispoë avant 858, y fut retrouvé entier en 1210. Voy. La Borderie, II, 355, note 1. De même il est faux que l'église Saint-Barthélemy ait pu recueillir le corpus... Machuti. Les clercs d'Aleth n'obtinrent au VIIIe siècle que la tête et une main de ce saint homme. Le reste du corps demeura à Saintes. Voy. dans La Borderie, I, 502503.

maglorien et parisien (1) pouvait facilement savoir qu'à Orléans existait une abbaye dédiée à saint Samson, à Corbeil à saint Guénaud, à Beaumont à saint Lunaire. Il a pu en déduire très naturellement que les reliques de ces saints après être restées à Paris avaient été transportées dans ces diverses localités.

Quoi qu'il en soit, il n'en ressort pas moins de ce qui précède que l'auteur de la Translatio S. Maglorii n'est pas un contemporain et qu'il a confondu en une seule deux émigrations de clercs bretons (et normands), l'une de 920-925 (les SS. Samson, Guénaud, Lunaire, Senier, Pair, Scubilion, etc.), l'autre des environs de 960 (saint Magloire).

Ferdinand LOT.

(1) Au § II (Merlet, p. 8), il loue en passant la douceur des mœurs des Parisiens « sicut moris est ipsius gentis, eorum desolationi dulcissimo affectu compateretur... D

BRIEF DISCOURS

DE LA

Vie de madame Claude du Chastel

PAR SON MARI

Charles Gouyon baron de la Moussaye

(1553-1587)

(Suite)

DEUXIÈME PARTIE

[Vie de Claude du Chastel, dame de la Moussaye].

Or, messire Claude du Chastel, lieutenant pour le roy en Bretagne, ayant, comme dit est, espousé madame Claude d'Assigné, fille ainée de messire Jean d'Assigné, en son vivant aussy lieutenant pour le roy en Bretagne, et de madame Anne de Montejan, il sortit dudit mariage Anne et Claude du Chastel. Depuis, ledit seigneur du Chastel, ayant esté malade des gouttes qui luy estoient venues pour avoir porté les armes et enduré plusieurs incommodités et fatigues, que la guerre apporte ordinairement, mourut agé de trente et deux ans ou environ (1), laissant Claude (1) En avril ou mai 1556.

d'Assigné, sa femme, veuve. Il fit un testament (1), où il ordonne et veut que sa petite fille Claude du Chastel, qu'il avoit uniquement aymée, fust mariée selon la volonté de sa mere. Quant à Anne du Chastel, son ainée, il veut qu'elle soit mariée par l'avis de ses parents. Elle estoit lors agée de sept ans et demi, et ladite Claude du Chastel, de trois (2). Elles estoient à Fontenay (3), maison où madame Anne de Montejan, leur grand-mere, faisoit ordinairement sa plus continuelle residence, et où elle les avoit eues tousjours avec elle depuis leur enfance. Mesme ladite Claude y estoit née (4) et y avoit esté nourrie pres de sa dite mere, jusque au deceix d'icelle.

Quant à Claude d'Assigné, dame douairiere du Chastel, ayant quelque temps esté en viduité, elle fut pourchassée par mariage par messire Amaury Gouyon, baron de la Moussaye, comte de Plouer, seigneur de Launay, Cargouet, Touraude, le Vaudoré, de Pontual, etc., lequel en premieres nopces avoit espousé Catherine du Guemadeuc, fille de Jaques de Guemadeuc et de Magdeleine du Chastellier, seigneur du Guemadeuc, de la Vanerie, de Trevecar, de Beaulieu, vicomte de Rezay, etc., et sortit de ce mariage Charles Gouyon, à present seigneur de la

(1) Son testament est du 8 juillet 1555 (P. Anselme, t. VIII). (2) Anne, née en novembre 1548; Claude, en mai 1553.

(3) Le château de Fontenay, qui fut longtemps la résidence de la famille d'Acigné, était situé dans la paroisse de Chartres, à 2 lieues de Rennes (sud). Cet antique manoir était encore debout en 1682; mais en 1751, il ne restait plus que la « motte où estoit le chasteau avec sa cour et chapelle au coin. » La chapelle, qui existe encore en partie, a conservé ses substructions romanes; on remarque au chevet une jolie fenêtre ogivale du XIVe siècle, mais en partie masquée par un appentis de construction moderne (Cf. abbé Guillotin de Corson, Les grandes seigneuries de Haute-Bretagne, 2o série, p. 180, baronnie de Fontenay; - P. de la Bigne-Villeneuve, notice manuscrite, aux Archives d'Ille-etVilaine, série F; Ad. Orain, Géographie pittoresque du département d'Ille-et

Vilaine, p. 86).

(4) Les registres paroissiaux de Chartres, qui remontent à 1550, ne contiennent pas l'acte de baptême de Claude du Chastel; elle assista comme marraine au baptême d'Amaury Syon, 27 août 1559 : « Noble damoiselle Claude du Chastel, vicomtesse de Pomery. » Le parrain était Amaury Gouyon, seigneur de la Moussaye (Renseignement fourni par M. Fr. Saulnier, conseiller à la Cour d'appel de Rennes).

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