Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

mune, et voulut être l'organe de l'opinion publique et 1799. des vœux de l'humanité.

Ouvertu

res de paix faites à

il

Accoutumé à traiter les affaires militairement, écrivit au roi d'Angleterre, et, sans aucun intermédiaire, sans aucune de ces formes accoutumées et reçues dans toute l'Europe, il lui proposa la paix.

Il ignoroit sans doute, ou bien il ne voulut pas entendre que ces formes, consacrées de temps immémol'Angle- rial à ces hautes négociations, ont force de loi dans terre. tous les pays civilisés, et que les écarter sans raison, c'étoit se présenter, sans titre, comme le réformateur du droit des gens.

Nous transcrirons textuellement les quatre pièces officielles dont se composa cette étrange négociation.

Lettre du ministre des relations extérieures de France à lord Grenville, secrétaire d'état de S. M. B. au département des affaires étrangères.

[blocks in formation]

« J'expédie, par un ordre du général Buonaparte, premier consul de la république françoise, un courrier à Londres. Il est porteur d'une lettre du premier consul pour S. M. le roi d'Angleterre. Je vous prie de donner les ordres nécessaires pour qu'il puisse vous la remettre sans intermédiaire. Cette démarche annonce d'ellemême l'importance de son objet.

« Recevez, Milord, l'assurance de ma plus haute considération.

[ocr errors][merged small][merged small]

Buonaparte, premier consul de la république, à S. M. le roi de la Grande-Bretagne et d'Irlande.

«

Paris, 5 nivose an 8 de la république.

Appelé par le vœu de la nation françoise à occuper la première magistrature de la république, je crois convenable, en entrant en charge, d'en faire directement part à V. M.

a

« La guerre, qui depuis huit ans ravage les quatre parties du monde, doit-elle être éternelle? N'est-il donc aucun moyen de s'entendre?

<< Comment les deux nations les plus éclairées de l'Europe, puissantes et fortes plus que ne l'exigent leur indépendance et leur sûreté, peuvent-elles sacrifier à des idées de vaine grandeur le bien du commerce, la prospérité intérieure, le bonheur des familles? Comment ne sentent-elles pas que la paix est le premier des besoins, comme la première des gloires?

« Ces sentiments ne peuvent pas être étrangers au cœur de V. M., qui gouverne une nation libre, et dans le seul but de la rendre heureuse.

« Votre Majesté ne verra dans cette ouverture que mon desir sincère de contribuer efficacement, pour la seconde fois, à la pacification générale, par une démarche prompte, toute de confiance, et dégagée de ces formes qui, nécessaires peut-être pour déguiser la dépendance des états foibles, ne décèlent dans les états forts que le desir mutuel de se tromper.

« La France, l'Angleterre, par l'abus de leurs forces, peuvent long-temps encore, pour le malheur de tous les peuples, en retarder l'épuisement: mais, j'ose le

1799.

1799.

dire, le sort de toutes les nations civilisées est attaché à la fin d'une guerre qui embrase le monde entier.

« De Votre Majesté, etc.

BUONAPARTE. »

Lettre de lord Grenville au ministre des relations extérieures,

<< Monsieur,

à Paris.

Downing-Street, 4 janvier 1800.

« J'ai reçu et mis sous les yeux de S. M. les deux lettres que vous m'avez transmises. S. M. ne voyant aucune raison de se départir des formalités depuis si long-temps usitées en Europe dans les transactions des affaires de la nature de celle-ci, m'a ordonné de vous faire passer, en son nom, la réponse officielle que vous trouverez jointe à cette lettre.

« J'ai l'honneur d'être, etc.

GRENVILLE. »

Elle est rejetée.

NOTE.

« Le roi a donné des preuves réitérées de son desir sincère de voir rétablir en Europe une tranquillité solide et durable. Il ne combat et n'a jamais combattu pour une vaine gloire. Son unique but, dans cette contestation, a été de défendre contre toute agression les droits et le bonheur de ses sujets.

« C'est par ce motif qu'il a résisté à une attaque gratuite. Tel est encore son objet dans la prolongation de la guerre. Il n'espère pas faire disparoître la nécessité de la poursuivre en entrant en négociation avec les personnes entre les mains desquelles une nouvelle révolu

tion vient de placer l'exercice de l'autorité en France. Aucun avantage réel ne peut résulter d'une telle négociation pour le but desirable et important d'une paix générale, jusqu'à ce qu'il paroisse démontré que les causes qui ont produit, prolongé et plus d'une fois renouvelé la guerre, ont cessé d'avoir leur effet.

« C'est par le système à l'influence duquel la France attribue justement ses malheurs actuels que le reste de l'Europe a été précipité dans un état de guerre aussi prolongé que destructif, et d'une nature inconnue depuis long-temps parmi les nations civilisées.

« Les ressources de la France ont été prodiguées et sacrifiées d'année en année, malgré une détresse sans exemple, à la propagation de ce système, et à l'extermination de tout gouvernement légitime. Les Pays-Bas, les Provinces-Unies, les Cantons Suisses, anciens amis et alliés de S. M., ont été immolés indistinctement et successivement à cet aveugle esprit de destruction. L'Allemagne a été ravagée; l'Italie, aujourd'hui délivrée, a offert un spectacle d'anarchie et de rapines sans bornes. S. M. elle-même a été forcée de soutenir une lutte aussi longue que pénible, pour maintenir l'indépendance et l'existence de ses royaumes.

« Ces calamités n'ont pas frappé l'Europe seule : on les a étendues aux parties du monde les plus éloignées, et même à des nations dont la position et les intérêts les écartoient tellement de la guerre actuelle, que ses causes lui en étoient inconnues au moment où elles se trouvoient plongées dans toutes ses horreurs.

« Tant qu'un pareil système prévaudra, tant que le sang et les trésors d'une nation nombreuse et puis

1799.

1799.

sante seront prodigués à son appui, l'expérience a démontré qu'une guerre ouverte et vigoureuse est le seul moyen de le combattre.

« Les traités les plus solennels n'ont servi qu'à préparer les voies à de nouvelles hostilités, et ce n'est qu'à une résistance énergique que l'Europe doit la stabilité qui conserve encore la propriété, la liberté personnelle, l'ordre social et le libre exercice de la religion.

« Pour la sûreté d'objets aussi essentiels, S. M. ne peut donc pas placer sa confiance dans le renouvellement seul de vagues assurances de dispositions pacifiques. De semblables professions de foi ont été répétées par tous ceux qui ont successivement dirigé les ressources de la France vers la destruction de l'Europe, par ceux que les chefs actuels de l'état ont déclaré avoir été dès l'origine et uniformément incapables de maintenir des relations de paix et d'amitié.

« Ce sera sans doute le sujet d'une grande joie pour S. M., quand elle verra que le danger qui menace ses états et ceux de ses alliés est évanoui; quand elle sera convaincue que la nécessité de la résistance n'existe plus; quand on lui aura prouvé que la France a renoncé franchement, et pour toujours, à ces projets d'ambition gigantesque, à ces entreprises turbulentes qui ont mis en danger l'existence même de la civilisation : mais la conviction d'un changement aussi conforme aux vœux de S. M. ne peut résulter que de l'expérience et de l'évidence des faits.

« La meilleure garantie de sa réalité, comme de sa durée, seroit le rétablissement de cette dynastie de princes qui, depuis plusieurs siècles, conservent à la nation françoise sa prospérité dans l'intérieur, la con

« ZurückWeiter »