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Dépêche du comte de Bismarck au baron de Canitz, ministre de Prusse à Stuttgart, au sujet des mesures militaires du Wurtemberg.

Berlin, le 22 mai 1866.

Le comte de Linden m'a communiqué avant-hier la dépêche dont vous trouverez ci-jointe la copie et par laquelle le Gouvernement royal de Wurtemberg s'associe aux démarches que le cabinet de Munich a faites auprès de nous dans l'intérêt du maintien de la paix.

J'ai fait remarquer aussitôt au Ministre royal du Wurtemberg que les deux Gouvernements de Bavière et de Wurtemberg n'étaient pas dans une situation analogue relativement à la question.

Tandis que nous reconnaissons volontiers que le Gouvernement de Bavière est resté étranger à toute initiative tendant à amener les complications actuelles, le Gouvernement royal de Wurtemberg apparaft, d'après les nouvelles qui nous sont parvenues, aux côtés de l'Autriche et de la Saxe, au premier rang des Gouvernements qui ont provoqué la tension actuelle par des armements inattendus et non motivés. J'ai appelé l'attention du comte de Linden sur ce fait: que, parmi les Etats allemands du sud-ouest, le Wurtemberg avait été le premier à ordonner des mesures militaires excédant les limites du pied de paix. L'insignifiance prétendue de ces mesures ne leur enlève pas le caractère d'un indice d'intentions hostiles; il s'ensuit, dans tous les cas, notamment en raison de la circonstance qu'elles se rattachent aux armements de l'Autriche et de la Saxe et se relient à la Note-circulaire autrichienne du 16 mars, que le Gouvernement royal de Wurtemberg a franchi l'énorme distance qui sépare même l'échange de Notes le moins satisfaisant de la première et grave initiative tendant à une action militaire.

Le comte de Linden m'a répondu que la situation menaçante de l'Allemagne en général avait contraint le Wurtemberg à prendre ces mesures, tandis que les armements faits par l'Autriche et la Saxe, jusqu'au moment où le Wurtemberg a procédé à ces premières mesures militaires, n'impliquaient pas une menace, selon l'avis de M. le Ministre wurtembergois. Le comte de Linden a justifié les armements austro-saxons qui ont commencé, comme on sait, dans la première moitié du mois de mars, par la situation générale pleine de gravité qu'avait créée à l'Allemagne l'attitude politique de la Prusse. Comme preuve de cette attitude de la Prusse, en tant qu'elle remonte à l'époque qui a précédé les ar.nements autrichiens, le comte de Linden a cité exclusivement la séance du Conseil qui a été tenu le 28 février par 'S. M. le Roi et auquel ont pris part plusieurs généraux.

Je n'ai pas dissimulé au comte de Linden mon étonnement au sujet du fait qu'une mesure aussi simple et aussi fréquente qu'un Conseil de Ministres présidé par S. M. le Roi avait pu être considérée comme un prétexte légitime. pour des armements, tout comme je n'avais pas dissimulé dans le temps au comte Karolyi, à l'occasion d'une conversation sur le même sujet, combien peu il était opportun de mettre en péril la paix entre voisins par des armements menaçants.

Le Gouvernement royal de Wurtemberg comprendra lui-même combien étaient risquées les conjectures qui paraissent avoir été faites relativement au conseil du 28 février, quand Votre Excellence aura déclaré au baron de Varnbuler que, dans ce Conseil, la question de savoir si la Prusse était forcée, en raison de la situation, de se préparer à un développement guerrier de cette situation, a été soumise, il est vrai, à la décision du Roi; mais que, après un examen approfondi, cette question a été resolue dans un sens négatif et que Sa Majesté a expressément sanctionné par les résolutions prises dans ce Conseil son désir de voir la crise se développer d'une manière pacifique. La nature des négociations pendantes exigeait alors qu'on gardât le silence sur ces résolutions, mais je n'ai pas hésité toutefois à répondre peu après le 28 février à une question du comte Karolyi en déclarant que je regardais, il est vrai, comme rompues nos relations intimes avec l'Autriche telles qu'elles s'étaient formées sur la base d'une guerre commune, mais qu'à mon avis, il n'en résultait autre chose que la nécessité de replacer nos rapports dans les conditions dans lesquelles elles se trouvaient avant la guerre danoise, de telle sorte que nos relations deviendraient celles de deux grandes puissances européennes n'ayant pas à s'applaudir réciproquement d'une intimité exceptionnelle.

Le baron de Varnbuler conviendra avec Votre Excellence qu'il y a loin de relations pareilles servant généralement de règle entre les grandes puissances à des menaces guerrières des unes à l'égard des autres; que c'est une démarche risquée que de recourir à ces menaces et que celui qui la tente le premier, en vertu d'une semblable situation, assume une grave responsabilité.

Aussi n'est-ce pas sans une profonde surprise que nous avons pris connaissance pour la première fois, vers la mi-mars, des armements autrichiens et peu après des armements saxons contre nous, ainsi que du fait que l'Autriche avait adressé aux Gouvernements de la Confédération une Note-circulaire du 16 mars en vue de la mobilisation des contingents de ces Gouvernements dans la prévision d'une exécution fédérale contre la Prusse.

Nous n'avons pu prendre immédiatement sur nous d'ajouter foi à cette nouvelle; mais, après avoir acquis la certitude que cette nouvelle était fondée et après avoir appris que les demandes de l'Autriche du

16 mars n'avaient pas été défavorablement accueillies par quelques Gouvernements, notamment par le Gouvernement royal de Wurtemberg, nous avons dû, vers la fin du mois de mars, nous décider définitivement à opérer des armements.

La marche ultérieure des événements est connue et, comme on pouvait le prévoir, une mesure militaire a provoqué l'autre. Or, c'est sur le fait que les Gouvernements allemands sont armés les uns en présence des autres, fait nécessité par les premiers armements de l'Autriche, de la Saxe et du Wurtemberg, que reposent aujourd'hui encore exclusivement les dangers de la guerre. Si les armements en question n'avaient pas été commencés au mois de mars, on ne voit pas pourquoi la situation, telle qu'elle était au mois de février de cette année, se serait développée dans le sens de la guerre.

Votre Excellence voudra bien soumettre ces considérations à M. le baron de Varnbuler en lui faisant remarquer que, conformément à la teneur de ces considérations, nous n'avons pas à regarder le Gouvernement de Wurtemberg, l'un des premiers qui aient armé, comme spécialement autorisé à faire des représentations en faveur de la paix. Votre Excellence est autorisée à laisser au baron de Varnbuler, s'il le désire, une copie de cette Note.

Signé: DE BISMARCK.

FRANCE.

Circulaire de M. Drouyn de Lhuys aux Ambassadeurs de France à Vienne et à Berlin, et aux Ministres de France à Francfort et à Florence, au sujet de la proposition d'un Congrès à Paris, en date du 24 mai 1866.

Paris, le 24 mai 1866.

Monsieur, le différend qui a éclaté entre l'Autriche et la Prusse, à propos de l'affaire des duchés, prend de jour en jour une extension de plus en plus menaçante et devient un grave sujet d'anxiété pour l'Europe. L'opinion publique s'alarme de l'éventualité d'une guerre dans laquelle tant d'intérêts seraient engagés. Les trois grandes puissances neutres ne pourraient elles-mêmes envisager sans inquiétude la possibilité d'une lutte armée qui mettrait aux prises des États envers lesquels elles professent une égale amitié.

Les considérations les plus élevées les sollicitaient de rechercher les moyens de conjurer ce péril. La France, la Grande-Bretagne et la Russie se sont consultées à ce sujet, dans une même pensée de paix et de conciliation, et, après avoir échangé leurs idées, elles sont

tombées d'accord pour inviter à des délibérations communes les Gouvernements qui sont ou pourront être impliqués dans le débat, savoir: l'Autriche, la Prusse, l'Italie et la Confédération germanique.

L'objet de ces délibérations s'impose de lui-même à tous les esprits. Il s'agit, dans l'intérêt de la paix, de résoudre par la voie diplomatique la question des duchés de l'Elbe, celle du différend italien, enfin celle des réformes à apporter au pacte fédéral, en tant qu'elles pourraient intéresser l'équilibre européen.

Si les Gouvernements auxquels nous adressons cet appel consentent à s'y rendre, ainsi que nous en avons l'espoir, leurs Plénipotentiaires pourraient se joindre à Paris à ceux de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie. Quant à la date de la réunion, il serait désirable qu'elle fût aussi rapprochée que possible. On ne saurait trop tôt dissiper les craintes causées par la crise actuelle et donner à l'Europe inquiète un gage de sécurité.

Les négociations offriront d'autant plus de chances de succès qu'elles ne seront pas troublées par le bruit des armes et par les susceptibilités du point d'honneur militaire. Nous avons la confiance qu'en adhérant à la proposition des trois cours, les Puissances qui s'occupent maintenant de préparatifs de guerre se montreraient disposées à les suspendre lors même qu'elles hésiteraient à rétablir leurs forces sur le pied de paix.

Vous êtes invité à vous entendre avec vos collègues les Représentants de l'Angleterre et de la Russie, qui recevront de leurs Cours des instructions semblables, pour faire une communication simultanée dans les termes de la présente dépêche au gouvernement auprès duquel Vous êtes accrédité. Le Gouvernement de l'Empereur attend avec une sincère sollicitude la résolution à laquelle s'arrêtera le Cabinet de............ DROUYN DE LHUYS.

FIN DU DEUXIÈME VOLUME DE LA SIXIÈME ANNÉE.

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Juin...... 9 Allemagne, Valachie. Traité de Tirgoviste...

1855

294

... 295

296

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Mars...... 15 Autriche, France, Grande-Bretagne, Russie, Turquie. Conférences

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Février... 11 Autriche, France, Grande-Bretagne, Turquie. Conférences de Cons-
tantinople. Protocole. Dispositions arrêtées au sujet des Princi-
pautés....

25 Autriche, France, Grande-Bretagne, Prusse, Russie, Sardaigne,
Turquie. Congrès de Paris. Protocole n° 1.....

28 Idem. Protocole n° 2....

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.... 15

19

20

22

24

26

27

28

30

32

33

30 Idem. Traité de paix de Paris. Articles 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26,

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