Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

êtes trompés dans le choix du prince appelé à la tête de la nation. L'anarchie et la corruption, la violation des lois, la déconsidération du pays au dehors et au dedans, la dissipation de la richesse nationale, tels étaient les principes qui conduisaient ce gouvernement coupable. Ce gouvernement n'est plus!

Roumains! vous avez souffert afin de montrer au monde jusqu'où allait votre patience. Maintenant la coupe a été remplie. Le temps est venu, et vous vous êtes montrés dignes de vos ancêtres.

Soldats! votre patriotisme a été à la hauteur de la situation. Honneur à vous! Tous ensemble, armée et peuple, nous soutiendrons les droits de la patrie, de la légalité et de toutes les libertés publiques, ainsi qu'on le pratique dans tous les pays civilisés, et surtout en Belgique. Roumains! la lieutenance princière maintiendra le régime constitutionnel dans toute son intégrité. Elle saura écarter de l'autel de la patrie toute ambition personnelle et maintenir l'ordre public,

Roumains! par l'élection d'un prince étranger au trône de Roumanie, tous les vœux émis par les divans ad hoc deviennent un fait accompli.

Roumains! ayez une ferme confiance en Dieu, et l'avenir de la Roumanie est assuré!

Donné à Bucharest, le 11/23 février 1866.

Signé: MM. NICOLAS GOLESCO, HARALAMBIE, ad interim DÉMÈTRE STOURDZA.

Message du gouvernement provisoire à l'Assemblée élective.

Messieurs les Sénateurs,

Messieurs les Députés,

Son Altesse Jean Ier, ex-prince des Principautés roumaines-unies, a déposé aujourd'hui dans nos mains son acte d'abdication, dont, à notre tour, nous avons l'honneur de déposer l'original sur le bureau de l'Assemblée.

Messieurs les Sénateurs et Messieurs les Députés, comme vous le voyez, l'ancien prince, non-seulement rappelle de nouveau l'engagement solennel qu'il avait pris avant d'être élu prince en Moldavie, et qu'il a répété officiellement devant vous au commencement de la session actuelle, mais encore il reconnaît à la fin que son abdication a été désirée et demandée par la nation.

Le peuple entier de la capitale, ainsi que vous avez pu le constater, a désiré, a obtenu et a salué avec enthousiasme cette abdication.

La lieutenance princière et le ministère, ayant reçu ce dépôt sacré tant des mains de celui qui le possédait que de ceux dont il est la légitime et entière propriété, ont cru, Messieurs les Sénateurs et Messieurs les Députés, qu'il était de l'intérêt général du pays de venir devant vous afin de vous conjurer de vous associer à la volonté nationale, si souvent et si solennellement exprimée, et de sanctionner, vous aussi, cette volonté de la nation, qui, en 1857, fut manifestée ici même avec tant de force et de fermeté.

Messieurs les Sénateurs,

Messieurs les Députés,

Votre conscience, vos lumières et la voix même de la nation entière vous disent hautement, nous en sommes persuadés, qu'en de telles questions vitales pour toute nation, vitales surtout pour la nôtre, une heure de retard peut devenir fatale.

Nous venons donc avec une entière confiance faire appel à votre patriotisme et vous demander de donner au pays, par vos votes, la consécration qu'il attend.

Donné à Bucharest, le 11/23 février 1866.

(Suivent les signatures.)

Séance de l'Assemblée.

L'assemblée est présidée par le métropolitain Niphon, président du Sénat, assisté de M. Péclénu, un des vice-présidents de l'assemblée élective.

Le président du conseil des ministres monte à la tribune; et après avoir fait connaître à l'assemblée la composition du nouveau cabinet, il la supplie d'acclamer de confiance, sans débats, sans discussion pour souverain de la Roumanie, celui de tous les princes d'Europe qui est le plus digne de conduire le pays dans le chemin de la liberté et du bonheur; celui qui n'excitera ni rivalité parmi les puissances ni suspicion politique; le fils d'un des plus grands hommes du siècle : le comte Philippe de Flandre.

Des applaudissements frénétiques et prolongés accueillent cette proposition.

Le député Obedeanu la formule en ces termes : « A l'unanimité, nous acclamons seigneur de la Roumanie le comte Philippe de Flandre, sous le titre de Philippe I. .

L'assemblée entière se lève aux cris répétés de: « Vive Philippe 1", seigneur de Roumanie. Sa traiesca Filip I, Domnul Romanie!!! »

Le député Tell monte à la tribune; il rappelle à la Chambre tout ce que le pays doit aux hommes qui viennent de le sauver; il propose à l'assemblée de déclarer qu'ils ont bien mérité de la patrie, ainsi que l'armée qui leur a prêté son concours. Les cris de vive l'armée! vive le gouvernement provisoire! accueillent les paroles de M. Tell, qui ajoute Nous venons d'acclamer le nouveau seigneur de la Roumanie, formulons notre vote par écrit, et que chacun de nous le signe.

:

[ocr errors]

M. Nicolas Lahovary demande que la note qui va être signée par les Corps législatifs spécifie clairement que le trône offert à Monsieur de Flandre est un trône héréditaire.

Le vice-président Péclénu lit ainsi qu'il suit la formule adoptée à l'unanimité:

« L'an 1866, et le onzième jour du mois de février (ancien style), le Sénat et l'Assemblée élective de Roumanie réunis ont élu et acclamé à l'unanimité comme seigneur et maître (domnu stápènitoru) des Principautés-Unies roumaines, conformément aux vœux exprimés par les Assemblées ad hoc de l'année 1857, S. A. R. Philippe-Eugène-Ferdinand-Marie-Clément-Baudoin-Léopold-Georges, comte de Flandre et duc de Saxe, sous le nom de Philippe Ir.

[ocr errors]

Les 127 députés et les 40 sénateurs présents apposent leurs signatures à cet acte.

Le primat de Roumanie, président du Sénat, se lève :

α

Messieurs, l'acte acclamé par l'Assemblée et le Sénat a été signé

par tous les membres présents de l'Assemblée et du Sénat.

«

Moi, comme chef du clergé roumain, comme votre père spirituel,

je vous bénis; je bénis la note que vous venez d'émettre et qui est l'expression de la volonté de toute la nation. Vive la Roumanie! Vive notre nouveau prince! (Applaudissements enthousiastes.)

La séance est levée à trois heures de l'après-midi.

Proclamation du prince Démètre Ghica, ministre
de l'intérieur, aux Roumains.

• Roumains!

Aujourd'hui, 11/23 février 1866, à cinq heures du matin, S. A. le Prince Alexandre-Jean, sur la demande et conformément aux vœux de la nation, a abdiqué le pouvoir entre les mains d'une lieutenance princière et d'un ministère acclamé unanimement par les citoyens de la capitale.

Le gouvernement actuel tout entier, et moi en particulier, nous jurons devant Dieu et devant la nation, que nous maintiendrons éner giquement les quatre points votés par la nation et par les divans ad hoc l'Union, l'autonomie, un Prince étranger, le Gouvernement constitutionnel.

Le peuple de la capitale et l'armée ont bien mérité de la nation par leur union. Maintenant, habitants du pays entier comme de la capitale, c'est à vous de garder la dignité et le calme qui ont été maintenus aujourd'hui par tous les habitants de la capitale, et de prouver ainsi à l'Europe entière que nous méritons d'être libres, puisque nous savons garder nos droits, les reconquérir si on nous les ravit, et en même temps maintenir nous-mêmes l'ordre le plus parfait au milieu de la joie la plus enthousiaste.

Roumains, Dieu me donne l'espoir que nos souffrances ont pris fin, et que notre pays va prendre le rang qui lui a été reconnu par le traité et la convention de Paris.

Je suis heureux.et fier de pouvoir, en ce jour solennel, unir ma voix aux cris unanimes du peuple de la capitale. Vive la nation roumaine une et indivisible! »

Le ministre de l'intérieur,
DÉMÈTRE GHICA.

Lettre du prince Couza à M. le général Golescu.

Monsieur le Général,

« Le gouvernement étant aujourd'hui constitué, je pense qu'il n'y a plus lieu de s'opposer à mon départ.

« Vous savez que j'ai toujours professé le principe proclamé par les Corps législatifs; car un prince étranger peut seul, à mon avis, assurer l'avenir de la Roumanie.

«

<< Je crois inutile d'ajouter que, comme prince régnant des Roumains, j'ai toujours travaillé à la réalisation de ce vou; de même, comme prince roumain, je continuerai à faire tout ce qui dépendra de moi pour que ce vœu s'accomplisse.

« Je désire, Monsieur le Général, vu les circonstances présentes, quitter le pays le plus tôt possible.

<< Vive la Roumanie!

12/24 février 1866.

« ALEX. COUZA. »

Note circulaire adressée par M. le Ministre des affaires étrangères à MM. les Représentants des Puissances garantes, le 20 février/4 mars 1866.

Monsieur l'Agent,

J'ai eu l'honneur de vous informer par mes circulaires du 11 courant, de l'abdication de S. A. le Prince Alexandre-Jean I, en même temps que de l'institution d'une Lieutenance Princière chargée du gouvernement provisoire des Principautés-Unies. J'ai eu aussi l'honneur de vous communiquer le même jour le vote par lequel les Corps constitués, fidèles au vœu invariable du pays, avaient, en séance solennelle, élu un prince étranger dans la personne de S. A. R. le Comte de Flandre, sous le nom de Philippe I.

Il ne me paraît pas superflu, Monsieur l'Agent, de développer ici les raisons qui ont amené le précédent état de choses :

Après les circonstances qui, entre tant de compétiteurs au trône, fixèrent le choix du pays sur la personne de M. le colonel Couza, la nation plaçant en son élu ses plus chères comme ses plus légitimes espérances, avait attendu de lui des actes de nature à justifier la confiance dont elle l'avait honoré.

Je ne compte pas entrer ici dans un exposé détaillé des faits qui ont suivi son avénement, il me suffira, je le présume, Monsieur l'Agent, de faire un appel à vos souvenirs, et je suis convaincu que votre témoignage impartial ne me ferait pas défaut pour confirmer, au bcsoin, ce que j'avance avec le pays entier, à savoir que loin de répondre à la juste attente de la nation roumaine, le Prince AlexandreJean avait au contraire adopté, de parti pris, la voie qui devait le plus sûrement mettre son pays sur la plus mauvaise pente.

Exclusivement préoccupé de ces luttes de partis inhérentes à tout régime constitutionnel, au lieu de réfléchir à ce qu'il pouvait faire pour ôter aux partis toute raison légitime d'opposition, en puisant sa force dans une bonne organisation de la justice et des finances, le Prince Couza n'a cru pouvoir consolider son gouvernement qu'en semant la méfiance et en excitant les hommes des diverses opinions les uns contre les autres.

S'il a dans le principe appelé aux affaires les capacités du pays, ce n'a été qu'afin de paralyser leur bon vouloir et leur savoir-faire et rendre ainsi leur retour impossible, soit en les usant par tous les moyens dont son entourage disposait, soit en les brisant aussitôt que leurs efforts commençaient à donner des résultats utiles, leur substituant alors des successeurs bientôt remplacés à leur tour par des gou

« ZurückWeiter »