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la question de savoir si l'Italie ou la Prusse commencerait les négociations; il dit qu'il lui serait excessivement difficile d'amener le Roi à prendre l'offensive. C'était, chez le Roi, un principe religieux, même une superstition (sic) de ne pas vouloir prendre sur lui la responsabilité d'une guerre européenne. Mais tandis qu'on perdait le temps, que l'Autriche et les petits Etats achevaient leurs préparatifs, les chances de succès diminuaient pour la Prusse.

L'intérêt de l'Italie serait aussi compromis par là, si l'Autriche était victorieuse.

L'Italie, ajouta-t-il, peut facilement commencer la guerre, en cherchant, suivant les besoins, une querelle au sujet du corps croate qui s'est égaré sur le territoire italien, et alors l'Italie peut être sûre que le lendemain nous passons la frontière.

Je répondis que l'Italie serait dans une situation très-délicate, qu'elle avait fait déclarer à Paris, dans une séance publique du Corps législatif, qu'elle ne troublerait point la paix; et plus tard elle avait renouvelé cette déclaration sous toutes les formes.

L'Italie devait tenir grand compte de l'opinion publique en France; elle ne devait point rendre difficile ou impossible l'attitude bienveillante de Napoléon, en tournant contre elle-même, par une imprudence, l'opinion publique qui dirigeait l'Empereur.

L'Italie aurait d'autant plus besoin de prouver à l'Europe sa sagesse et sa modération que, dans quelques parties de l'Europe, on connaissait moins la vraie situation régulière de l'Italie et la complète autorité du gouvernement sur le pays tout entier, sur l'armée comme sur les volontaires.

Le comte de Bismarck insista encore longtemps sur ce sujet, et me pria d'en parler à Votre Excellence et au Roi; en nous voyant engagés les premiers dans la guerre, le roi Guillaume se déciderait à renoncer à des temporisations qui sont tout à fait à l'avantage de ses adversaires, surtout aujourd'hui que tous les Etats secondaires se sont déclarés pour l'Autriche ou vont le faire. Je lui promis d'acquiescer à ses désirs, sans lui laisser entrevoir aucune espérance qu'ils seront exaucés ; c'est pourquoi je terminai en disant que, quand le Roi aurait décidé de prendre l'offensive, il eût à en donner avis par télégraphe et par diverses lignes à Florence. Quant à l'attitude militaire de l'Autriche, elle est jusqu'à présent tout à fait défensive et expectante, et n'indique pas une agression prochaine.

Tel est le résumé de la dernière conversation que j'ai eue avec le comte de Bismarck; et mon impression est qu'il cherchera tous les moyens pour précipiter les choses et arriver vite aux hostilités.

Le gouvernement de Florence doit surtout porter son attention sur

la déclaration du comte de Bismarck relative aux tentatives que dans ces derniers jours a encore fait le roi Guillaume en vue d'un arrangement pacifique avec l'Autriche, et de celles qui sont toujours pendantes. Les unes ou les autres peuvent difficilement réussir, c'est vrai; mais la seule possibilité, quoique éloignée, d'un tel arrangement, doit faire réfléchir sérieusement l'Italie, et lui en faire mesurer de bonne heure les conséquences incalculables.

Signé: GOVONE.

No 184

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Berlin, le 3 juin 1866.

Bismarck m'a dit que ce n'était point en son nom qu'il avait fait demander par le comte d'Usedom s'il était vrai que nous attaquions le 10, mais que c'était simplement pour répondre à un bruit semblable que lui avait transmis.....

Malgré ces explications, il n'en est pas moins certain que le comte de Bismarck cherche par tous les moyens possibles à nous faire prendre l'initiative. Il m'a renouvelé pressantes instances à ce sujet.....

Je lui ai répondu par l'exposé des motifs de Votre Excellence, en ajoutant que la violation du Traité de Gastein, la récente déclaration de l'Autriche de soumettre la question des Duchés à la Diète de Francfort, me paraissaient fournir un casus belli parfaitement justifié.

Le comte de Bismarck n'en a pas disconvenu; seulement il attendra de connaître par d'exacts rapports la réponse autrichienne, par rapport au Congrès, pour déclarer à l'Autriche que sa démarche à Francfort était une violation de Gastein, créée par suite du rétablissement de l'anarchique possession commune.

Bismarck dit Prusse allait occuper également le Holstein. Bismarck compte beaucoup sur mise à exécution de cette résolution pour amener les hostilités. En attendant, il a donné ordre au ministre de Prusse à Paris d'insister auprès du gouvernement français pour faire considérer toute réserve de l'Autriche comme un refus radicalement incompatible avec la réunion du Congrès.

Signé BARRAL..

No 185

LE COMTE DE LAUNAY AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Saint-Pétersbourg, le 3 juin 1866.

Aujourd'hui les nouvelles atténuent celles d'hier. L'Autriche semble ne pas faire de sa déclaration une question préjudicielle; s'étonne, s'agissant du différend italien, qu'un délégué du Pape n'ait pas été invité à la Conférence. Stackelberg paraît croire que le cabinet autrichien veut la guerre.

Autriche aura 370,000 hommes vers les frontières prussiennes.

L'ambassadeur de France a été chargé de s'unir à l'ambassadeur de Prusse pour hâter la réunion de la Conférence.

Le prince Gortschakoff n'espère presque plus qu'elle se réunisse.

Signé : LAUNAY.

No 186

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU CHEVALIER NIGRA A PARIS

Florence, le 3 juin 1866.

Je crois devoir vous avertir que, sur les difficultés que soulève l'attitude de l'Autriche, on semble mieux informé à Pétersbourg et à Londres que vous ne paraissez l'être à Paris.

Azeglio me télégraphie que les ambassadeurs d'Autriche, à Paris et à Londres, ayant fait connaître hier intention de leur gouvernement de rayer question vénitienne des délibérations, lord Clarendon a télégraphié à Vienne qu'à Paris comme à Londres on regarde la chose comme empêchement à la Conférence, dont un des buts essentiels serait manqué.

La raison de l'attitude récalcitrante de l'Autriche est sans doute qu'elle a réussi à donner une idée exagérée de ses forces. Ainsi, d'après ce que Launay me mande, l'Autriche aurait fait croire à Pétersbourg

qu'elle a 370,000 hommes à la frontière prussienne, tandis que je sais qu'elle a peine à en réunir 200,000 de ce côté-là.

Quant à nous, je tiens à ce que vous disiez à l'Empereur que nonseulement nous ne craignons pas les forces autrichiennes qui sont en Italie, mais que nous nous sentons assez forts pour entrer dans le Quadrilatère, et, si l'Empereur n'y voit pas d'inconvénients, nous pourrions nous avancer près de la frontière, bien entendu sans la dépasser.

Signé LA MARMORA.

No 187

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 4 juin 1866.

Je fais de mon mieux pour vous informer exactement; mais je ne puis vous dire que ce que j'ai appris par Drouyn de Lhuys.

Je vous prie de ne pas oublier que je ne puis pas aller chaque jour chez l'Empereur, privilége qui n'est réservé qu'aux ambassadeurs. Je vous répète que la réponse de l'Autriche n'est arrivée qu'hier.

Je ne verrai Drouyn de Lhuys qu'aujourd'hui.

La réponse autrichienne réserve question vénitienne. Le Congrès est donc retardé et probablement n'aura pas lieu.

Je crois qu'en faisant un mouvement en avant vous commettriez une faute, à moins que vous ne soyiez décidé à prendre l'initiative de la guerre ce que je ne conseillerai pas.

En tout cas, veuillez songer que, si on demande conseil à l'Empereur, on ne pourra pas convenablement faire le contraire de ce qu'il aura conseillé.

Signé NIGRA.

N° 188

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 4 juin 1866.

Drouyn de Lhuys vient de me dire à l'instant que la réponse de l'Au

triche rend la Conférence impossible.

Je vous télégraphierai le reste dans la journée.

Signé: NIGRA.

N° 189

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 4 juin 1866.

Ce n'est qu'hier au soir que Drouyn de Lhuys a eu communication de la réponse autrichienne, dont il avait été informé comme vous de Londres et Pétersbourg avant que par Vienne.

En présence de cette réponse, le prince Gortschakoff et lord Clarendon ont déclaré le Congrès impossible.

Drouyn de Lhuys vient d'en faire autant. Il télégraphie aujourd'hui aux représentants de France que, du moment où l'Autriche a déféré la question des Duchés à la Diète germanique et exclu la question Vénitienne, et que la question de la Réforme fédérale n'est qu'éventuelle, la Conférence ne pourrait plus se réunir utilement; que la France se dégage et rend justice à l'esprit de conciliation et d'empressement des autres puissances.

L'Empereur est furieux contre l'Autriche.

Drouyn de Lhuys conseille de ne faire aucun mouvement en avant, et il m'assure que tel était l'avis de l'Empereur.

Goltz m'a dit que les hostilités en Allemagne commenceraient par l'occupation du Holstein.

Signé NIGRA.

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