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No 68. LE COMTE DE GRANVILLE AU COMTE DE BERNSTORFF.

Foreign-Office, le 1er décembre 1870.

Monsieur l'Ambassadeur. J'ai reçu et mis sous les yeux de Sa Majesté la note de Votre Excellence du 27 dernier, m'annonçant que vous étiez chargé de soumettre au gouvernement de la Reine la proposition de se déclarer prêt à désigner des Plénipotentiaires pour se réunir en conférence à Londres avec les Représentants des Puissances signataires du Traité de Paris du 30 mars 1856, afin de prendre en considération les questions qui se rattachent aux ouvertures faites par le cabinet de Saint-Pétersbourg dans sa circulaire du 19-31 octobre dernier.

En réponse, j'ai l'honneur d'informer Votre Excellence que le Gouvernement de la Reine est prêt à prendre part à cette Conférence, à la condition qu'elle se réunirait sans engagement préalable (foregone conclusion) sur ses résultats; il sera très-heureux d'examiner, avec une parfaite équité, de concert avec les autres Puissances, toute proposition que la Russie pourra soumettre à la Conférence. Je suis, etc.

Signé: GRANVILLE.

No 69. LORD BLOOMFIELD AU COMTE DE GRANVILLE.

(Extrait.)

Vienne, le 1er décembre 1870.

J'ai l'honneur de vous remettre sous ce pli une liste qui m'a été fournie par l'amirauté autrichienne des navires qui ont escorté, en octobre 1869, l'empereur François-Joseph de Varna à Constantinople, et Votre Seigneurie remarquera qu'aucun de ces bâtiments ne saurait être appelé un navire de guerre armé.

La corvette à hélice, l'Héligoland, a été tout exprès désarmée avant d'entrer dans les Dardanelles, afin qu'il ne fut soulevé aucune question sur ce qu'elle n'entrait pas dans la catégorie des bâtiments autorisés. Le général Ignatieff fit quelques observations au baron de Prokesch sur sa grandeur, mais en apprenant qu'elle n'avait que deux canons à bord, il ne dit plus rien et il n'en fut plus question.

Liste des navires envoyés dans la mer Noire en octobre 1869, pour
escorter l'Empereur d'Autriche.

L'Héligoland, corvette à hélice de 2 canons, 240 hommes.
L'Elizabeth, aviso à vapeur de 2 canons, 164 hommes.

Le Gargnano, transport à vapeur, 72 hommes.

Le Fiume, vapeur à roues, de 2 canons, 54 hommes, en station à l'embouchure du Danube.

N° 70. - LE COMTE DE BEUST AU BARON DE PROKESCH A

CONSTANTINOPLE.

Bude, le 2 décembre 1870.

La multiplicité des communications télégraphiques et autres qui se sont entrecroisées ces jours derniers, relativement à l'incident soulevé par les récentes ouvertures du Cabinet russe, a rendu assez difficile d'apprécier avec exactitude l'état actuel de la question, et il devient donc nécessaire, pour éviter toute confusion, de jeter un coup d'œil sur l'ensemble de la situation du moment.

Voici comment je crois pouvoir la résumer.

Nous ne nous trouvons point, jusqu'à ce jour, en présence d'une atteinte matérielle portée par la Russie au Traité; elle n'a fait encore qu'avertir les autres Cours signataires qu'elle se regarderait, à l'avenir, comme étant déliée des obligations consacrées par cet acte. Je ne sache pas qu'un ultimatum ait été posé par la Russie, soit à la Turquie, soit aux autres Cours, et je ne saurais croire que la circulaire du Prince Gortschakoff pût, à elle seule, fournir le sujet d'une rupture. D'un autre côté, garder le silence devant l'attitude prise par le cabinet de Saint-Pétersbourg, ne me semblerait ni sage ni conforme à la dignité des Gouvernements intéressés.

Le seul parti que, selon moi, il puisse convenir à la Sublime-Porte de prendre aujourd'hui, c'est de suivre notre exemple et celui des autres signataires du Traité du 30 mars 1856, c'est-à-dire de répondre à la déclaration de la Russie en repoussant la prétention qui y est formulée et en contestant à cette Puissance le droit de s'affranchir arbitrairement d'obligations contractées en vertu d'un acte synallagmatique. Le moyen d'amener le Gouvernement russe à rentrer dans des voies régulières ne peut se trouver, à mon avis, que dans la détermination manifestée par les Puissances fidèles au Traité de ne point laisser enfreindre les stipulations internationales.

A mes yeux, le côté le plus déplorable de l'affaire soulevée par les récentes ouvertures de la Russie, c'est le procédé choisi par cette Puissance, et cela moins encore à cause de l'oubli des formes internationales qu'il a révélé que parce qu'il constitue un acte de provocation dont on ne saurait trop appréhender les résultats. Désireux de

prévenir ces conséquences, nous avons, non pas mis en avant, mais accepté sous réserve le projet d'une Conférence.

La condition préliminaire que nous y rattachons, conjointement avec le Gouvernement anglais, et qui a été adoptée par les autres Puissances, c'est que la déclaration russe du 31/19 octobre ne saurait préjuger en aucune façon les décisions de la Conférence. Il est clair que l'adhésion que donnerait la Russie à cette réserve équivaudrait à un abandon tacite de la circulaire du Prince Gortschakoff. On aurait donc corrigé ainsi ce que la démarche du Gouvernement russe a d'irrégulier et écarté du même coup les chances de bouleversement en Orient qu'elle implique.

Si la Conférence n'était pas acceptée dans ces conditions par la Russie, nous nous trouverions, on ne saurait se le dissimuler, en face d'une crise de la dernière gravité. C'est dans cette prévision que le Cabinet I. et R. a fait savoir à Londres qu'il se considérait comme lié par les stipulations du Traité du 15 avril 1856, et qu'il était prêt à remplir les engagements que cet acte lui impose.

Le Grand-Vizir, auquel V. Exc. voudra bien donner connaissance de la présente dépêche, y puisera la conviction que nous sommes loin de nous faire illusion sur le caractère critique de la situation; que nous nous rendons parfaitement compte des intérêts mis en jeu par la manière dont se dénouera cette complication, mais que nous ne reculerions pas devant une épreuve suprême, si malheureusement elle devenait indispensable. J'ai le ferme espoir que la franchise de mes explications ne demeurera pas sans une influence utile sur les déterminations du Gouvernement du Sultan. Recevez, etc.

Signé: BEUST.

N° 71. LE COMTE APPONYI AU COMTE DE BEUST.

(Télégramme.)

Londres, le 2 décembre 1870.

Les invitations pour la Conférence seront envoyées dès qu'on aura la réponse de Tours, où l'on veut consulter Paris avant de se décider.

Les termes sont : liberté entière sans s'engager pour aucune conclusion préconçue. La Prusse y a adhéré et compte sur votre assen-timent. La Russie a consenti par l'entremise de la Prusse, mais pas encore directement.

Le ministre des affaires étrangères croit qu'il faut se réunir sans perte de temps, mais sans précipitation. Il désire se passer de seconds plénipotentiaires et demande votre avis à ce sujet.

No 72.

M. JULES FAVRE AU COMTE DE CHAUDORDY, A TOURS.

Paris, le 2 décembre 1870.

Je n'ai pu consulter le Gouvernement sur la question grave que nous pose l'offre de l'Angleterre de participer à une Conférence à propos de la discussion des Traités de 1856; mais mon avis très-formel est de nous montrer à cet égard d'une extrême réserve. J'irais même jusqu'à une fin de non-recevoir qui me paraît fort naturelle. Tant qu'elle est en guerre, la France est trop occupée de ses affaires pour se mêler de celles de l'Europe; elle a le ferme espoir de se tirer d'embarras, malgré la puissance de son adversaire et l'abandon de ses amis, et quand elle sera dégagée, elle se réserve sa liberté d'action. Elle ira du côté où l'appellera son légitime intérêt. Il n'y a qu'un moyen de lui faire changer d'attitude, et il est fort simple: que les Puissances qui invoquent sa garantie commencent par lui donner la leur. Il leur importe grandement qu'elle conquière une paix durable. Elle ne peut l'avoir que par l'intégrité de son territoire. Que les Puissances profitent de l'occasion offerte par les prétentions de la Russie pour trancher des questions que les hasards de la force ont soulevées. Qu'elles proposent un protocole préliminaire dans lequel on conviendra de prendre pour base de négociation l'intégrité du territoire français, et nous donnerons notre adhésion à la Conférence, pourvu, bien entendu, qu'on le fasse précéder d'un armistice avec ravitaillement. Hors de cela, nous resterons tout entier à notre malheur, à notre défense et à la résolution inébranlable de ne rien céder tant que nous aurons un tronçon d'épée dans la main.

Signé JULES FAVRE.

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LE COMTE DE GRANVILLE A LORD BLOOMFIELD,
A VIENNE.

Foreign-Office, le 2 décembre 1870.

Mylord, j'ai reçu, le 27 dernier, un télégramme de l'ambassadeur de Sa Majesté à Constantinople qui m'annonce que la Porte aurait de fortes objections à faire contre la réunion d'une Conférence, à moins qu'il ne fût bien entendu que les discussions se borneront strictement à la question soulevée par la Russie de la neutralisation de la mer Noire.

L'ambassadeur de Turquie m'a depuis fait part d'un télégramme d'Aali-Pacha disant que la Porte faisait de cette réserve une condition sine quâ non de son adhésion à une Conférence et qu'il en avait informé le ministre de Prusse qui avait été chargé de lui proposer que cette Conférence ait lieu à Londres.

J'ai répondu que, dans les deux cas, Sa Majesté ayant posé comme condition que la Conférence se réunirait sans engagement préalable, nous ne pouvions faire à la Russie de proposition dans un sens opposé et prendre des engagements positifs avec la Porte. Le Gouvernement de la Reine admettait d'ailleurs avec Aali-Pacha qu'il serait convenable de borner les délibérations de la Conférence à la neutralisation de la mer Noire et aux questions qui s'y rattachent. Je suis, etc.

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Mylord, le prince Gortschakoff, j'ai le regret de le dire, est retenu au lit par une grave attaque de goutte, mais néanmoins il a eu la bonté de me recevoir ce matin pour que je lui donne lecture de la dépêche de votre seigneurie du 25 dernier.

Après lecture, je lui en ai donné copie.

Le prince Gortschakoff m'a dit qu'il était très-satisfait d'apprendre que les assurances amicales du gouvernement de l'Empereur à celui de Sa Majesté, transmises par sa dépêche au baron de Brunnow du 20 dernier, avaient été accueillies par Votre Seigneurie et par le Gou vernement de la Reine comme il l'attendait, et qu'il ne doutait pas,

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