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social, éminemment variable et progressif, qui est le seul régulateur des relations sociales et par suite aussi des relations économiques.

Il s'en suit évidemment qu'il ne saurait plus être question de n'importe quels systèmes d'économie politique. M. Roesler le reconnait ouvertement: il ne restera dorénavant comme science économique que l'étude du droit

social.

Ce droit social n'est pas au reste, dans l'esprit de l'auteur, une notion abstraite ou confuse. Il l'oppose au droit privé des citoyens pour désigner les relations juridiques découlant de l'existence de la société humaine. De même que chaque individu règle pour lui-même, autant qu'il est en lui, les conditions de son existence, de même l'être collectif qui s'appelle société, s'administre lui-même. Cet état de choses implique l'existence d'un droit social, que l'auteur appelle aussi, dans une acception générale du mot, droit administratif (social). Cette administration s'appliquant également aux relations économiques, l'économie politique devient ainsi une subdivision du droit social.

Comme cette Revue ne s'occupe que d'une manière accessoire de l'économie politique, nous ne pouvons discuter ici, aussi longuement que nous le voudrions, la théorie exposée par M. Roesler. Nous avons dû nous borner à donner succinctement une idée de son caractère général (1).

J. O. D.

2. Berättelse angående Stockholms Kommunalförvaltning ar 1868, jemte statistika uppgifter för samma och föregående tid, utgifven enligt beslut af stadsfullmäktiges beredningsutskott (2)—Stockholm, Joh. Beckman, 1870. -in-4, 10, 72 et 196 pp.

L'intérêt de cette publication, au point de vue de la législation comparée, consiste en ce qu'elle donne, en français, un résumé très clair de la loi spéciale du 23 mai 1862, par laquelle il est pourvu à l'administration de la ville de Stockholm (3). Elle contient en outre, en suédois, des rapports sur les travaux des différentes parties de l'administration municipale en 1868, et 125 tableaux statistiques, dont plusieurs très-curieux. Il en résulte entre autres une supériorité constante et extraordinaire du nombre des femmes sur celui des hommes (en 1868, 72761 femmes pour 58659 hommes) bien qu'ailleurs (tableau n° 2) il se trouve qu'il naît presque régulièrement plus d'hommes que de femmes Ailleurs on voit que 13145 enfants recevaient en 1868 l'instruction quotidienne dans les écoles primaires, dont 6065 dans des écoles populaires publiques. Les statistiques des professions, des patentes, des établissements de charité, des crimes et délits, des détenus, du vagabondage etc., méritent également d'être consultées.

G. R.-J.

(1) Cf. plus haut notre article bibliogr. sur le Lehrbuch des deutschen Verwaltungsrechts, du même

auteur.

(2) Rapport sur l'administration communale de Stockholm pendant l'année 1868, avec des données statistiques pour cette époque et l'époque antérieure, publié par la délegation du conseil municipal. (3) V. sur les lois communale et provinciale suédoises du 21 mars 1862, l'art. de M. d'Olivecrona. T. II de la Revue, pp. 535 et ss.

3. Réforme et liberté de l'enseignement supérieur et en particulier de l'enseignement du droit, par ERNEST DUBOIS, avocat à la cour d'appel, professeur à la faculté de droit de Nancy. - Paris, Cotillon et fils, 1871. in-8, 110 pp.

Nous aurions dû parler plus tôt de cette excellente brochure, qui devrait être connue de tous ceux qui s'intéressent aux progrès de l'enseignement supérieur en France et ailleurs. On a trop dit qu'en Allemagne c'est le maître d'école qui a remporté les dernières victoires. Il faudrait au moins attribuer la moitié de l'honneur au professeur d'université. Il ne suffit pas en effet que l'instruction élémentaire soit fort répandue chez un peuple pour lui faire accomplir de grandes choses. Il faut encore, il faut surtout peut-être qu'il y ait chez lui une aristocratie intellectuelle, une élite de penseurs et de savants qui lui servent d'éclaireurs sur la route du progrès. C'est aux universités à accomplir cette tâche.

Faute d'espace, nous devons nous contenter d'indiquer ici les bases de la réforme proposée par M..Dubois :

1o Liberté des universités ou autonomie universitaire;

2o Liberté du professeur ou liberté d'enseigner, liberté scientifique (V. ce que nous avons dit plus haut à cet égard, en rendant compte du livre de M. Deloynes sur le droit administratif);

5o Liberté de l'étudiant ou liberté d'apprendre;

4° Participation des professeurs libres à tous les actes de la vie universitaire, élections, dignités, examens et collation de grades;

5o Paiement des cours par les étudiants;

6o Formation d'un conseil central des universités.

En développant ces idées, M. Dubois montre que ce qu'il réclame ce n'est pas la licence, l'anarchie, mais une liberté indispensable à la vie scientifique. Il a parfaitement raison d'ailleurs de repousser sur ce point la formule consacrée de la liberté comme en Belgique, où l'organisation de l'enseignement supérieur est, en somme, passablement défectueuse.

Dans une seconde partie, consacrée à l'enseignement du droit en particulier, M. Dubois propose encore des réformes fort utiles en ce qui concerne les examens, leur nombre, leur répartition, les matières obligatoires et les matières facultatives, les frais qu'il voudrait voir réduire, les diplômes qu'il voudrait spécialiser, etc.

A la bonne heure, il y a là une voie de réformes pratique, sérieuse et d'une importance capitale pour le pays qui a produit des professeurs de droit comme Dumoulin, Cujas, Doneau et Pothier.

G. R.-J.

4. — Uebersicht der gesammten staats- und rechtswissenschaftlicher Literatur des Jahres 1871, zusammengestellt von OTTO MÜHLBRECHT, mit einem ausführlichen Register. -IV Jahrgang. Berlin, 1872, Puttkammer

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Ce bulletin universel et périodique des publications juridiques, publié par un des éditeurs de notre Revue, mérite d'être recommandé. Les livres y sont classés d'après les pays de publication, il y a en outre une table alphabétique des noms des auteurs, avec renvoi aux numéros correspondants. C'est incontestablement ce qui se publie de meilleur et de plus complet en ce genre.

G. R.-J.

NÉCROLOGIE.

I. François LIEBER. II. Albéric ALLARD.

I.

FRANÇOIS LIEBER.

La précédente livraison de cette Revue venait à peine de paraître, avec un nouvel article du Dr F. Lieber, lorsque nous avons eu la douleur d'apprendre la mort de cet homme éminent. Il n'est aucun de nos lecteurs, alors même qu'il n'aurait connu de FRANCIS LIEBER que sa collaboration à notre recueil, qui n'ait dû être frappé de l'honnêteté et de la solidité de son talent, de l'intéressante originalité de ses vues et de son langage, de sa foi et de son dévouement aux progrès de la science et de l'humanité, de l'art ingénieux avec lequel il savait faire produire aux propositions les plus simples les conséquences les plus fécondes. Mais parmi ceux qui ont suivi avec quelque attention la littérature juridique de ces dernières années, il n'est personne aussi à qui il soit permis d'ignorer la part active et prépondérante qu'y a prise le Dr Lieber. Il avait un de ces esprits vastes et élevés, qui conçoivent le droit dans son acception la plus haute et en même temps la plus vraie comme une image complète de notre vie sociale, une résultante logique de nos mœurs, de notre civilisation, de nos connaissances. Aussi son influence ne se borna-t-elle pas à la pure théorie. Elle se fit sentir de la manière la plus bienfaisante pour ses concitoyens d'Amérique dans la solution ou l'étude d'une foule de questions politiques, sociales, économiques, religieuses. Pour n'en rappeler qu'un exemple encore récent et connu de tous, nous citerons ces fameuses Instructions pour la conduite des armées en campagne, adoptées par le gouvernement légal des États-Unis comme sa règle officielle durant la guerre civile, reprises en entier par Bluntschli et si souvent invoquées en Europe, surtout depuis la dernière guerre, comme une des plus heureuses tentatives de conciliation entre ce que permet la nécessité de la guerre et ce que défend l'humanité.

Nous trouvons dans la vie accidentée de Lieber de nombreuses preuves de son enthousiasme et de sa fidélité à ses idées. Tel était l'écrivain, tel fut l'homme. Né à Berlin le 18 mars 1800, il commençait des études médicales,

lorsqu'en 1814, cédant au mouvement patriotique qui soulevait l'Allemagne, il s'enrôla, et prit part aux batailles de Ligny et de Waterloo. Grièvement blessé et ne connaissant personne, le pauvre enfant fut transporté à Liége, où il trouva heureusement dans une respectable famille Belge, encore existante aujourd'hui (1), les soins les plus désintéressés et les plus touchants.

Rétabli, il reprit ses études. Mais il ne croyait pas s'être battu seulement pour chasser de son pays des maîtres étrangers. Il voulait la liberté et l'indépendance de sa patrie, non-seulement à l'extérieur, mais à l'intérieur, et il ne s'en cachait pas. Cela suffit pour le rendre suspect aux suppôts de la Sainte-Alliance, et pour le faire emprisonner pendant quatre semaines, en 1819, comme démagogue. Nous le trouvons étudiant le droit successivement à Halle, Iéna, Dresde, puis partant de cette dernière ville, en 1821, et traversant à pied l'Allemagne, la Suisse et une partie de la France jusqu'à Marseille, d'où il s'embarque pour la Grèce, dans l'intention de prendre part à la lutte contre les Turcs, dont le signal venait précisément d'être donné dans le Péloponnèse (4 avril 1821). Mais il n'y trouve pas à exercer son courage. La révolte en était à ses débuts, sans organisation, luttant par petites bandes, sur plusieurs points et avec des succès divers. Au bout de quelque temps Lieber, absolument dénué de ressources, dut retourner en Italie. Il a conservé le souvenir de cet épisode de sa carrière dans son Tagebuch meines Aufenthalts in Griechenland im Jahre 1822.

Arrivé en Italie sans aucune ressource, notre jeune enthousiaste eut le bonheur d'être accueilli avec une véritable amitié par Niebuhr, alors envoyé de Prusse à Rome, et par le chevalier Bunsen. Au bout de deux ans, il retourna avec Niebuhr en Allemagne où on lui promettait un séjour paisible. Malgré cela il se vit de nouveau arrêté en 1824, mais relâché grâce aux démarches de Niebuhr. Las des tracasseries de la police, il se rendit en 1825 en Angleterre, où il gagna sa vie en donnant des leçons et en collaborant à plusieurs revues allemandes. Enfin en 1827 il partit pour les États-Unis. Nous tenons de lui-même ce détail caractéristique qu'une de ses premières occupations dans ce pays fut, en même temps qu'il enseignait le droit, de donner des leçons de natation, à Boston, dans une école qu'il avait ouverte à cet effet. En même temps il publiait une Encyclopædia Americana en 13 volumes, sur le plan du Conversations-Lexikon de Brockhaus.

(1) La famille Lesoinne. C'est M. Lieber lui-même qui nous a, il y a plus d'un an, fait connaître ce fait. Dans une de ses dernières lettres, notre vénérable ami nous entretenait gaiment de son projet de venir nous voir en 1873, et de faire ensuite un pélérinage à Liége, pour y rappeler ses souvenirs de 1815.

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En 1855, il fut nommé professeur d'histoire et de droit public à l'Université de Columbia, dans la Caroline du Sud. Durant les vingt-deux années qu'il occupa cette chaire, il publia un grand nombre d'écrits dont les plus remarquables sont le manuel de morale politique (Manual of Political Ethics), ouvrage en deux volumes, classique en Amérique, fort apprécié et souvent cité en Europe; Legal and political Hermeneutics, or the Principles of Interpretation and Construction in Law and Politics; Civil Liberty and Self Government, dont la seconde édition (1859) a été traduite en Allemand par Mittermeyer et qui est encore employé comme manuel dans plusieurs établissements d'instruction supérieure (1), — d'admirables essais sur le travail et la propriété (On Property and Labour), où il combat avec une rare vigueur les doctrines communistes, sur les lois de la propriété, les lois pénales, les systèmes pénitentiaires, la discipline des prisons, les rapports entre l'éducation et le crime, une lettre sur la liberté à l'anglaise et à la française (Letter on anglican and gallican Liberty, traduite en allemand par Mittermeyer). Etant retourné pendant quelque temps en Allemagne en 1845 et en 1848, il y publia en allemand des fragments sur des questions de droit pénal (Bruchstücke über Gegenstände des Strafrechts), et un volume sur l'indépendance de la justice et la liberté du droit (Ueber die Unabhängigkeit der Justiz und die Freiheit des Rechts).

En 1850, à la suite de l'admission de la Californie au rang d'État, un grand mouvement sécessionniste se produisit dans la Caroline du Sud. Lieber n'hésita pas à le combattre, et prononça, dans un grand meeting tenu à Greenville par les amis de l'Union, un discours qui eut un grand retentissement (A fourth of July Address on Secession). Il y prédisait, avec une justesse que les événements n'ont que trop confirmée, les suites probables d'une tentative de sécession. En attendant, la publication de ces idées lui fit une position difficilement tenable au milieu de la société passionnément esclavagiste du Sud, et il n'hésita pas, en 1857, à accepter la chaire d'histoire et d'économie politique qu'on lui offrait dans le Columbia college, à New-York. Plus tard il enseigna encore dans le même collége et jusqu'à sa mort le droit constitutionnel et le droit des gens. Les leçons d'ouverture de ses cours, et le témoignage solennel de ses anciens élèves prouvent l'élévation et le succès de ses doctrines.

(1) Notamment dans Yale College et Harvard College.

(2) Le journal the Cap and Gown, organe spécial du Columbia college, publie, dans son numéro d'oetobre 1872, une adresse communiquée à la famille du Dr Lieber par l'association des anciens étudiants Alumni Association) de cet établissement d'instruction supérieure.

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