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miers corps organisés, dans les grands centres militaires, tels que Paris, Lyon, Strasbourg, Marseille, eurent à peu près le nécessaire en effets de campement, tentes, ustensiles de cuisine, moyens de transport, etc.; mais les derniers en étaient complétement dépourvus, et le 7° corps, entre autres, fut immobilisé une quinzaine de jours à Belfort, en attendant qu'on lui envoyât de Paris ce qui lui manquait comme campement il n'eut, d'ailleurs, jamais de moyens de transport réguliers.

En Prusse, au contraire, grâce à l'organisation permanente, même en temps de paix, des corps d'armée, le passage du pied de paix au pied de guerre se fait tout naturellement, sans secousse, avec une rapidité extraordinaire. Tout est prévu à l'avance, et chacun sait ce qu'il doit faire au moment où est promulgué l'ordre de mobilisation.

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L'autorité centrale n'a point la prétention de tout faire, et elle laisse à chaque général commandant de corps d'armée le soin de compléter tous ses éléments en personnel et en matériel. Celui-ci se fait aider dans sa tâche par les autorités qui sont sous ses ordres : les commandants de divisions et de brigades, les inspecteurs d'artillerie et du génie, l'intendant, le médecin général, le commandant du bataillon du train, et enfin les commandeurs de districts de landwehr. Chaque chef de service, directement intéressé d'ailleurs à compléter le mieux possible ce qu'il doit commander pendant la campagne, adresse ses propositions au commandant du corps d'armée qui prononce.

La mobilisation se fait pour ainsi dire sur place, avec des éléments connus et en raison de besoins prévus et faciles à constater.

Le résultat de cette décentralisation est donc l'ordre,

la rapidité d'exécution et un meilleur emploi des moyens. L'armée se partage alors en autorités de commandements et d'administrations, troupes de campagne, troupes de remplacement et troupes de garnison.

Le principe établi est que toute l'armée régulière doit être mobile en temps de guerre, et à la place des autorités de commandement ou d'administration comme des troupes elles-mêmes, s'établissent des autorités et des troupes de remplacement, chacune d'elles avec des fonctions et des devoirs définis.

Il n'y a, dans toute la mobilisation de l'armée prussienne, que la constitution des commandements d'armée et des états-majors généraux qui exige un ordre spécial du commandant suprême des forces de la Confédération.

La mise en état de défense des places fortes est également réglée et prévue à l'avance, et leurs divers besoins sont indiqués aux commandants de ces places par des communications ministérielles déposées dans les archives secrètes de chacune d'elles.

« A partir de l'ordre de mobilisation, dit le règlement prussien, et en tant que des changements ne sont pas apportés au plan général, aucune autorité ne doit donner d'instruction chaque autorité en sous-ordre doit à l'avance être complétement fixée sur ce qu'elle a à faire dans ce cas. La simple promulgation de l'ordre de mobilisation doit suffire pour en assurer l'exécution régulière et rapide. >>

Le système défectueux que nous avions appliqué pour concentrer nos réserves et pour organiser nos unités tactiques, avait donc produit partout le désordre et la confusion et en outre une perte de temps irréparable. Le temps, au début d'une campagne, est un élément peutêtre plus important que la force, et si une mobilisation

rapide nous eût permis de jeter immédiatement en Allemagne nos forces disponibles, pendant que les Prussiens étaient en flagrant délit de préparation, la face des choses pouvait changer considérablement.

Mais le désordre et la lenteur dans les premières opérations n'ont pas été les seules conséquences fâcheuses de ce système de mobilisation : il a eu une influence plus pernicieuce encore pendant toute la durée de la campagne. En juxtaposant ainsi, pour un but commun, des éléments inconnus l'un à l'autre, en donnant aux troupes des généraux qu'elles ne connaissaient point, et à ceux-ci des moyens qu'ils n'avaient pu étudier, on a détruit dans l'armée l'unité et la confiance réciproque qui doit unir à tous les échelons le soldat à son chef, et on lui a enlevé ainsi un des éléments les plus importants, les plus certains du succès.

CHAPITRE II.

CONSTITUTION DE L'ARMÉE MOBILE.

I. PERSONNEL GÉNÉRAUX ET

ÉTATS-MAJORS. II. INSTRUCTION TACTIQUE DES DIFFÉRENTES

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Ce qui frappe tout d'abord dans l'ensemble de l'armée, c'est que les généraux ne sont point familiarisés avec les fonctions qu'ils exercent; ils ignorent à la fois et leurs droits et leurs devoirs. Chacun d'eux, suivant son caractère propre, le genre de vie qu'il a menée, l'arme d'où il sort, porte son activité sur plus ou moins de détails; très-peu voient l'ensemble et parviennent à atteindre le niveau convenable.

C'est d'ailleurs un phénomène général et facile à observer dans notre armée, que les officiers ne s'élèvent que rarement dans la pratique à la hauteur de leur nouveau grade en théorie, il en est tout autrement, et le plus jeune sous-lieutenant ne craint point de faire manœuvrer des divisions ou des corps d'armée; on étudie les devoirs des grades supérieurs et on ne sait pas remplir le sien. Le commandant d'un bataillon reste longtemps capitaine, beaucoup de colonels restent commandants : la

plupart de nos généraux ne sont que des colonels de telle ou telle arme.

Cette inexpérience des généraux dans leurs fonctions augmente non-seulement la défiance, que j'ai signalée plus haut, des troupes envers des chefs qui leur sont inconnus, mais elle leur enlève à eux-mêmes toute confiance dans leur valeur personnelle et les rend souvent incapables d'exécuter de leur chef la plus petite opération (1). Ils n'ont pas d'initiative et craignent la responsabilité.

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Beaucoup, enfin, n'apportent pas même dans l'exécution des ordres qui leur sont donnés l'énergie, le zèle et le dévouement qu'on est en droit d'attendre et d'exiger de gens entre les mains desquels sont placés les intérêts et la vie de tant d'hommes. Nous en avons vu qui, au lieu de rester dans le camp pour étudier et assurer les besoins de leurs troupes, allaient s'installer à plusieurs kilomètres, dans des villages ou des châteaux, laissaient leurs soldats sans pain et sans munitions, et ne rachetaient point par leur courage sur le champ de bataille l'ignorance, l'incurie et l'égoïsme personnel dont ils avaient donné tant de preuves.

Mais tout en constatant cet état de choses, nous ne devons pas nous en étonner, et nous ferons voir plus loin qu'il provient tout naturellement de la manière dont étaient choisis nos généraux et de leurs occupations en temps de paix.

(1) Un général de brigade avait été chargé d'aller occuper avec ses troupes et deux batteries d'artillerie la clef d'un défilé important qui se trouvait à 12 ou 15 kilomètres en avant de son corps d'armée. Il se plaignit qu'on lui donnât, à lui seul, une mission aussi difficile à remplir, et il réclama des instructions détaillées sur ce qu'il avait à faire. — Plus tard, quelques patrouilles de cavalerie s'étant présentées, il évacua la position, et au lieu de se replier sur le corps d'armée qu'il devait couvrir, il prit une direction opposée.

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