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naître aux autorités locales la durée de leur séjour et partir à la date par eux indiquée.

» Les Turcs ne peuvent pas emmener de la Moldo-Valachie des hommes et des femmes en qualité de domestiques.

» Il ne sera pas construit de mosquées dans les Principautés.

» La Sublime-Porte ne délivrera aucun firman relatif aux affaires d'un Valaque ou d'un Moldave; et jamais elle n'aura le droit de les appeler à Constantinople ou sur d'autres points de l'empire. »

Ces conditions prouvent que les Romains avaient traité sur un pied d'égalité, en sauvegardant leur autonomie, que seuls les abus de la force ont pu méconnaître plus tard; mais enfin, l'Europe chrétienne a soutenu à son tour l'autonomie des Principautés Danubiennes.

Vers le temps de la toute-puissance des sultans Osmanlis, en 1544, au mépris du traité conclu avec Mahomet II, les pachas tures construisirent au bord du Danube les forteresses d'Ibraïla, de Turnow, de Giurgevo, véritables nids de pirates, d'où partaient de fréquentes expéditions répandant le pillage, l'incendie, le deuil et la mort au milieu des populations chrétiennes.

Les Valaques protestèrent, les armes à la main. Leur vaivode Michel, secondé par le vaivode de Moldavie et par le prince de Transylvanie, ne put obtenir réparation et justice. Le Divan répondit en envoyant un corps de trois mille janissaires, qui furent enveloppés et tués. Ensuite, Michel s'empara de Giurgevo, dont la garnison prit la fuite. Le sultan Amurath ne voulut point continuer la guerre; mais son successeur, Mahomet III, mit sous les ordres du grand-vizir une armée de soixante mille hommes, charges de réduire les princes confédérés. Les Turcs furent vaincus, et après cinq

ans de luttes glorieuses, la Valachie obtint la reconnaissance de sa nationalité indépendante..

Un lâche assassinat, en terminant l'héroïque carrière du vaivode Michel, interrompit le cours de prospérités dues à son courage, à son ascendant.

Les Musulmans traversèrent de nouveau le Danube; les troubles intérieurs, les divisions intestines venaient en aide à l'invasion; le sultan put même désigner, sinon imposer le vaivode de son choix.

Avec le fardeau du tribut annuel, renaquirent les prétentions de despotisme de la Sublime-Porte, déchirant ou violant le traité de Mahomet II, qui cessa de protéger les droits des Principautés. En même temps, ne se contentant plus de peser sur l'élection des vaivodes et des hospodars, le Divan s'arrogea un pouvoir presque sans bornes.

En 1714, l'infortuné Constant Brancovan, vaivode de Valachie, fut accusé d'avoir aidé le czar de Russie, Pierre-leGrand, durant son expédition au delà du Pruth. Sans autre preuve qu'un soupçon et une délation, Brancovan fut arrêté ainsi que sa famille, conduit à Constantinople et égorgé arbitrairement, en l'absence de toute enquête légale et judiciaire. Pour comble d'horreur, ses quatre fils expirèrent sous ses yeux dans des tortures atroces. Plus heureux, Démétrius Cantémir, vaivode de Moldavie, qui s'était prononcé hautement pour le czar, put se réfugier en Russie avec sa famille. Comme dédommagement, Pierre lui donna le titre de prince et de vastes possessions en Ukraine.

Plusieurs boyards ou nobles moldaves, qui suivirent Cantémir, devinrent aussi grands propriétaires en Ukraine, grâce aux dons du czar.

Dès lors, les Principautés Danubiennes, tiraillées entre deux puissants empires, la Turquie et la Russie, tout en étant

victimes de la politique et de l'ambition de la cour de Vienne, virent chaque jour s'aggraver leurs infortunes.

Le successeur de Brancovan n'exerça que pendant deux années d'agitation un pouvoir éphémère. La Valachie et bientôt la Moldavie, au lieu de conserver des souverains indigènes, furent abandonnées, comme une monnaie courante, à des hospodars fanariotes, c'est-à-dire des Grecs du fanar, quartier de Constantinople, achetant leur autorité pour récupérer leurs avances en épuisant les malheureux habitants des Principautés.

Cependant, la Russie agrandissait son influence, reculait ses frontières, et s'enrichissait de toutes les pertes comme de toutes les difficultés qu'elle infligeait ou suscitait au colosse ottoman, poussé, précipité sur la pente de la décadence.

La seconde Catherine, durant son long et beau règne, suivit et compléta tous les rêves, tous les projets de Pierrele-Grand.

Le traité de Kaynardgi, imposé en 1774 à la faiblesse du Divan, rendit à la Porte-Ottomane la Valachie et la Moldavie, conquises par les Russes au début de la guerre engagée en 1768; mais cette restitution acheva d'affaiblir, de ruiner l'autorité des sultans.

1o La Porte dut accorder amnistie générale, absolue, sans réserve, à tous les habitants des deux Principautés, en les rétablissant dans leurs dignités, leur rang et leurs biens.

2o Le libre exercice de la religion chrétienne se trouva confirmé, et la Porte ottomane ne put s'opposer à la construction de nouvelles églises, ní à la réparation des anciens bâtiments consacrés au culte orthodoxe.

3o Les couvents et les particuliers rentrèrent en possession des terres qui leur avaient été ravies dans les districts d'Ibraïla, de Choczim, de Bender.

4o Égards prescrits pour les membres du clergé, conformément à leur pieux ministère.

5o Faculté de libre départ, avec toute leur fortune, stipulée pendant un an pour les familles désirant s'expatrier.

6o Absence de toute réclamation pour le solde des vieux comptes.

7° Suppression de la contribution de guerre, et exemption de tout impôt pendant un laps de deux ans, à cause des dévastations éprouvées.

8° Promesse d'une conduite humaine, généreuse quant aux impositions à établir en numéraire, et portées tous les deux ans à Constantinople par les députés moldo-valaques, envoyés dans ce but, sans que les pachas, gouverneurs ou autres fonctionnaires ottomans aient le droit d'exiger des impôts directs des habitants des Principautés, investis des divers avantages concédés sous le règne du sultan Mahomet II.

9o Les princes des deux États pourront accréditer près la Sublime-Porte un chargé d'affaires de leur communion chrétienne, avec mission de veiller aux intérêts des Principautés. Ces chargés d'affaires jouiront des immunités diplomatiques, consacrées par le droit des gens.

10° Il sera permis aux ambassadeurs de Russie près la Sublime-Porte de parler en faveur des Principautés, lorsque les circonstances rendront leur intervention utile ou nécessaire.

La paix de Kaynardgi n'était au fond qu'une trève, ou pour parler plus catégoriquement, une étape vers le but que se proposait d'atteindre l'impératrice Catherine. L'annexion de la Crimée aux vastes États des czars en fournit bientôt la preuve. Les Turcs se préparèrent aux efforts d'une guerre de religion, de race, de nationalité.

Mais le moment ne parut pas propice à la politique de

Catherine; elle consentit à des négociations, desquelles résulta une convention rendant une indépendance provisoire à la Crimée, et ses prétentions sur la Moldavie et la Valachie subirent quelques modifications (1779).

Cependant, le concours de l'empereur Joseph II, son voyage à Mohileff sous le nom de comte de Falkenstein et le traité secret qu'il conclut avec la czarine Catherine II, facilitèrent une nouvelle invasion de la Crimée, dont la possession avec celle de l'île de Taman et du Kouban fut maintenue à la Russie par le traité de Constantinople (1782).

Le splendide voyage de Crimée, dont le prince de Ligne et l'ambassadeur comte de Ségur ont tracé de ravissantes descriptions, ce voyage, avec les inscriptions: Route de Constantinople, produisit un choc électrique dans les Principautés Danubiennes. Moldaves et Valaques s'en occupèrent avec un mélange d'espoir et d'inquiétude.

La guerre ne tarda point à éclater; elle trahit les projets ambitieux de Joseph II, pour favoriser les armes et la politique de Catherine, dont les troupes s'emparèrent de la Moldavie, rendue à la suzeraineté de la Sublime-Porte par le traité de Jassy, 9 janvier 1792.

Ce dernier traité remit en vigueur les stipulations de la paix de Kaynardgi; il les étendit en ce que la Russie obtint de fixer à un laps de sept années au moins la durée des fonctions des hospodars. En 1802, cette clause devint l'objet d'une nouvelle convention que la Porte prit l'engagement de respecter, à moins d'un délit, dont l'ambassadeur russe à Constantinople devait préalablement apprécier la gravité.

Malgré les termes précis de cet engagement formel, la Porte révoqua de leurs fonctions d'hospodar les princes Ypsilanti et Mourousi. Le czar Alexandre Ier profita de cette infraction aux traités pour faire envahir la Moldavie et la

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