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VII

BATAILLE DE SOLFERINO

J'arrive à la journée décisive, à la dernière bataille, à la grande victoire de Solferino, qui a fermé les opérations militaires actives de la glorieuse et mémorable campagne de 1859, affranchi la Lombardie, préparé la délivrance de l'Italie, et commencé un long avenir d'indépendance et de prospérité pour la patrie de Dante, de l'Arioste et du Tasse.

La bataille de Solferino n'a pas été le résultat d'une rencontre inopinéc de l'armée alliée et de l'armée autrichienne; elle a bien été inattendue pour l'armée alliée, mais, du côté de l'armée autrichienne, elle a été préméditéc.

L'armée alliée cherchait, à la vérité, l'armée autrichienne pour la combattre et la vaincre : mais l'armée autrichienne avait paru mettre tous ses soins à éviter l'armée alliée, dissimulant ainsi son projet arrêté à l'avance de venir lui présenter le combat à l'improviste, sur le terrain qu'elle avait choisi, et en effectuant un retour offensif qui la ramenait dans les positions qu'elle paraissait avoir définitivement abandonnées.

Ainsi, on vient de voir, dans les chapitres précédents, qu'après la bataille de Magenta et le combat de Marignan l'ennemi avait précipité sa retraite sur le Mincio, en abandonnant l'une après l'autre les lignes de l'Adda, de l'Oglio et de la Chiese. On devait croire qu'il allait concentrer toute sa résistance derrière le Mincio, et il importait que l'arméc alliée occupât le plus tôt possible les points principaux des hauteurs qui s'étendent de Lonato jusqu'à Volta, et qui forment, au sud du lac de Garde, une agglomération de mamelons escarpés. Les derniers rapports reçus par l'Empereur indiquaient, en effet, que l'ennemi avait abandonné ces hauteurs et s'était retiré derrière le fleuve. C'est dans la nuit du 19 au 20 juin qu'il avait évacué la rive droite du Mincio.

A cette même date du 20 juin, les troupes alliées sortaient de Brescia, se dirigeant du côté de Montechiari, où l'on avait cru d'abord que les Autrichiens se retrancheraient, décidés à opposer à la marche des FrancoSardes, dans cette position formidable, une vigoureuse résistance.

En effet, c'est dans l'immense plaine qui est en avant de Montechiari que chaque année les Autrichiens étaient dans l'habitude de faire leurs grandes manœuvres militaires, s'y livrant aux exercices de la petite guerre. Donc Montechiari leur offrait tous les avantages d'un terrain qu'ils avaient depuis longtemps étudié, en même temps que toutes les ressources d'une situation magnifique.

Quoi qu'il en soit, le 21, l'Empereur et le Roi quittent à leur tour Brescia, pour aller se mettre à la tête des troupes alliées, qui continuent à se porter en avant, pendant que François-Joseph I, par un mouvement en sens inverse, qui le rapproche du Mincio, transporte son quartier général de Vérone à Villafranca, sur le Tartaro.

Le 22 juin, l'armée alliée achève de passer la Chiese à Montechiari. Notre cavalerie poussa des reconnaissances habilement conduites par le capitaine de Coutenson, du 1er régiment de chasseurs d'Afrique, et une grand'garde de uhlans fut surprise. Quelques hommes ont été tués; neuf ont été pris à l'ennemi avec leurs chevaux dans cette affaire. De leur côté, les Piémontais rencontrèrent un avant-poste ennemi vers Peschiera, où un engagement assez vif eut lieu, dans lequel deux officiers et quelques hommes autrichiens furent tués.

L'expédition du capitaine de Coutenson motiva, deux jours avant la bataille de Solferino, l'ordre du jour suivant, qui était à la fois une récompense et une leçon :

ORDRE DE LA DIVISION.

« Quarante chevaux du 1er régiment de chasseurs d'Afrique, 2o escadron, sous les ordres du capitaine de Coutenson, ont enlevé ce matin un poste de lanciers autrichiens, dans une reconnaissance qui a été poussée jusqu'aux avant-postes de Goito, sur le Mincio; on a ramené quatre lanciers, sept chevaux; d'autres lanciers ont été tués. Ce détachement du capitaine de Coutenson s'est acquitté d'une manière distinguée de sa mission.

<< Le maréchal des logis Rappe mérite une attention toute particulière. « Cet heureux coup de main doit servir d'enseignement. Ce petit poste ennemi a été enlevé parce qu'il n'était pas bien sur ses gardes; avec plus de vigilance, il aurait pu, en partie du moins, échapper à la vigueur de l'attaque. Les cavaliers de la division n'oublieront pas que la négligence dans le service d'avant-poste et la dispersion dans les maisons peuvent causer de pareilles défaites.

Au bivac de Carpenedolo, 22 juin.

« Général DEVAUX.

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Le même jour, 22, la municipalité de Montechiari, encouragée par la présence des troupes alliées, offrit à l'Empereur un pieux souvenir de nos victoires une colonne, où étaient gravés les noms des officiers français morts en combattant, avait été élevée sur le champ de bataille de Castiglione; en 1818, les Autrichiens renversèrent ce monument, que la ville de Montechiari recueillit et conserva religieusement dans ses murs. Napoléon III accepta le don de cette colonne, ordonnant qu'elle fût replacée aux lieux mêmes où elle avait été primitivement élevée.

C'est ici que le curieux épisode de l'ascension des frères Godard trouve naturellement sa place. A cette même date, le village de Castenedolo, que les Autrichiens ne manquaient jamais d'attaquer et de prendre, dans leurs grandes manœuvres annuelles de Montechiari, servait d'avant-poste à l'armée alliée.

Des troupes françaises étaient campées tout le long de la route de Castenedolo; dans les environs et dans l'intérieur du bourg était établie la division piémontaise du général Fanti, qui formait de ce côté l'extrême avant-garde des forces alliées. A peu de distance, vers la droite et sur la même ligne, on voyait postés les cavaliers d'un régiment de chasseurs d'Afrique.

Là arrivèrent, dans la journée, les frères Godard, suivis par deux ou trois prolonges d'artillerie portant leur matériel d'aéronautes. Après avoir examiné le pays du haut du clocher, fait une minutieuse étude de la carte et obtenu du général Fanti la permission d'expérimenter dans une prairie située à un kilomètre de la grande plaine de Montechiari, l'un d'eux s'est porté avec tout son attirail au lieu choisi pour sa curieuse opération. Servi par des sapeurs du génie français et par des bersaglieri mis à sa disposition par l'autorité piémontaise, il avait, au bout d'une demi-heure, planté ses piquets, dressé ses mâts, tendu ses cordages, gonflé sa mongolfière, et s'enlevait dans l'air à une hauteur de neuf cents mètres. Mais, pendant son rapide voyage, il ne put découvrir aucun indice de la présence des Autrichiens, à quinze ou seize kilomètres au delà de Montechiari.

Les souverains alliés poussent une reconnaissance jusqu'à Desenzano, sur les bords du lac de Garde, occupent, dans la journée du 20, Lonato, chef-lieu du district de ce nom. Ce bourg compte environ six mille six cents âmes, en y comprenant les hameaux d'Esconta, Venzago, Drugolo, Maguzzano; il est situé sur une hauteur appelée Rova, et que traverse la grande route de Brescia à Vérone. En 1184, il fut détruit par les Autrichiens et reconstruit, en 1368, par les soins d'Azzo Visconti, seigneur de Milan. En 1509, il fut pris par Léon XII. C'est là que, le 3 août 1796,

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