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nisation et en bravoure, a été vaincue. Le roi de Piémont, appelé jadis le gardien des Alpes, a vu son pays délivré de l'invasion et la frontière de ses Etats portée du Tessin au Mincio. L'idée d'une nationalité italienne est admise par ceux qui la combattaient le plus. Tous les souverains de la Péninsule comprennent enfin le besoin impérieux de réformes salutaires.

« Ainsi, après avoir donné une nouvelle preuve de la puissance militaire de la France, la paix que je viens de conclure sera féconde en heureux résultats; l'avenir les révélera chaque jour davantage, pour le bonheur de l'Italie, l'influence de la France, le repos de l'Europe. »

Le discours de Sa Majesté fut fréquemment interrompu par des marques d'enthousiasme, et se termina au milieu des acclamations les plus chaleureuses et des cris répétés de: Vive l'Empereur' Vive l'Impératrice !

Le 21 juillet, ce fut le tour du corps diplomatique d'être reçu par l'Empereur. Ce fut le nonce apostolique qui porta la parole au nom de ses collègues. Voici quelles furent ses paroles :

« Sire,

« Le corps diplomatique éprouvait le besoin de demander à Votre Majesté de lui offrir ses félicitations empressées et sincères pour son heureux retour et la prompte conclusion de la paix.

́L'Empereur répondit quelques mots empreints d'amertume et de tristesse. Voici quel fut son langage:

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guerre,

« L'Europe a été en général si injuste envers moi au début de la que j'ai été heureux de pouvoir conclure la paix dès que l'honneur et les intérêts de la France ont été satisfaits, et de prouver qu'il ne pouvait entrer dans mes intentions de bouleverser l'Europe et de susciter une guerre générale. J'espère qu'aujourd'hui toutes les causes de dissentiment s'évanouiront, et qué la paix sera de longue durée. Je remercie le corps diplomatique de ses félicitations. >>

Il semblerait qu'à son insu l'Empereur, se laissant impressionner par le sentiment qui paraissait dominer dans le pays, se félicitait d'avoir voulu la paix, mais s'en félicitait avec sa raison d'homme d'Etat bien plus qu'avec son âme de chef d'empire. Des adresses pleuvaient cependant de toutes parts, votées avec empressement par tous les corps constitués qui remerciaient Napoléon III de sa sagesse et de sa modération et le bénissaient pour les joies de la paix succédant aux gloires de la guerre.

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D'ailleurs, on approchait du 14 août, qui allait être la grande journée du triomphe. L'armée d'Italie, qui rentrait en France, régiment par régiment, acclamée et fêtée, couverte de fleurs et de lauriers, au départ comme à l'arrivée, par toutes les populations lombardes et piémontaises, au milieu desquelles il lui fallait passer; l'armée d'Italie, brunie par le soleil, mais poétisée par la victoire, allait se montrer au peuple, et le peuple, en .

la revoyant, devait retrouver son enthousiasme et son ivresse.

111.

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XV

RENTRÉE DES TROUPES

Une ville de guerre, ville de tentes, ville pittoresque et animée, qui fut pendant une semaine entière un lieu de pèlerinage pour les habitants de Paris, avait été improvisée à Saint-Maur, aux portes de la capitale. C'est là qu'étaient campées les troupes de la garde impériale et celles qui devaient représenter les premier, second, troisième et quatrième corps de F'armée d'Italie, dans la journée du 14 août, choisie pour la rentrée solennelle des vainqueurs de Magenta et de Solferino.

Dès la veille de cette journée de triomphe, Paris avait un aspect d'une animation extraordinaire, d'un mouvement indescriptible. Accourues de tous les points du pays, des populations innombrables se pressaient dans les rues et sur les boulevards, qui pouvaient à peine contenir cette foule joyeuse. On eût dit que, tressaillant du même enthousiasme, la France entière avait voulu saluer le retour de ses enfants victorieux.

Le gouvernement, la ville de Paris, les particuliers, avaient rivalisé de zèle pour déployer sur le passage de l'armée d'Italie les trophées, les colonnes et les arcs de triomphe: à chaque fenêtre flottaient des drapeaux et des bannières; à chaque pas des inscriptions rappelaient les plus nobles souvenirs.

Mais la véritable décoration de cette fête, celle que tous les yeux attendaient, ce sont les drapeaux déchirés par les balles, ce sont les habits portant la trace de glorieux services, ce sont ces soldats, ces officiers trempés par le feu des batailles, ce sont ces héroïques mutilés qui arrachaient des larmes et des bravos sur leur passage, ce sont ces amis, ces frères, dans lesquels la France se contemplait et s'aimait, parce qu'on retrouvait en eux sa vivante image.

La diane avait battu au camp de Saint-Maur le matin à trois heures et demie; les différents corps de l'armée s'étaient mis en mouvement, afin de se masser selon l'ordre prescrit pour leur entrée dans Paris.

Dès la pointe du jour, la foule avait commencé à se répandre à travers les rues et les boulevards, et prenait place sur le passage de l'armée. A sept heures, les trottoirs contenaient déjà une haie serrée; les fenêtres,

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