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rangements conclus, d'après le texte officiel du traité général.

Commençons par quelques considérations touchant le préambule.

Avant que le congrès de Paris ne fùt ouvert, bon nombre de journaux avancèrent que, pour reconnaître par un témoignage éclatant de l'Europe les immenses services rendus par Napoléon III à la cause universelle de l'ordre et de la paix, les plénipotentiaires assemblés en congrès dans la capitale de la France avaient pour instruction de rapporter et d'anéantir le traité de 1815, dans lequel la sainte alliance avait frappé d'interdiction la dynastie napoléonienne. Ce bruit, lequel, comme nous allons voir bientôt, n'avait pu être mis en circu

lation que par des personnes ignorant les circonstances

sous l'empire desquelles avait été fait ce traité, fut repris en sous-œuvre par le Times et le Journal des Débats, lesquels annoncèrent que, sur la demande de lord Clarendon, il avait été inséré dans le préambule du traité de paix une phrase ayant pour objet d'annuler la résolution prise par la sainte alliance contre la famille Bonaparte.

La simple lecture du traité de paix démontre combien ce bruit manquait de fondement. Toutefois, comme l'absence de la phrase dont il s'agit pourrait donner lieu à des commentaires encore plus faux, nous allons exposer succinctement les motifs pour lesquels la question en elle-même devait rester étrangère aux délibérations du congrès.

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Lorsqu'à l'époque du rétablissement de l'empire en France, l'esprit de parti est allé chercher contre la dynastie napoléonienne des armes dans l'arsenal de la sainte alliance, il a, dans sa préoccupation, perdu de vue que ni la déclaration du 13, ni le traité d'alliance corrélatif du 25 mars 1815, dirigés l'un et l'autre contre Napoléon I, ne figurent, soit comme stipulations intégrantes, soit comme annexes, dans l'acte final du congrès de Vienne. Or, comme dans le préambule de cet acte les puissances contractantes déclarent formellement qu'elles désirent y réunir toutes les dispositions d'un intérêt majeur et permanent, il s'ensuit qu'à leurs propres yeux la déclaration du 13 et le traité du 25 mars 1815 n'étaient que des dispositions accidentelles et passagères, puisqu'elles ne les ont point comprises dans l'instrument général du congrès de Vienne.

Bien plus, le traité du 25 mars n'était pas encore ratifié, que la sainte alliance, revenant sur ses pas, chercha à atténuer les effets de l'acte attentatoire qu'elle venait de commettre contre l'indépendance souveraine du peuple français.

Le 15 avril suivant, les plénipotentiaires britanniques présentèrent au congrès de Vienne la ratification du traité du 25 mars, accompagnée de la déclaration suivante, émanée de lord Castlereagh :

« Le soussigné, à l'échange des ratifications du traité du 25 mars dernier, de la part de sa cour, a ordre de déclarer par les présentes que le 8 article

dudit traité doit être entendu comme obligeant les parties contractantes, sur les principes d'une sûreté mutuelle, à faire un commun effort contre les pouvoirs de Napoléon Buonaparte, conformément au 3me article dudit traité; mais il ne doit pas être entendu comme obligeant Sa Majesté Britannique à poursuivre la guerre dans la vue d'imposer à la France aucun gouvernement particulier. »

En réponse à cette déclaration, les trois cours du Nord s'empressèrent de faire remettre, le 9 mai 1815, aux plénipotentiaires britanniques au congrès de Vienne, la note identique que voici :

« Le soussigné, ministre d'État et des affaires étrangères de S. M. l'empereur d'Autriche, ayant rendu compte à son auguste maître de la communication que S. Exc. mylord Castlereagh lui a faite relativement à l'article 8 du traité du 25 mars dernier, a reçu ordre de déclarer que l'interprétation donnée par le gouvernement britannique à cet article est entièrement conforme aux principes d'après lesquels Sa Majesté impériale et royale Apostolique s'est proposé de régler sa politique durant la présente guerre. Irrévocablement résolu de diriger tous ses efforts contre l'usurpation de Napoléon Bonaparte, ainsi que ce but est exprimé dans l'article 3, et d'agir à cet égard dans le plus parfait accord avec ses alliés, l'empereur est néanmoins convaincu que les devoirs que lui impose l'intérêt de ses sujets, ainsi que les principes qui le guident, ne lui permettraient pas de prendre l'engagement de pour

suivre la guerre dans l'intention d'imposer un gouvernement à la France.

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Quels que soient les voeux que Sa Majesté l'empereur forme de voir Sa Majesté Très-Chrétienne replacée sur le trône, ainsi que sa constante sollicitude à contribuer, conjointement avec ses alliés, à obtenir un résultat aussi désirable, Sa Majesté a cru cependant devoir faire répondre par cette explication à la décla‐ ration que Son Exc. mylord Castlereagh a remise à l'échange des ratifications, et que le soussigné est pleinement autorisé à accepter de sa part. »

Il résulte de cette note que la sainte alliance, entraînée par les suggestions du prince de Talleyrand plus loin que le droit des gens ne le lui permettait, se hata, de son propre chef, de protester contre l'intention de vouloir imposer un gouvernement quelconque à la nation française, dont l'indépendance souveraine restait par conséquent sauvegardée et intacte, malgré le traité du 25 mars 1815.

Cela étant bien établi, on ne saurait comprendre à quel titre le congrès de Paris aurait pu se croire autorisé à venir couvrir de sa sanction tardive le rétablissement de l'empire en France. Croit-on que Napoléon III eût voulu accepter l'espèce de satisfecit que certains journaux lui faisaient décerner d'avance par le congrès de Paris? Est-ce que la moindre allusion au traité du mars, même sous la forme d'un hommage rendu à la politique de l'empereur actuel des Français, n'aurait pas impliqué le triste souvenir des désastres de la

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France? Est-ce que les convenances pouvaient admettre un seul instant l'idée que la dynastie napoléonienne, replacée en 1852 sur le trône par le libre vote de douze millions de Français, eût besoin d'être réhabilitée après coup par la diplomatie étrangère?

Les questions de dignité nationale ne doivent pas être envisagées du côté étroit de l'esprit de parti, mais de toute la hauteur des intérêts des peuples et de la grandeur de leurs gouvernements, Voilà pourquoi dans le traité de paix du 30 mars, pas un mot, pas une phrase ne devait rappeler les événements politiques de 1815.

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D'ailleurs, quel hommage plus éloquent rendu au gouvernement de Napoléon III par les puissances qui formèrent jadis la sainte alliance, que la présence à Paris de leurs plénipotentiaires, réunis en aréopage européen, sous la présidence d'un ministre de l'empereur des Français ? Car, ainsi que le fit observer le comte de Buol dans la première séance du congrès, la présidence conférée au comte Walewski par l'unanimité des plénipotentiaires n'était pas seulement un usage consacré par les précédents, et observé en dernier lieu à Vienne, mais en même temps un hommage au souverain de l'hospitalité duquel ont joui, durant les travaux du congrès, les représentants de l'Europe.

Mieux que des phrases stériles, les égards empressés dont la dynastie napoléonienne est comblée aujourd'hui par les vieilles monarchies, témoignent de leur sincère désir que le passé soit livré à l'oubli.

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