Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

bliques de l'Amérique Centrale, avait accrédité un agent à Londres, pour réclamer l'île de Ruatan, dont les EtatsUnis contestaient la possession à l'Angleterre. Ruatan appartenait à l'Espagne; elle tomba en 1821 dans le domaine du Honduras, et cet Etat soutint que ses droits ne pouvaient en aucune façon souffrir des prises de possession effectuées à différentes fois par des officiers de la marine anglaise.

Or, voici, d'après le memorandum rédigé par les représentants de Honduras, et qui fut soumis aux différents Etats intéressés dans la question de l'Amérique Centrale, quelle pouvait en être la solution, d'où suivrait la conclusion d'un arrangement entre l'Angleterre et l'Union:

Le but commun poursuivi par ces deux Gouvernements est, portait ce mémoire, l'établissement d'une ligne de communication à travers l'isthme qui sépare l'océan Atlantique et l'océan Pacifique. L'arrangement proposé consiste à substituer le passage à travers le territoire de Honduras à toutes les autres voies de communication sur lesquelles a porté jusqu'à présent la discussion. Un contrat a été passé par le Gouvernement de Honduras avec une Compagnie pour la construction d'un chemin de fer qui doit réunir les deux Océans en traversant le territoire de cette République. Par le projet de convention que ses représentants sont chargés de soumettre aux Gouvernements de la Grande-Bretagne, de la France et des Etats-Unis, le Gouvernement de Honduras s'engage à reconnaître le droit de libre parcours et de transit sur ce chemin de fer à toutes les grandes puissances maritimes de l'Europe et de l'Amérique qui voudront conclure avec lui des traités de commerce et

d'amitié. Ainsi se trouverait naturellement atteint le but que l'Angleterre et les Etats-Unis se sont proposé par la convention de 1850, dont l'exécution est l'objet du conflit pendant entre ces deux Etats.

Un arrangement ne tarda pas à être arrêté sur ces bases. Mais, au mois de Septembre, au moment où l'on pouvait croire toutes les difficultés aplanies entre l'Angleterre et les Etats-Unis, un nouveau différend s'élève, dans lequel ce dernier Etat commence, ainsi qu'il en a l'habitude, par mettre le bon droit du côté opposé. On en peut juger par le simple exposé des faits.

Les Etats-Unis réclament de la République de la Nouvelle-Grenade des indemnités pour des pertes éprouvées par des citoyens américains, lors d'une sédition qui éclata à Panama en Avril dernier. Le gouvernement de Washington a envoyé sur les lieux un commissaire M. Corwine, qui a proposé tout simplement aux EtatsUnis d'occuper l'isthme de Panama sur tout son parcours, s'il n'est pas fait droit à cette réclamation.

Le Times, à cette nouvelle, s'est empressé de déclarer, au nom du pays, que ce serait là une violation flagrante du récent traité, et que non-seulement l'Angleterre, mais toutes les nations maritimes de l'Europe devraient s'opposer à l'occupation de l'isthme par les Etats-Unis, et le Times a eu raison. Aucune considération ne saurait justifier une semblable politique de la part du NordAmérique.

En laissant de côté la question de droit public que soulèvent de telles prétentions, il est bon de ne pas oublier que l'Union américaine, en construisant un chemin de fer à Panama, a déjà donné une grande influence com

merciale aux citoyens des Etats-Unis dans l'Amérique Centrale.

Pour contrebalancer cet avantage maritime et national des Américains, par un avantage analogue pour les nations commerciales européennes, la Grande-Bretagne a conclu un traité avec la République de Honduras, en vue de leur donner la jouissance d'autres moyens de communication qui ont été concédés, par le Gouvernement de Honduras, à une puissante Compagnie.

Quoi de plus rationnel? quoi de plus juste, puisque ce droit est accordé solennellement par un traité auquel les Etats-Unis ont adhéré sans restriction? Mais, en ce moment, ils paraissent avoir changé d'idée; ils ne jugent pas de même, et leur prétention d'occuper aujourd'hui l'isthme de Panama en est une violation flagrante. En effet, l'acte diplomatique dont nous parlons a pour bases:

10 La restitution de la souveraineté de Honduras sur les terres de Ruatan, Bocana, etc., et ces possessions seraient déclarées territoire libre, gouverné par ses propres autorités municipales.

2o La reconnaissance des limites territoriales de Honduras, comme elles sont données dans la carte par l'honorable Georges Squier; c'est-à-dire partant de la rivière Wans o Segovia pour aller à la rivière Negro.

Un tribunal de référence, composé d'un citoyen de Honduras, d'un sujet anglais, s'il est nécessaire, d'un tiers impartial appartenant à une autre nation quelconque, fixera les frontières, l'indemnité due aux Indiens du Mosquito pour les dédommager de la perte qu'ils peuvent subir, et mettre fin à toute espèce de réclamations.

La République de Honduras, en un mot, s'engage,

suivant les bases du traité en question, à rester dans les meilleurs termes d'amitié avec toutes les nations qui voudront lui tenir compte de cette amicale réciprocité; et à éviter les compromis et les ligues offensives et défensives si communes dans l'Amérique du Sud, et si nuisibles à la prospérité générale des peuples, ainsi qu'à la consolidation des Gouvernements de cette vaste et fertile partie du Nouveau-Monde.

Or, de propos délibéré, les Etats-Unis sont revenus sur ces stipulations et ont voulu détruire ce qu'ils avaient récemment concouru à établir. Semblable prétention est inadmissible. Elle ne saurait être justifiée, pas plus aux yeux des Etats de l'Amérique centrale qu'aux yeux des puissances européennes, car il n'est pas règle de droit international qui autorise l'envahissement même éventuel du territoire d'une nation paisible dont l'unique tort est de n'être pas assez forte pour obliger au respect de la tranquillité publique les bandes d'aventuriers de passage, qui ont voulu s'en proclamer les présidents. Les Etats-Unis ne pourront vouloir marcher sur les traces de ces flibustiers.

Il y a, dans la prise de possession de l'isthme de Panama par les Etats-Unis, une question de fait et de principe de la plus haute importance. Il importe donc que toutes les puissances intéressées à un degré quelconque à sa solution arrêtent leurs idées sur la manière dont elles considèrent un aussi monstrueux abus de la force. Et (nous devons l'ajouter), le sens des résolutions de ces puissances ne saurait être que très énergiquement défavorable à une violation flagrante du droit des gens.

Telle est la situation actuelle de l'Angleterre vis-à-vis

de l'Amérique du Nord. De ce côté, le bon droit lui appartient, Malheureusement, il n'en est pas de même partout; et la guerre qui vient d'être déclarée à la Perse d'une part, à la Chine de l'autre, en est malheureusement la preuve. Lord Palmerston a mérité là son surnom de boute-feu, en allumant, sous le prétexte le plus futile un brandon de discorde qui peut amener la ruine de la puissance de la Grande-Bretagne dans les Indes. Nous reviendrons sur les faits relatifs à cette affaire. Quant à présent, qu'il nous suffise de constater que, partout, en Angleterre comme en France, cette double expédition est considérée comme un malheur public dont la nation anglaise portera le deuil quelque jour.

Indépendamment de la question de justice, qui n'est jamais la question principale chez nos alliés, le peuple anglais se préoccupe avec terreur des conséquences de la lutte gigantesque dans laquelle lord Palmerston vient de lancer si imprudemment son pays; lutte qu'une fois engagée il ne sera au pouvoir de personne de faire cesser. Les Anglais craignent, comme première conséquence, que cette guerre, en nécessitant une nouvelle émigration de l'argent vers l'Orient, ne jette le pays dans toutes les calamités d'une crise financière et commerciale. Les Anglais savent compter.

II.

Un fait qui frappe tout d'abord l'imagination, lorsqu'on étudie la situation matérielle de la Grande-Bretagne, c'est la puissance que concentre en lui cet Etat aux mille bras,

« ZurückWeiter »