Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

On sait ce qu'est la juridiction des prises aux États-Unis. Conformément à la section 2, 1o, de l'article III de la Constitution, la compétence en matière de prises, comme en toutes autres matières d'amirauté ou affaires maritimes, appartient non pas aux tribunaux de chaque État, mais aux tribunaux fédéraux, savoir les Cours de district'. Aux termes de l'acte du 3 mars 18912, article 4, 2o, les appels doivent être portés devant la Cour suprême des États-Unis, siégeant à Washington.

Dès le 22 avril 1898, c'est-à-dire dès le début des hostilités, la série des captures opérées par les croiseurs de l'Union a commencé par la prise de deux vapeurs de commerce espagnols, le BuenaVentura et le Pedro. Le nombre des affaires de prises s'est élevé au total, d'après le rapport annuel présenté par l'attorney général après la guerre, en décembre 1898, à 56 navires, parmi lesquels le plus grand nombre étaient espagnols, quelques-uns britanniques et un

sont opposés à ce que nous puissions en rapporter le texte intégral. Tandis, en effet, qu'en France les décisions judiciaires sont généralement exemptes de tout développement et contiennent seulement un certain nombre de motifs directement pertinents, puis le dispositif de la sentence (C. proc. civ., art. 144), aux Etats-Unis, au contraire, la sentence est motivée par un exposé de l'opinion de la Cour, exposé souvent très développé, comportant la discussion approfondie des divers arguments, rappelant les précédents de jurisprudence et la doctrine, les discutant et constituant un document comparable à ce que sont en France, par exemple, les conclusions du ministère public. En outre, cet exposé de l'opinion de la Cour est souvent aussi précédé lui-même d'un exposé des faits plus ou moins développé. Quelque défiance qu'on doive toujours avoir pour une analyse et quelqu'intérêt qu'il y aurait eu, par conséquent, à présenter. les décisions judiciaires dans leur intégralité, on conçoit qu'il n'était pas possible de donner ici autre chose qu'une analyse résumée. Cette analyse a d'ailleurs consisté à exposer très sommairement les faits et à extraire le point de droit de l'opinion de la Cour, suivant en cela la méthode adoptée par l'attorney general dans le rapport annuel qu'il présente au Congrès sur les décisions rendues par la Cour suprême. Dans le cas, au surplus, où l'examen de la sentence même serait nécessaire, nous espérons que la référence exacte que nous donnons permettra de se reporter sans trop de difficultés au texte du recueil officiel.

On connaît la distinction fondamentale, consacrée par la Constitution de 1787, entre les matières fédérales, qui ressortissent aux institutions législatives ou judiciaires communes à tous les Etats confédérés, et les matières d'Etat, qui ressortissent aux institutions particulières de chaque Etat de l'Union. Sur la compétence des cours fédérales de district en matière maritime et spécialement en matière de prises, on pourra consulter utilement : J. Kent, Commentaries on American Law (13e éd., 1884), vol. I, no 357.

• Public Acts 1891, chap. 517, An Act to establish Circuit Courts of Appeal and to define and regulate in certain cases the jurisdiction of the Courts of the United States and for other purposes (Annuaire de législation étrangère, t. XXI, 1892, p. 896).

français, le paquebot Olinde-Rodrigues, de la Compagnie générale transatlantique. Presque toutes ces prises, soit 50, furent conduites à Key-West, dans le ressort du district sud de la Floride; 4 furent menées à Charleston, 1 à Savannah et 1 à New-York. - Le total des sommes réalisées par la vente des navires et cargaisons déclarés de bonne prise s'est élevé à plus de 700,000 dollars.

[blocks in formation]

PROCLAMATION DU 26 avril 1898, PORTANT Adhésion a certAINS PRINCIPES PENDANT LA Guerre avec L'ESPAGNE1.

Par le Président des États-Unis d'Amérique, Proclamation : — Attendu que par acte du Congrès, approuvé le 25 avril 1898, il est déclaré que la guerre existe et que la guerre a existé depuis le 21 avril 1898, ledit jour compris, entre les États-Unis d'Amérique et le royaume d'Espagne, et attendu qu'il est à désirer que ladite guerre soit conduite d'après les principes conformes aux idées actuellement reçues par les nations et sanctionnées par leur pratique récente; qu'il a été déjà déclaré que la politique de ce gouvernement n'aura pas recours à la course, mais qu'elle adhère à la déclaration de Paris; par ces motifs, moi, William Mac-Kinley, président des États-Unis d'Amérique, en vertu du pouvoir à moi conféré par la constitution et la législation, je déclare par les présentes et proclame 1o Le pavillon neutre couvre la marchandise ennemie, à l'exception de la contrebande de guerre ; 2o La marchandise neutre, qui n'est pas contrebande de guerre, n'est pas sujette à confiscation sous pavillon ennemi; - 3o Les blocus, pour être obligatoires, doivent être effectifs; 4° Les bâtiments marchands espagnols, dans tous les ports ou lieux des États-Unis, auront jusqu'au 21 mai 1898, inclusivement, pour embarquer leurs cargaisons et quitter lesdits ports ou lieux. Lesdits bâtiments espagnols, s'ils sont rencontrés en mer par un navire des États-Unis, seront auto

Proclamation no 6 (Proclamation du Président des Etats-Unis dans le volume des Lois 1897-1898, p. 29).

2

Comparer le délai analogue de 30 jours accordé aux navires ennemis par les instructions françaises du 25 juillet 1870, article 4er (Barboux, Jurisprudence du conseil des prises, p. 55.).

risés à continuer leur voyage si, sur examen de leurs papiers, il apparaît que leur chargement a été embarqué avant l'expiration du délai ci-dessus mentionné. Toutefois, cette disposition ne s'appliquera pas aux bâtiments espagnols ayant à bord soit aucun officier. au service militaire ou naval de l'ennemi, soit aucuns charbons (sauf la quantité nécessaire pour leur voyage), soit aucun autre article prohibé ou de contrebande de guerre, soit aucune dépêche de ou pour le gouvernement espagnol; - 50 Tout bâtiment espagnol qui, antérieurement au 21 avril 1898, aura quitté un port étranger à destination d'un port ou lieu quelconque des États-Unis, aura l'autorisation d'entrer dans ledit port ou lieu, d'y débarquer son chargement et de repartir immédiatement sans subir aucune vexation ; si ledit bâtiment est rencontré en mer par un navire des États-Unis, il sera autorisé à continuer son voyage vers tout port non bloqué;

[ocr errors]

6o Le droit de visite sera exercé avec des égards rigoureux pour les droits des neutres et les voyages des paquebots-poste ne seront interrompus que s'il y a les plus apparents motifs de soupçonner une violation du droit relatif à la contrebande ou au blocus. En foi de quoi j'ai, sur les présentes, signé de ma main et fait apposer le sceau des États-Unis. Fait à Washington, le 26 avril de l'année de Notre-Seigneur 1898 et 122 de l'indépendance des États-Unis. (Signé : William Mac-Kinley.)

INSTRUCTIONS DU DÉPARTEMENT DE LA MARINE du 20 juin 1898 RELATIVES AUX NAVIRES AFFECTÉS A UN service de bLOCUS ET AUX CROISEURS1.

1. Les bâtiments des États-Unis, affectés à un service de blocus et de croisière, seront régis par les règles du droit international, telles qu'elles sont énoncées dans les décisions des cours et dans les traités et manuels fournis par le Département de la marine aux bibliothèques de bord et par les dispositions des traités passés entre les États-Unis et les autres puissances.

Les instructions spéciales suivantes sont établies pour servir de guide aux officiers des États-Unis.

1 Navy Department, general, no 492. Instruction to blockading Vessels and Crui

sers.

Blocus.

2. Un blocus, pour être effectif et obligatoire, doit être maintenu par une force suffisante pour rendre dangereuse l'entrée ou la sortie du port. Si les navires affectés au blocus sont entraînés par le mauvais temps, mais reviennent sans délai à leurs stations, la continuité du blocus n'est pas par là rompue; mais s'ils quittent leurs stations volontairement, sauf pour les besoins du blocus, par exemple pour donner la chasse à un forceur de blocus, ou s'ils sont éloignés par les forces ennemies, le blocus est abandonné ou rompu. Comme la suspension d'un blocus est une chose grave, impliquant une notification nouvelle, les officiers commandant apporteront un soin particulier à ne donner prise à aucune plainte à ce sujet.

Notification aux neutres.

3. Les navires neutres ont droit à recevoir la notification d'un blocus avant d'être susceptibles de prise pour avoir tenté de le violer. Le caractère de cette notification n'est pas essentiel. Elle peut être expresse, comme si elle est faite par un des navires chargés du blocus, ou implicite comme lorsqu'elle est faite par une proclamation du gouvernement qui établit le blocus ou qu'elle résulte de la notoriété publique. Si un navire neutre peut être convaincu d'avoir eu, d'une façon quelconque, connaissance du blocus, il est de bonne prise et sera livré pour adjudication; mais, en l'absence de notification expresse, la règle d'une connaissance présumée résultant de la notoriété publique doit être interprétée d'une façon libérale pour les neutres.

4. Les navires qui apparaissent devant un port bloqué après ètre partis sans avoir reçu de notification, ont droit à une notification expresse par un navire affecté au blocus. Un officier devra monter à bord et porter sur le livre de bord le fait de ladite notification; cette notification comprendra le nom du navire affecté au blocus qui fait la notification, l'étendue du blocus, la date et le lieu, le tout certifié par la signature officielle de l'officier. Le navire doit alors être laissé libre; s'il essaie à nouveau d'entrer dans le mème port ou dans un autre port bloqué à l'égard duquel il a reçu notification, il est de bonne prise.

5. — S'il résulte du congé de départ du navire qu'il est parti après que la notification du blocus a été communiquée au pays de son port de départ, ou après que le fait du blocus, selon une juste présomption, était communément connu dans ce port, le navire pourra être livré comme prise. Toutefois, il y a à cette règle des exceptions résultant de traités et ces exceptions devront être strictement observées.

[ocr errors]

6. Un navire neutre peut partir de bonne foi pour un port bloqué avec une destination alternative devant être fixée sur avis de la continuation du blocus, reçu dans un port intermédiaire. Mais, dans ce cas, le navire n'est pas autorisé à poursuivre son voyage vers le port bloqué sous prétexte de s'enquérir de l'état du blocus; il doit recevoir cette information et fixer sa route avant d'arriver dans un voisinage suspect; si le blocus a été expressément établi avec due notification, tout doute sur la bonne foi d'un tel procédé sera interprété contre le neutre et le rendra sujet à saisie.

7. — Conformément à la règle adoptée par les États-Unis dans la guerre actuelle avec l'Espagne, les navires neutres trouvés dans un port au moment de l'établissement d'un blocus auront, à moins qu'il en soit autrement ordonné par les États-Unis, un délai de trente jours à partir de l'établissement du blocus pour embarquer leur cargaison et quitter ledit port.

[ocr errors]
[ocr errors]

8. Tout navire qui, en quelques circonstances que ce soit, résistera à la visite, détruira ses papiers, présentera des papiers frauduleux ou essayera de s'échapper, sera livré à l'adjudication. La faculté de capturer et de condamner un forceur de blocus commence et finit avec son voyage. S'il y a une juste preuve que le navire est parti avec l'intention d'échapper au blocus, il est de bonne prise dès le moment où il apparaît en haute mer. De même, s'il a réussi à s'échapper d'un port bloqué, il est sujet à capture à tout moment jusqu'à ce qu'il soit parvenu à son port d'attache. Mais le délit prend fin avec la terminaison du voyage.

9. Les équipages de forceurs de blocus ne sont pas des ennemis et ne seront pas traités comme prisonniers de guerre, mais avec égards. Cependant, tout officier ou membre de l'équipage, dont on peut désirer le témoignage devant la cour des prises, sera retenu comme témoin.

« ZurückWeiter »