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lettres se polissoient dans celui des courtisans. Racine se croyoit courtisan avec Cavoie; et Cavoie, bel esprit avec Racine. Heureuse illusion qui, en ramenant les arts au pied du trône même, en rapportoit dans la société ces formes aimables, ce ton de politesse et d'urbanité, plus utile qu'on ne pense au maintien de l'ordre, qui n'est autre chose que le respect des convenances. Ces convenances une fois violées, ou simplement négligées, tout retombe dans la confusion, tout dégénère;

Et la chute des arts suit la perte des mœurs.

que

D'après cet exposé du plan qui a dirigé notre travail, on conçoit sans peine que Boileau tout entier, soit l'on cherche et que l'on veuille étudier en lui l'homme moral, le grand poëte, ou le littérateur profond, doit se reproduire à chaque page de ce commentaire. Pour satisfaire cependant le goût, plus généralement répandu que jamais, des détails biographiques, et répondre à cet intérêt de curiosité maligne qu'inspire à certains lecteurs la vie privée d'un écrivain satirique, nous donnerons ici un Précis de la vie de Boileau, très courte, à ne considérer que le petit nombre et le peu d'importance des faits qu'elle renferme; mais abondamment remplie, si l'on examine l'influence morale et littéraire que ce grand homme exerça sur son siècle, et qu'il doit conserver

par-tout où la raison, le goût, et les mœurs, conserveront des partisans, et voudront faire des prosélytes.

Dans l'histoire de l'homme, comme dans l'examen de ses ouvrages, nous avons porté cet esprit d'impartialité dont on a paru nous savoir quelque gré, à l'égard de J. B. Rousseau. Ce n'est pas un mérite, puisque c'est un devoir pour l'écrivain qui se respecte; mais c'est un titre assuré aux suffrages de cette portion éclairée du public, pour laquelle, disoit l'autre Rousseau, on ne fait jamais assez bien, en faisant même de son mieux'.

I

Dictionnaire de Musique, dans la Préface.

10 Juin 1821.

A.

PRÉCIS HISTORIQUE

SUR

NICOLAS BOILEAU DESPRÉAUX.

Naris emunctæ,

Natura nunquam verba cui potuit dare.
PHÆD., lib. III, fab. III, v. 14.

GILLES BOILEAU, greffier de la grand'chambre du parlement de Paris, et père du poëte qui a rendu à jamais ce nom si célèbre, descendoit d'Estienne Boyleaux, Boileaue, ou Boylesve, prevôt de la ville de Paris, au treizième siècle 1.

Telle étoit la réputation de sagesse et de probité dont jouissoit ce magistrat, que quand Louis IX, qui donnoit alors à la terre le spectacle, trop rarement renouvelé pour le bonheur des peuples, d'un grand saint dans un monarque accompli, songea, en 1258, à régulariser les fonctions du prevôt de Paris; il s'occupa, dit Joinville, de faire chercher par tout le pays un bon justicier, et bien renommé de prud'homie, et il le trouva dans la personne d'Estienne Boy

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leaux, qui fut ainsi le premier prevôt de Paris, nommé par le roi.

Telle est la noble souche qui a donné à la France celui peut-être de tous ses poëtes qu'elle peut opposer avec le plus de confiance à tous les modernes, et aux plus célèbres parmi les anciens, dans les genres qu'il a empruntés d'eux. Sans doute un homme tel que Boileau est du nombre de ceux que l'on dispense volontiers d'aïeux: j'ai cru cependant qu'un mérite distingué par saint Louis; qu'une illustration, qui fut le prix de la vertu et des services rendus à l'état, étoient des titres à rappeler, dans cet aperçu historique sur un écrivain aussi fidéle, dans sa conduite, aux principes de l'honneur, qu'aux règles du goût et de la raison, dans ses ouvrages.

Son père n'étoit pas moins distingué au palais par sa probité, que par sa grande expérience dans les affaires ; quoique d'une fortune médiocre, et chargé d'une nombreuse famille, il soigna si heureusement l'éducation de ses fils, que le barreau, l'église, et sur-tout les lettres, s'honoreront à jamais du nom de Boileau.

Celui qui étoit destiné à porter si loin la gloire du Parnasse françois, et, suivant l'expression du sage et profond Vauvenargues, à éclairer tout son siècle; NICOLAS BOILEAU naquit le 1er no

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