Je ne songe qu'au bien des hommes, parce que je suis un homme social.

Ma morale est sévère, quoique je raconte de mauvaises actions.

Le roturier est l'homme par excellence. C'est lui qui paie les impôts, qui travaille, ensemence, récolte.

Votre tête est trop chargée de richesses et de futilités. Voyez : elle roule sur votre poitrine. Elle est trop grosse.

Votre cou, vos épaules ont un embonpoint excessif. Vous souvenez-vous de la guerre des Jacques? Elle fut terrible! Vos pieds vous refusèrent le service et s'élevèrent jusqu'à vos épaules, qu'ils blessèrent avec leurs souliers ferrés. Souvenez-vous-en!

Celui qui étudie l'espèce humaine à la ville rencontre tous les obstacles possibles, des êtres opaques, bien vêtus, bien fourrés, bien masqués, ayant par-dessus tout un domino qui dissimule jusqu'à leur taille.

Tous les hommes ont à peu près les mêmes idées. Ils sont méchants ou bons suivant une très légère impulsion, et les circonstances.

L'homme que vous formez en jouant sera joli comme un jeune minet. Il deviendra un jour ce qu'est le vieux chat.

SOUS LA RÉVOLUTION :

Quiconque, dans une révolution, tire en sens contraire du gouvernement et de la marche générale, est digne de mort... ainsi quiconque, ayant tiré en sens contraire du gouvernement, a été puni de mort, méritait son malheur et ne doit pas être regardé comme une victime. C'est un criminel. Ha! Si dans la nombreuse liste (de ceux qui ont été suppliciés) on cherchait les parfaitement innocents, on serait étonné d'en trouver aussi peu. Et combien, au contraire, qui ont survécu, portent le trouble dans la société et font regretter que le hasard les ait préservés.

Comme dans une famille bien réglée, le gouvernement doit tout faire. Point de cette prétendue liberté qui n'est que le désordre.

Une nation a la souveraineté absolue en elle... Si la Nation a le pouvoir absolu, elle doit l'exercer. Quels sont les moyens de l'exercer? La concentration. Si le pouvoir d'une nation est disséminé dans toutes les mains c'est l'anarchie complète, c'est la dissolution de la société. L'anarchie est le pire de tous les maux, il faut un gouvernement.

La Nation peut tout, puisqu'elle est tout... Une nation n'est liée par ses lois qu'autant qu'elle le veut. Qui peut l'empêcher de les changer, si c'est son intérêt?... Je vais plus loin jamais elle ne peut faire d'injustice à ses membres, leur enlevât-elle les biens, l'honneur et la vie.

La Révolution était bonne; mais ils n'étaient pas bons, ceux qui la faisaient. Il est une loi dans la nature, c'est celle des espèces. Elle tient à l'organisation de tout

l'univers. C'est une des plus belles lois de l'intelligence infinie, celle par laquelle Dieu classe tout ce qui existe, au physique comme au moral. Un chêne produit un chêne, un cheval un cheval, un homme produit un homme, un bienfait un bienfait. Nulle génération n'est plus sûre que celle des bienfaits. Une cruauté produit une cruauté. C'est par suite de cette loi, vulgairement nommée Providence, que tout acte de méchanceté germe sur la tête de celui qui l'a commis et l'étouffera un jour, s'il ne l'a pas réparé. La cruauté est toujours punie par un acte de même genre.

APRÈS THERMIDOR :

Un nouveau gouvernement commence. Aussi aveugle que l'ancien, il ne connaît qu'un moyen de réparer le mal, c'est de faire tout le contraire de ce que les précédents meneurs ont fait... On brisa le ressort, au lieu de le détendre petit à petit, et l'on amena, par une imprudente douceur, qui devint une véritable cruauté, tous les maux qui nous ont accablés depuis.

Exemple mémorable d'une politique de hasard, souvent contraire aux règles de la prudence, mais où les Français, phaétons nouveaux, ont été emportés par les événements, comme le fils d'Apollon et de Chimène le fut par les chevaux trop vigoureux du soleil.