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par la rage sont en décroissance, mais que le nombre même des personnes mordues diminue d'année en année.

En Allemagne, on a enrayé la rage par de simples mesures administratives; en Turquie, elle est pour ainsi dire inconnue, grâce aux conditions hygiéniques auxquelles les chiens sont soumis. En admettant la découverte du spécifique préventif de la rage, la création d'un établissement vaccinal international à Paris s'impose-t-elle comme une mesure d'utilité publique? Je réponds résolument non, car il importe alors non d'attirer à Paris tous les enragés, les mordus et les poltrons du monde, mais de répandre au plus vite, par humanité, la méthode et le vaccin rabique dans tous les pays.

Notons que pour le vaccin rabique, comme pour tous les autres vaccins, on ignore complètement s'ils ne déposent pas dans l'organisme le germe d'autres maladies, et ajoutons que la vaccination n'est pas plus nécessaire pour guérir ou prévenir la rage que pour toute autre affection. On trouve dans le Temps du 7 avril une autre méthode de traitement que l'on ne fait remonter qu'à 1855, mais qui est vieille comme le monde à ma,, nnaissance, il y a 40 ans, c'était déjà un remède de bonne femme. Ce remède consiste à faire suer abondamment le malade. Mais il n'y aurait pas besoin de fonder un Institut pour cela, ni de faire de Paris un hôpital universel.

En fait d'hôpitaux, la laïcisation continue son œuvre. L'hospice des Enfants-Assistés y a passé comme les autres. Le Journal des Débats trouve que la substitution d'un personnel laïque n'a pas pour elle la raison d'économie. Chaque sœur-surveillante est payée 200 fr. par an, soit, pour 27 sœurs, 5.400 fr.

Voyons maintenant le traitement des laïques.

Tout d'abord on augmente le nombre des surveillantes. Ne leur fautil pas plus de repos, plus de distractions, plus de sorties? On en prévoit donc 2 de plus, puis 2 institutrices; total 31 personnes au lieu de 27. L'instruction sera payée 2.000 francs.

Les surveillantes seront partagées en deux catégories : 14 qui, faute de place, devront habiter au dehors, aux gages de 1.250 francs; 15 qui résideront dans l'hospice, aux gages de 500, 600, 700 francs... Ce simple changement va obérer les finances d'une augmentation annuelle de 32.800 francs.

Ce n'est encore là que le côté le moins important de la question. Mais ne faut-il pas être galant envers les institutrices et les surveil

lantes? Et puis, cela fera aller le commerce: on sait que ce sont les dépenses de l'État et des municipalités qui font aller le commerce.

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S'il y a cette différence de dépense rien que pour un changement de personnel dans un hospice municipal, il y en a une bien plus grande et en sens contraire dans un hôpital libre.

Le Dr A. Crétin vient de publier une brochure dans laquelle il montre que pour l'année 1882 le budget de l'Assistance publique, à Paris, se soldait par un excédent de près de 7 millions, et que les prévisions du budget de 1886 font craindre un déficit de plus d'un million. Dans cette différence énorme, je ne puis dire ce qui revient à la laïcisation par l'augmentation des dépenses et par la diminution des libéralités particulières ».

Le même auteur montre qu'à l'hôpital Saint-Jacques, hôpital libre, les dépenses se réduisent à 500 francs par lit, abstraction faite du loyer, tandis que chaque lit, dans les mêmes conditions, coûte à l'Assistance publique 2.000 francs.

On se plaint de ce que tous les hôpitaux regorgent de malades; quoiqu'on en mette 40 dans des salles dont le cube d'air est calculé pour 30, on est obligé d'en refuser tous les jours. Si, au lieu d'avoir des hôpitaux officiels, nous avions des hôpitaux libres, sur le modèle de l'hôpital Saint-Jacques ou sur d'autres modèles, s'en trouveraiton plus mal? Évidemment oui, puisque cela nous ramènerait au XIe siècle, en pleine barbarie, c'est convenu.

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La Chambre de commerce de Reims a transmis au ministre du commerce une réclamation du syndicat du commerce des vins de Champagne contre certaines assertions contenues au sujet de la falsification de ces vins, dans le dernier rapport adressé par M. le chef du laboratoire municipal de Paris à M. le préfet de police, et qui a été publié en 1885.

Ce ne sont pas seulement les marchands de vins de Champagne qui ont lieu de se plaindre de la protection des consommateurs par le laboratoire municipal, ce sont tous les marchands de toutes sortes de denrées de la France. Il était difficile de trouver un meilleur moyen pour faire croire aux étrangers que les Français ne sont qu'une horde de fripons, uniquement occupés à se tromper les uns les autres sur la qualité de toutes marchandises. On comprend que, devant une

1 Organisation de l'assistance hospitalière libre et libérale, par le Dr A. Crétin, in-8. Paris, Garnier frères, 1886.

pareille opinion sur notre compte, les fameux débouchés, qu'on cherche tant à ouvrir, se ferment avec une persistance de plus en plus grande.

On n'avait pas encore songé à protéger les émigrateurs contre euxmêmes et contre leurs exploiteurs. Il y avait là une lacune à combler et elle va l'être. Désormais le ministère de l'intérieur indiquera aux préfets, qui les indiqueront aux maires, les pays où il convient d'émigrer ou non. C'est déjà commencé. Sont mis à l'index; le Mexique, la République dominicaine, le Vénézuela, le Brésil et les États-Unis de l'Amérique du nord. Quant aux pays où il convient d'aller, on ne le dit pas, mais il est facile de le deviner : c'est au Tonkin, au Congo, à Madagascar, à la Guyane.

Nous aurons donc désormais, dit le Journal des Débats, le LivretChaix de l'émigration rédigé par l'administration. Mais il faudra renforcer le personnel de la place Beauvau. Ce ne sera pas, en effet, une mince besogne que d'aviser les maires que les blanchisseuses sont demandées à Caracas, ou que le salaire des nourrices sèches tend à fléchir à Bogota... Appartient-il à l'État de mettre en garde les gens qui veulent émigrer contre les déconvenues possibles et de leur indiquer un meilleur emploi de leur activité et de leur travail? A ce compte, pourquoi n'interviendraitil pas pour guider les jeunes gens dans le choix d'une profession?

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La sensiblerie qui nous pousse nous... les gouvernants, protéger notre prochain contre les autres et contre lui-même est intarissable. Elle reçoit pourtant des leçons qui devraient la corriger. En voici encore une qui lui vient de l'œuvre de la bouchée de pain. Le Conseil municipal, subventionneur infatigable, avait accordé à cette bonne œuvre une subvention de 20.000 francs. Or, il résulte d'une enquête faite par une commission du Conseil, que, « de l'aveu même des dames patronnesses, celles-ci touchaient tantôt 20, tantôt 25 0/0 sur les dons qu'elles recueillaient. D'autre part, quelques témoins entendus déclarent que les fournisseurs faisaient des remises à M. Bourreif» (fondateur de l'œuvre).

En présence d'une telle situation, dit le rapporteur, la commission pense qu'il n'y a pas lieu de soutenir une œuvre ainsi dirigée.

Les conclusions du Rapport ont été adoptées, puis le conseil a renvoyé à une commission une proposition tendant à accorder des subventions à plusieurs œuvres analogues à celle de la bouchée de pain et qui se sont fondées dans divers arrondissements de Paris.

C'est pourtant là de la charité bien ordonnée. Cela rappelle les fondateurs de monastères du Parisis au moyen âge. Ces pauvres bons pères, qui n'avaient que leur vie en ce monde, comme dit Rabelais, se livraient à toutes sortes de pénitences et de macérations jusqu'à ce qu'ils aient obtenu des privilèges du roi et du pape. Les privilèges obtenus, ils se mettaient à faire bombance et s'abandonnaient à tous les vices; on était obligé de supprimer l'ordre. Mais au lieu de se borner là, on avait soin d'en créer un autre à la place, afin qu'il fit la même chose.

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L'anniversaire du 18 mars a été célébré dévotieusement et avec calme à Paris. On a remarqué, comme progrès sur les années précédentes, la présence de quelques députés et conseillers municipaux aux banquets, conférences, concerts donnés à cette occasion.

A Londres, la ligue socialiste a organisé un meeting pour fêter cet anniversaire et pour « renouveler l'expression de sa reconnaissance à ceux qui sont tombés en défendant la liberté et l'émancipation du travail. » En outre,

La réunion déclare être résolue à travailler sans relâche à l'anéantissement dans tous les pays du régime de la domination des classes ayant la force et la fraude pour bases et ne se maintenant que grâce à la bêtise des travailleurs, et à établir, à sa place, des conditions sociales basées sur des principes de justice et de fraternité internationales.

La réunion reconnaît que, suivant l'expérience puisée dans les événements de 1871, le but sus-mentionné ne saurait être atteint que par une action simultanée et puissamment organisée, et elle fait appel à l'union des classes ouvrières du monde entier.

Finalement, la réunion tient à affirmer encore une fois toute l'horreur que lui inspire l'attitude de la presse des capitalistes vis-à-vis des efforts du peuple tendant à obtenir son émancipation.

En Belgique, on ne s'est pas borné à dire ce qui précède; on a joint l'action à la parole.

Vous venez de parcourir les rues les plus riches de la ville, dit un orateur, vous avez vu les magasins regorgeant de richesses. Toutes ces richesses, c'est vous qui les avez produites par vos sueurs, par votre travail. Et qu'en avez-vous ? Vous êtes nus, vous avez faim! Vous êtes tous des lâches!

... Les propriétaires, n. d. D., c'est avec la dynamite qu'il faut les traiter... Une bète vous saute au nez pour défendre ses petits, et vous, vous

êtes assez... pour ne pas donner à manger à vos enfants. Vous êtes des lâches, n. d. D. Vive la Commune!

. Cela rappelle les Brabançons de jadis, qui « ardaient » les chàteaux et les monastères, qui pillaient les églises et faisaient des coiffes à leurs p... avec les linges d'autel.

De quoi se plaignent les Brabançons d'aujourd'hui ? Que demandent-ils ? Ils se plaignent de la corruption du suffrage censitaire et ils demandent le suffrage universel.

Vous ne sauriez vous faire une idée, dit à un correspondant du Temps l'auteur du catéchisme du peuple, de la démoralisation qui préside aux élections faites sous le régime censitaire. En dépit de la nouvelle loi électorale qui accorde l'adjonction des capacités, on a pu relever 33 0/0 d'abstentions aux élections de 1884; le reste des électeurs n'obéit qu'à des influences absolument étrangères à l'intérêt bien entendu du pays. Le gouvernement se trouve à la merci de deux ou trois coteries, telles que les officiers pensionnés, les cabaretiers, et, quelle que soit l'étiquette, c'est toujours la même marchandise.

Les politiciens belges en sont encore à croire que le suffrage universel remédiera à cette démoralisation!

Il n'est pourtant pas nécessaire d'avoir beaucoup de philosophie, de connaissance de la nature humaine, pour comprendre, même a priori, que la corruption générale est le principe même du suffrage universel. Que fait, que peut et doit faire un candidat pour être élu ? Promettre des places ou d'autres avantages aux gens influents, promettre des routes, promettre des écoles, promettre, promettre toujours et à tous l'amélioration de leur sort. Qu'est-ce que tout cela, sinon un encouragement perpétuel à la paresse, à l'indolence, à l'intrigue? Comment une nation composée de suppliants, de postulants, de mendiants, pourrait-elle vivre?

On croit que ce sont les socialistes et, en particulier, les anarchistes, qui ont provoqué les émeutes en Belgique. C'est leur faire beaucoup d'honneur, et ils doivent singulièrement se rengorger. Mais M. Bernaërt, président du Conseil, est bien plus près de la vérité lorsqu'il dit que la cause de ce mouvement est l'insuffisance des salaires, surtout dans l'industrie charbonnière. Il n'est pas moins dans la vérité, lorsqu'il montre que les mines ne rapportent pas plus au capital qu'au travail.

De 1876 à 1884, dit M. Beernaërt, la moitié des charbonnages a donné un déficit de 73.471.000 francs. L'autre moitié a donné des bénéfices montant à 92.875.000 francs. Soit, pour huit ans, un excédent d'une

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