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A partir de janvier 1853, par suite de nouvelles dispositions, les numéros eurent au moins 10 feuilles, afin d'échapper au fisc, et ils n'ont plus cessé d'être mensuels.

La deuxième série duodécennale a commencé en janvier 1854. Les 12 livraisons ont dès lors correspondu aux 12 mois de l'année. C'est aussi à partir de cette époque qu'au titre de Journal des Économistes a été ajouté le sous-titre « Revue de la science économique et de la statistique », qui précise encore mieux l'objet de la publication.

Cette deuxième série se compose donc de 144 livraisons mensuelles, soit de 48 volumes, à raison de 4 volumes par an, distribués, à cause des Tables, en deux périodes quinquennales et une période biennale, qui présentent les divisions suivantes :

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La troisième série duodécennale a commencé en janvier 1866 et comprend également 144 livraisons et 48 volumes. Les Tables, redevenues triennales, partagent cette série en quatre périodes:

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La quatrième série duodécennale a commencé en janvier 1878. Elle comprend déjà :

32 volumes, numéros 1 à 96, janvier 1878 à décembre 1885.

Depuis 1875, l'année est terminée par une Table sommaire des articles et des auteurs.

En résumé, la COLLECTION COMPLÈTE du Journal des Économistes comprend en ce moment, au début de la 45o année de son existence, trois séries de douze années chacune, et 32 volumes de sa IVe série, soit un total de 536 numéros ou livraisons formant 165 volumes.

La Table générale des 24 premières années (1841-1865) a paru en janvier 1883. Elle est complétée par six Tables triennales, de janvier 1866 à décembre 1883.

DES

ÉCONOMISTES

L'ANNÉE 1885

Le savant M. H.-F. Huxley faisait, il y a quelque temps, à la Société royale de Londres, un exposé sommaire des progrès des sciences physiques et naturelles pendant les soixante dernières années, et il remarquait qu'à aucune autre époque ces progrès n'avaient été aussi nombreux et leurs applications aux nécessités de la vie aussi importantes. On ne pourrait malheureusement en dire autant des sciences morales et politiques. Si elles n'ont pas subi un temps d'arrêt, elles n'ont pas réalisé des progrès comparables à ceux de la période précédente, signalée par les travaux des Adam Smith, des Malthus, des Ricardo et des J.-B. Say, et les applications des théories économiques en particulier, ont été infiniment plus lentes et rares que celles des sciences physiques et naturelles. Sans doute, nous avons vu se produire en Angleterre et se propager ailleurs des applications fécondes de la théorie du libre-échange. Grâce à l'initiative des Huskisson, des Cobden, des Bright, des Robert Peel, des Gladstone, des Michel Chevalier, le tarif anglais a été réformé de fond en comble, et ce progrès bienfaisant a été imité en France et dans la plupart des autres pays du continent, quoique avec de fortes atténuations. Mais les intérêts routiniers des industries auxquelles le libre-échange imposait la nécessité de renouveler leurs procédés et leur outillage, n'ont pas tardé à reprendre le dessus, et ils ont provoqué une puissante réaction protectionniste. Cette réaction, secondée par les vieilles animosités nationales, que la guerre a réveillées et qu'une politique rétrograde s'évertue à alimenter, est aujourd'hui maîtresse du terrain. Un homme d'État auquel les événements ont valu la direction politique de l'Europe, M. de Bismarck, s'en est fait le coryphée. De même que l'Angleterre a été, il y a quarante ans, le foyer de la liberté commerciale, l'Allemagne est devenue le foyer du protectionnisme continental, et M. de Bismarck peut revendiquer

auprès des protectionnistes présents et futurs la gloire d'un Robert Peel à rebours.

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L'Allemagne et, à sa suite, la France, sont revenues à la protection agricole, la Russie a augmenté de 20 0/0 son tarif, déjà ultraprotectionniste, et ce mouvement de réaction ne semble pas près de s'arrêter. Ni en France ni en Allemagne, les propriétaires fonciers ne se montrent satisfaits, et ils réclament un supplément de protection, destiné à porter à un minimum honnête et modéré de 25 0/0 les droits sur les nécessités de la vie. En Russie, des congrès métallurgiques et autres, réunis dans le but louable de propager les machines et les méthodes les plus perfectionnées, ont reconnu à l'unanimité que la meilleure des machines, celle qui dispense au besoin de toutes les autres, c'est un bon tarif prohibitif, et ils paraissent assurés de convertir le gouvernement à leur opinion. Nous pouvons constater toutefois avec satisfaction, que les protectionnistes n'ont pas réussi à rétablir les droits sur le pain et la viande en Belgique et en Italie. En outre, les élections anglaises ont donné la victoire aux free traders contre les fair traders. Enfin, dans son Message du 8 décembre, le président des États-Unis, M. Cleveland, recommande au congrès la réduction des droits d'importation sur les articles de première nécessité. Ce sont autant de bons signes d'une reprise du mouvement libre-échangiste; nous nous plaisons à les enregistrer, sans nous dissimuler combien la victoire est encore éloignée. Il faut que l'expérience de la protection se fasse encore une fois, et c'est seulement quand les maux et les désordres qu'elle aura engendrés seront devenus intolérables que l'on cessera de demander aux gouvernements de protéger l'industrie. Le procédé le plus efficace que nous puissions employer pour hâter la fin de cette expérience désastreuse, c'est d'instituer une enquête continue sur ses résultats, c'est de faire le compte de ce qu'elle coûte à la généralité des producteurs aussi bien qu'aux consommateurs. Les faits abondent; il ne s'agit que de les recueillir et de les mettre en lumière. Aux ÉtatsUnis, par exemple, où un système ultra-protectionniste a été mis en vigueur il y a un quart de siècle, veut-on savoir ce qu'il a produit? Comme d'habitude, ses premiers résultats ont été des plus séduisants. A l'abri d'une barrière devenue à peu près infranchissable pour les produits étrangers, une multitude d'industries se sont crées ou développées. Le capital et l'esprit d'entreprise y ont été attirés par des bénéfices extraordinaires, et ils y ont attiré à leur tour des légions d'ouvriers, par l'appât des hauts salaires. Pendant quelques années, les affaires ont marché à souhait. Les consommateurs se plaignaient bien à la vérité du renchérissement général des

articles de nécessité ou de confort, mais leurs plaintes [demeuraient sans écho, en présence de l'impulsion que les primes artificielles de la protection avaient imprimée à l'industrie. Cependant ces primes avaient fini, à la longue, par produire leurs résultats naturels et inévitables; elles avaient fait l'office d'une pompe aspirante des capitaux et du travail et surexcité la production au delà des besoins de la consommation. Dans les premières années, les industries protégées ne pouvaient suffire à la demande du marché intérieur. Un moment arriva où elles l'encombrèrent. De là une crise, avec son cortège de faillites, de grèves et de suspension du travail. En 1883, les faillites ont augmenté de 37 0/0 en comparaison de l'année précédente, et on comptait au commencement de 1884 environ 350.000 ouvriers sans ouvrage, dans les principales branches de l'industrie manufacturière et minière. Bref, en Amérique comme en Europe, le protectionnisme avait sinon créé, au moins propagé et rendu endémique, la plaie du paupérisme. Voilà le revers de la médaille de la protection! Avec les mauvais jours sont venus les dissentiments et les querelles. Le marché intérieur ayant cessé de suffire à la production industrielle surexcitée, les manufacturiers les plus intelligents et les plus avisés ont cherché des débouchés au dehors. Mais ils ont pu se convaincre alors que la protection ne conférait pas seulement des faveurs; qu'elle imposait aussi des charges. Les fabricants de cotonnades et de lainages, par exemple, se sont aperçus qu'ils payaient un lourd tribut aux producteurs de combustible, aux fabricants de machines et à leurs autres fournisseurs protégés comme eux, et que ce tribut qu'ils colloquaient au consommateur sur le marché protégé de l'intérieur, ils ne pouvaient en obtenir le remboursement sur les marchés de concurrence. Ils ont demandé, en conséquence, le dégrèvement des matières premières, et c'est ainsi que les protectionnistes eux-mêmes se sont chargés de commencer la démolition de l'édifice de la protection. En Allemagne, nous voyons de même les fabricants de machines réclamer la suppression des droits sur les fers, les selliers et les maroquiniers celle des droits sur les cuirs, les chocolatiers celle des droits sur le cacao, et les fabricants de tissus mélangés demander tout au moins l'admission temporaire en franchise des fils de coton, afin de pouvoir lutter sur les marchés de concurrence avec leurs rivaux moins grevés de l'Angleterre, de la Belgique et de la Suisse. Le gouvernement protectionniste de M. de Bismarck a fermé jusqu'à présent l'oreille à ces réclamations inconvenantes, pour ne pas dire séditieuses, mais qui sait si le malaise et la décadence des industries tributaires de la protection ne finiront pas par l'obliger à y avoir égard?

Une autre cause ne manquera point de contribuer encore à la chute de ce faux système, c'est la nécessité qui commence à s'imposer, de le compléter, en étendant aux salaires la protection dévolue aux profits et aux rentes. Les classes ouvrières ont fini par s'apercevoir que l'exclusion des produits étrangers ne protège que les entrepreneurs d'industrie et les propriétaires fonciers, et elles demandent à être protégées à leur tour, par l'exclusion du travail étranger. Le gouvernement américain a cédé à cette pression populaire en prohibant l'importation du travail chinois. Le gouvernement allemand a pris une mesure analogue en expulsant 80.000 Polonais, sous le prétexte que ces malheureux « dérangeaient les rapports professionnels » des Allemands, autrement dit qu'ils faisaient baisser les salaires. En France, on demande dans les congrès ouvriers l'exclusion des ouvriers allemands, belges, italiens, qui travaillent au rabais et, en vérité, nous ne voyons pas quel argument valable les protectionnistes pourraient opposer à cette extension de leur système. Si l'on protège les profits et les rentes, pourquoi ne protégerait-on pas les salaires! Le travail des ouvriers n'est-il pas aussi un travail national? Mais que deviendra l'industrie le jour où à tous ses autres fardeaux se joindra celui de la protection des salaires nationaux ? Ce sera la ruine? Alors, faute de pouvoir protéger tout le monde, on prendra peut-être la bonne résolution de ne protéger per

sonne.

Le retour au protectionnisme avait pour conséquence logique l'extension du marché réservé, au moyen de la conquête de nouvelles colonies et du rétablissement du système colonial. C'est encore M. de Bismarck qui a pris l'initiative de ce progrès à reculons. L'Allemagne et l'Italie converties par cet apôtre de la politique coloniale ont fondé des établissements en Afrique et dans la Nouvelle-Guinée. L'Allemagne a même été sur le point d'entrer en guerre avec l'Espagne pour avoir voulu s'annexer les îles Carolines. La France a entrepris la conquête du Tonkin et de Madagascar, et commencé à rétablir le vieux système colonial en ressuscitant le régime des droits différentiels en faveur des produits de la métropole, à la Guadeloupe, à la Martinique, à la Réunion et en Cochinchine. A la vérité, il reste encore à compléter ce système en rétablissant dans la métropole les droits différentiels en faveur des produits coloniaux. Mais ce n'est plus qu'une question de temps. A l'ouverture de la session du conseil supérieur des colonies, le sous-secrétaire d'État de ce département a reconnu que « par une équitable réciprocité, les colonies sont en droit de demander un traitement de faveur pour leurs produits à leur entrée en France ». Et il a ajouté : « Je n'épargnerai rien en ce qui

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