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sentant les intérêts de l'agriculture et du commerce. C'étaient des associations mixtes, à moitié gouvernementales, qui n'avaient pas d'attributions bien arrêtées ni de programme fixé. En 1847, le besoin d'un département spécial du commerce et de l'industrie, qui se faisait sentir depuis longtemps, reçut enfin satisfaction. Après que des délégués eurent délibéré sur la forme à donner à la nouvelle institution (mai 1848), le gouvernement décréta la création d'un Conseil central du commerce et de l'industrie (Centralstelle für Gerverbe und Handel). Celui-ci a été réorganisé en 1856; la loi du 26 septembre 1856 est encore en vigueur aujourd'hui.

Les attributions du conseil sont fort étendues: tout d'abord il a un rôle consultatif dans les questions de législation industrielle et commerciale, de douanes. Il est appelé à délibérer sur ces matières et à soumettre son avis motivé au Gouvernement. Il a, de plus, l'initiative pour proposer les mesures qu'il juge avantageuses au libre développement du commerce et de l'industrie; il est chargé de recueillir les données statistiques, d'étudier la situation des ouvriers et des apprentis au point de vue économique et moral. Les chambres de commerce du royaume lui sont subordonnées; il doit contrôler leur action, coordonner les renseignements contenus dans leurs rapports et transmettre les vœux qu'elles peuvent formuler aux autorités compétentes. Le conseil est appelé à exercer son action en vue de la fondation d'institutions favorables au progrès économique du royaume marchés, foires, établissements de crédit, d'assurances. On lui a confié la mission de répandre les connaissances techniques, professionnelles et commerciales par l'enseignement, par des publications utiles, par la création d'une collection de modèles de machines, de produits étrangers remarquables, par l'envoi d'élèves à l'étranger. Enfin on lui a recommandé d'étudier par quels moyens on pouvait ouvrir des débouchés aux produits indigènes, et organiser dans ce dessein des expositions industrielles.

Le conseil du commerce fut placé dans le ressort du Ministre de l'intérieur qui, dans les circonstances exceptionnelles, reçut le droit de présider les séances. Il est composé de fonctionnaires administratifs et techniques, de professeurs aux écoles professionnelles spéciales et de représentants de l'industrie et du commerce. Ces derniers sont nommés par les chambres de commerce; ils doivent être au moins douze, et leur nombre double de celui des employés du Gouvernement. Les affaires courantes, l'octroi de brevets et de patentes sont réservés à un comité composé des membres officiels (fonctionnaires et professeurs). Le conseil, dans son ensemble, délibère sur les questions d'un intérêt général.

En 1848, sous l'impression des événements qui bouleversaient l'Europe

et afin de complaire aux tendances populaires, on avait compris des ouvriers dans le personnel du conseil. Ils disparurent lors de la réorganisation ultérieure.

Le conseil du commerce et de l'industrie est ainsi un organe à deux

fins:

d'une part, il donne son avis sur les affaires et les lois que le Gouvernement soumet à son examen; d'autre part, il agit pour son compte, ayant une sphère d'activité indépendante. En comparant ce qui existait au moment où il fut créé avec la situation actuelle, et en tenant compte de la part qu'il a prise à la transformation matérielle du Wurtemberg, on reconnaîtra que son influence a été bienfaisante, sa politique libérale et éclairée. Il s'est prononcé contre tout ce qui entravait le libre essor du commerce et de l'industrie; il a penché le plus souvent du côté du free trade, comprenant les difficultés que les restrictions pesant sur certains produits causent à une partie de l'industrie; il a réclamé l'abolition de règlements industriels erronés. C'est surtout par l'enseignement qu'il a agi sur le Wurtemberg. Sous ce terme d'enseignement, nous entendons non seulement l'établissement d'écoles, mais aussi la fondation d'un Musée industriel, l'introduction dans le pays de machines perfectionnées, la popularisation des découvertes les plus récentes. Comme nous le disons plus loin; le conseil central a toujours été disposé à acheter à l'étranger les machines les plus nouvelles, à les préter aux industriels et même à les leur céder avec des facilités de paiement.

Si le Wurtemberg a retiré de si grands avantages pratiques de l'institution, il le doit pour une bonne part à M. de Steinbeiss qui, de 1855 à 1880, s'est trouvé à la tête du conseil central. Dès le début, il avait été appelé à y siéger comme conseiller technique et, à la mort du directeur de Sautter, il fut nommé son successeur. M. de Steinbeiss, pendant trente ans, a été l'âme de la Centralstelle. Ingénieur des mines, sorti du corps des Bergkadetten, il a dirigé pendant douze ans les usines métallurgiques du prince de Furstenberg et, pendant six ans, celles des frères Stumm, à Neunkirchen au moment où il était entré au service du prince de Furstenberg, les usines de celui-ci n'existaient en quelque sorte pas et il avait eu tout à créer. Aux connaissances scientifiques, M. de Steinbeiss joignait ainsi l'expérience pratique. Il fut envoyé par le gouvernement Wurtembergeois en mission à diverses reprises : en 1853, le roi le chargea d'étudier de près l'industrie de la Belgique et, de cette étude, naquit un petit volume rempli d'excellentes suggestions sur la manière de développer l'industrie nationale. M. de Steinbeiss a représenté le Wur

1 Die elemente der Gewerbeförderung nachgewiesen an den Grundlagen der belgischen Industrie, von D. F. von Steinbeiss, Stuttgart 1883.

temberg comme commissaire général aux expositions universelles. Le conseil central avait besoin d'un budget régulier assez considérable afin de répondre aux exigences du programme gouvernemental. Jusqu'en 1848, c'est-à-dire avant sa création, on consacrait annuellement 75.000 florins, provenant d'ordinaire d'excédents budgétaires, à des dépenses qui avaient pour objet de stimuler l'industrie indigène, d'acquérir des outils et des machines, d'accorder des subsides aux fabricants. La jeune institution se crut en droit de demander aux Chambres cent mille florins, d'autant plus que l'agriculture figurait dans les dépenses de l'État avec 122.000 florins annuellement depuis 1845 et que, de plus, en douze ans, on avait employé 2.730.000 florins au rachat des dimes. Les Chambres n'accordèrent que la moitié de la somme, en admettant toutefois la faculté pour le conseil du commerce et de l'industrie de reporter d'une année à l'autre les montants non dépensés. Cette autorisation d'économiser eut de fatales conséquences, car, en 1855, on réduisit le crédit de 20.000 florins, eu égard à l'importance des sommes en caisse. En 1858, on fut plus généreux et on accorda 63.000 florins.

Voici quelques détails sur les dépenses de la Centralstellefür Hundel und Gewerbe.

Durant les sept premières années de son existence, elle a consacré : 65.000 florins aux 3 expositions de Paris, Londres et Munich;

30.000

35.000

40.000

60.000

40.000

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participation à la Société de commerce;

organisation du Musée industriel (Musterlager);

écoles professionnelles de perfectionnement et enseignement technique ;

introduction de nouvelles branches d'industrie;

achat de machines et d'outils.

De 1856 à 1873, il a été employé :

120.000 florins introduction de nouvelles industries, acquisition de ma

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chines, outils ;

constructions pour le Musée industriel, achats de modèles, dessins;

enseignement pratique, tissage;

technique;

publications utiles;

chambres de commerce;

expositions industrielles locales;

exposition de Londres, 1862;

Paris, 1867;

Vienne, 1873.

Le conseil central a été consulté par le gouvernement, toutes les fois que des questions commerciales ou industrielles ont été soulevées. Il a

dû émettre son avis, lorsqu'il y a eu des négociations ouvertes en vue de conclure des traités de commerce, lorsque le Wurtemberg s'est prononcé sur le traité conclu entre la Prusse et la France. L'ancienne organisation des corps de métier, avec son esprit étroit et routinier, avait survécu dans le pays; elle était une source d'embarras, de querelles, elle empêchait le progrès. A diverses reprises, on avait restreint les privilèges des patrons (1836). Le conseil central avait toujours exercé son influence dans le sens le plus libéral; en 1862, on abolit enfin les derniers restes d'une législation surannée, et la liberté de tous les métiers, du commerce (les pharmaciens seuls furent exceptés), le droit de s'établir où l'on voulait, furent reconnus au sujet du royaume. Nous n'avons pas à raconter en détail l'histoire de la Centralstelle: nous passons sur les efforts qu'elle a faits en vue d'obtenir l'établissement d'une banque à Stuttgart, afin d'assurer au Wurtemberg une circulation fiduciaire indépendante: on était tributaire des banques de Francfort et de Darmstadt qui inondaient le royaume de leurs billets. Tant que le régime de la concession gouvernementale a subsisté, M. de Steinbeiss et ses collègues ont appuyé la demande de crédits qui répondaient aux véritables besoins du pays. Dès 1855, ils recommandèrent l'organisation de banques populaires, qui devaient faire des avances aux ouvriers. Il en existe aujourd'hui 110, qui comptent en moyenne 386 membres, et qui reposent sur le principe de la solidarité. En 1882, le Wurtemberg comptait 84 sociétés par actions,avec un capital de 160 millions de francs environ. La plus ancienne remonte à l'année 1837.

Arivons à l'enseignement. Comme nous l'avons dit plus haut, la fréquentation de l'école a été obligatoire dans le Wurtemberg dès le XVIe siècle. Les humanités ont été cultivées avec soin; de grosses sommes ont été dépensées par l'État et les communes. On n'a songé à l'instruction professionnelle que beaucoup plus tard; en 1825, on organisa les premières écoles industrielles du dimanche le patron devait tenir la main à y envoyer ses apprentis. En 1835, le gouvernement fit un pas de plus dans la même voie; cédant à la pression de l'opinion publique, il pourvut le royaume de realschulen, écoles où l'on n'enseignait pas le latin, mais les sciences et les langues modernes. L'ad

:

1 Dans plusieurs occasions, la Centralstelle s'est prononcée favorablement au libre échange. Elle a proclamé que le développement d'une industrie capable d'exporter au dehors exige l'abaissement des tarifs de douane. (Rapport de 1862.)

2 Les avances à échéance fixe faites par 97 associations ont atteint, en 1882, 32 millions de francs, les crédits en comptes-courants, 101 millions; le capital appartenant à 99 associations s'élevait à plus de 19 millions de francs.

mission était restreinte à ceux qui avaient pu passer un examen d'entrée; comme elles n'étaient pas obligatoires, on avait l'intention d'y réunir les enfants qui avaient l'esprit ouvert; c'était un moyen de remédier aux inconvénients d'une instruction primaire universelle, qui était imposée à tous sans distinction. Le personnel enseignant des realschulen n'avait qu'une préparation théorique et, pour la plupart, les professeurs étaient d'anciens maîtres d'école. Le dessin était enseigné par des peintres de portrait ou des paysagistes, qui avaient des notions fort vagues sur l'ornement et le dessin géométrique.

En 1846, le gouvernement permit à un dessinateur (Tanner), qui avait fait son éducation à Paris, à l'aide de subsides de l'État, d'ouvrir un cours du soir, fréquenté par 10 à 20 élèves. Ce cours fut interrompu en 1848; il fut repris en 1850, sur les instances de la Centralstelle für Gewerbe und Handel. L'influence de celle-ci fut exercée d'une manière continue, afin d'établir un système raisonné d'enseignement pratique, dont profiteraient les jeunes gens sortis de l'école primaire. Les 80 écoles du dimanche ne suffisaient pas, et si l'on avait créé une pépinière d'ingénieurs et d'architectes (l'École polytechnique), il ne fallait pas oublier les ouvriers. On n'obtiendrait des résultats sérieux, qu'en tenant compte des besoins locaux; on ne pouvait imposer un programme rigidement uniforme. Il fallait prendre les maîtres en partie parmi l'élite des ouvriers; à cette condition, on aurait des gens capables de montrer comment on manie l'outil.

Le Wurtemberg possède des écoles pour ceux qui ont fini l'école primaire (gewerbliche fortbildugsschulen) dans 151 localités (renfermant 685,000 habitants); de plus, 26 écoles destinées aux femmes; le nombre des élèves était en 1882 de 13,391, dont 9,674 du sexe mâle. Le personnel enseignant était de 735 maîtres (1 sur 18 élèves). L'État participe pour 162 mille francs aux dépenses. Les matières enseignées comprennent le dessin, le calcul, l'allemand, la tenue des livres. Les leçons se font le soir et le dimanche. L'école professionnelle de Stuttgart a un programme un peu plus étendu. Pour compléter l'énumération des établissements d'instruction, il faut citer l'École polytechnique (350 étudiants), l'École des arts industriels (56 élèves), l'École royale d'architecture (330 élèves).

Dans les localités où se trouve une branche d'industrie développée, on a établi un enseignement spécial, on a fondé des écoles de tissage, de sculpture sur bois et sur os ou ivoire; comme les maîtres manquaient au début, on a eu des cours ambulants, qui se transportaient d'une ville à l'autre.

Former un groupe d'hommes qui fussent capables de répandre dans le peuple les notions nécessaires, qui pussent dessiner et modeler, a été

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