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quent-ils plus les hommes? Comment ne les ont-ils pas exterminés à mesure qu'ils naissaient? La nécessité, dira-t-on, a développé l'intelligence chez l'homme, et c'est par elle qu'il s'est élevé au-dessus des autres animaux. La même nécessité aurait dû produire le même effet sur les autres animaux; si l'homme descend du singe, le singe devrait être plus intelligent que l'homme, étant depuis plus longtemps soumis à la nécessité de lutter contre les autres espèces.

On voit que les positivistes n'ont pas besoin de se hâter à tirer des inductions de leurs principes, ils sont encore sujets à trop d'objections. Revenons à notre monde animal.

M. Bourdeau divise l'histoire de l'humanité, dans ses rapports avec le monde animal, en plusieurs époques. C'est d'abord l'état sauvage ou primitif, dans lequel l'homme vivait de la « quête » des végétaux et des animaux plus faibles que lui qui convenaient à sa nourriture. Plus tard, l'homme s'est fabriqué des engins et instruments pour s'emparer des animaux utiles et se débarrasser des animaux nuisibles; la chasse et la pêche furent ses occupations et ses moyens de subsistance. C'est l'état barbare. Il s'aperçut ensuite qu'en domestiquant des animaux utiles il s'épargnait la peine de les chasser en cas de besoin et il se livra à l'industrie pastorale. Cette industrie ne devait pas être facile à pratiquer en hiver dans les régions tempérées, car, d'après l'auteur, il n'y avait pas encore d'agriculture. Enfin l'homme s'avisa de se servir des animaux pour cultiver la terre, de faire provision de grains et de fourrages pour l'hiver, l'industrie agricole naquit, et, à sa suite, toutes les autres industries. C'est alors que l'homme fut définitivement le roi de la création et que la civilisation, avec tous ses avantages, sans compter ses inconvénients, fit les progrès que nous avons sous les yeux.

Cet aperçu donne une idée de ce qu'est le livre de M. Bourdeau. Toutes les sciences sont mises à contribution pour développer son plan et soutenir sa thèse; l'érudition la plus vaste, la plus variée répand son intérêt sur tout l'ouvrage et en rend la lecture aussi agréable qu'instructive. Les conclusions sont, je l'ai déjà dit, trop conformes à la doctrine posiviste, mais les faits restent et ils serviront peut-être à d'autres pour soutenir la doctrine contraire, ou mieux pour établir une théorie intermédiaire plus rationnelle.

Des considérations générales : 1o Résultats économiques; 2o influences modificatrices; 3o avenir de la domestication, terminent et concluent le volume. M. Bourdeau voudrait voir soumises à la domestication beaucoup d'autres espèces d'animaux. « Bien des sortes d'oiseaux seraient susceptibles d'ajouter, soit au produit de nos basses-cours, soit à l'agrément de nos volières ou de nos jardins... A côté de nos poules et de nos dindons, il serait possible de propager la grande outarde indigène, diverses

espèces de tétras, le hocco, le marail, des perdrix, des cailles, etc. »> De ce que cela est possible, il ne s'ensuit pas nécessairement que cela soit profitable. En tout cas, observons que c'est à l'initiative privée qu'il appartient de le faire; elle seule est apte à juger s'il y a profit à élever des outardes, des perdrix, etc. Mais ce n'est guère dans un pays où la population et par conséquent la demande d'aliments reste stationnaire, que l'on peut songer à domestiquer de nouvelles espèces d'animaux, quelles que soient leurs qualités.

La Conquête du monde animal est le second volume d'une série dont le premier paru est les Forces de l'industrie, et dont les six autres paraltront successivement. Nous souhaitons que ceux-ci ne se fassent pas trop longtemps attendre et que tous soient couronnés du succès que mérite une entreprise de cette importance et si savamment conduite.

ROUXEL.

LA VIE A BON MARCHÉ, ouvrage accompagné de 50 menus et recettes culinaires, par E. TANNEGUY DE WOGAN. In-16, Paris, E. Plon, Nourrit et Ce, 1885.

Le végétarisme, peu répandu en France, fait des progrès dans plusieurs autres pays. La société végétarienne anglaise, nous dit M. Tanneguy de Wogan, compte plus de 3.000 membres. Celle de New-York en compte de 7 à 8.000. Les sociétés allemandes en comptent 20.000 environ. Des restaurants végétariens existent dans un grand nombre de villes; des journaux, des brochures, des livres sont publiés en vue de populariser le nouveau régime; le livre de M. Tanneguy de Wogan est du nombre, et ce n'est pas le moins éloquent ni le moins persuasif, quoiqu'il ne soit pas absolument exempt de quelque exagération. Laissons au lecteur le plaisir de lire le livre tout entier, il en vaut la peine, et contentons-nous d'ajouter, en faveur du végétarisme, quelques réflexions à celles de l'auteur.

Les partisans du régime animal soutiennent que les peuples végétariens manquent de courage, d'intelligence, qu'ils ne sont pas guerriers ni progressistes.

Il est facile de poser des assertions, mais il est plus difficile de les appuyer sur des faits probants, car beaucoup de causes autres que le régime interviennent dans la constitution des peuples. On ne voit pas que les Romains de la République, qui se nourrissaient de bouillie et des légumes qu'eux-mêmes cultivaient, fussent moins courageux ni moins intelligents que leurs neveux de la décadence, qui mangeaient des poissons engraissés avec de la chair humaine, et même, si l'on en croit Galien, <«<les parties les plus délicates du corps de l'homme et de la femme. »

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Les Chinois ne sont pas progressistes. Pourquoi le seraient-ils s'ils se trouvent bien ainsi? De quoi s'agit-il en ce monde? Mais leur stationnement tient à de tout autres causes que leur régime, notamment à leur écriture et à leur mandarinisme. Ils ne sont pas courageux, ils ne sont

pas guerriers. Heureusement pour nous. En tout cas, cela ne vient pas de leur genre de nourriture, mais de ce qu'ils n'ont pas eu depuis longtemps l'occasion de le devenir. Ils l'ont été jadis, ils le redeviendront probablement et plus tôt qu'on le pense, sans avoir besoin de changer de régime.

Il est donc très loin d'être prouvé que le régime animal soit préférable au végétal; et si l'on considère qu'il est bien plus difficile de revenir du régime animal au végétal lorsque l'habitude en est prise, que de passer du végétal à l'animal, on conviendra qu'il est désirable que le végétarisme fasse la base de l'alimentation du grand nombre. Au surplus, le goût de chacun est le meilleur guide, et lorsqu'on voit, comme l'observe M. Baudrillart dans son rapport sur la condition des populations rurales de la Bretagne, les paysans préférer la nourriture grossière à laquelle ils sont accoutumés à la nourriture plus délicate que l'on a quelquefois tenté de leur imposer, il faut bien croire que cette nourriture, toute primitive qu'elle est, convient mieux à leur constitution.

En préconisant le végétarisme, on ne veut pourtant pas dire qu'il faut tous et subitement passer au régime végétal. Outre que cela n'est pas possible, il est toujours bon de varier sa nourriture; aussi M. Tanneguy de Wogan lui-même, végétarien radical s'il y en a, est-il le premier à recommander la variété dans le régime végétal, et à conseiller de ne pas passer brusquement de l'animal au végétal pur.

Lorsque les personnes habituées à une nourriture animale changent de régime, un peu de prudence est nécessaire au début. Les changements, qu'ils soient en bien ou en mal, causent toujours un certain trouble au commencement. » Il faut ajouter, pour tout dire, que le régime diététique des végétariens est accompagné d'un régime gymnastique qui peut aussi bien lui servir d'assaisonnement comme il en servait au brouet lacédémonien: respirer jour et nuit un air pur, prendre de l'exercice, etc.

A part l'avant-propos, où l'auteur parle de soumettre aux Chambres une proposition relative aux comités d'approvisionnement, ce petit livre, écrit avec entrain et conviction, est excellent. La conclusion doit être lue et relue. Quant aux recettes culinaires végétariennes, je n'en puis dire ni bien ni mal, ne les ayant pas expérimentées. L'auteur affirme qu'en suivant son régime, un individu peut vivre à raison de dix sous par jour. Ce n'est pas cher, au prix où est le beurre.

ROUXEL.

LOCAL OPTION, par W.-S. CAINE, HOYLE et BURNS. Un volume in-12.

Londres, 1885.

Les Anglais entendent par le terme de Local option la faculté qu'on accorde aux localités de se prononcer sur le maintien de la suppression du débit des boissons enivrantes. Ce terme se trouve dans une lettre adressée en 1868 par M. Gladstone à l'United King dom Alliance, association qui a été fondée en 1853 « to promote the total and immediate legislative suppression of the traffic in intoxicating liquors as beverages », et depuis lors, à cause de sa brièveté, il a été employé par les partisans de la tempérance obligatoire et leurs adversaires. La Société d'économie politique de Paris s'est occupée, dans une discussion qui a eu lieu au commencement de l'année 1885, de la question du débit des boissons; c'est la raison qui me porte à signaler le petit volume de MM. Caine, Hoyle et Burns à l'attention de nos lecteurs. Ce volume est écrit par des gens convaincus qu'il est du devoir de la majorité de mettre un terme aux ravages de l'alcoolisme, et qui apportent à l'exposé de leur doctrine autoritaire toute la série d'arguments et de statistiques imaginable. Il serait difficile de supprimer d'un coup la vente des boissons alcooliques; aucun parlement n'aurait le courage de s'aliéner par un vote tant d'électeurs influents, mais, s'il est impossible de légiférer d'en haut pour l'ensemble du pays, pourquoi n'accorderait-on pas aux habitants d'une localité l'option de maintenir ou de supprimer les cabarets?

On est mécontent de la manière dont les magistrats actuels accordent les patentes aux babitants; on réformera le système en le rendant plus démocratique et en permettant à la majorité de régler le sort de la minorité, de condamner celle-ci à l'abstinence ou au spectacle des gin palaces, suivant que les suffrages de l'une ou l'autre doctrine l'emporteront.

Cette idée a fait lentement son chemin elle a commencé par se heurter à une vive résistance dans le sein du Parlement, lorsque M. (aujourd'hui sir) Idelfrid Lawson introduisit en 1864 le premier projet de la permission prohibitory liquor bill. Des résolutions dans ce sens ont été soumises à la Chambre des communes en 1879, 1880, 1881 et 1883; elles étaient destinées à servir de base à la législation. Après avoir eu contre lui 114 voix de majorité en 1880 (parlement avec majorité conservatrice), sir Id. Lawson a eu, en 1883, 87 voix de majorité en sa fa

veur.

Le «<local option » figure sur le programme radical aux prochaines élections anglaises. Le volume de M. Caine est destiné à éclairer les électeurs et il fait partie d'une collection de petits traités de politique

financière, coloniale, etc., édités par M. Sidney Buxton. M. Sidney eu l'ingénieuse idée de publier un Manuel des questions politiques du jour, où il met face à face les auguments pour ou contre. C'est une petite encyclopédie contradictoire fort intéressante et fort bonne à consulter. La collection « the Imperial Parliament » appartient à ce même ordre d'idées. Il se publie ainsi en Angleterre une foule d'excellents petits traités de politique et d'économie politique. Je citerai, par exemple, l'English citizen's Series qui parait chez Macmillan.

Pour revenir au volume sur Local option, il est intéressant à titre de document sur la question si compliquée du débit des boissons. ARTHUR RAFFALOVICH.

ERRATUM

Les corrections du compte rendu du livre de M. Fouillée n'ayant pas été faites, il est nécessaire de relever au moins les erreurs suivantes : Page 463, titre La propriété générale, lisez la propriété sociale. Page 465, ligne 29, une inégalité, lisez une égalité.

Page 466, ligne 12, les connaissances existent, lisez le communisme existe.

CHRONIQUE

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SOMMAIRE L'élection du Président de la République. La stabilité présidentielle et l'instabilité ministérielle. La question coloniale. Les sociétés allemandes de colonisation. La situation du Tonkin. Les aptitudes colonisatrices et civilisatrices de l'État. Les étrennes de l'Algérie. La question du maximum du taux de l'intérêt au Sénat. L'argent est-il une marchandise? Réponse de M. Léon Say. La composition du nouveau parlement anglais. Les résolutions du Congrès métallurgique de St-Pétersbourg. Le protectionnisme en Roumanie. Mesures proposées pour y développer l'industrie nationale. Une pétition protectionniste des voyageurs de commerce. - Les billets de faveur dans les théâtres. Le socialisme au conseil municipal de Paris. La restitution des droits de chasse et de pêche à l'homme civilisé.

La Chambre des députés et le Sénat, réunis en Congrès à Versailles le 28 décembre, ont réélu M. Grévy, président de la République, pour la période constitutionnelle de sept ans. Cette élection présidentielle n'a pas causé la moindre agitation dans le pays, et on pourrait dire qu'elle a passé presque inaperçue. A cet égard, le mode d'élection adopté en France pour le chef de l'État, est certainement préférable

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