ANNEXE N° 6.

CHANGEMENTS GÉNÉRAUX OBSERVÉS SUR LA COTE DU DELTA DU DANUBE DEPUIS L'ANNÉE 1830 Jusqu'a L'ÉTÉ DE 1883

Les changements dans la configuration de la côte et de la plage sous-marine du delta du Danube sont résumés dans les deux tableaux suivants :

TABLEAU DE L'AVANCEMENT

DES LIGNES DES FONDS DE 6' ET DE 30′ (1,83 ET 9,14)

VIS-A-VIS DES EMBOUCHURES DE LA KILIA ·
pendant la période de 1830 à 1856.

(1) Le chenal de la passe de cette embouchure se dirigeait vers N., en 1830, et vers N-E., en 1856. (Il s'est dirigé ensuite vers N.-N.-E., en 1871, et vers E., en 1883.)

NOTA.

Les levées hydrographiques qui ont servi à la rédaction de ce tableau ont été faits, savoir le levé de 1830, par les ingénieurs russes; le levé de 1856, par les ingénieurs anglais.

TABLEAU DES CHANGEMENTS SURVENUS DANS LES LIGNES DES FONDS depuis l'année 1836

(1) Voir la note du tableau précédent.

(2) Le point intitulé South Base, sur le plan de la triangulation de juillet 1861, qui a servi à déterrainer la position exacte des jetées, est situé à 600 mètres dans le sud d'une ligne ouest-est passant par vieux phare de Soulina.

Les indications des deux tableaux ci-dessus peuvent se traduire de la manière suivante :

1° En ce qui est des changements survenus aux embouchures principales du delta de la Kilia pendant la période de 53 ans, de 1830 à 1883 :

A l'embouchure d'Otchakoff:

L'avancement moyen annuel des lignes des fonds de 6' et de 30′ (1,83 et 9,14) vers le N.-E., pendant la période de 1830 à 1856, n'avait été que de 58 et 35 mètres, tandis que, dans la période de 1856 à 1883, l'avancement annuel vers l'E. des mêmes lignes de fonds a été de 149 et 133 mètres ;

Dans le cours de cette seconde période, l'avancement total des mêmes lignes pendant les quinze premières années, de 1856 à 1871, n'a été que de 1.710 et 1.460 mètres, correspondant à un avancement moyen annuel de 114 et 97 mètres, tandis que, pendant les douze dernières années, de 1871 à 1883, l'avancement total a été de 2.315 et 2.135 mètres, correspondant à un avancecement moyen annuel de 193 et 178 mètres.

Sur la partie de la côte comprise entre les embouchures d'Otnojino et de Novoë Stamboul:

L'avancement moyen annuel des lignes des fonds de 6' et de 30' vers l'E., pendant la période de 1830 à 1856, n'avait été que de 54 et 56 mètres, tandis que dans la période de 1856 à 1883 il a été de 79 et 73 mètres;

Dans le cours de la seconde période, l'avancement total des mêmes lignes pendant les quinze premières années, de 1856 à 1871, n'a été que de 975 et 610 mètres correspondant à un avancement moyen annuel de 65 et 41 mètres, tandis que pendant les douze dernières années, de 1871 à 1883, cet avancement total a été de 1.160 et 1.370 mètres, correspondant à un avancement moyen annuel de 97 et 114 mètres.

A l'embouchure de Staroë Stamboul:

L'avancement total vers le S -S.-E. des lignes des fonds de 6' et de 30', pendant la période de 1830 à 1856, avait été de 1.830 et 1.065 mètres, correspondant à un avancement moyen annuel de 70 et 41 mètres. Dans le cours de la seconde période, de 1856 à 1883, il a été, savoir: pendant les quinze premières années, de 1856 à 1871, de 915 et 30 mètres, correspondant à un avancement moyen annuel de 61 et 2 mètres; pendant les douze der

nières années, de 1871 à 1883, de 455 et 610 mètres, correspondant à un avancement moyen annuel de 38 et 51 mètres.

L'avancement total vers le S. de la ligne des fonds de 6' avait été, pendant la période de 1830 à 1856, de 2.010 mètres, correspondant à un avancement moyen annuel de 77 mètres; pendant chacune des deux moitiés de la période de 1856 à 1883, il a été respectivement de 610 et 305 mètres, correspondant à un avancement moyen annuel de 41 et 25 mètres.

Les observations (résumées ci-dessus) sur les changements généraux qui ont eu lieu aux embouchures principales du delta de la Kilia pendant la période totale de 53 ans qui s'est écoulée de 1830 à 1883, ont conduit sir Charles Hartley à formuler, au sujet de ces changements et de leurs causes, les réflexions et considérations suivantes (*) :

(*) La citation est extraite du troisième mémoire de la Commission, en date du 1er septembre 1887.

Dans le deuxième mémoire, en date du 1er août 1873, rendant compte des changements généraux observés jusqu'à l'année 1871, les réflexions et considérations sur ces changements et sur leurs causes étaient formulées

comme suit:

Vis-à-vis de l'embouchure d'Otchakoff, l'avancement considérable des lignes des fonds de 6 et de 30', pendant la période de 1856 à 1871, comparé à lavancement qui avait eu lieu pendant les 26 années précédentes, est dû à l'augmentation du volume d'eau qui a passé par le bras d'Otchakoff; et ce phénomène confirine la remarque suivante consignée dans le premier rapport de sir Charles Hartley sur le delta du Danube, du 17 octobre 1857:

« Les distances qui séparent les barres de la côte sont, jusqu'à un certain point, proportionnelles aux volumes d'eau respectifs déversés par les bras du fleuve; et ainsi plus le volume d'eau est grand, plus on doit s'attendre à trouver la barre éloignée de terre. Par le même raisonnement, on peut conclure anssi qu'un grand volume d'eau n'est pas une garantie de plus de la profondeur sur la batre.

Cette dernière remarque est également confirmée par le fait que, tandis qu'en 1856 la profondeur était de 6' sur la barre d'Ot hakoff, elle est descendue jusqu'au-dessous de 3 en 1871.

Vis-à-vis de l'embouchure de Novoë Stamboul, le progrès du delta a été également accéléré de beaucoup durant les dernières années, et par les mêmes causes.

An S.-S.-E. du delta, à l'embouchure de Stiroë Stamboni, l'avancement des lignes des fonds de 6 et de 30', pendant la période de 1856 à 1871 a été au contraire moins rapide que pendant les 26 années précédentes. Cette diminution dans le progrès des atterrissements à l'extrémité sud du delta de la Ki ia démontre clairement que l'appauvrissem nt du bras de Staroë Stamboul, résultant de la diminution considérable de son volume d'eau au profit des bras d'Otebakoff et le Novoë Stamboul, a en pour effet de favoriser l'accumulation des sables devant les embouchures de ces deux derniers bras et de la fai e diminuer à l'embouchure du premier.

Les changements récents survenus dans le volume d'eau relatif qui s'écon'e par les bouches de la Kilia (sans par'er du bras de Boi garod qui se ferme gradue lement) peuvent être onsidérés comme un élément favorable dans l'examen du problème à résoudre touchant le nombre d'années qui doivent se passer avant que l'embouchure de Soulina ne disparaisse dans les sables de 1 Kilia.

Cette intéressante question est étrangère à celle qui est traitée en ce moment, et, par ce motif, ou ne remarquera qu'en passant que le progrès des atterrissements de la Kilia vers le S. pourra être retardé de beaucoup, dès qu'on le voudra, par l'exécution de travaux d'art fermant, d'une manière comp ête ou pirtielle, le bras de Staroë Stamboul, et, qu'en attendant, le progrès de ces mêmes atterrissements vers l'E. abrite de plus en plus la rade de Sonlina contre les vents du N. »