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temps de paix: ce sont celles qui ont lieu pour fait de traite des noirs; nous en parlerons au chap. XXXI.

En ce qui concerne les pirates, auxquels on peut donner la chasse et que l'on a le droit de capturer en tout temps, nous prions le lecteur de se reporter au Livre I, titre II, §§ 40, 57, 58, 64, et au titre III, §§ 13, 24, 25, 28, 30 et 35.

Quant aux représailles exercées par un gouvernement contre un autre gouvernement, on pourrait les regarder comme des cas de guerre, quand la menace d'avoir recours à la force a été, en effet, suivie de mesures coërcitives. Plusieurs faits de représailles de cette nature sont consignés dans les chapitres III, XXX et XXXVII.

CHAPITRE XI.

RUPTURE DE LA PAIX SANS DÉCLARATION DE GUERRE. 1)

Prises maritimes: bâtiments du commerce saisis dans les ports; attaques en pleine mer, etc.

L'usage général des nations autorise toute Puissance qui déclare la guerre à une autre Puissance, à faire, au même instant, saisir tous les bâtiments appartenant à celle-ci ou à ses sujets, qui se trouvent dans les divers ports de sa domination.

Usage déplorable et brutal auquel devrait être substitué à jamais celui beaucoup plus libéral et beaucoup plus conforme à la justice, à la morale et à l'humanité, que de nombreux traités ont consacré, d'ailleurs, en stipulant, d'une part, qu'en cas de rupture entre les nations contractantes, un délai de six mois ou un an serait accordé aux négociants pour retourner dans leur patrie avec leurs propriétés; d'autre part, que les marchandises embarquées sur les bâtiments d'une nation devenue ennemie, avant que la rupture avec cette nation, ait pu être comme dans le port d'embarquement, ne seraient point confisquées. (Voir Livre I, titre III, § 4, ainsi que le § 10, deuxième section, en ce qui concerne le délai, fixé en 1854 par la France aux bâtiments russes.)

C'est avec regret que nous nous rappellons que le gouvernement français, en 1806, s'est appuyé sur l'usage général, contre

1) Voir Livre I, titre III, § 4, et Livre II, chap. IV.

lequel nous nous élevons, en promulguant le décret du 6 octobre, en vertu duquel furent saisis les bâtiments prussiens qui se trouvaient dans les ports français, au moment où Napoléon déclara à la Prusse la guerre à laquelle mit fin les traités signés à Tilsit, les 7 et 9 juillet 1807.

La réclamation que nous faisons entendre en faveur des bâtiments qui, se trouvant dans les ports sous la foi de la paix publique et sous la protection du droit des gens, se voyent brutalement saisis, et confisqués, au moment même de la rupture, nous la formulons encore, expressément, en faveur des bâtiments que la tempête jette sur les côtes d'une Puissance ennemie, ou qui se présentent avec confiance, ignorant que le port où ils entrent est tombé au pouvoir de l'ennemi. (Voir chap. II, § 4, et chap. XII, §§ 4 et 5.)

Mais si nous blâmons ces usages, combien ne devons nous pas trouver plus blàmables encore ces attaques inattendues, véritables actes de piraterie, qui ont eu lieu, en maintes circonstances, avant que la guerre eut été déclarée. (Voir chap. IV, VII, XXVI.)

§ 1.

La reine Elisabeth d'Angleterre voulant rompre avec les Villes anséatiques et arrêter leur prospérité commerciale dont les négociants anglais se montraient fort jaloux, fit saisir, par l'amiral Sir Francis Drake, dans le port de Lisbonne, soixante de leurs bâtiments chargés de marchandises, dont elles ne purent jamais obtenir la restitution. Le souverain du Portugal (Philippe, roi d'Espagne) ne put, de son côté, obtenir satisfaction de l'attentat commis contre son indépendance en qualité de souverain territorial; il ne put s'en venger qu'en chassant de Lisbonne les facteurs de la compagnie des commerçants anglais. Peu de temps avant, dans le mois d'avril 1587, l'amiral Drake avait brulé ou coulé à fond, dans le port de Cadix, une centaine de navires chargés de munitions destinées pour le Tage.

§ 2.

En rompant la paix de Bréda, cinq ans après sa conclusion, Charles II, roi d'Angleterre, fit commencer, en 1672, les hostilités de la manière la plus scandaleuse et sans déclaration de guerre, par l'attaque de la flotte hollandaise de Smyrne, composée de soixante-dix bâtiments marchands, dont la cargaison était estimée à un million de livres Sterling. L'espérance de saisir

une aussi riche proie, décida-t-elle la conduite de ce prince qui avait toujours besoin d'argent? Les Hollandais attaqués à l'improviste et par des forces bien supérieures, se défendirent avec tant de courage, qu'ils ne perdirent qu'un seul vaisseau de guerre de l'escorte, et trois ou quatre bâtiments marchands. « Cette agression «inique », dit Hume, dans son Histoire de la Grande-Bretagne, chap. LXV, « ayant eu un mauvais résultat, jeta sur ses au«teurs une double infamie. » Cette circonstance n'empêcha pas Charles II, peu de temps après, de faire paraître un manifeste par lequel il prétendait encore que l'empire de la mer appartenait à l'Angleterre, et que tous les peuples devaient l'hommage à son pavillon.

§ 3.

Nous avons dit, dans les chapitres IV et VII, les prises faites pur la marine militaire et par les armateurs de la Grande-Bretagne sur les Français et sur les Espagnols; nous dirons dans les chapitres XXIII à XXV, les attaques dirigées contre la ville de Copenhague.

Mais nous rapporterons encore dans les §§ 4 et 5, divers faits qui prouvent que, depuis Elisabeth jusqu'à nos jonrs, les procédés n'ont pas varié ; et si ces faits ne suffisaient pas à le démontrer, la conduite du cabinet anglais envers la Grèce, en 1850, le ferait complétement. (Voir chap. XXXVII. )

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La mort de Charles VI, empereur d'Allemagne et dernier måle de la maison de Habsbourg, arrivée le 20 octobre 1740, devint l'occasion d'une guerre générale. L'état d'épuisement et de faiblesse dans lequel ce prince laissait ses États, encouragea les prétentions de plusieurs souverains. D'une part, l'électeur de Bavière, descendant d'Anne d'Autriche, fille de l'empereur Ferdinand Ier, et l'électeur de Saxe, roi de Pologne, qui avait épousé la fille de l'empereur Joseph Ier, prétendaient à la succession de Charles VI, comme empereur; d'autre part, le roi d'Espagne, Philippe V, faisait valoir ses droits aux royaumes de Hongrie et de Bohème, en sa qualité de successeur de Philippe III, lequel, par une convention diplomatique, avait fait passer à la couronne d'Espagne les droits qu'il tenait de son ayeule Anne, fille de l'empereur Maximilien II. Enfin, le roi de Sardaigne renouvela ses prétentions sur le duché de Milan; et le roi de Prusse réclama

différents duchés et territoires en Silésie Jægerndorf, Liegnitz, Brieg, Wohlau, etc.

Louis XV, descendant en ligne directe de la branche aînée d'Autriche, par la reine, ferme de Louis XIII, et par la reine, femme de Louis XIV, pouvait également élever des prétentions à la succession de Charles VI; mais il trouva plus convenable à sa dignité de ne se présenter que comme arbitre et protecteur. Ajoutons d'ailleurs que le cardinal de Fleury qui voyait la France à la veille d'avoir à soutenir une guerre contre l'Angleterre, dans l'intérêt de l'Espagne, préférait que le roi restât étranger à la guerre continentale qui devait, selon toute probabilité, éclater en présence de tant de prétentions rivales. (Voir les notes.)

Une guerre maritime existait déjà à cette époque, entre l'Angleterre et l'Espagne ; les corsaires des deux nations se livraient en Europe, en Asie, en Amérique, aux excès les plus inouis les uns envers les autres, dans le but de satisfaire la cupidité de leurs armateurs et des marins, que ceux-ci avaient chargés d'écumer la mer en pillant les navires sans défense; des hostilités plus meurtrières encore avaient lieu entre les bâtiments des deux marines militaires opposées. 1)

Dans le mois de décembre 1740, l'amiral anglais Vernon après avoir fait, sans succès, quelques tentatives sur Cuba, avait enlevé aux Espagnols la ville de Porto-Bello, entrepôt des trésors du nouveau monde, et en avait rasé les fortifications.

La marine militaire de la France était faible à cette époque ; toutefois, à la nouvelle de la prise de Porto-Bello, le cardinal de Fleury résolut de donner à l'Espagne tous les secours qui pouvaient se concilier avec la continuation de la paix, existant entre la France et l'Angleterre; en conséquence, le Marquis d'Antin, vice-amiral, partit du port de Brest avec une flotte de vingt-deux vaisseaux de ligne qui devaient servir à protéger les côtes et les vaisseaux espagnols en Amérique.

Une division de la flotte anglaise, feignant de prendre pour Espagnols quatre bâtiments français, naviguant sous les ordres du chevalier d'Epinai, les attaqua, au mois de janvier 1741, dans les parages de St.-Domingue; malgré la supériorité du nombre

1) A l'occasion des atrocités et des brigandages commis par les corsaires anglais, nous reproduirons ici quelques lignes d'un auteur anglais, que nous avons citées au chapitre IV: «Si tous nos brigandages commis dans les mers de l'Amérique << étaient connus, la nation se trouverait surprise d'avoir produit tant de scélérats « qui ont violé les droits les plus sacrés des gens......>>

(Examen des préjugés vulgaires contre le traité signé au Pardo, le 14 janvier 1793.)

et la force des bâtiments, l'escadre anglaise fut obligée de se retirer, après avoir fait des excuses au chevalier d'Epinai, imputant l'agression à une méprise! Ayant eu plusieurs bâtiments démâtés, le commandant anglais se retira en désordre: il ne dût son salut qu'à la modération des instructions que le gouvernement français, qui ne voulait pas rompre avec l'Angleterre, avait données au vice-amiral Marquis d'Antin.

Mais six mois plus tard, au mois d'août 1744, les vaisseaux français le Borée, commandé par le chevalier de Caylus, l'Eguillon, commandé par le comte de Pardaillan, et la frégate la Flore, furent assaillis à l'entrée du détroit de Gibraltar, par quatre vaisseaux de guerre et une frégate de la marine royale d'Angleterre; bien que trois contre cinq, ils ne purent être entamés et les bâtiments anglais se retirèrent après trois heures d'un combat inutile.

«Les Anglais s'essayaient ainsi contre la France », dit le continuateur du président Hénault 1); » déjà ils adoptaient cette po«litique plus utile que glorieuse de faire la guerre sans la dé«clarer. >>

comme

Nous avons vu, dans les §§ 4 et 2 de ce chapitre, que l'Angleterre n'en était pas à son coup d'essai, dans ce genre, semble le croire l'écrivain dont nous avons reproduit les paroles; les faits que nous avons encore à présenter dans ce même chapitre, et ceux que nous avons exposés dans les chapitres IV, VII, § 1, et XXVI, sont autant de preuves qu'elle a continué de suivre la «< politique plus utile que glorieuse de faire la guerre sans la déclarer. »

L'attaque inattendue des bâtiments français dans le détroit de Gibraltar, fit craindre au cardinal de Fleury de ne pouvoir, longtemps encore, éviter de déclarer la guerre à l'Angleterre; en vue d'opérer une diversion favorable à la France, en faisant naître des troubles politiques au sein du royaume britannique, le cardinal eut la pensée de seconder les projets que nourrissait le prince Charles-Edouard, fils du roi Jacques III, de se présenter en Ecosse, pour réchauffer le zèle des partisans de sa maison; dans ce but, on engagea le prince à se rendre à Paris; des négociations secrètes eurent lieu entre Charles-Edouard et le chevalier de Cornot, muni des instructions du cardinal de Fleury. 2)

2) A. E. N. Des Odoards-Fantin, vicaire général d'Embrun, continuateur de l'abrégé chronologique de l'histoire de France par le président Hénault.

2) Noble Marc-Antoine chevalier de Cornot de Cussy-Bligny (fils de Marc Humbert Philippe baron de Cornot de Cussy, mort en 1763, était attaché au cabinet du car

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