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milant, en quelque sorte, à la mère-patrie à laquelle elles tenaient par les mœurs, la religion, l'origine et les habitudes.

Le premier acte du parlement anglais qui commença l'agitation des colonies anglo-américaines, fut l'acte du timbre, sanctionné par le roi de la Grande-Bretagne, le 22 mars 1765.

Les colonies contestèrent le pouvoir législatif du parlement en ce qui les concernait; l'acte du timbre fut révoqué en 1766; mais, en 1767, le parlement britannique y substitua les droits sur le thé, sur le papier, les couleurs et le verre, importés d'Angleterre.

Lord North, appelé à la tête de l'administration anglaise, parvint, pendant quelque temps, à calmer, d'une part, l'irritation du parlement qui, par un acte de 1770, avait résolu d'employer des troupes pour faire respecter dans les colonies la suprématie du parlement; et, d'autre part, l'esprit de sédition qui germait dans les colonies.

Un acte de l'année 1770 supprima les taxes créées par l'acte de 1767, mais il maintint le droit sur le thé, et le parlement accorda à la compagnie des Indes la permission d'exporter d'Angleterre pour les colonies du Nord de l'Amérique, les quantités de thé que réclamaient les besoins de la consommation locale.

Trois vaisseaux de la compagnie des Indes étant arrivés à Boston, chargés de thé, le peuple jeta à la mer les caisses qui le renfermaient.

A la nouvelle de cet attentat, le général Gage fut envoyé à Boston avec des troupes.

Les colons loin de se montrer effrayés de cette mesure, formèrent un congrès de représentants de toutes les provinces; il s'ouvrit à Philadelphie le 5 décembre 1774. Il y fut décidé qu'on repousserait la force par la force, et qu'une adresse serait envoyée au roi et à la chambre des communes.

Le comte de Chatham plaida dans le parlement la cause des colonies; le parlement persévéra dans les mesures de rigueur qu'il avait adoptées; des renforts furent envoyés au général Gage.

Les premières hostilités eurent lieu le 19 avril 1775: un détachement anglais attaqua et dispersa, dans le bourg de Lexington, un corps de milices américaines.

Les provinces rassemblèrent leurs forces de tous les côtés, et le congrès américain déféra le commandement en chef des troupes à Washington, qui entreprit, immédiatement, à la tête de 20,000 hommes, le blocus de la ville de Boston, que le général Howe se vit forcé d'abandonner le 17 mars 1776.

Le roi d'Angleterre porta son armée en Amérique, à 55,000 hommes, au nombre desquels furent compris 16 à 17,000 combattants fournis par les souverains de Brunswick et de Hesse.

Les Américains voulurent avoir recours de leur côté à des secours étrangers; dans ce but, ils déclarèrent formellement leur indépendance par un acte qui fut rédigé le 4 juillet 1776 et qui récapitulait tous leurs griefs contre le parlement britannique et le gouvernement du roi Georges III.

Les États ou provinces qui signèrent l'acte de confédération et d'union perpétuelle, étaient au nombre de treize; la confédération prit le nom d'États-Unis d'Amérique.

La déclaration d'indépendance rendait impraticables, désormais, tous moyens de conciliation entre la Grande-Bretagne et les ÉtatsUnis les armes seules pouvaient décider la question.

Cette déclaration avait aussi pour but de préparer les voies au cabinet français pour épouser la querelle des États-Unis dont les succès tendaient à affaiblir la Grande-Bretagne; leur cause gagnait d'ailleurs en popularité dans toutes les classes de la population française, parmi les négociants surtout qui désiraient voir le nouvel ordre de choses se consolider, par l'indépendance politique de ce vaste continent, afin d'échapper à jamais aux lois prohibitives du parlement britannique et aux exigences de l'acte de navigation de la Grande-Bretagne, qui les privaient de tous les avantages du commerce maritime avec les colonies angloaméricaines.

Le docteur Franklin fut envoyé par le congrès en France, où il ne parut dans le principe que comme simple agent, et bientôt après en qualité de ministre plénipotentiaire des États-Unis ; il réussit à intéresser la nation française et le gouvernement royal à la cause de la nation qu'il représentait.

L'histoire de la guerre de l'indépendance, ses phases diverses, les succès et les revers successifs des armées belligérantes, sont étrangers au but de notre ouvrage; nous n'avons à en parler qu'en raison des faits de Droit maritime qui s'y rattachent, et des principes qui, à cette époque, furent adoptés tant par les traités que par les réglements particuliers concernant le commerce des neutres; et parceque la neutralité armée des États du Nord est, en quelque sorte, le produit des circonstances maritimes auxquelles a donné lieu la guerre de l'indépendance, le plus grand événement du 18e siècle, depuis la pacification de l'Europe au congrès d'Utrecht, en 1713, c'est-à-dire depuis la guerre de succession, dont l'heureuse issue, en affermissant Philippe V sur le trône des

Espagnes, devait dans la pensée de Louis XIV abaisser les Pyrennées, et ne plus faire (ainsi que le porte le traité de 1768 entre la France et l'Espagne), des Français et des Espagnols qu'un seul et même peuple. 1)

La France resta spectatrice de la lutte pendant sa première période, bien que, dans l'intérêt du commerce français, le cabinet put désirer l'affranchissement des colonies anglo-américaines; elle ne crût pouvoir songer à épouser leur cause que lorsque les colonies, par un acte solennel, eûrent proclamé leur indépendance; elle attendit même, pour entrer en relations directes et officielles avec les envoyés des États-Unis, que le ministère anglais l'eût forcée de prendre cette détermination, par les actes nombreux d'hostilités autorisés par lui sans avoir déclaré la guerre : ce fut le 6 février 1778 que le cabinet de Versailles signa, avec les envoyés américains, un traité par lequel le roi de France reconnaissait les États-Unis comme nation indépendante.

Les hostilités dont le cabinet français était en droit de se plaindre sont des années 1776 et 1777.

Nous en citerons quelques-unes; d'autres hostilités furent également commises, en 1778, par les bâtiments armés de l'Angleterre, dans les mers de l'Inde, et dans les mers européennes, alors qu'on ignorait encore partout la signature du traité du 6 février; cette dernière circonstance indique d'une manière évidente que bien que le parlement se fut refusé à déclarer la guerre à la France, contrairement à la proposition qui en fut faite par le comte de Chatham, des ordres secrets avaient été envoyés par le ministère britannique pour courir sus aux navires français, les enlever par surprise, faire des prisonniers, et s'emparer des bâtiments et de leur chargement.

Le Meulan et la Nancy furent enlevés en sortant du Cap français, bien qu'ils fussent expédiés pour la France et qu'ils ne continssent aucune marchandise de contrebande de guerre.

L'Aimable- Victor, du Havre, capturé à son retour de la Martinique, fut conduit à Plymouth.

Un autre bâtiment, commandé par un capitaine du nom de Morin, fut arrêté à la pointe des Précheuses, aux attérages de la

1) Aux lecteurs qui voudront suivre les phases diverses que présente la guerre de l'indépendance, et lire dans toute leur étendue les dépêches, notes et mémoires qui furent échangés à cette époque entre les gouvernements engagés dans la guerre, nous rappellerons qu'ils trouveront, avec l'exposé rapide des faits, tous les actes officiels qui s'y rapportent dans l'ouvrage publié, en 1843, par M. Ch. de Martens, sous le titre de Nouvelles causes célèbres du droit des gens.

Martinique, et conduit dans une île anglaise, bien que ses expéditions fussent en règle pour se rendre au Cap français.

Les bâtiments anglais poursuivirent à plusieurs reprises les bâtiments américains jusque sur les côtes de la France, violant la limite de la mer territoriale, et les canonnant de si près que les boulets portaient à terre; une corvette de Jersey se présenta même à l'entrée du bassin de Cherbourg, pour y bruler des bâtiments américains.

Dans le mois d'avril 1778, alors que le traité du 6 février précédent ne pouvait être connu des commandants qui croisaient dans les mers des Indes, le vaisseau français le Brillant, commandé par M. de Tronjoli, fut attaqué par deux vaisseaux anglais qu'il força à gagner le large.

La frégate anglaise l'Arethuse, attaqua de même à l'improviste, en vue des côtes de France, la frégate française la Belle-Poule, qui battit son adversaire.

La Licorne et la Pallas, attaquées de la même façon, furent moins heureuses et durent céder à la supériorité des forces ennemies.

Malgré cet état d'hostilités réelles de la part de l'Angleterre, la guerre entre la France et la Grande-Bretagne n'était encore déclarée ni d'un côté ni de l'autre ; elle ne le fut même jamais dans les formes en usage.

Mais la notification que la France fit au cabinet de St.-James, le 13 mars 1778, du traité qu'elle avait signé le 6 février précédent, avec les plénipotentiaires des États-Unis, fut le signal de la guerre ouverte et officielle entre les deux nations.

Dès le 27 juillet de la même année, un premier combat naval eut lieu, à la hauteur d'Ouessant, entre le comte d'Orvilliers, commandant les forces navales du roi de France, et l'amiral anglais Keppel 1); et une flotte française, sous les ordres du comte d'Estaing, fut envoyé en Amérique.

1) Le combat eut lieu à 30 lieues de l'île d'Ouessant et à égale distance des fles Sorlingues. La flotte française se composait de 32 vaisseaux de ligne; la flotte anglaise de 30. Le combat dura pendant trois heures: l'avantage resta au comte d'Orvilliers; l'amiral de Keppel (fils du comte d'Albemarle) rentra le 29 et le 30 à Plymouth, qu'il avait quitté le 12 juillet. Sir Hugh Paliser dirigea contre l'amiral une accusation d'inhabileté en présence de la flotte française; le souvenir de la mort de l'amiral Byng, exécuté pour avoir été battu par M. de la Galissonière (voir chap. IV), était trop récent, pour qu'on ne craignit pas de traduire de nouveau devant une cour martiale, un amiral du mérite de l'amiral de Keppel, pour un fait malheureux de guerre qui ne pouvait pas lui être imputé. Le ministère soutint l'amiral qui, malgré l'accusation lancée contre lui par Sir Hugh Paliser, fut peu de temps après élevé à la pairie. · Au combat d'Ouessant la ligne française comptait 26 bâtiments (de 50 à 100 canons) présentant ensemble 1,890 canons; la ligne anglaise comptait 29 bâtiments (de 64 à 100 canons) présentant ensemble 2,224 canons.

La guerre commença donc sans qu'il en eût été fait de déclaration; mais les deux cours publièrent du moins dans le cours de l'année 1779, un exposé des motifs de leur conduite. Ces deux documents (que M. de Martens a donnés in extenso dans les Nouvelles causes célèbres du droit des gens), renferment au point de vue du droit maritime des faits nombreux (quelques-uns fort exagérés dans leur exposé), d'attaques et de saisies de bâtiments, d'admission dans les ports de prises maritimes, etc. etc., qui sont de nature à intéresser les lecteurs de notre ouvrage, mais qu'il est superflu de reproduire ici.

Les Hollandais et les Espagnols ne tardèrent pas longtemps à prendre part aux hostilités maritimes, en unissant leurs forces navales à celles de la France.

L'amiral anglais Rodney s'empara, en 1781, de diverses colonies hollandaises.

Dans la mer du Nord, une flotte marchande hollandaise, escortée par huit bâtiments de guerre et plusieurs frégates, sous les ordres de l'amiral Zoutmann, fut attaquée le 5 août, par le vice-amiral Parker; le combat fut opiniâtre, mais le succès ne se prononça en faveur d'aucun des deux amiraux.

Les Espagnols reprirent l'ile de Minorque sur les Anglais; ils la conservèrent à la paix.

La défaite en Amérique de Lord Cornwallis, obligé de capituler le 18 octobre 1781, et de se rendre prisonnier avec son armée qui comptait encore 6,000 hommes; la prise de Minorque, en Europe, et celle de St.-Christophe, en Amérique, portèrent le parlement à désirer la paix. Le cabinet de Lord North fut renversé les chefs de l'opposition, Charles Fox, le Marquis de Buckingham, le comte de Shelbourne, firent partie du nouveau ministère.

La guerre se prolongea encore pendant une année et demi environ.

Les négociations pour la paix furent entamées sous la médiation de l'empereur Joseph II et de l'impératrice Catherine de Russie; les traités furent signés le 3 septembre 1783 à Versailles entre la France et l'Espagne, d'une part, et la Grande-Bretagne, d'autre part; le même jour, la Grande-Bretagne signa le traité par lequel elle reconnut l'indépendance des États-Unis ; ce ne fut que le 20 mai 1784, à Paris, que le traité de paix définitif fut signé entre la Grande-Bretagne et les Provinces-Unies des Pays-Bas.

Les traités entre la France, l'Espagne et la Grande-Bretagne réglèrent la restitution des territoires, iles et colonies; l'île de

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