Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

à en appeler directement à la justice de S. M. Britannique, dont il s'attend à recevoir immédiatement cette satisfaction que Ies souverains ne se refusent guères, et qui, en pareil cas, serait promptement rendue à celui de la Grande-Bretagne. >>

Une dernière note adressée le 24 mars 1801, par Lord Hawkesbury au comte de Wedel-Jarlsberg, mit fin à cette négociation; les officiers de la marine anglaise furent désapprouvés, et l'on ordonna la restitution des navires suédois, capturés dans le port d'Oster-Risöer; réparation incomplète des nombreuses atteintes portées par l'Angleterre aux droits du Danemarck, en sa qualité de nation neutre; réparation tardive d'ailleurs, car la mesure des outrages d'un côté, et de la patience de l'autre, était comble; la guerre éclata au moment même où les choses se passaient à Londres.

Cette courte guerre du Nord, à laquelle mit fin la mort violente de l'empereur Paul Ier, et les traités qui en furent la conséquence, feront l'objet du chapitre suivant.

[ocr errors]

CHAPITRE XXV.

GUERRE DU NORD. (1801.)

Mort de Paul Ier. Paix de St.-Pétersbourg. Altération importante des principes consacrés en 1780 et en 1800. 1)

Les atteintes répétées, portées par l'Angleterre aux droits des neutres; les prétentions choquantes que cette Puissance continuait de manifester, en se tenant en quelque sorte en dehors du droit maritime généralement adopté, déterminèrent les États du Nord à entrer dans les vues de la Russie à l'égard de la Grande-Bretagne. (Voir chap. XXIV.)

Ces États résolurent d'apporter, en commun, des entraves aux abus, à l'arbitraire dérivant de la prépondérance de la marine anglaise, et dans ce but de fermer leurs ports aux vaisseaux britanniques.

Les cours de Berlin et de Copenhague joignirent leurs forces pour occuper conjointement les embouchures de l'Elbe et du Weser;

1) Voir chap. VII, § 2; chap. XXIII et XXIV.

un corps de 12,000 Danois, sous les ordres du prince Charles de Hesse, se mit en marche pour Pinneberg, d'où le prince annonça, le 28 mars 1804, au sénat de Hambourg, par le manifeste suivant, qu'il occuperait la ville lendemain :

<<< Les mesures aussi arbitraires que violentes, prises par le gouvernement anglais, au mépris de tous les principes du droit des gens, contre la navigation et le commerce des Puissances alliées pour la garantie et le maintien des droits des pavillons neutres, n'ayant point encore été révoquées malgré les plus instantes représentations, lesdites Puissances se voient dans la désagréable nécessité de prendre, de leur côté, tous les arrangements propres à rappeler ce gouvernement à des mesures plus équitables.

« Comme le moyen qui a paru le plus efficace pour atteindre ce but, est d'empêcher la navigation et le commerce anglais sur l'Elbe, et qu'à cet effet l'occupation de la ville libre et impériale de Hambourg est absolument nécessaire, S. M. Danoise, en regrettant d'être obligée d'ordonner une pareille mesure, à dû céder à l'empire des circonstances, et m'a chargé en conséquence de l'exécuter avec les troupes confiées à mon commandement.

[ocr errors]

« Je veillerai avec sollicitude à ce que les troupes qui entreront dans la ville, y observent pendant leur séjour, la discipline la plus sévère, etc.»

Il est digne de remarque qu'au moment où le cabinet de St.James échangeait des notes officielles avec l'envoyé de Danemarck, les 18, 19, 20 et 23 mars, au sujet de la conduite de la frégate anglaise le Squirrel (voir chap. XXIV), et qu'il reconnaissait que les plaintes du Danemarck étaient fondées, le gouvernement britannique faisait partir, sous les ordres de l'amiral Sir Hyde Parker et du vice-amiral Nelson, une flotte de 52 voiles, dont 30 bombardes; laquelle flotte se trouvait déjà, le 20 mars 1801, au Catégat, pour appuyer la négociation de M. Vansittart et du chargé d'affaires accrédité, M. Drummond; le gouvernement britannique en dirigeant vers le Sund des forces navales aussi imposantes se proposait de punir le gouvernement danois de sa constance inébranlable dans ses principes, et de l'obliger à renoncer à son alliance avec la Russie. En répondant favorablement aux plaintes de l'envoyé danois, au sujet des attentats commis par le Squirrel, il espérait sans doute endormir la vigilance du cabinet de Copenhague.

Le colonel Stricker, commandant de la forteresse de Cronenbourg, reçut l'ordre de s'opposer au passage de la flotte anglaise,

CUSSY. II.

15

et, le 29 mars, le gouvernement danois, usant en cela de représailles, mit un embargo général sur tous les vaisseaux anglais qui se trouvaient dans les ports de la domination du roi.

Le 30 mars, la flotte anglaise força le passage du Sund, malgré les nombreux projectiles de mort et de destruction (bombes, boulets rouges, etc.), lancés du haut des remparts de la forteresse de Cronenbourg par cent bouches à feu de gros calibre; elle arriva devant Copenhague le même jour.

La Suède a-t-elle négligé de seconder le Danemarck en cette circonstance, comme il semble qu'elle était appelée à le faire ? L'opinion publique lui a fait un reproche de n'avoir point apporté son concours de résistance.

Certes, après Paul Ier, le plus animé des membres de la ligue contre l'Angleterre, était le roi Gustave-Adolphe; il voulait le succès commun et l'aurait assuré s'il avait pu; mais autant par suite de la mauvaise saison que par suite des dispositions ellesmêmes de la côte suédoise, on ne put faire de travaux suffisants du côté de la Suède, pour défendre le passage; une seule batterie de huit pièces de canons fut établie sur le point le plus saillant du rivage.

Au surplus, le Danemarck ne voulut pas, sans doute, qu'on cessât un seul instant de le considérer comme la seule sentinelle réelle du Sund, car il ne fit aucune démarche auprès du roi Gustave-Adolphe pour que ce prince armât ses côtes.

Et d'ailleurs, ainsi que le fait remarquer M. Thiers dans son Histoire du Consulat et de l'Empire, la largeur du Sund étant de 2,300 toises (4,500 mètres), des batteries tirant des deux côtes, ne pourraient occasionner que de bien faibles dommages à des bâtiments qui se tiendraient au centre, et très-probablement si elles eûssent existé, elles n'eussent point été un obstacle sérieux au passage des forces navales, placées sous les ordres de Nelson si impétueux dans ses résolutions.

Le 2 avril 1804 fut marqué par la bataille sanglante et mémorable entre la division de la flotte anglaise, placée sous le commandement du vice-amiral Nelson, et la division navale danoise commandée par Olfant Fischer. La marine danoise se couvrit de gloire; la victoire toutefois resta à l'amiral anglais; mais si le prince de Danemarck n'eût pas fait arrêter le feu, en vue d'éviter l'incendie de la ville de Copenhague, privée de l'appui de ses batteries flottantes (détruites pendant le combat), on peut admettre pour certain, au dire des écrivains du temps, que la division de Nelson, presque mise hors de combat, eût été obligée de se

retirer. Ajoutons, avec M. Thiers, que si les Russes et les Suédois fussent venus, alors, avec leurs 20 vaisseaux, se joindre à la flotte danoise dans la rade, théâtre du combat, Nelson eût échoué dans son audacieuse entreprise, et les droits de la neutralité maritime auraient triomphé dans cette journée.

Mais le temps avait manqué à tout le monde, et la promptitude des Anglais avait changé le destin de cette guerre!

Une lutte de quatre heures mit donc fin à une guerre dont les premiers actes d'hostilités ne remontaient pas au-delà du 5 février. (Voir chap. XXIV, § 3.)

Le 3 avril, les négociations commencèrent; le 9, une convention d'armistice fut signée à bord du vaisseau amiral anglais dans la rade de Copenhague, le gouvernement danois, fidèle aux engagements qu'il avait pris avec les Puissances du Nord à l'occasion de la neutralité armée, ayant repoussé la proposition qui lui fut faite de signer un traité d'alliance défensive avec la GrandeBretagne, qui s'engageait à soutenir le roi de Danemarck par une flotte de 20 vaisseaux de guerre.

La convention d'armistice portait en substance, que le traité de neutralité armée serait suspendu, en ce qui concernait la coopération du Danemarck, aussi longtemps que l'armistice resterait en force, c'est-à-dire pendant 14 semaines, et qu'aucun vaisseau anglais ne pourrait s'approcher qu'à la portée du canon des vaisseaux armés et des forts danois dans la rade de Copenhague.

Après la signature de cette convention, l'amiral Parker se rendit devant Carlscrona, et adressa, le 18 avril, une sommation au vice-amiral suédois Cronstedt pour qu'il lui fit connaître la pensée de sa cour, et si elle était dans l'intention de renoncer << aux projets hostiles que, de concert avec la Russie, elle avait « dirigés contre les droits et les intérêts de la Grande-Bretagne. » (Qu'on le remarque bien, les droits de la Grande-Bretagne !)

Après avoir pris les ordres de sa cour, le vice-amiral Cronstedt répondit, le 23 avril, par ordre du roi, son auguste souverain, à l'amiral Parker:

« ......

[ocr errors]

Le Roi de Suède n'hésite pas un moment à remplir, avec fidélité et loyauté, les engagements que S. M. a contractés avec ses alliés Il considère la cause de ses fidèles alliés comme la sienne propre; S. M. ne veut pas se refuser toutefois à écouter les propositions équitables, pour terminer les différends subsistants, qui pourraient être faites aux Puissances confédérées du Nord, par des plénipotentiaires autorisés par S. M. Britannique. »

L'amiral Parker désirant tirer de la victoire remportée par la flotte anglaise, toutes les conséquences qu'il pouvait en espérer, voulait exiger du Danemarck de se retirer de la confédération des neutres. Nelson fut envoyé à Copenhague à cet effet. mission resta sans résultat les Danois devaient donc s'attendre à une attaque nouvelle et s'apprêtaient à la soutenir.

Ce fut pendant que ces diverses négociations se suivaient, qu'on apprit à Copenhague la mort violente de Paul Ier, assassiné dans la nuit du 23 au 24 mars.

Cet événement inattendu était de nature à porter, plus encore que le succès obtenu par l'amiral Parker devant Copenhague, le dernier coup à la confédération.

Le comte de Pahlen, gouverneur de St.-Pétersbourg, et chargé de la police de l'empire, s'était donné la terrible mission de mettre fin au règne de Paul Ier. Après la mort de son souverain, il resta dans le conseil de l'empereur Alexandre qui lui confia le portefeuille des affaires étrangères. Ce fut lui dès lors que le nouveau monarque de Russie chargea d'entrer en relations directes avec l'amiral Sir Hyde Parker, afin d'arrêter les hostilités dans la Baltique. La lettre que le comte de Pahlen écrivit, en cette circonstance, à l'amiral anglais, mérite d'être reproduite :

« Une des premières démarches de l'empereur Alexandre a été d'accepter les propositions que la Grande-Bretagne avait faites à son prédécesseur, de terminer, par une convention heureuse, les différends qui avaient fait éclater la guerre dans le Nord de l'Europe. Fidèle, néanmoins, aux engagements contractés avec les cours de Stockholm, de Berlin et de Copenhague, S. M. a fait connaître qu'elle était fermement décidée à agir de concert avec ses alliés, en tout ce qui était relatif aux intérêts des Puissances

neutres.

«<S. M. I. ne s'attendait pas, que la Grande-Bretagne commencerait les hostilités contre le Danemarck, précisément au moment où l'envoyé de cette Puissance à la cour de Berlin était, de nouveau, autorisé à conférer avec le ministre russe résidant dans cette capitale.

<< Les mesures prises par S. M. I. n'ont été qu'une suite de son désir de maintenir la paix, afin de prévenir, pour le bien de l'humanite, une rupture funeste aux dites Puissances.

<< Les hostilités entreprises contre le Danemarck eûssent infailliblement mis obstacle à la paix, si les intentions pacifiques de S. M. I. eûssent, à cette époque, été connues de la cour de Londres; mais comme la flotte anglaise est partie pour le Sund,

« ZurückWeiter »