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VI

Caractère des opérations exécutées par les marins américains pendant la guerre de la Sécession.

Les événements de la guerre de la Sécession confirment ce que nous avançons. Nous ne voyons pas les amiraux américains, qui se sont distingués autant par leur intelligence que par leur courage, perdre leur temps et compromettre les forces placées sous leurs ordres dans des luttes dont le but n'est pas en rapport avec les risques à courir. Les chefs des escadres américaines jugent inutile de combattre les ouvrages établis à terre, pour y pratiquer quelques brèches, démonter des canons et tuer des hommes. Ils savent qu'une nuit, quelquefois un petit nombre d'heures, suffisent pour faire disparaître le dommage qu'ils auront causé, tandis que leurs propres pertes seront plus difficiles à réparer. Ils n'exposent pas leurs forces et ne gaspillent pas leurs munitions dans ces affaires inutiles. On les voit au contraire conserver toutes leurs ressources pour tenter ce qui constitue de véritables opérations de guerre. En un mot, quand ils ne voient rien d'utile à faire, ils savent s'abstenir. Les forts qu'ils combattent sont ceux qui

protégent des positions dont ils veulent se rendre maîtres, et, lorsqu'ils sont en mesure de le faire, au moyen de troupes de débarquement, prêtes à occuper les ouvrages dont l'artillerie de leurs navires a fait cesser le feu. Nous allons rappeler brièvement quelques faits de la guerre de la Sécession qui maintiendront l'accord entre les principes que nous établissons et la conduite des marins américains. Lorsque l'amiral Farragut prit l'énergique résolution de franchir le Mississipi, sous le feu des forts Saint-Philipp et Jackson, il avait l'espoir d'écraser la flottille confédérée qui était le seul obstacle paraissant sérieux qu'il eût devant lui. S'il réussissait dans cette entreprise, il s'emparait de la Nouvelle-Orléans, laissée sans défense et qu'il pouvait faire occuper par le corps de troupes sous les ordres du général Butler, embarqué sur la flotte de transport. Ses moyens d'action, ne le perdons pas de vue, étaient une flotte de guerre, une flottille de bombardes, lançant des bombes de 240 livres, et une flotte de transport.

A Mobile, l'amiral a pour objectif les forts qui défendent l'entrée de la baie. Une escadrille confédérée, placée en réserve, se tient prête à appuyer les forts. Cette escadrille est le lien qui unit les défenseurs de la ville de Mobile et les garnisons des forts. L'amiral force le passage sous le

feu des batteries de terre, afin d'atteindre la flottille du Sud qu'il combat et qu'il détruit, puis il revient sur les forts, privés désormais de toute communication avec la terre et par conséquent de tout secours. L'amiral, après les avoir mis dans cette situation, grâce au succès de sa première affaire, les attaque par terre et par mer, car, là encore, il a des troupes pour opérer avec lui. Il se rend maître des forts et il s'établit solidement dans les positions qu'il a conquises. A partir de ce jour, la surveillance exercée sur les coureurs de blocus sera autrement efficace que lorsque les bâtiments fédéraux croisaient au large; de plus, le gouvernement fédéral aura une base solide d'opérations, le jour où il pourra envoyer une grande expédition destinée à agir par terre contre la ville de Mobile. L'amiral, après avoir remporté cette première victoire, et malgré son vif désir d'arriver à portée de canon de Mobile, s'arrêta devant les défenses sous-marines accumulées dans la partie nord de la baie. Comme cela doit toujours avoir lieu en pareil cas, les confédérés avaient établi à terre des ouvrages placés de manière à faire converger une grande quantité de feux sur l'escadre, au moment où celle-ci arriverait à la hauteur du barrage. L'amiral déclara qu'il n'était pas possible d'enlever les

défenses sous-marines sous le feu de l'ennemi. Il fallait, préalablement à toute tentative sur l'estacade, s'emparer des forts qui la dominaient, et comme il ne disposait pas de moyens suffisants pour arriver à ce résultat, il ne fit rien contre la partie nord de la baie.

Telle fut l'opinion exprimée par l'amiral Dupont dans une circonstance semblable, et on peut ajouter, après expérience personnelle. Le 7 avril 1863, cet amiral avait attaqué le fort Sumter, qui défendait les approches de Charlestown du côté de la mer; son escadre se trouvant inopinément devant un barrage et ne voyant aucun moyen de poursuivre sa route, revint en arrière. Le combat dura à peine quarante minutes. Les bâtiments recurent de graves avaries, et l'un d'eux, le monitor le Keokuk, coula le lendemain. L'amiral Dupont écrivit que, dans son opinion, il se serait exposé à perdre sa flotte s'il avait persisté dans son attaque, du moment qu'il n'était pas maître des forts sous le canon desquels l'estacade était placée. Pratiquer, à travers un barrage solidement établi, un passage suffisant pour une escadre, voire pour un bâtiment, est une opération qui exige un travail matériel considérable. On conçoit combien il est difficile, si ce n'est impossible, de l'exécuter sous le feu de l'ennemi, aussi

longtemps que les batteries, placées de manière à battre les navires arrêtés devant le barrage, ne sont pas réduites. On en jugera par ce qui suit : Après la prise des forts qui gardaient l'entrée de la baie de Mobile, les confédérés firent euxmêmes, à travers le barrage de la partie nord, un passage de 12 mètres pour les coureurs de blocus. Il fallut quarante heures pour exécuter ce travail, auquel les fédéraux n'apportèrent aucun obstacle.

Lorsque la ville de Savannah fut prise par le général Sherman, l'amiral Dalghreen, qui bloquait la ville, fit immédiatement entreprendre les travaux nécessaires pour frayer à ses bâtiments un passage de 30 ou 40 mètres à travers le barrage de la rivière, de Savannah, près de l'île d'Elba. Ce ne fut qu'au prix des plus grands efforts, dit-il dans son rapport, qu'on parvint à ce résultat.

Le gouvernement fédéral avait le plus vif désir de s'emparer de Wilmington; cependant il ne fit pas attaquer le fort Fisher, qui en défendait les approches du côté de la mer, aussi longtemps qu'il ne se trouva pas en mesure d'envoyer, en même temps qu'une escadre, les forces militaires suffisantes pour assurer le succès de l'opération. On attendit longtemps, puisque la guerre com

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