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d'envoyer dans le nord une grande expédition maritime et militaire. C'est ce que craignait le général de Moltke, qui savait très-bien que cette éventualité pèserait sur la campagne des Allemands aussi longtemps qu'ils n'auraient pas remporté de succès de nature à retenir nos troupes sur notre propre territoire. Cette expédition, dont nous n'avons le droit de parler que d'une manière hypothétique, eût été peut-être une réalité, malgré l'imperfection de nos institutions militaires, si le mécanisme de la mobilisation et de l'appel des réserves, étudié et expérimenté pendant la paix, avait fonctionné chez nous d'une manière aussi sûre et aussi prompte que chez nos adversaires. Quoi qu'il en soit, l'hypothèse de l'expédition étant admise, la position de la flotte d'attaque eût été absolument autre. Sans parler du Danemark, dont l'alliance eût été la conséquence de nos premiers succès, nous aurions pris, sur la côte du Schleswig, un port qui eût servi de base à notre opération. Là seraient venus, non-seulement nos grands bâtiments cuirassés, en y comprenant le Rochambeau, mais l'Onondaga, nos plus fortes batteries flottantes, des canonnières, des petits navires; en un mot, des bâtiments qui tiennent mal la mer, et que, pour cette raison, on ne pouvait pas adjoindre à une flotte faisant

une croisière. Or, ces navires eussent été trèsnécessaires dans une attaque contre Kiel. Notre matériel, au point de vue d'un siége maritime, était insuffisant. Nous n'avions pas de bombardes et très-peu de cuirassés à petit tirant d'eau. Mais au moins, avec une base d'opération sur la côte du Schleswig, nous aurions eu tout ce que nos arsenaux renfermaient d'utile pour cette opération.

Avant de terminer ce qui a trait au rôle de la marine dans la Baltique, nous dirons que le littoral de cette mer est, sur presque toute son étendue, défavorable à l'opération d'un débarquement. Il y a très-peu de points dont une flotte de grands navires puisse s'approcher. Ces pointslà sont naturellement très-sérieusement fortifiés. Partout ailleurs on trouve des plages basses qui s'étendent assez au large pour obliger les grands navires à mouiller à une distance où leur artillerie ne jouerait aucun rôle. Un matériel maritime spécial serait donc nécessaire en pareille occurrence.

V

Description du port Guillaume.

Route pour entrer dans la Jahde. Conditions auxquelles sont soumis les mouvements des bâtiments passant de la Jahde dans les bassins intérieurs. Défenses du port. Examen des résultats probables d'une attaque du port Guillaume faite par une escadre française.

La Jahde, le Weser et l'Elbe se jettent dans la mer du Nord, au milieu d'un vaste estuaire parsemé de bancs. C'est à travers ces bancs qu'il faut naviguer pour aller soit au port Guillaume, port militaire des Allemands, soit à Brême, soit à Hambourg. L'ile d'Helgoland, dont il a été beaucoup question pendant la guerre de 18701871, se trouve placée comme une sentinelle avancée à petite distance dans l'ouest de la côte allemande. Lorsqu'on vient du large avec l'intention d'entrer dans la Jahde, on doit diriger sa route de manière à venir reconnaître l'île Wangerooge, située à la partie sud de ce vaste espace où viennent se confondre les eaux des trois fleuves. Après avoir prolongé la partie nord de cette île, de l'ouest à l'est, on vient sur la droite et on court, dans la direction du sud, jusqu'à ce qu'on ait

atteint l'extrémité nord de la rive gauche du fleuve. L'île Wangerooge est séparée de la terre par un banc qui découvre à mer basse. On court alors parallèlement à la côte, en se maintenant dans le chenal fermé, à droite, par un banc qui s'étend le long de la côte, et de l'autre bord, par un vaste plateau sur lequel il y a très-peu d'eau à mer basse, et qui sépare le cours de la Jahde de celui du Weser. Après avoir fait environ quinze milles dans cette direction, on arrive par le travers de l'entrée du port Guillaume. Avant 1857, l'emplacement sur lequel se trouve aujourd'hui le nouveau port militaire des Allemands était un terrain bas, marécageux et envahi par la mer dans les grandes marées '. La Prusse avait la volonté très-arrêtée de posséder un port de guerre dans la mer du Nord. Elle ne recula devant aucune difficulté et elle poursuivit, dès cette époque, son œuvre avec une persévérance qui ne s'est pas démentie. Avec beaucoup d'art et surtout avec beaucoup d'argent, elle parvint à triompher des obstacles que la nature lui opposait.

Les ingénieurs chargés de la création du port Guillaume construisirent tout d'abord des di

Le terrain sur lequel s'élève aujourd'hui le port Guillaume appartenait au grand-duché d'Oldenburg. Il a été cédé à la Prusse en 1853.

gues pour défendre, contre les empiétements de la mer, la partie de la rive du fleuve que devait embrasser le futur arsenal. Ces premières digues, dites digues protectrices sur le plan, une fois terminées, il restait à raffermir le sol, creuser les bassins et élever les édifices. Deux jetées, plus hautes de quelques mètres que les digues extérieures et élevées en dedans des premières, formèrent la partie de l'enceinte du port faisant face au fleuve. Les deux digues extérieures et les murailles de l'enceinte vinrent s'appuyer sur l'extrémité de deux grandes jetées perpendiculaires au rivage et destinées à donner accès dans le port. L'espace compris entre les digues bordant le rivage et les murailles de l'enceinte fut réservé pour la défense du nouvel arsenal. Wilhemshafen, dû tout entier à la main de l'homme et creusé en pleine terre, ou plutôt en plein marécage, est ce qu'on appelle un port à marée. On ne peut, par conséquent, y pénétrer que pendant la marée de flot et lorsque le niveau de l'eau s'est élevé d'une quantité suffisante dans l'avant-port pour permettre de faire communiquer les bassins intérieurs avec le large. Le plein, dans les bassins, n'est maintenu, pendant le jusant, que par la fermeture des portes du bassin contigu à l'avantport. Il en résulte qu'un navire mouillé dans la

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